Chapitre 29 : Quelques réfléxions sur la Féerie [Tree Mothers]

Chapitre 29 : Quelques réfléxions sur la Féerie

Voici deux articles déjà parus en français dans le magazine Lune Bleue, solstice d’hiver 2008. Ici, je m’appelle Mut Danu, qui est mon nom de prêtresse.

Les Portes de la Faery, par Mut Danu.

Bien loin d’être de vieilles et ennuyeuses histoires tout juste bonnes à être lues à l’heure du coucher, très éloignées des histoires modelées pour les enfants dont ils ont pourtant l’image, «les Contes de Fées» cachent en eux une mine féconde d’informations sur le monde de Faery et ses coutumes. Dans les pays celtiques, la croyance populaire, source de renseignements et d’enseignements inépuisable, était partagée entre tous, jeunes, vieux, hommes, femmes, au moyen des histoires que l’on raconte le soir au coin de l’âtre, ou bien, moins solennellement, autour d’une pinte de bière dans les soirées enfumées de la taverne locale. Mais plus qu’une invitation indiquant l’emplacement des portes de Faery, les Contes servaient aussi d’avertissements, de réels panneaux signalétiques indiquant «Ne pas entrer», protégeant celles et ceux qui souhaiteraient vivre une vie «normale», loin de l’agitation et du tumulte de Faery, d’entrer dans ce monde lointain et pourtant si proche du notre.

Ainsi, nous apprenons comment de pauvres âmes sont entrées en Faery par accident… Que ce soit en tombant malencontreusement d’un cheval, en passant par un chemin humide et encombré, en tombant très malade un jour ou en s’endormant, las, au pied d’un arbre, en étant dérouté par le brouillard ou le mauvais temps, en voulant répondre à une supplique entendue dans la forêt la nuit ou en découvrant une porte fermée qui s’ouvre magiquement à leur approche. Les Contes transportent alors les auditeurs dans une histoire où ils apprennent ce qui arrive en Faery… Ils ne doivent ni manger ni boire et encore moins accepter les cadeaux qui les condamneraient à devenir débiteurs de leur «gentil» donateur, ou à servir la Reine de Faery pour les sept années à suivre. Les frusques et la poussière peuvent parfois prendre l’aspect de riches vêtements ou d’or étincelant pour celles et ceux qui ne savent pas voir au-delà des apparences, et accomplir l’aller-retour entre les mondes laisse toujours des traces chez le voyageur, très souvent pour le pire… Parfois le visiteur de Faery repart avec, entre les mains, de l’or réel ou des cadeaux, comme la capacité de guérison ou un don musical. Cependant, il existe systématiquement un élément de danger inhérent à ce monde, dont parlent aussi bien les contes traditionnels que les livres modernes traitant du sujet.

Alors pourquoi quelqu’un voudrait-il ouvrir la Porte, de sa propre volonté, et ainsi courir un risque ? La raison profonde dépend de chaque individu. La plus probable et commune est le désir ardent d’éprouver quelque chose, un sentiment, un ressenti, qui va bien au-delà d’une vie considérée comme «normale». D’autant plus dans nos sociétés modernes aseptisées et conditionnées. Une autre raison pourrait être le fait qu’un individu se soit déjà aventuré en Faery en tant que «voyageur accidentel», et cherche à s’y rendre de nouveau, mais cette fois, en tant qu’explorateur volontaire, à la recherche de la connaissance et avec l’espoir d’acquérir la sagesse qui doit aller avec. Il est aussi possible qu’une personne soit tombée sur un livre ou un texte décrivant une visualisation, une méditation guidée qui ouvrent les portes de Faery et soit curieuse de tenter l’aventure par elle-même. Une chose est cependant certaine, les Contes de Fées nous préviennent de nous tenir à l’écart de ce monde superposé au nôtre et aucun d’eux n’explique réellement comment y entrer délibérément.

Il n’existe que peu d’instructions écrites en ce qui concerne la façon de se rendre en Faery, à cause des limites naturellement imposées par l’écriture et les mots qui ne peuvent rendre la complexité de ce monde. Vous pouvez lire sur la Faery du crépuscule à l’aube sans rien, jamais, y comprendre. La seule façon d’y arriver est d’aller voir par soi-même. Découvrir de ses yeux, ce monde non physique qui existe en parallèle du nôtre. Cet univers devrait être perçu comme un endroit réel, peuplé par des êtres réels et où des événements réels arrivent, bien qu’il existe d’une façon différente de celle que l’on conçoit généralement, en paramètres de matière et de temps. La découverte de la clef qui ouvre la porte vers Faery implique «la suspension de l’incrédulité», c’est-à-dire la mise de côté de la réalité que nous considérons comme «normale» afin d’acquérir une expérience de ce plan non physique. La clef ne peut être trouvée que profondément dans notre imaginaire. La vie quotidienne que nous appelons aussi «la culture moderne» nous force à dévaluer le pouvoir de l’imagination. En fait, c’est notre imagination qui est notre source personnelle de puissance et d’énergie, qui nous anime depuis la plus tendre enfance. Pour les enfants, les portes menant vers d’autres mondes sont grandes ouvertes, tout le temps ! C’est seulement en grandissant que nos esprits ferment ces portes pour ensuite les laisser finalement closes et en jeter les clefs au fond d’un puits vaseux au plus profond de notre conscience. Finalement, la pensée de voyager de notre réalité à un monde non physique devient aussi impossible à appréhender que l’idée que nous pourrions marcher au travers d’un mur ! Quelques adultes utilisent des drogues hallucinogènes comme clef pour ouvrir des portes de la réalité non physique, mais pourquoi endommager notre corps inutilement ? Quand vous comptez sur un raccourci pour apprendre quelque chose de nouveau, vous ne l’apprendrez jamais totalement comme vous le devriez. Rendre vie et corps à notre imaginaire en tant qu’adulte est un travail ardu alors que ce devrait être… un jeu d’enfant. Pensez à cela un moment et vous réintégrerez la voie qui vous mènera à la réouverture des portes par les voies les plus naturelles qui soient. Comme je l’ai déjà mentionné, puisque le royaume de Faery est basé sur l’expérience individuelle, rien de ce que je pourrais vous dire ne vous serait d’une aide quelconque si vous ne l’essayez pas par vous-même. Ce que je peux néanmoins faire, c’est partager un peu de mon expérience personnelle et vous offrir certains conseils. Le reste vous appartient : votre capacité innée à l’imaginaire, votre persistance et peut-être un peu de chance vous mèneront au-delà des mondes…

Mon expérience personnelle inclut des souvenirs d’enfance vagues, de points d’entrée et de visites en Faery qui ont brusquement cessé pendant l’adolescence pour ensuite reprendre à nouveau, une décennie plus tard. Au début de la vingtaine, je méditais consciencieusement, m’attelant à la création d’un refuge silencieux, réceptif et personnel dans mon esprit. Dans le même temps, j’ai commencé à faire des rêves lucides (lorsque le rêveur est actif comme dans la vie éveillée) et spontanément, j’ai retrouvé les sensations qui avaient toutes les caractéristiques de ce que j’appelle aujourd’hui «le voyage». Parfois j’ai volé vers Faery, ou j’ai nagé ou encore, j’ai flotté dans un bateau perdu avant de poser pied sur les rivages familiers de cet autre monde. Parfois, éveillée, j’ai «vu» des images et les événements en surimpression sur le paysage que mon regard percevait vraiment, de la même façon que si vous teniez une image imprimée sur du plastique fin et transparent devant vos yeux. Ces visions étranges étaient aussi inquiétantes qu’excitantes. Tout que j’essayais de faire était une sorte de méditation zen que j’avais lue. Aucune des personnes que je connaissais ne méditait alors, me laissant seule parcourir les paysages de mes rêves afin de converser en compagnie d’une étonnante vieille femme. Quoique j’aie désespérément ressenti le manque de guide réel, j’ai continué au petit bonheur mes expérimentations et j’ai commencé à essayer d’entrer dans l’Autremonde réellement délibérément. Après quelque temps, j’ai remarqué que je retournais systématiquement dans les mêmes endroits, lors de mes songes, lorsque je souhaitais entrer dans l’Autre Monde… Une descente de marches de pierres humides et inégales, une rivière souterraine froide et apaisante ; ou encore la découverte d’un certain arbre dans la forêt ; ou enfin en ouvrant une lourde porte en bois craquante. Cela m’a pris vingt ans de pratique informelle avant que je ne découvre enfin les premiers livres sur la Faery et que je sois, dans le même temps, formée à la voie de la Prêtrise, qui incluait les Arbres Sacrés et les rituels de Faery comme faisant partie de l’étude. Finalement vint une reconnaissance de la part d’autres gens qui avaient voyagé, tout comme moi !Voici un conseil en or pour ce qui est de la découverte de Portes, en vue de voyager : chacun trouve ses portes propres ! Conseil étrange, mais je m’en explique : Puisque notre réalité humaine physique est à peu près la même pour toutes et tous, la forme des Portes est souvent aussi la même… Une caverne, un passage ombragé, un chemin sauvage. Même si la vie moderne et la technologie ont changé radicalement ces cent dernières années, la Faery dépend du monde naturel et l’esprit humain a besoin de trouver des portes qui reflètent cet état. Peut-être la forme «physique» de votre Porte sera inhabituelle, à l’instar de Jack qui à trouvé la sienne en montant grâce aux racines du haricot magique. Je suis parfois partie en grimpant le long d’une échelle de corde. Que vous ayez déjà traîné vos guêtres dans l’Autre Monde ou que ce soit la première fois que vous lisiez un texte traitant de Faery, vous pouvez y arriver. La facilité avec laquelle vous voyagerez dépendra probablement un peu de vos capacités naturelles et certainement aussi de la pratique que vous avez. Utilisez la méditation et apprenez à créer un espace de liberté à l’intérieur de vous même. Vous ne pouvez pas aller n’importe où ni bien loin, avec une tête pleine de désordres quotidiens et d’inquiétudes. Pratiquez la visualisation. Vous pourrez trouver, si cela vous aide, nombre de supports visuels imprimés ou sur internet. Essayez des visualisations différentes et voyez ce qui fonctionne le mieux pour vous. Prenez l’habitude de tenir un «journal de voyage», ça aide. Mais plus que tout, donnez de l’importance à votre pratique spirituelle et croyez en votre expérience propre.

Dans le même temps, souvenez-vous des précautions inhérentes à la Faery !Premièrement, ne parlez pas de Faery ! Seules les personnes qui sont déjà parties en Faery peuvent entendre votre expérience. Rappelez-vous que la plupart des gens craignent et détestent tout ce qui s’écarte un tant soit peu de la «norme». Parler de voyages dans «l’Autremonde» ne facilitera pas votre intégration dans la vie «réelle».

Deuxièmement, ne prenez pas d’amant en Faery ! Cela pour deux raisons :

  1. Un rapport de ce type en Faerie vous empêcherait d’avoir des relations dans votre vie de tous les jours et
  2. tomber amoureux en Faery risque de vous rendre la vie quotidienne insupportable. Gardez une vie équilibrée et les pieds fermement ancrés dans la terre ferme!

Troisièmement, vous ne devez pas accepter de manger et boire quoi que ce soit dans le monde de Faerie, mais vous devez impérativement manger dans le vôtre ! Un nouvel avertissement qui vous encourage à vous occuper de votre physique et à garder votre équilibre. La Faery donne la nourriture et la connaissance à votre âme, mais votre corps ne peut pas survivre avec les douceurs de ce monde. Les histoires de malheureux partis en Faery et qui ont ensuite perdu pied après leur retour au monde réel, ou des rares gens de Faery qui essayèrent sans succès de vivre entièrement dans le monde physique en sont des exemples évocateurs.

Quatrièmement, ne vous rendez pas en Faery si c’est par cupidité et simple recherche d’or ! Prenez ceci comme un avertissement, au cas où vous projetteriez de faire de l’argent grâce à ce que vous avez appris en Faery. Ainsi si vous deveniez vraiment un expert de Faery et que vous souhaitiez «utiliser» cette connaissance comme le ferait un tour-opérateur, gagnant de l’argent en proposant des ateliers payants dans de luxueux hôtels… Prenez garde ! Les «chercheurs d’or» risquent de se sentir humiliés lorsqu’ils se rendront compte que la «mine d’or» tant espérée n’est en fait que cendre et poussière. Tous les Contes sont d’accord, seul le chercheur gentil, humble, ressort de Faery doté d’un trésor réel. De plus, les cadeaux que font traditionnellement les gens de Faery aux mortels sont le plus souvent aussi intangibles que ce que l’on nomme la «bonne fortune» ou encore la capacité de guérison ou bien un don pour la musique, la compréhension des langages animaux et végétaux ; ou encore la connaissance, en général, ainsi que la sagesse de savoir comment l’utiliser à bon escient…

La liste des traditionnels conseils à suivre est à la fois courte et simple :

  • Partez avec des intentions claires et un cœur pur, soyez polis avec celles et ceux que vous croiserez dans l’Autremonde ;
  • venez en aide aux Vieilles femmes qui vous demandent un petit service, ne faites pas de promesses que vous ne pouvez pas tenir, décidez de votre propre chemin et ne laissez personne vous dicter ce que vous avez à faire en Faery.
  • Si vous vous trouvez dans une situation inconfortable pendant une visualisation ou un voyage, rappelez-vous de ce que les vieux Contes vous enseignent et faites face en faisant quelque chose de complètement mystérieux et incorrect ; en mettant vos vêtements à l’envers par exemple, en parlant charabia et en sautant sur un pied en tapotant le sommet de votre tête afin de détourner l’attention suffisamment longtemps pour vous permettre d’ouvrir une porte et retourner au monde physique. Vous pensez que je plaisante ? Pas du tout, il m’est déjà arrivé de devoir faire cela, bien que rarement.

Redécouvrez vos Contes de Fées préférés, ils seront les meilleurs guides que vous pourrez trouver !

Le monde de Faery n’est pas éloigné du nôtre. Il est entrelacé avec notre monde. Vous en trouverez la clé en vous et vous arriverez à en pousser l’huis à la force de votre imagination. La patience et la Pratique ouvrent les Portes.

Bon Voyage,

Mut Danu, HPS

Traduction par Kamiko

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Mut Danu est une Grande Prêtresse et aînée de la Tradition Dianique «Apple branch». Elle est active aux États-Unis avec le coven «From the branch» et d’autres groupes de femmes inspirées par la Déesse. Elle a fondé en France La Branche du Pommier et est membre de la Ligue Wiccane Éclectique.

Interview. Table Ronde Faery. Interview pour le magazine Lune Bleue, solstice d’hiver 2008. 

Lune bleue : Pour commencer, et en guise d’introduction afin que tout le monde sache de quoi nous parlons, pouvez vous nous donner votre définition de ce qu’est la «Faery» (Féerie) ?

Mut Danu : Ma définition personnelle de ce qu’est la Faery, c’est qu’il s’agit de «l’image» qu’a la Terre de sa propre existence, une vision idéalisée de sa propre vie. Tout ce qui compose la planète, la roche, l’eau de mer, le magma, l’air, les plantes, les insectes, les animaux (humains inclus)… Nous sommes tous une petite partie de cette «image» particulière. Je crois que chaque particule de terre est d’une façon ou d’une autre connectée au Tout et ce, avec une conscience qui lui est propre… Oui, même les cristaux, la boue et le plancton !Nous sommes des humains, pourvus d’une grande intelligence et d’un esprit critique. Notre propre «image» de la réalité est constituée de diverses couleurs et nous l’appréhendons en trois dimensions, elle est peuplée d’êtres qui peuvent provenir aussi bien d’une conscience humaine collective, visuelle et verbale, que d’un environnement dans lequel nous nous déplaçons «ici bas» qui n’est, somme toute, pas si différent du monde dans lequel nous nous déplaçons «en haut» et qui ressemble à ce que nous voyons dans les rêves et les visions.
Ainsi, pour parfaire la définition, visualisez un miroir : sur un côté réside la réalité telle que nous la vivons chaque jour, dont je doute que la plupart d’entre nous puisse dire qu’elle est «parfaite» ou «idéale». De l’autre côté du miroir, à la place d’un sentiment de stress, de pollution et de désunion, vous pouvez sentir une palpitation de vie qui vous entoure, qui vous traverse. C’est l’énergie, la conscience de la Terre. Une connexion entre Elle et les autres êtres vivants, tissée grâce aux fils de la vie. En ce qui me concerne, c’est comme si la Terre voyait cette image de la Faery comme une sorte de système immunitaire. C’est sa façon à Elle de résister à la saleté, au stress et la lutte qui la blesse de notre côté du miroir. Une autre description, plus claire, pourrait être que la Faery est la lueur perçue par les humains du rêve de Gaia-Terre.

Lune bleue : Pour quelle raison avez vous été attiré(e) par cette tradition plutôt qu’une autre ? Est-ce l’aboutissement d’un chemin spirituel et depuis quand pratiquez-vous ?

Mut Danu : La Faery fait partie intégrante de ma vie depuis 4 ans, ou depuis plus de 40 ans, selon que vous vouliez dire par-là pratiquer consciemment ou par «accident». Lorsque j’étais enfant, je me souviens avoir été convaincue qu’il y avait des «Fées» qui jetaient un coup d’œil vers moi de derrière les arbres, dans les vieilles forêts qui poussaient autour de notre maison familiale. Il y a 25 ans, j’utilisais déjà les mêmes «portes» que j’utilise aujourd’hui, sans les appeler «Faery», parce que je ne connaissais pas encore ce terme. Dans la Tradition de la «Branche de Pommier» (La branche Francophone de la tradition américaine, et Apple Branch USA), les rituels que nous pratiquons avec les Arbres Sacrés sont tirés d’un mélange de «Old Dianic Tradition» (Vieille Tradition Dianique) et Faery Faith (de Foi «Féerique»). J’ai commencé par un amour pour les Arbres au travers de la «Apple Branch» et j’ai découvert ensuite la Faery Faith au fur et à mesure que me venait la connaissance de l’Arbre. Hormis mes recherches personnelles, j’ai beaucoup appris des écrits de RJ Stewart, qui a étudié le sujet en profondeur et a partagé ses expériences en tant que membre de la tradition du Monde d’en Bas, mais aussi dans ses livres. En particulier «The Earth Light» et «The power of the Land». J’ai trouvé une résonnance forte entre son travail et ce que je faisais déjà.

Lune bleue : D’ordinaire, on constate beaucoup de confusion lorsque les gens qui ne connaissent pas cette tradition souhaitent en parler ou s’y intéresser. En étant un peu plus spécifique, la Faery s’apparente-t-elle pour vous à une pratique spirituelle, un folklore, à la fantaisie ou un peu de tout cela ? Pourriez-vous expliquer votre point de vue ?

Mut Danu : C’est à la fois une pratique spirituelle et un endroit consacré à l’étude. C’est comparable à l’observation d’une pierre ordinaire, lorsque vous la portez à votre regard pour la découvrir, pour étudier ce morceau de nature si étonnant à explorer. Pour moi la Faery n’est pas tirée d’un monde de «Jeu de rôle», quoique je croie vraiment que «les Contes de fées» du folklore sont en fait les restes écrits des traditions orales du monde de Faery.

Lune bleue : Selon vous où est située la Faery ? Comment peut-on y accéder ?

Mut Danu : La question la plus difficile de toutes ! Je pense que l’une des raisons pour lesquelles il y a si peu de textes sur les différentes traditions Faery et tant de demandes insistantes sur le besoin d’initiation dans ces mêmes traditions, est parce qu’il s’agit d’une tradition qui relève entièrement de l’expérimentation ! J’ai constaté que même lorsqu’on pratique de façon régulière la tradition Faery comme c’est mon cas, les résultats ainsi que la possibilité de garder souvenir de ce que l’on y apprend est variable.La Faery est à la fois proche et éloignée. On peut y avoir accès de manière très simple, comme lorsqu’on ouvre une porte, mais parfois, vous pourrez tenter de forcer cette même porte tant que vous le souhaiterez, rien ne se passera. Avec le temps, j’ai appris que lorsque, pour une raison quelconque, je ressens des difficultés répétées à entrer, la meilleure chose à faire est de m’occuper l’esprit à autre chose pendant un moment… Une promenade au grand air par exemple, ou bien me salir les mains à jardiner… Il m’est arrivé de rester des mois sans ressentir le fait que j’étais «entrée» en Faery. Tenter de forcer l’entrée ne fonctionne jamais .Il existe cependant ce que j’appellerais des «portes», des supports de méditation qui m’ont servi de nombreuses fois a arriver à un certain endroit, d’où je peux alors commencer mon voyage…

Lune bleue : A votre connaissance existe t-il des liens entre la Faery et Avalon, Le Sidh ou les Tuatha de Danan ?

Mut Danu : Mut Danu : De ce que j’en sais, les liaisons entre le mythe, la légende, le folklore et la Faery existent car on note une similitude notable entre des noms, des personnages qui sont reconnaissables par les gens vivant en un endroit particulier, faisant partie d’une même communauté. Par exemple : les gens dans les Îles du Pacifique décrivent les habitants de Faery d’une façon particulière, ce que font aussi les Islandais ou les résidents des pays celtiques. Pour répondre à la question, Avalon, le Sidh et Tuatha de Danan appartiennent, de fait, à la culture celtique et sont donc en lien avec celle-ci. D’autres peuples ont des noms différents et des légendes personnelles pour décrire leur rapport avec la Faery.

Lune bleue : En quoi les liens entre votre tradition et le peuple fae sont-ils importants ? Comment sont les relations entre le petit peuple et vous ?

Mut Danu : Apple Branch est une Tradition Dianique qui s’est mélangée avec la pensée Féministe Dianique, la «Old Dianic Tradition» (Vieille Tradition Dianique) ainsi que les rituels de Faery Faith (de Foi «Féerique»). Il ne s’agit pas de tradition Faery pure. Nous travaillons largement avec les Arbres Sacrés de l’Ogham et c’est dans ce contexte que se comprend notre parenté avec la Nature dans sa globalité. Mon travail personnel avec la Faery se concentre sur les rapports avec les esprits des Arbres, quoique je me sois inopinément et spontanément réalisée par le biais de la communication avec d’autres êtres pendant mes voyages en Faerie.

Lune bleue : Pourriez vous citer des êtres, fées ou personnes légendaires, liés selon vous à la Faery ? Pour quels raisons le sont-ils ?

Mut Danu : Un des êtres légendaires dont on rapporte la rencontre régulièrement est un être qui ressemble à Merlin ou du moins, à un druide âgé, de sexe masculin. Je pense que cette personne est un enseignant, mais peut- être n’est ce qu’un des nombreux êtres identiques à lui qui répondent à celles et ceux qui souhaitent apprendre, lorsque ceux-ci font appel à ses services.

Lune bleue : Mut Danu : Mon expérience directe avec des gens de Faery est surtout liée aux esprits qui restent près de leurs Arbres. Quand je vais en «Faery» c’est avec le désir d’apprendre et ainsi la plupart des habitants que je rencontre ressemblent à des enseignants ou des aspects de la Déesse. Je me suis parfois retrouvée en Faery pendant une promenade dans la forêt, ou lors d’une méditation, me trouvant là sans but spécifique. Souvent, durant ces moments, j’ai reçu un message ou ai appris quelque chose d’inattendu qui m’a aidé sur ma voie. Une fois je me suis trouvé dans un paysage qui, je l’ai compris plus tard, ressemblait beaucoup à celui du choix donné à Thomas le Rimeur (nd kamiko : «Legend of Thomas the Rhymer». Selon la légende, Thomas était un poète écossais qui fut enlevé par les fées et revint de l’Autre Monde doté du don de prophétie, un don qui, dans la grande tradition du pays de Faery, peut parfois être source de bien des tourments. Ici, la Légende se confond avec l’Histoire, puisque Thomas le Rimeur a bel et bien existé : né Thomas de Learmouth, ce noble écossais du XIIIème siècle composa de nombreuses prédictions sous forme de poèmes, souvent énigmatiques). J’ai eu une surprise énorme le jour où j’ai lu le passage où trois routes sont proposées à Thomas : le chemin droit, le chemin rocailleux et le chemin de mûres sauvages. J’avais déjà été dans cet endroit ! Je n’ai choisi aucun des trois, mais suis plutôt revenu sur mes pas et j’ai continué le long de la route en direction d’une ville de Faery dans laquelle je retrouvais les mêmes points de repère que dans mon propre village, ici, en France. C’était comme si la ville de Faery et mon village étaient superposés l’un à l’autre, comme des couches transparentes. Expérience très intéressante.

Lune bleue : Quels sont les pratiques spécifiques liées à la Faery ? S’il y en à une qui vous semble importante ou qui vous plait particulièrement, pourriez-vous la détailler plus explicitement ?

Mut Danu : Il y a probablement autant de pratiques particulières qu’il y a de pratiquants. Mes pratiques propres ont été inventées pour m’aider à apprendre. Elles comprennent souvent un élément de «service»… à la communauté humaine, mais aussi à la conscience planétaire. Une autre pratique, que beaucoup d’entre nous utilisent avant un rituel, consiste à nous connecter avec le ciel et la terre. Lorsque nous plongeons dans les mondes inférieurs puis remontons, nous devenons alors un canal de cette conscience planétaire et, en tant que tel, nous avons la possibilité de puiser au cœur d’une grande source d’énergie qui peut être utilisée pour la guérison.

Lune bleue : Mélangez-vous la Faery à d’autres pratiques spirituelles ?

Mut Danu : Oui, comme je l’ai mentionné plus haut, la tradition «Apple Branch» a mélangé la sorcellerie du Féminisme Dianique, la «Old Dianic Tradition» et la Faery Faith.

Lune bleue : A votre avis, y-a-t-il un danger inhérent à la pratique de la Faery ?

Mut Danu : Je pense qu’avec n’importe quelle tradition spirituelle ou méditation il est important de garder un pied dans le monde réel. Le folklore regorge d’histoires concernant des pauvres gens pris au piège en Faery, ou qui deviennent fous à leur contact. C’est une monde merveilleux à visiter mais lorsque vous vous trouvez en Faery, vous êtes coupés de la vie humaine quotidienne et c’est là que ça devient dangereux. Je veux dire par là qu’il est important d’avoir un emploi, de passer du temps avec ses amis et sa famille, d’avoir des passe-temps. Toute connaissance que nous tirons de la Faery est mieux utilisée lorsque nous la ramenons afin de la confronter à notre existence «mondaine». Je pars chaque jour avec mon chien en prenant un sac d’ordures avec moi, ainsi je peux ramasser les bouteilles de bière et les emballages de confiserie qui s’éparpillent sur les chemins que je parcours. La spiritualité n’est qu’une partie de ce que nous sommes et c’est dans la découverte de soi que nous permettons à une petite partie du rêve de Gaïa de prendre corps dans notre monde physique.

Code d’éthique de la Tradition « the Apple Branch »

Notre code d’éthique

Code d’éthique de la tradition « the Apple Branch » traduit par Fleur de Sureau pour le coven Ignis Daemonis. Le texte en anglais se trouve sur le site The Apple Branch.

Préambule

Ayant accepté l’Appel de la Déesse et reconnaissant mon service envers Elle et Sa manifestation immanente à travers ceux que je sers et en toute vie, de mon plein gré je choisis et m’engage à suivre ces principes et actions :

Principes

Je m’engage envers moi-même, envers la Déesse et envers tous ceux que je sers à agir de façon à manifester :

  • Ma gratitude : je serai toujours consciente de la gratitude que j’éprouve et je la manifesterai souvent et de nombreuses manières. Je mettrai tout en œuvre pour ne jamais prendre quiconque pour acquis et pour faire preuve d’une saine fierté et humilité.
  • Défenseur : je serai un défenseur de l’équité et de la justice, ainsi que leur exemple ;
  • Service : je reconnais que ma pratique est au service de la Déesse et qu’elle a pour but d’aider les autres ; dans ma pratique, je serai toujours pleinement attentive à mes pensées et actions, et à leurs effets sur la toile de la vie. Je veillerai à être toujours consciente de ne causer de tort ni aux autres ni à moi-même.
  • Présence attentive (mindfulness) : je reconnais que le passé est le passé. Je sais également que l’avenir peut souvent réserver des événements inattendus ou se présenter comme la conséquence de mes propres intentions, mais en réalité, le présent est tout ce que je possède et, ainsi, dans le moment présent, j’aurai conscience de mes pensées, de mes gestes, de mes actes et je me concentrerai sur ce qui se passe ici et maintenant ;
  • Interconnectivité : Je reconnais, j’accepte et j’approuve de rester consciente du tout, de l’interconnectivité et d’être écoconsciente ;
  • Immanence : j’accepte de toujours honorer le divin intérieur et extérieur de toute créature vivante ;
  • Autonomie : j’accepte de valoriser et soutenir les droits des autres à choisir leur propre voie.
Actions
  • Je respecterai les principes éthiques de ma tradition ;
  • Je cultiverai activement ma dévotion à travers la prière quotidienne, des rituels personnels et la méditation ;
  • J’honorerai Celle qui est en moi, comme j’honorerai Celle qui m’entoure, en m’engageant à interagir avec tous, car les autres sont aussi la Déesse ;
  • Au sein de mon Cercle et Bosquet, je travaillerai avec les autres d’égal à égal. Nous sommes tous à une étape différente sur la spirale de l’apprentissage ; aucune étape sur cette spirale ne procure plus de pouvoir à l’intérieur du Cercle/Bosquet, sauf en ce qui concerne l’admission des étudiantes et leur perpétuation, ou encore les changements des Lois du Coven ;
  • Je continuerai à lire et chercherai à me former perpétuellement afin d’affiner mes connaissances et compétences en tant que prêtre/prêtresse.
Dans mes relations avec ceux que je sers :
  • Je m’engagerai envers ceux que je sers, à les soutenir, les encourager et les respecter ;
  • Je serai volontiers disponible pour répondre aux questions, pour conseiller et seconder ceux qui étudient avec moi, de façon à les aider à atteindre leurs objectifs ;
  • Je les écouterai quand ils auront besoin d’une oreille attentive et je ferai de mon mieux pour leur donner « les sages conseils » qu’ils demandent ;
  • Je réserverai du temps et créerai l’espace pour les rituels obligatoires et les besoins de ceux que je sers ;
  • Je ferai, en tout temps, tous les efforts nécessaires pour être un exemple au sein de ma communauté. Je suis humaine et c’est pourquoi je commettrai des erreurs. J’assumerai mes actes et ferai tout ce qui est nécessaire pour les corriger. Je m’efforcerai de vivre selon ce code d’éthique personnelle, mais sans juger ceux qui ont une éthique différente de la mienne ;
  • J’honorerai et servirai la Déesse en chaque personne ;
  • Je ferai entendre ma voix si j’assiste à des attaques personnelles, des injustices, des trahisons ou de l’intimidation de toute sorte, partout où j’y serai confrontée. Je ne resterai jamais silencieuse lorsqu’une voix forte aura besoin de se faire entendre ;
  • Je serai directe dans mes échanges et ferai de mon mieux pour communiquer, notamment en écoutant et en répondant aux autres personnes de mon Cercle, Coven et Bosquet. Dans des situations où je sens que la communication ou les échanges avec un autre membre du coven ne sont pas clairs, je considérerai que ses intentions sont honnêtes et aimables, et je nouerai un dialogue avec la personne afin que nous puissions clarifier les choses ensemble ;
  • La confidentialité est importante. Je ne divulguerai jamais d’information personnelle que vous aurez partagée avec moi sans votre permission, sauf si la loi l’exige ;
  • Je reconnais et m’engage à ce que rien de spécifique à notre Tradition, comme nos rituels, ne soit jamais publié ;
  • Je ne m’impliquerai pas dans une relation multiple* avec ceux que je sers en tant qu’enseignant/e ou prêtre/sse, à moins que cela ne serve au mieux les intérêts du groupe ou de l’individu ;
  • Je ne me livrerai à aucune forme de harcèlement sexuel envers les membres de ma communauté, ce qui comprend les attouchements déplacés et inopportuns, les caresses ou les commentaires à caractère sexuel, et autres comportements qui pourraient être interprétés comme du harcèlement ;
  • Je ne ferai subir à aucun membre des rapports sexuels forcés et je ne profiterai pas de ma position d’autorité pour instaurer de telles relations ; Je reconnais qu’en tant que Grande Prêtresse / Grand Prêtre, que je le veuille ou non, j’ai une position de « pouvoir sur » vis-à-vis de mes étudiants. Pour cette raison, l’intimité sexuelle avec un élève est fortement déconseillée. Si cette intimité est recherchée par l’enseignant et l’étudiant, il est alors préférable de mettre fin à la relation prof/élève ;
  • Je signalerai tout cas présumé de maltraitance infantile comme exigée par la loi.
Ce code éthique a été révisé et mis en vigueur par les Aînés de « the Apple Branch ». Ce code s’applique à tout ceux qui s’associent à the Apple Branch, en tant qu’étudiants et qui ont été ordonnés Grande Prêtresse / Grand Prêtre ou Druide. Ce document sera révisé régulièrement dans un but de clarté et d’équité. C’est un document vivant et tous ceux qui servent au sein de the Apple Branch ont leur mot à dire à l’égard de son contenu.

 

* (Ndlt : la relation multiple ou relation double… Dans le domaine de la santé mentale, le thérapeute a pour éthique de ne pas s’engager dans « une relation double » ou « multiple » avec son patient, c’est-à- dire qu’il ne doit pas entrer en relation dans un contexte autre que celui de la thérapie avec son patient.)

Nion, le frêne [From the Branch]

From the Branch, The Ogham for Spiritual Growth par Deanne Quarrie. Traduction (et très grosse adaptation par) Fleur de Sureau

Nion

Le Frêne
Troisième Lune
Emplacement sur la main : sur la phalange supérieure du majeur
Couleur : Claire ou Bleue
Pierre : Aigue-marine
Oiseau : la bécassine
Déesses : Branwen, les Neufs Vierges, les Nornes, Mari Morgan
Symboles : Vent, Souffle, Awen
Planète : Mercure, Junon
Métal : mercure
Message : sentiments ~ émotions ~ s’éveiller
Note de musique : la
Mot oghamique : Soutien, lien, vantardise des femmes, concours de beauté, tissage
Quintessences florales : Impatiens, Vervain

Le frêne est le troisième arbre suivant le retour de la lumière. Il est sacré pour Poséidon en Grèce. En Irlande, des cinq arbres magiques trois étaient des frênes. Il était utilisé comme charme contre la noyade. Les émigrants irlandais prirent avec eux du frêne lorsqu’ils quittèrent leur pays pour aller en Amérique après la famine de la pomme de terre. En Grande-Bretagne, c’est un arbre de naissance, les Baguettes des Druides étaient faites de frêne. Le Grand Chêne Yygdrasill, sacré pour Oden, a été pris à la Triple Déesse selon la légende scandinave et utilisé pour dispenser la justice. Dans le Pays de Galles et l’Irlande antiques, les rames étaient faites de frêne. On dit que l’ombre du frêne est nocive pour les plantes parce que les racines du frêne étrangleraient les autres racines. On l’appelle l’Arbre de Puissance de la Mer (qui réside en toute eau) et c’est l’Arbre du mois des inondations.

Brûlé à Yule pour la prospérité, ne l’utilisez pas au-dessus de la maison et ne vous tenez pas en dessous, car il attire la foudre.

Le frêne est un arbre de force et de maturité. Il est un arbre de renaissance et aussi le pouvoir de l’eau. Il est le dernier arbre durant la saison du printemps à feuiller.

Le frêne est souvent placé au Sud dans l’espace sacré, car c’est l’endroit des sentiments.

Le cycle Lunaire du Frêne n’est pas un bon moment pour prendre de décisions majeures.

Le frêne est le lien entre les mondes intérieurs et extérieurs. Nous sommes capables de fonctionner dans des eaux profondes, dans les royaumes du Monde-d’en-Bas. C’est notre force psychique, flexible et le tissage du destin et le gardien de la paix. Toutes actions ont leurs réactions et notez combien vous affectez le monde par vos actions, physiques ou spirituelles. Cherchez les influences cachées. Les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être. Utilisez vos perceptions et votre sagesse intérieure pour voir ce qui est noble. Ne vous séparez pas ou ne vous coupez pas du monde.

  • Informations botaniques

Le frêne commun est un arbre majeur des forêts en plaine (ndlt : il est très présent en montagne également) dans une grande partie de l’Europe, avec les chênes et les hêtres. Il pousse jusqu’à 40 mètres de haut dans les espaces ouverts, sa large couronne rappelle les ormes d’Amérique. L’exploitation de son bois a été et reste importante, et c’est un matériau traditionnel pour fabriquer les manches de balai. Le frêne commun est cultivé occasionnellement dans le nord de l’Amérique, et des espèces de frêne indigène sont plantées comme arbres de rue. Les frênes sont des membres de la famille des oliviers. La fleur de frêne naît sur la branche nue avant feuillage.

Durant cette lune Amergin chante :

Je suis un vent sur les eaux profondes.
J’ai fui avec impétuosité… sur l’écume des flots.
Je suis un vent sur la mer.

Alors que l’année se dirige vers l’Équinoxe, les vents forts soufflent sur la terre.

Ce vent de mars balaie les feuilles mortes qui couvent la terre, exposant le sol à la nouvelle lumière. Notre conception de l’Esprit est reliée à la métaphore du souffle, “le souffle plane au-dessus des eaux.” Le vent est perçu comme le grand pouvoir derrière le monde naturel et devient l’esprit créateur de cette puissance. Une rafale de vent suggère une bonne dose de potentiel créatif.

Les Tuatha Dé Danann, qui sont les Anciens Dieux des peuples celtiques, apparaissent soudainement en Irlande dans les airs, sur des nuages portés par le vent. Le Chaudron de créativité est attisé (inspiré) par le souffle de neuf jeunes filles qui sont perçues comme la Déesse dans sa nonuple manifestation. Les anciens peuples du monde considéraient que la vie ne commençait pas avant que le nouveau-né ait pris sa première inspiration, ainsi emplie de l’esprit de la Déesse, la vie débutait.

En observant les images successives de nos lunes, nous constatons que le « vent sur la mer » suit en toute logique le débordement du « lac sur la plaine. » Les eaux se sont échappées de l’abysse, apportant l’essence même de la fécondité, mais cette fécondité est encore inactive et sans but connu. À présent la Déesse, en tant que Vent Divin, doit insuffler en elle-même ce potentiel, amenant la croissance.  Cela signifie pour nous que nous devons à présent nous ouvrir à ce cadeau qu’est le souffle vivifiant de la Déesse. C’est maintenant le moment de considérer avec attention cette créativité et comment nous allons continuer à agir consciemment dans nos vies.

I AM A WIND OF THE SEA

In the moonlight, the crystal bright Of our names is glowing clear ;
Dragon stones stand alone
On the sand as we draw near.
Wave on wave, wave on wave,
Wave on wave of the sea mares rave, Tides are high as we ride by,
Embrace the tide and with the sea mares ride.
Foaming, frothing at maddened mouth, Hooves churning in the brine,
Tails flailing, ranting, raving,
We gather line on line.
Wave on wave, wave on wave, Wave on wave of the sea mares rave,
At the spring tide, swell with pride,
Embrace the tide and with the sea mares ride. Mighty now, we too must bow
To Time’s mightier hand;
Comes the ebb tide, we subside,
And graze the golden sand…
Wave on wave, wave on wave,
Wave on wave of the sea mares graze; One and all heed Rhiannon’s call,
Embrace the tide and with the sea mares ride.
On the earth, in the air, through the fire, by the water, I am DEPTH, the Ash moon’s daughter.

© Chris Carol 1979

  • Béryl

Le nom vient du grec beryllos, désignant toute gemme verte. (La majorité des béryls était minée pour leur nuance verte.) « L’aigue-marine » est un nom inventé par les Romains qui signifie « eau de mer » et il s’agit d’une forme de béryl vert.

Le béryl vert est une pierre traditionnelle de protection et de chance pour les pêcheurs. En outre, ils ont été sculptés en coupes et gobelets parce qu’on croyait qu’ils facilitaient la digestion et réduisaient les fluides corporels.

Cette pierre est associée aux Déesses de la Mer. Elle est recommandée pour accroître les capacités psychiques.

Traditionnellement, le béryl a été utilisé pour soulager les douleurs d’estomac et comme diurétique. Il est également recommandé contre les maux de dents.

Le béryl peut être utilisé pour éliminer les excès de fluides corporels, contre les problèmes rénaux et de la vessie. Il fonctionne également comme une pierre dite « de régime », car il libère non seulement des troubles alimentaires, mais il adoucit les émotions qui se cachent derrière. En tant que pierre liée à l’eau, elle peut être utilisée au niveau du Chakra de la Gorge contre les maux de gorge, l’amygdalite et autre inflammation. En magie, elle peut être utilisée pour représenter le Dauphin et les principes féminins de l’océan.

  • La bécassine 

La bécassine est le nom commun des 3 genres d’oiseaux du littoral de la famille des scolopacidés. Les bécassines se reproduisent abondamment sur tous les continents, à l’exception de l’Australie (où une espèce hiverne toutefois). Les bécassines possèdent un bec long et fin, à la pointe sensible qui leur permet de sonder les prairies et les zones marécageuses, à la recherche de vers et de larves. Elles sont très appréciées des chasseurs qui les considèrent comme du gibier à plumes très délicat. Elles ont un vol zigzagant et erratique lorsqu’elles sont en alerte.

La bécassine des marais (d’Eurasie et d’Amérique du Nord) est une espèce répandue, qui a longtemps porté le nom de bécassine de Wilson. Elle a le plumage des parties supérieures densément rayé et tacheté de brun clair et foncé. Les parties inférieures sont blanches avec des rayures noires sur les flancs. La poitrine est chamoisée, tachetée de brun. La queue est de couleur fauve, finement barrée de noir. Les ailes sont longues et pointues. Elle mesure environ 28 cm. Lors de la parade nuptiale, le mâle effectue des cercles en hauteur et ensuite, il plonge vers le sol en une descente rapide avec de lents battements d’ailes, produisant un son de roulement de tambour lorsque l’air s’engouffre dans les plumes de sa queue.

Astuces pour les identifier :

    • Taille : 28 cm
    • un oiseau des rivages râblé, à pattes courtes, aux ailes pointues
    • envol fulgurant quand elle est en alerte, en zigzag
    • bec très long et droit
    • les courtes pattes et les doigts sont jaune verdâtre
    • leur tête présente des rayures nettes
    • leur poitrine est chamoisée, tachetée de brun
    • dos densément doté de rayures longitudinales et tacheté de brun clair et foncé.
    • croupion et queue de couleur fauve visible lors du vol
    • ventre blanc, avec des rayures noires sur le flanc
    • Les ailes supérieures sont noires et les ailes secondaires ont les extrémités blanches
    • réside principalement dans les marais et les champs humides
    • le mâle et la femelle se ressemblent
    • les jeunes sont similaires aux adultes

Au printemps, les bécassines effectuent des parades aériennes spectaculaires, haut dans le ciel. Chaque mâle, suivant une trajectoire circulaire, réalise une série de puissants piqués au cours desquels les plumes externes de la queue sont presque à angle droit par rapport au reste du corps. La vibration des plumes produit un tambourinement remarquable. On peut entendre ce tambourinement ou chevrotement tout au long de la période de reproduction et lors des nuits baignées du clair de lune. Une fois la femelle attirée, le mâle la poursuit et effectue des piqués, les ailes positionnées de façon à former un V, en tournant et se retournant. Le mâle ne participe pas à l’incubation. Il poursuit ses parades et chevrotements au-dessus du territoire de nidification. Il se nourrit essentiellement la nuit et passe une grande partie du jour en se reposant  à couvert.

  • Les Nornes

Dans la mythologie germanique, les Nornes sont un groupe d’êtres surnaturels, comparables aux Moires grecques. Elles étaient habituellement représentées sous l’aspect de trois jeunes filles qui filaient et tissaient le destin des hommes. Certaines sources les appellent Urd, Verdandi et Skuld, ce qui signifierait peut-être « passé », « présent » et « futur ». Elles sont dépeintes comme vivants près d’Yggdrasill, l’arbre monde, sous le puits d’Urd et elles étaient liées à la fois au bien et au mal. Participant fréquemment aux naissances, elles étaient parfois associées au métier de sage-femme. Le nom de Nornes apparaît dans des sources scandinaves, mais le culte d’êtres similaires à celles-ci est présent dans plusieurs folklores européens. Dans la littérature nordique, les Nornes sont parfois appelées dísir. Dans la mythologie nordique, le destin d’une personne est façonné au moment de sa naissance. À ce moment crucial, les esprits protecteurs féminins de la famille , les dísir, agissent. L’une des premières tâches des dísir (et certainement pas des moindres) consiste à aider la femme en couches, à l’aider à mettre au monde sa progéniture. Cette fonction particulière a procuré aux dísir une position spéciale et importante, en tant qu’Agents de la Destinée. Dans cette fonction, les dísir ont reçu un nom spécial, les Nornes.

Les Nornes mesuraient la vie des hommes et déterminaient leur chemin de vie au moment de leur naissance. D’après beaucoup, « personne n’échappe à la prophétie des Nornes ». À l’aide de la puissance divine, les Nornes tissent les fils du destin. Elles les fixent au milieu des cieux et les projettent dans différentes directions (le pays d’un futur conquérant est évalué à l’avance). Dans les temps modernes, la croyance qui veut que les Nornes soient mêlées à la naissance d’un enfant a perduré dans la tradition populaire de certaines régions. Les Nornes ont alloué les destinées pour le meilleur ou pour le pire. Il est psychologiquement compréhensible que l’aspect sombre des activités des Nornes prédomine dans la perception que l’on peut avoir d’elles. Nous les rencontrons rarement sous l’aspect de pourvoyeuses de bonheur et de succès. Ainsi se lit l’inscription runique :  » les Nornes décident à la fois du bien et du mal, elles ont décidé d’immenses souffrances. » L’expression « jugement des Nornes » équivaut à un destin injuste, à la misère et à la mort. Dans les Hamðismál, nous pouvons lire : « On ne peut survivre d’un soir, à la sentence des Nornes. » Souvent, les Nornes sont qualifiées de maléfiques, cruelles, diaboliques, viles. Le sens originel du mot « norna » est sujet à une grande controverse. Dans son contexte de détermination du destin, il est lié à un terme du dialecte suédois, le verbe « norna » (nyrna) qui signifie « informer secrètement ». Une autre étymologie relie ce mot à la racine indo-européenne « ner » qui signifie « tordre » ou « tisser ». Derrière cette signification, on trouve la réalisation du fil de la destinée, que les Nornes tordent (filage) et tissent. Dans les visions cosmiques de la Völuspá, les Nornes apparaissent comme des puissances universelles. Leur demeure se trouve à côté de la source, au pied d’Yggdrasil. Elles sont trois et leurs noms sont Urd, Skuld et Verdandi. Leur pouvoir est grand ; elles décident de la destinée de tous les humains et des lois du cosmos.

  • Les 9 jeunes filles dont l’haleine chauffe le chaudron (o anadyl naw morwyn)

Les mystères du Chaudron représentent les enseignements sacrés et intérieurs de la création, de la transformation et de la régénération. Dans les mythes et les légendes, le chaudron permet de concocter des potions, de jeter des sorts, de provoquer abondance ou déclin, et il est le saint réceptacle des offrandes adressées aux puissances de la Grande Déesse. Son principal pouvoir est celui de la transformation, spirituelle et physique. Le chaudron confère sagesse, connaissance et inspiration. On peut trouver dans le conte du chaudron de Cerridwen de nombreux aspects des Enseignements des Mystères. Cerridwen prépare dans son chaudron un breuvage destiné à conférer l’illumination à son fils. La potion nécessite d’être brassée pendant un an et un jour. C’est une période symbolique de l’initiation. Dans ce récit, Gwion goûte le breuvage qui ne lui est pas destiné. Ce qui provoque la fureur de Cerridwen. Elle poursuit le coupable. Au cours de cette poursuite, tous deux se transforment en divers animaux cultes. Parmi les ingrédients de la potion de Cerridwen, il y a une fleur jaune nommée « flûtes d’or de Lleu » (coucou/primevères officinales), « l’argent (métal) de Gwion » (fluxwort ?), « les « borues » de Gwion » (cerisier à grappes ?), « les cressons de Taliesin » (verveine) et les baies du gui, le tout mélangé à l’écume de mer. Le breuvage était toxique et devait être manipulé de la bonne façon. Cette potion potentiellement mortelle était préparée pour les initiés volontaires. Grâce à elle, leur conscience retrouvait la mémoire génétique de leurs ancêtres. Dans le mythe celtique, le chaudron de Cerridwen était chauffé par l’haleine de 9 jeunes filles et produisait un breuvage qui conférait l’inspiration. Lorsque nous comparons ce récit à un conte grec plus ancien dans lequel 9 muses prodiguent l’inspiration à l’humanité, nous découvrons des similitudes frappantes. Le chaudron de Cerridwen se trouvait dans le royaume de l’Annwn (le Monde d’en Bas) et selon le poème de Taliesin, “Le Butin d’Annwn », l’haleine de 9 jeunes filles allumait le feu en dessous. Le discours de l’oracle, dit-on, proviendrait du chaudron.

  • Le Souffle de l’Awen

La littérature bardique galloise fait référence au « chaudron d’inspiration » qui contient une substance mystérieuse nommée Awen, l’équivalent gallois de l’imbas. Awen signifie littéralement « esprit qui coule » et n’est accordé que par la générosité de Cerridwen, la muse des poètes et la maîtresse du chaudron. L’un des premiers poèmes d’un barde gallois (ndlt :  extrait du Livre de Taliesin, « The Hostile Confederacy ») décrit son expérience de l’Awen lorsqu’il puise dans sa force considérable :

The Awen I sing,
From the deep I bring it,
A river while it flows,
I know its extent ;
I know when it disappears ;
I know when it fills ;
I know when it overflows ;
I know when it shrinks ;
I know what base
There is beneath the sea.

L’Awen que je chante,
Du plus profond je l’apporte,
C’est un fleuve quand il coule,
Je sais son ampleur;
Je sais quand il disparaît;
Je sais quand il s’emplit;
Je sais quand il déborde;
Je sais quand il se rétrécit;
Je sais quel fond
Il y a sous la mer.

Ici, la source de l’Awen correspond aux profondeurs de la mer, un lieu traditionnel pour l’Autremonde celtique. Mais, l’Awen émerge également des profondeurs du poète lui-même, qui peut avoir bu « l’hydromel enivrant » des druides. La boisson qui coule du chaudron ou de la coupe met en mouvement l’esprit qui coule des profondeurs du dedans. L’Awen est l’énergie de l’inspiration divine, le flot de l’esprit, l’essence de la vie en mouvement. C’est l’exquis pouvoir de la relation sacrée, le pouvoir qui inonde le corps et l’âme, quand l’esprit touche l’esprit, la vie est reconnue, l’expérience du moment est partagée, l’énergie divine échangée. L’Awen est au centre de la quête intérieure et profonde ; c’est ce que nous cherchons tous lorsque nous butons sur les obstacles de la vie, ce qui nous permet d’acquérir sagesse, clarté, liberté extase, la joie d’être en vie, simplement d’exister, paisible, présent. C’est le feu dans la tête, la frénésie poétique, la soif de vivre, atteindre son objectif dans une parfaite sérénité.

  • Inspiration

Les racines du mot inspiration se retrouvent dans le fait d’insuffler la vie elle-même en quelque chose ; comme dans les mythes, de nombreuses références sont faites au divin qui insuffle la vie dans l’argile. Pour nous, lorsque nous écrivons, composons, dansons ou créons quelque chose artistiquement, nous cherchons à lui donner vie. Pour donner souffle et âme à nos créations, nous faisons appel à la Déesse afin qu’elle nous bénisse de la faculté d’y ‘insuffler la « vie ».

(Recherches conjointes ~ From the Branch 2005)

Idho, l’if [From the Branch]

Idho (EE-yoh)

Arbre : l’If – Ibar
Saison : La Cinquième Saison – le Solstice d’Hiver
Place sur la main : le renflement sur la paume à la base du petit doigt
Couleur : Irfind – très blanc
Oiseau : Illat – aiglon
Déesse : Cailleach
Métal : plomb
Animal : cerf
Message : « Je suis la tombe de chaque espoir. Qui, si ce n’est moi, connaît les secrets du dolmen en pierre brute ? »
Note de musique : fa
Planète : Saturne
Mot ogham : âge/vieillir, mémoire/souvenir, le plus vieux des bois, le plus beaux des anciens, le plus flétri des arbres, épée

Le jour de cet arbre est le Solstice d’Hiver. L’if est un arbre de mort dans les pays utopiques et l’un des cinq arbres magiques d’Irlande. Il est sacré pour Hécate en Grèce et en Italie. A Rome, lorsque les taureaux noirs étaient sacrifiés à Hécate, ils étaient chargés de guirlandes d’If. En Irlande, l’if était le « cercueil du vin » et les tonneaux de vin étaient fabriqués en if. On pensait que son bois faisait les meilleurs arcs.

Les propriétés magiques de l’if sont en lien avec le féminin, la planète Saturne, l’élément eau et les pouvoirs de relever les morts. L’if est également connu comme étant extrêmement vénéneux.

L’if est l’arbre principal de la mort, on pensait qu’il étendait une racine jusque dans la bouches des cadavres, libérant leurs âmes et absorbant l’odeur de décomposition des corps. Ainsi, c’est l’arbre d’Hécate, la Déesse de toutes les matières compostables qui sont offerts à la fertilité du Monde-d’en-Bas. L’if est un symbole de vie dans la mort, parce qu’elle prend plus de temps que tout autre arbre à atteindre sa maturité, à l’exception du chêne. L’if est l’essence du soi, hérité du passé ancestral. C’est la racine éternelle du soi. C’est la mesure ultime du passage de l’âme de la vie à la vie. Idho fait référence à la transformation d’un état à un autre, ou un mouvement de cette nature. Il peut être chargé de malaise et d’un sentiment de perte. Il y a une forte probabilité pour que Idho indique l’ignorance d’une certaine transformation à venir ou qui est imminente. Le principal défi concerne le sentiment profond de perte et de tristesse. Cette douleur doit être surmontée avant que le changement ne puisse être pleinement compris. Gardez à l’esprit que la naissance suit la mort dans le cycle éternel de la création.

  • Information botanique

Taxus_baccataL’if est un conifère à croissance lente et peut vivre 1000 ans, sa hauteur maximale est de 20 mètres. Parce que son bois est dur et élastique, il servait à fabriquer les arcs longs anglais, chose beaucoup moins fréquente de nos jours. Ses aiguilles sont très larges et sa graine est contenue dans une arille rouge. Les ifs sont toxiques ; le taxol est extrait de l’un de ses composants toxiques et est utilisé dans un traitement efficace contre certains cancers. L’if fait partie de la famille des taxacées.

  • Cailleach

I am Cailleach, the meager blue hag.
My face is blue
My teeth are red
And I have only one eye.
I am the Winter Queen.
My name means « dark of the sun ».
I am ruler of the « Little sun of winter. »

Je suis Cailleach, la maigre sorcière bleue.
Mon visage est bleu
Mes dents sont rouges
Et je n’ai qu’un œil.
Je suis la Reine de l’Hiver.
Mon nom signifie « l’ombre du soleil ».
Je suis la souveraine du « Petit soleil d’hiver ».

L’aspect vieille-sorcière très ancien de la Déesse était connu sous de nombreux noms partout dans les pays celtiques. Dans les Triades Irlandaises, la Cailleach est considérée comme l’un des trois grands âges : l’Âge de l’If, l’Âge de l’Aigle et l’Âge de la Vieille Femme de Beare.

La Cailleach Bheara (« Vieille Femme » ou « Vieille Epouse ») est très répandue dans toute l’Irlande et l’Ecosse. De nombreux lacs, rivières et montagnes sont considérés avoir été créés par elle. On croyait même que certains cairns étaient des piles de pierres tombées de son tablier. La Cailleach Bheara forme une triple déesse avec la Cailleach Bolus et la Cailleach Corca Duibhna. On raconté que c’était elle qui relâchait les rivières, formait les montagnes et frappait son marteau sur l’herbe verte. On disait que la Cailleach possédait la capacité de se changer son apparence de vieille et laide sorcière en magnifique jeune fille. En Irlande, elle était également appelée la Sentainne Berri.

En Ecosse, la Cailleach est une vieille sorcière au visage bleu et représente les trois mois de l’hiver. Son règne  est interrompu par Brigit à Imbolc. A Beltane, la Cailleach cache son bâton sous un buisson de houx. Dans le jeu de Sibyl, qui est très similaire au jeu des Serpents et des Echelles auxquels s’amusent les enfants aujourd’hui, la Cailleach était le Dragon. On jouait à ce jeu sur une base saisonnière, décrivant la bataille que se livraient la Cailleach Bheara et Brigit.

Les Romains assimilèrent la Cailleach à l’une de leurs déesses nommée Junon. Plus tard, la Cailleach prit le nom de Nicnevin la « Mère Os » et on raconte qu’elle a été vue en train de voler dans les airs, suivie par une bande de démons durant  Samhain.

Dans le folklore mannois, la Cailleach Groarnagh était une « vieille femme de sortilèges » qui était associée au temps (météo). On disait que si Imbolc était une belle journée, elle sortirait pour se réchauffer, mais s’il faisait humide et gris elle resterait à l’intérieur. On attribue sa mauvaise humeur au fait qu’on l’ait poussée dans une crevasse de la montagne de Barrule, sur l’Île de Man, mais certains disent que c’est parce qu’elle a été jetée à la mer et qu’elle a du retourner jusqu’à la rive.

Selon The Yellow Book of Lecan (le livre jaune de Lecan), un manuscrit du XIVème, la Cailleach Bheara était également connue sous le nom de Bui ou Boi, un terme pour désigner la couleur jaune. standing-stone-bere-islandElle était issue d’un peuple connu sous le nom de Corcu Duibne. On racontait communément que les Corcu Duibne « ne doivent jamais se trouver sans une merveilleuse cailleach parmi eux. » La Cailleach Bheara avait cinquante enfants adoptifs à Beara, qui est une péninsule située à West Munster dans le comté de Cork. Les descendants de ses enfants devinrent de nombreux peuples et races. Elle eut sept périodes de jeunesse et ses partenaires moururent de vieillesse. Parmi ceux-là, on a reconnu Lugh comme l’un de ses premiers compagnons. Une histoire locale de l’Île de Bere (Beare) parle de deux vieilles mégères divisées par une dispute au-dessus des eaux. L’une se tenait sur la péninsule et l’autre sur l’île. Les deux vieilles se jetaient des bâtons et c’est ainsi qu’ils se transformèrent en pierres dressées au milieu de l’Île de Bere et près de Castletownbere.

ire-9Hags-Chair

Un récit de 1894 raconte que dans le comté de Meath se trouvent un ensemble de cairns à chambre, sur une colline connue sous le nom de Sliabh na Caillighe, qui veut dire “la Vieille Sorcière de la montagne” ou “la sorcière des collines” dans l’ancien langage. Elle est située près d’Oldcastle et Lough Crew. La vieille sorcière, dont le nom réel était inconnu du berger qui narrait l’histoire, avait apporté les pierres dans trois pleins tabliers pour les trois premiers cairns. Elle plaça une pierre pour s’en servir de chaise sur le sommet de la colline appelée Belrath. Aujourd’hui, cette pierre est appelée Chair Cairn (ndlt : on l’appelle plus exactement  « The  Chair  of the Hag » c’est-à-dire « Le  siège de la sorcière »). Cette pierre mesure 3 mètres de long et 2 mètres de haut, 60cm d’épaisseur et elle est creuse. La pierre est gravée de motifs en zig-zag et de cercles concentriques notables. Une grande quantité de quartz ont été brisés en petits morceaux et dispersés sur le sol autour et devant la pierre. On racontait que Cailleach plaça son siège ici afin de pouvoir regarder le paysage quand elle le désirait.  La sorcière aimait monter un poney et sauter de colline en colline. Un jour, la sorcière poussa le poney à galoper si rapidement qu’il chuta, et la monture et la cavalière furent tuées. La Cailleach dans cette histoire donne son nom à Bearhaven dans le comté de Cork.

Une autre histoire concernant le Chair Cairn explique comment la Cailleach arriva du Nord pour accomplir un exploit magique par lequel elle obtiendrait un grand pouvoir si elle réussissait. Elle remplit un grand tablier de pierres, en laissa tomber certains sur Carnbane cairnCarnbane et créa un cairn là-bas. Puis, elle sauta au sommet de Slievenacally, autrement connu sous le nom de Hag’s Hill (ndlt : Colline de la Sorcière), et laissa tomber un autre cairn. Une fois encore, elle sauta sur une autre colline et y déposa un autre cairn. Si elle parvenait à effectuer le dernier saut et à lâcher le dernier cairn, il lui serait accordé cette grande puissance qu’elle recherchait. Elle tenta de sauter mais glissa et tomba, se brisant le cou et ainsi se tua. La Cailleach fut ensuite enterrée dans les environs.

Il est possible que la Cailleach Bheara ait été à l’origine une princesse Espagnole nommée Beara. Il fut prophétisé qu’elle se rendrait une certaine nuit à la rivière Eibhear (ndlt : Eibhear = Ibériens ?)  et y découvrirait un saumon paré de vêtements colorés. Cette nuit-là, elle rencontrerait son futur époux. Tel que cela avait été prophétisé, cette nuit arriva et elle s’enfuit avec Eoghan Mo’r de Magh Nuadat pour se marier. Ils embarquèrent ensemble pour l’Irlande et à leur arrivée sur la côte Nord de la Baie de Bantry, Eoghan nomma la péninsule  d’après le nom de son épouse, Beara.

La Cailleach est également en vedette dans les mythes de souveraineté, comme celui que l’on trouve dans le récit des Neuf Otages (ndlt : je cite l’article de Wikipédia intitulé loathly lady : « On trouve la loathly lady dans Les Aventures des fils de Eochaid Mugmedón, dans lesquelles Niall Noigiallach (littéralement : « Niall aux neuf otages ») se révèle être le légitime « roi suprême d’Irlande » (Ard rí Érenn) en embrassant la dame. ») Niall et ses frères rencontrent une vieille femme qu’ils doivent embrasser et seuls  Niall et Fergus résistent à l’envie de la tuer parce qu’elle est hideuse. Fergus embrasse la vieille sorcière sur la joue et il reçoit en récompense la souveraineté de toute l’Irlande, puis la sorcière se transforme en une belle jeune femme. Un poème du Xème siècle décrit la Cailleach comme une vieille femme frêle qui s’est retirée dans un couvent et qui se remémore sa vie de bien-aimée des rois.  On pense qu’il s’agit d’une réécriture chrétienne d’un mythe de souveraineté. Il faut noter également que les Anglais ont pour habitude de traduire cailleach comme s’il s’agissait d’un synonyme pour nonne.

Il existe encore une autre histoire qui est racontée à propos de la Cailleach dans la région de Slyne Head. On dit qu’elle était en mer avec ses enfants et qu’ils étaient transis dans la froide obscurité. Le froid les glaçait jusqu’à la moelle. La Cailleach expliqua alors aux enfants qu’ils pouvaient se réchauffer en écopant la mer dans et hors de leur bateau. En faisant cela, les enfants furent capables de se réchauffer jusqu’au matin.

Dans le folklore d’Irlande et d’Ecosse, cailleach était un terme utilisé pour la dernière gerbe de la moisson. Divers choses étaient faites avec la dernière gerbe en fonction de l’endroit. Parmi les traditions les plus populaires : nourrir le bétail avec la gerbe, la semer ou la secouer dans les champs,  ou bien la garder tout au long des mois d’hiver. Les jeunes filles rechignaient souvent à nouer la dernière gerbe par peur de n’être jamais épousée. En Ecosse, une tradition folklorique consistait à nouer la cailleach avec un ruban et la suspendre à un clou jusqu’au printemps. Sur l’Île de Lewis, ils prenaient la cailleach et remplissez son tablier de fromage, de pain et d’une faucille .  Bien que l’on fasse référence à sa beauté, elle est également décrite comme possédant un œil au milieu de son visage bleu-noir, avec dents rouges et de cheveux emmêlés. Elle contrôlait les saisons et le temps (météo).

La Cailleach Bheur des Highlands, en Ecosse, est une vieille sorcière au visage bleue qui personnifie l’hiver – et c’est l’un des cas les plus manifestes d’une créature surnaturelle  qui était autrefois une déesse primitive parmi les anciens Celtes, et avant eux, les Fomorians. Sa personnalité a de nombreuses facettes dont la ressemblance est assez frappante avec la Déesse Grecque Artémis. A première vue, elle semble être la personnification de l’hiver. Elle est appelée fille de Grainne, ou le Soleil d’Hiver.

Il y avait deux Soleils dans le calendrier Celtique Ancien – le Grand Soleil, qui brille du Temps de La Baal (ou Veille de Beltane) à Samhain, et le Petit Soleil qui brille de Samhain à Beltane.

La Cailleach renaissait à chaque Samhain et allait frapper la Terre d’un grand coup pour anéantir la croissance et ensuite faire tomber la neige. A la Veille de Beltane, elle jetait son bâton  sous un houx ou un buisson d’ajoncs, car tout deux sont ses plantes, et se changeait en pierre grise ; pour cette raison, les menhirs solitaires lui sont sacrés.

Dans certains contes, elle ne se transforme pas en pierre mais apparaît plutôt dans la maison où se trouvent les fiana (ndlt : selon le dictionnaire d’ Ó Dónaill, on écrit Fianna avec deux « n », les Fianna ou la Fiann : Fianna Fhinn ; na Fianna : une troupe de guerriers légendaires de  Fionn Mac Cumhaill), elle demande l’autorisation de se réchauffer auprès du feu [ndlt : la suite du texte passe ensuite au singulier, après quelques recherches sur le net, j’ai trouvé le passage manquant : Gionn et Oisin le lui refusent, mais Diarmuid plaide son cas, en insistant sur le fait qu’elle soit autorisée à rester. Gionn et Oisin acceptent à contrecœur. Plus tard, au cours de la même nuit] lorsqu’elle se glisse dans son lit, il  ne la repousse pas, il forme juste un pli de couverture entre eux. Après un moment, il a un « sursaut de surprise » car elle s’est transformée en la plus belle des femmes qu’un homme ait jamais vu. [Ndlt : dans l’autre version qui m’a permis de compléter celle-ci, elle ne se transforme pas en belle jeune femme mais est touchée par le geste de Diarmud, elle en éprouve gratitude et loyauté et le soutiendra lorsqu’il aura un réel besoin d’une aide divine.] Ainsi, il semblerait que la Cailleach représentait à la fois une déesse de l’hiver et de l’été.

Elle était l’esprit gardien d’un certain nombre d’animaux. Les cerfs étaient les premiers à avoir ce privilège. Ils sont son troupeau, elle les rassemble, les traie et leur accorde souvent protection contre les chasseurs. Les pourceaux, les chèvres sauvages, le bétail sauvage et les loups étaient également ses créatures. Sous un autre aspect, elle est une déesse de la pêche, aussi bien que la gardienne des puits et des ruisseaux. On l’appelle également en mannois (ndlt : langue gaélique de l’Île de Man) la Caillagh-ny-Groamagh.

Cailleach
She with the all knowing eye of two faces
One of royal blue and youth
Beautiful and desirable
Giving birth to a nation
Our mother who nurtures us
Cradling us to her bosom
She with the all knowing eye of two faces
One of deepest black and knowledge
Withered, aged, older than time
Standing guard over her people
Guiding them back to her ancient womb
She with the all knowing eye of two faces
Mother and Crone
With us at the beginning and at the end
She with the all knowing eye of two faces
Sees all injustice
A quick and swift warrior is she
Do not fear the unleashing of her power
She with the all knowing eye of two faces
Teaches through destruction
To renew the life process
She with the all knowing eye of two faces Cailleach
(c) 1999 Casey Scathach Aje
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Traduction Fleur de Sureau pour le coven Ignis Daemonis.

En réalisant cette traduction, j’ai effectué quelques recherches sur le net et je suis tombée sur ces documents. Certains semblent être des sources dans lesquelles Bendis a puisé pour rédiger cet article  :