Tradition Faerie Faith : Comprendre les « Arbres », l’Aubépine

Extrait de la thèse : The Faerie Faith and the Beth-Luis-Nion Celtic Lunar Tree Calendar par James Clifford Landis. Traduction et adaptation : Fleur de Sureau.

L’aubépine

L’aubépine est le sixième arbre de l’année. Son nom gaélique est huath (prononcé « Hoh’ uh »).

Le glyphe pour l’aubépine est : « Je suis belle parmi les fleurs. « 

  • Utilisations de la plante et folklore

Margaret Grieve décrit l’aubépine comme un « cardiaque, diurétique, astringent [et] un tonique. Principalement utilisée comme un tonique cardiaque pour les troubles cardiaques organiques et fonctionnels. » (385).

L’aubépine est entourée de mythes. Dans de nombreuses régions, elle est considérée comme l’une des plantes qui portent le plus malchance, capable de provoquer la mort et de graves maladies si on la cueille ou on en ramène à la maison. Certains disent que cette plante porte malchance parce qu’elle a été utilisée pour fabriquer la couronne d’épines du Christ. D’autres croient que cette superstition tire son origine « du malchanceux mois de mai » (la période pendant laquelle les aubépines sont en fleur). D’autres encore supposent que la superstition vient de la célébration préchrétienne de la fête de Mai durant laquelle la Reine de Mai était couronnée avec la plante avant d’être rituellement sacrifiée. (Vickery 166-68).

À Chiswick, la plante était même connue sous le nom de « mother-die » (ndlt : mother = mère, die = mourir… « morte-mère ») du fait qu’elle porte malchance. On estime que ses fleurs sentent la mort. Ceci est dû au fait que « la triméthylamine, un des premiers composés organiques à se former lorsque les tissus animaux commencent à se décomposer, est présente dans les fleurs d’aubépine » (Vickery 169).

L’aubépine et le 1er mai sont également liés à l’amour charnel. La fête de mai était la célébration de Beltane, la période pendant laquelle le Dieu soleil païen fait l’amour à la Déesse Lune. « C’est une plante que l’on ne fait pas entrer à la maison, associée à l’amour libre dans les champs, plutôt qu’à l’amour dans le lit conjugal » (Vickery 168).

  • Mythologie et symboles

Dans la Rome Antique, mai était l’époque pendant laquelle le temple de Vesta (la Déesse du Mariage) était balayé et nettoyé. Pour cette raison, aucun mariage ne pouvait avoir lieu pendant ce mois. Foyers et maisons du peuple n’étaient pas des lieux sûrs lorsque la maison de la Déesse était en effervescence. Le peuple ne pouvait porter de vêtements neufs et la chasteté était de rigueur parmi les couples (Graves 174).

Les Mabinogion, un recueil de récits gallois anciens, narrent l’histoire de « Culhwch et Olwen. » Dans ce récit, l’aubépine apparaît sous l’aspect du Chef des Géants, Yspaddaden Penkawr, le père d’Olwen. Le jeune Culhwch a juré de prendre pour épouse Olwen, mais le chef des géants exige une dot de 13 trésors, chacun représentant un défi de taille (Jones 85-121). L’aubépine ne veut apparemment pas que le mariage ait lieu de son temps. Pourtant, il existe un autre aspect au mois de mai, plus obscur. « La référence à l’épine blanche en matière d’ascèse […] doit cependant être distinguée de son usage orgiaque plus récent correspondant au culte de la déesse Flora » (Graves 176).

Nous connaissons cela à travers les célébrations du jour de mai, au cours desquelles les fleurs d’aubépine étaient cueillies et les gens dansaient autour du mât de mai. Ces festivités débordaient souvent d’érotisme, comme l’explique Robert Graves,  » Pour beaucoup d’hommes, la fleur d’aubépin exhale un fort parfum de sexe féminin, ce pour quoi les Turcs utilisent les branches d’aubépines en fleurs comme symboles érotiques. » (176).

  • Energies

L’aubépine est une période de nettoyage et de purification (si utilisée correctement). Les puissantes énergies sexuelles de la lune de l’aubépine peuvent être dangereuses utiliser de manière indécente.

« Beaucoup de gens se sentent en « rut » juste à cette période, mais au lieu de vous ruer dans les bois et d’avoir beaucoup de rapports, vous devriez vous réfréner et recanaliser ces énergies pour développer votre maturité spirituelle et émotionnelle. L’aubépine est la lune de la purification  et des utilisations créatives (plutôt qu’au sens de fertiles) des énergies sexuelles. Ce n’est pas la période de l’activité sexuelle effrénée. Les gens sont beaucoup plus sensibles et vulnérables, et peuvent pâtir de luxure déplacée. Faites l’expérience de l’amour à la place. Résistez maintenant, attendez le solstice d’été. C’est la période de consommation, physiquement et autrement. Utilisez cette période pour nourrir vos sentiments intimes. L’aubépine guérit le cœur, littéralement – il est employé comme médicament pour le cœur. » (Kerr, « Lunar »)

Le glyphe, « Je suis belle parmi les fleurs », parle de Flora. C’est une période de forte pulsion sexuelle. L’étudiante doit veiller à utiliser ces énergies de façon positive et saine.

L’autre glyphe de l’aubépine est « Je suis la gardienne des frontières, la nuit je vole seule. »

Ce glyphe parle de Vesta, la chaste Déesse. Il est conseiller à l’étudiante de s’abstenir non seulement de relations sexuelles, mais aussi de trop de contacts humains. Vesta exhorte l’étudiante à protéger ses frontières lorsque les autres perdent les pédales.

H pour Uath [La Déesse Blanche]

Extrait du livre « Les mythes celtes, la Déesse Blanche » par Robert Graves

Le sixième arbre est l’aubépin ou épine blanche de mai qui emprunte une partie de son nom au mois de mai. On le considère en général comme un arbre maléfique et le nom sous lequel il apparaît dans les lois irlandaises de Brehon, sceith, semble appartenir à la même famille que la racine indo-germanique sceath ou scèth signifiant « nuisance » dont provient l’anglais scathe et le grec a-scethe, « sans dommage, sain et sauf ». Dans l’ancienne Grèce, comme en Grande-Bretagne, pendant ce mois- les gens se promenaient en vieux vêtements (coutume à laquelle fait allusion ce proverbe « en avril, ne te découvre par d’un fil » signifiant : « ne porte pas de vêtements nouveaux tant que le mois maléfique n’est pas terminé » ; et il ne faut pas croire que cela fasse référence au climat variable anglais, car le proverbe a cours également dans le Nord de l’Espagne où, généralement, Pâques amène le beau temps. On doit également s’abstenir de rapports sexuels, coutume justifiant que mai passe pour ne pas porter chance aux mariages. En Grèce et à Rome, c’était en mai que l’on nettoyait les temples et qu’on lavait les images des dieux : c’était le mois de préparation à la fête solsticiale. Bien que la poésie anglaise la décrive comme toujours jeune et belle, la déesse grecque Maïa tirait son nom de maia, « grand-mère ». Il s’agissait d’une vieille malfaisante dont le fil Hermès conduisait les âmes aux Enfers. C’était bien la Déesse Blanche qui, sous le nom de Cardéa, comme il a été expliqué, jetait des charmes par le truchement de l’aubépin. Avant que ne commence ce mois malchanceux, les Grecs allumaient cinq torches d’aubépin et de fleurs d’aubépine pour se la rendre propice lors des mariages célébrés à ce moment de l’année, car on pensait qu’ils déplaisaient à la déesse.

Dans ses Questions romaines, Plutarque pose la question : « Pourquoi les Romains ne se marient-ils pas au mois de mai ?  » et il propose la réponse correcte : « La raison n’en serait-elle pas qu’on célèbre en ce mois les plus grandes cérémonies de purification ? » Il explique que c’était le mois au cours duquel on lançait au fleuve des mannequins appelés argeioi, « les hommes blancs » comme s’il s’agissait d’une offrande à Saturne. Dans ses Fastes, Ovide parle d’un oracle que lui avait donné une prêtresse de Jupiter au sujet du mariage de sa fille : « jusqu’aux ides de juin (milieu du mois), il n’y aura pas de chance pour les épousées ni pour leurs maris. Jusqu’à ce que les ordures du temple de Vesta aient été charriées à la mer par le Tibre jaune, je ne dois pas peigner mes boucles, que j’ai d’ailleurs coupées en signe d’affliction, ni tailler mes ongles, ni cohabiter avec mon mari bien qu’il soit le prêtre de Jupiter. Ne sois donc pas pressé. Ta fille rencontrera une meilleure chance en mariage quand le feu de Vesta brûlera dans un foyer purifié ». Les jours malchanceux se terminaient le 15 juin. En Grèce, le mois malheureux commençait et finissait un petit peu plus tôt. D’après Sozomen de Gaza, un historien ecclésiastique du Ve siècle, la fête du térébinthe à Hébron était célébrée à la même époque et avec les mêmes tabous sur les vêtements neufs et la sexualité et dans le même but : le nettoyage et la purification des images saintes.

Dans la mythologie galloise, l’aubépin apparaît comme le chef malfaisant des géants. C’est Yspaddaden Penkawr, le père d’Olwen (« Celle à la Trace Blanche »), autre nom de la Déesse Blanche. Dans l’Histoire de Kilhwych et Olwen (Kylhwych avait été ainsi appelé parce qu’il avait été trouvé dans la soue d’un pourceau), le géant Aubépin dispose tous les obstacles possibles à la réalisation du mariage de Kilhwych avec Olwen et exige une dot de treize trésors, tous apparemment impossibles à se procurer. Le géant vivait dans un château gardé par neuf portiers et neuf chiens de garde, preuve de la force du tabou contre le mariage pendant le mois de l’aubépin.

En Irlande, la destruction d’un aubépin vénérable s’accompagnait des plus grands dangers. Deux exemples du XIXe siècle sont cités dans le Folklore des îles Britanniques d’E. M. Hull. L’effet en est la mort du troupeau du coupable, celle de ses enfants et la perte de tout son argent. Dans son étude bien documentée, les Arbres Epineux Historiques des îles Britanniques, M. Vaughan Cornish parle d’aubépins sacrés poussant au-dessus de puits dans les provinces gaéliques. Il cite le cas de « l’aubépin de saint Patrick » à Tin’ahely, dans le comté de Wicklow : « Les fidèles s’assemblèrent le 4 mai, des cercles furent dûment exécutés tout autour du puits et l’on arracha les lambeaux aux vêtements pour les suspendre à l’épineux. » Il ajoute : « ceci se passa le jour de la sainte Monique, mais je ne sais pas s’il faut y voir une relation ». Certainement si : puisque la sainte Monique, nouveau calendrier, correspond au 15 mai, ancien calendrier, et qu’il s’agissait d’une cérémonie en l’honneur du mois de l’aubépin qui venait juste de commencer. Les morceaux étaient arrachés des vêtements en signe de deuil et offerts en gage de propitiation.

L’aubépin est donc l’arbre de la chasteté exagérée. Le mois commence le 13 mai, quand fleurit la première aubépine, et finit le 9 juin. La référence à l’épine blanche en matière d’ascèse, correspondant au culte de la déesse Cardéa, doit cependant être distinguée de son usage orgiaque plus récent correspondant au culte de la déesse Flora et en rapport avec la coutume anglaise médiévale de sortir à cheval au matin du 1er mai pour cueillir des branches d’aubépine en fleurs et pour aller danser autour des arbres de mai. Pour beaucoup d’hommes, la fleur d’aubépin exhale un fort parfum de sexe féminin ce pour quoi les Turcs utilisent les branches d’aubépines en fleurs comme symboles érotiques. Mr Cornish démontre que ce culte de Flora fut introduit dans les îles Britanniques à la fin du Ier siècle av. J.-C. par les seconds envahisseurs belges et, qu’en outre, l’aubépin de Glastonbury, qui fleurissait l’ancien jour de Noël (5 janvier du nouveau calendrier) et qui fut coupé par les Puritains à la Révolution, était un sport d’aubépin commun. Les moines de Glastonbury l’avaient choyé et lui avaient octroyé la sainteté en improvisant un conte sur le bâton de Joseph d’Arimathie et la couronne d’épines en vue de décourager l’usage orgiaque de l’aubépine qui n’apparaît pas normalement avant le 1er mai de l’ancien calendrier.

Il est vraisemblable que l’antique buisson qui avait poussé là où fut élevée ensuite la cathédrale de Saint-David était un aubépin orgiaque, car cela correspondait à la légende de la mystérieuse naissance de saint David.

Huath : correspondances Faerie Faith

Aubépine/Huath

Extrait de The Faerie Faith and the Beth-Luis-Nion Celtic Lunar Tree Calendar par James Clifford Landis. Traduction : Fleur de Sureau.

Correspondances pour le système BLN du Calendrier des Arbres Lunaires celtiques. Extrait de “Lunar Tree Energies” par Linda Kerr, et la Déesse Blanche par Robert Graves.

 

Glyphes

– Je suis beau parmi les fleurs…
– Je suis le gardien des frontières, et la nuit je vole seul. »

Couleurs

Le noir le plus sombre

Lettre

HuathH

Animaux

Oiseau de nuit

Symboles

Baguette d’aubépine, grappe de fleurs, balai, plume noire

Archétypes féminins

Flora, Vesta, Cardéa, Maïa, Artémis, Dana

Archétypes masculins

Yspaddaden Penkawr (Chef des Géants), Kilhwych

Guérisons

retour à l’équilibre pour le sang, les nerfs et l’esprit ; purifier ; tonifier le cœur

Mystères

une période à l’écart et seul ; chasteté ; purifier pour rééquilibrer ; purger le corps et l’esprit

Energies des Arbres Lunaires : l’Aubépine

Par Linda Kerr copyright 1999, extrait du site faeriefaith.net
Traduction : Fleur de Sureau pour le coven d’Ignis Daemonis.

L’aubépine

Sixième lune

  • Glyphe – Je suis beau parmi les fleurs
  • Oiseau – oiseau de nuit
  • Couleur – le noir le plus sombre
  • Guérison – retour à l’équilibre pour le sang, les nerfs et l’esprit ; purifier ; tonifier le cœur
  • Mystères – une période à l’écart et seul ; chasteté ; purifier pour rééquilibrer ; purger le corps et l’esprit
  • Substitut : pommier sauvage

L’aubépine est une période de jeûne, de guérison spirituelle, de purification du corps, d’abstinence. C’est une période de modération, un temps pour se débarrasser du bois mort spirituel et physique ainsi que des vieilles habitudes ; une période de clarté à travers laquelle vous pouvez renforcer votre consécration/dédicace et  votre objectif. C’était le moment où Romains et Grecs nettoyaient et purifiaient les temples en préparation des célébrations du solstice d’été.

L’aubépine est associée au 1er Mai qui est habituellement rattaché au sexe et à la fertilité. Mais nous célébrons la fertilité de la nature en général, pas celle des gens, et de notre soi profond. Le Mât de Mai symbolise les énergies masculines ou yang qui s’élèvent de la terre. Une couronne d’aubépine en fleur est placée au sommet du mât de mai pour représenter les énergies féminines et masculines unies.

L’aubépine « transforme un homme de position dominante en un âne qui porte la paille. » Cela peut vouloir dire qu’il devrait rester en contact avec sa propre part féminine avant que celle-ci n’entre en contact avec lui.

Beaucoup de gens se sentent en « rut » juste à cette période, mais au lieu de vous ruer dans les bois et d’avoir beaucoup de rapports, vous devriez vous réfréner et recanaliser ces énergies pour développer votre maturité spirituelle et émotionnelle. L’aubépine est la lune de la purification  et des utilisations créatives (plutôt qu’au sens de fertiles) des énergies sexuelles. Ce n’est pas la période de l’activité sexuelle effrénée. Les gens sont beaucoup plus sensibles et vulnérables, et peuvent pâtir de luxure déplacée. Faites l’expérience de l’amour à la place. Résistez maintenant, attendez le solstice d’été. C’est la période de consommation, physiquement et autrement. Utilisez cette période pour nourrir vos sentiments intimes. L’aubépine guérit le cœur, littéralement – il est employé comme médicament pour le cœur.

L’aubépine est une bonne période pour les femmes, afin de tonifier, et non suremployer, leurs organes génitaux. Car sinon ils pourraient se détraquer au solstice d’été ou durant la lune du Houx. Tempérez les pulsions sexuelles et tonifiez l’énergie sexuelle. N’en faites pas trop sous peine d’une panne au solstice. C’est aussi le bon moment, pour les hommes comme les femmes, de jeûner, pour nettoyer votre propre temple.

Vos énergies masculines et féminines, ou yin et yang, devraient s’unir et s’équilibrer. Vous ne pouvez posséder l’un sans l’autre. Tout comme la procréation exige les deux sexes, il en va de même pour un soi intérieur harmonieux. Lorsque les énergies masculines et féminines sont équilibrées, les deux « moitiés » peuvent s’unir et créer un « enfant psychique », le fruit des deux ; une conscience plus élevée, plus développée.

Le glyphe de l’Aubépine est « Je suis le gardien des frontières, et la nuit je vole seul. » C’est une période pour voyager seul, dans « l’obscurité » de votre soi intérieur. Voyagez intérieurement, en quête de votre âme et soyez purifié et rééquilibré. Les épines acérées de l’Aubépine aideront à protéger vos frontières extérieures et spirituelles. Cette lunaison devrait être un moment pour se tenir à l’écart des gens, un moment pour se rapprocher des esprits de la nature. Une période d’abstinence d’avec les humains ; une opportunité pour se relier aux éléments et à la nature. Utilisez l’énergie sexuelle accrue de l’Aubépine pour créer un lien plus fort avec la Nature. Tout comme vos énergies sont facilement libérées à cette période, celles de la Nature le sont aussi.

  • Les énergies négatives [de la lune ] de l’Aubépine : un sentiment d’impureté, d’être bloqué. Les femmes pourraient trouver que les hommes de leur entourage deviennent irritables et plein de testostérone. Quant à elles, il est possible qu’elles se focalisent trop sur leurs énergies féminines, ce qui conduit à l’insensibilité et la manipulation. Vous pourriez vous concentrer entièrement sur les plaisirs physiques, au détriment de tout le reste, et notamment votre progression spirituelle. Vous pourriez vous sentir accablé de toxicité ou par des parasites.
  • Pour surmonter ces énergies : prendre une baguette de cette arbre. Quintessences florales de Bach possibles pour l’Aubépine : Crab Apple.

Aubépine : son Folklore & ses usages pratiques

Par Muirghein ó Dhún Aonghasa (Linda Kerr). Traduction : Fleur de Sureau. Extrait du site The Hazel Nut.

Crataegus oxyacantha – Aubépine à deux styles. On la trouve en Angleterre et en Europe continentale.

ariel-john-anster-fitzgeraldL’aubépine est facilement identifiable à ses branches, couvertes de longues épines pointues. Ses petites fleurs blanches s’épanouissent généralement au mois de mai, ce qui lui vaut d’être également appelée Mai ou Fleur de Mai, bien que dans le sud des Etats-Unis elle fleurisse en Avril (le navire Mayflower doit son nom à l’aubépine). Son nom générique, Crataegus oxyacantha, provient du mot grec kratos, qui signifie dureté (du bois), oxus, qui veut dire pointu, et akantha, qui désigne une épine. Le nom vieil allemand pour l’arbre, Hagedorn, signifie Hedgethorn (ndlt : une haie d’épines) ; le mot haw (ndlt : en anglais aubépine s’écrit hawthorn) est un mot ancien pour hedge (ndlt : haie) (1).

Le fruit rouge, ou cenelle, qui apparaît à la fin de l’été, ressemble à une petit pomme dure. Le bois est un excellent combustible, faisant le plus chaud des feux de bois connu, et dans le passé on le préférait au chêne pour le four à bois (2).

Pour les anciens Grecs et Romains, l’aubépine était un symbole d’espoir et de joie, et était liée aux mariages et aux bébés. L’aubépine était dédiée à Hymen, dieu des mariages. Les torches portées lors de la procession d’un mariage étaient en bois d’aubépine. Les gens plaçaient un brin d’aubépine dans les petits bouquets qu’ils portaient, tandis que la mariée portait un rameau entier (3). Cela aidait à apaiser la déesse Cardéa, qui n’aimaient pas les mariages en particulier au mois de mai. En Angleterre, mai était considéré comme un mois chanceux pour les fiançailles mais pas pour les engagements.

Plus tard, dans l’Europe médiévale, l’aubépine passait pour être un arbre mauvais et malchanceux, et qui annonçait la mort si l’on en rentrait dans les maisons. On considérait l’aubépine comme l’un des arbres favoris des sorcières et lors de la nuit de Walpurgis (Beltane), les sorcières se transformaient en aubépines. « Avec un peu d’imagination superstitieuse, les branches tordues et épineuses de l’aubépine la nuit doivent suffisamment ressembler à une sorcière pour avoir instillé la peur chez les gens du moyen-âge (4). »

En Irlande, les aubépines solitaires appartiennent aux fées, qui s’y réunissent et vivent à l’intérieur. De nombreuses choses terribles étaient prédites, notamment la maladie et la mort, si l’on dérangeait de quelque façon que ce soit une aubépine solitaire. Les Irlandais croyaient que les fées étendaient leurs lessives sur les épines afin de les y faire sécher. L’Irlande a également de saintes aubépines près de ses puits sacrés, sur lesquelles des offrandes de chiffons sont laissées (5). Selon Geoffrey Grigson, les « haws » sont également appelées ‘hags (6)’ (ndlt : vieille sorcière) et une connexion pourrait exister avec le mot vieil irlandais might Hag-Mother (ndlt : Mère-Sorcière), à qui, dit-on, l’on destinait chiffons et vêtements.

La plus célèbre de toutes les aubépines est celle de Glastonbury (ndlt : « Glastonbury thorn », hélas victime de vandalisme au cours du holythorntree2temps et il y a encore quelques années). C’est un Crataegus monogyna var. praecox, à double floraison, une fois en hiver et une seconde en mai. Selon la légende de Glastonbury, la Couronne d’Epines était en aubépine. Plus tard, il y fut ajouté que Joseph d’Arimathie planta son sec bâton d’aubépine dans la colline qui se mit alors à pousser et qui, depuis, fleurit chaque Noël (7).

L’aubépine est associée au Jour de Mai plus que toute autre plante. La plupart du temps, les aubépines étaient déjà en fleur le Jour de Mai avant que les Britanniques ne changent de calendrier en 1752 et adoptent le Nouveau Style. Le Jour de Mai survient désormais 13 jours plus tôt (8).

L’aubépine était récoltée le matin du Jour de Mai, tressée et placée sur les portes et fenêtres. L’acte était important car le pouvoir des plantes magiques a toujours été accru par ces tressages sous différentes formes. La magie de l’aubépine était déjà accrue durant la nuit grace à la rosée, que les gens des campagnes ont toujours considérée comme un fluide magique, en particulier le matin du Jour de Mai (9).

Lors du Jour de Mai, les fées et les sorcières étaient de sortie, et tout aussi excitées que les humaines par le début de l’été. Lait et beurre étaient susceptibles d’être volés ou ensorcelés. En Irlande, le sorbier était le protecteur le plus sûr contre cela, tandis qu’en Angleterre et en France, la plante protectrice était l’aubépine (10).

Sexe et fertilité faisaient partie intégrante des célébrations du Jour de Mai d’autrefois, et étaient symbolisés par l’aubépine. Le doux parfum rance des fleurs les rendent évocatrices de celle du sexe. Cette même odeur a conduit à la croyance que les fleurs d’aubépine avaient conservé la puanteur de la peste. Les fleurs contiennent de la triméthylamine, qui est un composant de l’odeur de putréfaction (11).

Aujourd’hui, l’aubépine est à l’origine d’un puissant médicament pour le cœur. La recherche scientifique a démontré que l’aubépine dilate les vaisseaux sanguins, ce qui permet au sang de circuler plus librement, en abaissant la pression sanguine. Elle régule également l’action du cœur, en agissant directement sur le muscle cardiaque pour aider un cœur défaillant a travaillé plus efficacement. Elle agit lentement et semble être toxique seulement à très grandes doses, faisant d’elle un tonique assez sûr (12). Lorsqu’elle est administrée correctement, l’aubépine est bonne pour un muscle cardiaque affaibli par l’âge, en cas d’inflammation du muscle cardiaque, en cas d’artériosclérose et de problèmes cardiaques nerveux.

A la maison, les fleurs et les baies d’aubépines peuvent être employées en décoction (bouillies), et celle-ci bue dans le cas des maux de gorge. Elles peuvent également être utiles dans le cas de troubles rénaux, en agissant comme un diurétique. Les baies peuvent être utilisées sous forme de tisane qui est bonne en cas de troubles nerveux et d’insomnie (13).

On peut faire une excellente liqueur à partir des baies et des fleurs. Cette recette employant les fleurs remonte aux environs de 1775.

Liqueur de Fleurs de Mai :

Essayez de récolter les fleurs de mai lors d’une journée calme et sèche lorsqu’il n’y a aucune poussière dans l’air. Cueillez-en autant que peut en contenir votre jarre (1 litre). Remplissez-la de brandy ou de vodka. Fermez la jarre et secouez-la 3 fois par semaine pendant 3 mois. Filtrez et si nécessaire ajoutez du sucre selon le goût. La liqueur obtenue est excellent dans les crèmes et les sauces (14).

Sources :

  1. Grieve, Mrs. M. A Modern Herbal (2 volumes). 1931. Dover Publications, Inc., New York, NY, pg. 385
  2. Ibid, pg. 385.
  3. Lust, John. The Herb Book. 1973. Bantam Books, New York, NY.
  4. Ibid.
  5. Grigson, Geoffrey. The Englishman’s Flora. 1955. Phoenix House LTD, London, England, pg. 169.
  6. Ibid, pg. 166.
  7. Ibid, pg. 170.
  8. Ibid, pg. 168.
  9. Ibid, pg. 168.
  10. Ibid, pg. 167.
  11. Ibid, pg. 168.
  12. Rodale’s Illustrated Encyclopedia of Herbs. Edited by Claire Kowalchik and William H. Hylton. 1987. Rodale Press, Emmaus, PA, pg. 275.
  13. J. Lust.
  14. van Doorn, Joyce. Making Your Own Liqeuers. 1980. Prism Press, San Leandro, CA, pg. 72.