Spiniensis : le dieu des épines dans la Rome antique

En explorant les symboles de ce mois dans notre système Faerie Faith, j’ai découvert un dieu un peu particulier, qui parlera sans doute à tout détenteur de jardin en friche, envahie par les ronces ;o)

Dans la religion romaine ancienne, chaque aspect de la vie quotidienne pouvait être associé à une divinité spécifique. Parmi ces dieux mineurs se trouvait Spiniensis, dont le rôle était lié aux épines et aux buissons épineux.

Son nom vient du latin spina, qui signifie « épine ».

Spiniensis semble avoir été invoqué principalement par les paysans lors de travaux agricoles, notamment pour défricher les champs ou éliminer les buissons épineux qui gênaient les cultures. Les Romains croyaient que cette divinité pouvait faciliter ces tâches et protéger leurs terres contre les nuisances causées par les épines.

Sa mention apparaît notamment chez Saint Augustin dans La Cité de Dieu, où le philosophe critique la multiplicité des divinités romaines, soulignant l’étrangeté d’invoquer un dieu pour une tâche aussi spécifique que l’arrachage des épines. Pour Augustin, une divinité unique et bienveillante suffirait à protéger l’homme de tous les maux.

« Encore une fois, qu’était-il nécessaire, pour obtenir les biens de l’âme ou ceux du corps, ou les biens extérieurs, d’adorer et d’invoquer cette foule de dieux que je n’ai pas tous nommés, et que les païens eux-mêmes n’ont pu diviser et multiplier à l’égal de leurs besoins, alors que la déesse Félicité pouvait si aisément les résumer tous ? Et non seulement elle seule suffisait pour obtenir tous les biens, mais aussi pour éviter tous les maux ; car à quoi bon invoquer la déesse Fessonia contre la fatigue, la déesse Pellonia pour expulser l’ennemi, Apollon ou Esculape contre les maladies, ou ces deux médecins ensemble, quand le cas était grave ? à quoi bon enfin le dieu Spiniensis pour arracher les épines des champs, et la déesse Rubigo pour écarter la nielle ? La seule Félicité, par sa présence et sa protection, pouvait détourner ou dissiper tous ces maux. Enfin, puisque nous traitons ici de la Vertu et de la Félicité, si la Félicité est la récompense de la Vertu, ce n’est donc pas une déesse, mais un don de Dieu ; ou si c’est une déesse, pourquoi ne dit-on pas que c’est elle aussi qui donne la vertu, puisque être vertueux est une grande félicité ? »

Peut-être que saint Augustin aurait été moins catégorique s’il avait eu à défricher un champ de ronces en sandales ;o)

Spiniensis faisait partie des indigitamenta, une liste de divinités officielles dans la religion romaine, supervisée par le Collège des Pontifes pour s’assurer que les bons noms divins étaient invoqués dans les prières publiques. Même si cette divinité est peu documentée, elle témoigne de la richesse et de la diversité du panthéon romain, qui comprenait des dieux pour les aspects les plus précis de la vie quotidienne.

Sources :

Illustration : Brian Froud, Goblin and Knight on White Horse Fantasy Illustration, 1976.

Auteur/autrice : Fleur de Sureau

Installée au cœur de la forêt, je cultive une pratique sensible et inspirée, en dialogue avec le vivant et les rythmes du monde naturel.

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