Lieux, fantômes et esprits de la nature

Je partage un peu de mes lectures du mois dernier qui illustre l’article de Linda Kerr sur les esprits de la nature et en particulier les lieux où sont restés inscrits des événements du passé.

Extrait du livre L’univers d’Edgar Cayce, tome III Les esprits de la Nature… par Dorothée de Kœuchlin de Bizemont.

Expériences dans un domaine enchanté

galipote
La galipote s’apparente par certains aspects au loup-garou (Weird Tales, novembre 1941, vol. 36, no 2, page 38).

Le domaine de Boisset-les-Prévenches est un très bel endroit entouré d’horizons bleus et de grandes forêts. Il y règne un silence bucolique — où l’on peut enfin entendre le chant des oiseaux, le vent, le vol des insectes.

Le vieux château du XVIe siècle s’intègre dans le mystère du lieu. Nos ateliers avaient toujours lieu au printemps : les fleurs exhalaient une allégresse, une joie de vivre, que nos participants ressentaient profondément. J’avais la sensation de voir, au-dessus du champ de colza, dans cette lumière jaune doré, des dizaines de petits êtres voletant de fleur en fleur.

Le maître-arbre de la forêt était un chêne à cinq troncs, qui formait un ensemble puissant — et, pour tout dire, une présence. Autour de lui régnait un profond silence. Il était lui-même entouré d’une sorte de clairière : les autres arbres semblaient s’en écarter avec respect. Nous retournâmes tous méditer devant ce chêne ; sensibles à la magie qu’il dégageait, nous avions l’impression d’être en présence de très grands mystères.

Les grands arbres tricentenaires de l’allée étaient vraiment des individus : chacun avait une forme personnelle, différente des autres, qui exprimait son âme.

Il y avait dans toute cette Nature une joie, mais aussi une réserve, un repli méfiant — une hostilité, lorsqu’on pénétrait dans les sous-bois : l’Homme était l’ennemi — et nous ne cessions de demander pardon aux Esprits de la Forét pour les violences et le mépris dont elle était l’objet.

Plusieurs d’entre nous reçurent des messages — et les exprimèrent, à l’émotion de tous.

Devant le château, sur une grande pelouse, il y avait un groupe de trois arbres qui exprimaient le chagrin : bossus, contrefaits, déplumés, avec un petit feuillage tout à fait miteux.

Il régnait dans cette zone une impression de tristesse désespérée, donnant envie de s’asseoir autour d’eux, en silence, pour les écouter. Je demandai à l’Ange de ces arbres de me décliner leur identité : je n’arrivais pas à définir leur espèce. « Bald Cypress me répondit-il. Et nous nous ennuyons ici à périr, dans ce climat normand froid et humide ; nous ne sommes pas appréciés. » Je demandai à Hugo ce qu’il savait sur ces arbres : « Ce sont bien des “cyprès chauves » qui ont été ramenés par  mon grand-père des États-Unis. Mais, en effet, ils végètent et je ne sais pas ce qu’il faut faire. »

Or j’avais vu des cyprès chauves à Virginia Beach : ce sont de très grands arbres, qui poussent dans l’eau des marais tropicaux, avec des troncs très droits et très hauts. Pour respirer, les racines sortent de l’eau en faisant une sorte de fausse souche que l’on appelle là-bas des genoux, en français (puisque le Sud fut jadis une terre française). En Normandie, privés de soleil et (là où ils étaient plantés) privés aussi d’eau, il y avait en effet de quoi être malheureux.

Mais ce n’est pas tout : ces arbres exprimaient un tel désespoir qu’il suggérait autre chose. Ce n’était pas seulement le torturant mal du pays… Je leur posai la question. « On nous a plantés sur un lieu de souffrance », me répondirent-ils.

Or le château avait été, au temps d’Henri IV, au centre d’une grande bataille entre les troupes protestantes, du futur roi de France, et les troupes catholiques, qui n’en voulaient pas pour roi. C’était la guerre civile et la guerre de religion. Henri IV avait demandé aux princes allemands de lui envoyer des soldats pour le soutenir : pourquoi étaient morts là, loin de chez eux, dans un abandon total des lansquenets suisses protestants : pour les gens du pays, c’étaient des  étrangers et des hérétiques ; des ennemis deux fois plus ennemis ! Personne ne leur avait témoigné de compassion, personne n’avait soigné leurs blessures, personne n’avait donné à boire a ces « chiens d’hérétiques » qui perdaient leur sang. Et personne ne s’était soucié de les ensevelir avec une vraie prière du cœur. Ils étaient morts dans un immense brouillard de haine. Et, ainsi alourdis,  ils étaient rivés à la terre qui les avait vus mourir, par les basses vibrations de haine, de peur, de désespoir ; l’un de nos participants, Roger-Paul Torti, était Suisse – Valaisan même ! –, guérisseur et voyant : il capta très clairement tous leurs messages, qu’il nous transmit longuement. Nous pleurions tous. J’inscrivis sur ma liste de prière « Ne pas oublier de prier pour libérer les lansquenets de Boisset-les-Prévenches » ! À Paris, la semaine qui suivit, ils vinrent me hanter toutes les nuits pour me réclamer des prières !

Quant à Roger-Paul Torti, à son retour il s’arrêta à la frontière suisse, ouvrit toute grande sa caravane et dit aux lansquenets : « Vous êtes enfin chez vous ! Maintenant, fichez-moi le camp ! »

Pour en revenir aux esprits de la Nature, cet atelier provoqua après notre départ des réactions extraordinaires à Boisset-les-Prévenches. Hugo me raconta qu’il survint une série de faits étranges.

Certains animaux, avaient disparu depuis longtemps du domaine, s’y festèrent à nouveau — à la surprise générale : on vit un sanglier traverser le champ sous les fenêtres du château (on n’en avait pas vu depuis des années). On vit réapparaître un aigle (on croyait qu’il n’y en avait plus).

Hugo, dans sa tournée d’inspection quotidienne, remarqua quelque chose d’extraordinaire : toutes les fleurs sauvages, à l’intérieur des limites du domaine, étaient plus grandes, avec des couleurs plus brillantes. Hors des limites de Boisset, les fleurs étaient plus petites et ternes. Et cela pour toute une série d’espèces : l’anémone, la violette, le coucou, l’églantine, la jonquille, la véronique, la primevère… Hugo était de plus en plus étonné — et moi aussi, lorsque je venais constater ces phénomènes troublants qui avaient suivi les ateliers.

Mais le choc… ce fut la rencontre du Galipote ! J’ai donné plus haut le récit d’Anne Vernon, avec la description de cette rencontre. « Le soir, après le départ des participants de l’atelier, me raconta Hugo, j’ai fait comme d’habitude un petit tour en forêt. J’ ai vu arriver sur le chemin une… comment dire ?… Une « chose » allongée, comme si c’était un chat ou un renard. Et j’ai senti qu’elle me frôlait les jambes. Mais, en « la » regardant à la verticale quand elle passait, j’ai vu qu’elle était… transparente ! J’étais avec deux amis, qui la virent eux aussi.

Le lendemain, je suis retourné au même endroit, avec Antoine d’O…, promoteur immobilier spécialisé dans la création de terrains de golf. Le même phénomène se reproduisit : la « chose » translucide s’enroula autour des jambes d’Antoine d’O… qui criait effaré : « Mais qu’est-ce que c’est que ça ? »

La Galipote défendait sa forêt : il ne voulait pas qu’on abatte les arbres pour construire un golf à la place. Le promoteur, dégoûté par cette étrange aventure, n’a pas insisté.

Je suis absolument sûre que ces ateliers de communication avec les esprits de la Nature ont été un grand encouragement pour ceux-ci : ils ne cessent maintenant de nous témoigner leur présence, et leur amitié !

[Saille] Un panier à offrandes

Deux jours avant la pleine lune, je suis partie à la rencontre d’un Saule. Après avoir arpenté un ruisseau un long moment, j’en ai trouvé un qui a bien voulu me donner une baguette et une brassée de branches pour faire un panier à offrandes et refaire mon stock d’herbes à potion ! ;) Tout le temps que j’ai passé avec lui, une petite couleuvre était là dans ses branches à prendre les rayons du soleil… Avant de repartir, je lui ai laissé quelques cadeaux, une pièce de monnaie, des cristaux de quartz et un morceau d’écorce de pin…

Saule par pholiane
Saule par pholiane

Et après un peu de travail voilà un petit panier de forme très spéciale ! La confection de ce panier a resserré les liens entre nous avec une étonnante facilité. Si vous avez l’occasion de croiser la route d’un Saule qui veut bien travailler avec vous, n’hésitez pas! Même si le panier ne ressemble à rien en apparence, il est déjà une véritable offrande !

Panier à offrande par pholiane
Panier à offrandes par pholiane
Panier à offrande par pholiane
Panier à offrandes par pholiane

La Nature accomplit son œuvre dans la joie

« Les légendes parlent toujours de danses de fées sylvestres ou des nains de la Terre. Tous ceux à qui il a été permis de voir les esprits de la Nature sont unanimes pour dire qu’ils sont d’une nature joyeuse.  La Nature accomplit son œuvre dans la joie, et cette joie domine à mesure que la conscience se développe dans les règnes supérieurs. Les germinaisons et les floraisons sont des œuvres d’allégresse. La pénétration des racines, la montée des sèves, la poussée des feuilles sont senties affectivement par l’âme de l’arbre comme une dilatation de bonheur, et ce bonheur a une vertu de communication ; il peut se transmettre à l’homme, si celui-ci peut trouver un point de contact entre le bonheur végétal et son propre cœur. » Par Maurice Magre.

[Edgar Cayce] Communiquer avec les Arbres

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Par Brian Froud

En traduisant la série d’article Faerie Faith 101, différentes  lectures recommandés revenaient régulièrement. J’ai donc fait quelques recherches, lu des extraits, puis j’ai pensé que je pourrais  simplement me diriger vers Edgar Cayce (1877-1945) parce qu’il a été énormément copié sur le sujet des fées et des élémentaux (ce qui ne m’empêchera pas de lire les livres recommandés par Linda Kerr plus tard). J’avais justement plusieurs volumes dans ma bibliothèque qui présentent son travail et qui prenaient la poussière. Voici l’extrait d’une lettre écrite par Edgar Cayce en réponse à une de ses lectrices qui l’interroge sur les fées. (L’Univers d’Edgar Cayce, Tome III par Dorothée Koechlin de Bizemont.)

« […] Quelques années plus tard – je devais avoir six ou sept ans – nous habitions dans un petit bois. C’est là que j’ai appris à parler avec les arbres – ou plutôt, semble-t-il, c’est eux qui parlaient avec moi. J’étais sûr que n’importe qui pouvait entendre les voix qui, apparemment, pouvaient sortir d’un arbre. Il suffisait d’en choisir un (un arbre vivant, pas mort !), de s’asseoir devant, quinze à vingt minutes, tous les jours à la même heure, pendant vingt jours. Et d’après mon expérience, ça marchait ! Je choisis un très bel arbre et je jouais autour avec mes copains, ceux qui venaient me rejoindre (qui, à cette époque, me semblaient beaucoup plus petits que moi). Nous construisions un magnifique cabanon avec des branches de séquoia, de noisetier, de cornouiller ou d’aubépine. Nous utilisions aussi des violettes, des arums sauvages et toutes les mousses qui semblaient aimer particulièrement ce petit coin où je retrouvais mes amis pour parler avec eux. Mes amis, c’étaient les petits elfes des arbres. Est-ce qu’on faisait ça souvent ? Je ne sais pas. Nous avons passé plusieurs années dans cet endroit. […] »

FAERIE FAITH 101: les Esprits de la Nature

FAERIE FAITH 101: les Esprits de la Nature
Par Linda Kerr, traduction & adaptation Fleur de Sureau

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BRIAN FROUD
Dessin par Brian Froud

En apprenant à « toucher la terre » dans nos deux précédentes leçons, et si vous avez pratiqué par vous-même, vous avez appris à avoir une sensibilité aux énergies, aux ressentis, etc. Vous utiliserez cette sensibilité pour mieux comprendre notre sujet suivant : les esprits de la nature. Il y a de nombreuses années, en 1963, Margaret Lumely Brown a partagé sa vision de la Faerie Faith qui fut plus tard couchée par écrit par son étudiant, Mark Roberts, et transmis à Epona et ainsi qu’au Coven « The  Garden Club ». Le reste de cet article paraphrasera essentiellement le partage de Brown car elle l’a très bien réalisé.

De nombreuses cultures sont conscientes des esprits de la nature et des choses au-delà du plan physique, que les Anglais appellent royaumes des élémentaux et les hindous les royaumes des dévas. En Allemagne, le mot « urwelt » est utilisé pour désigner une sphère primitive ou première qui inclut les fées, les esprits de la nature et les projections des énergies de la Terre, qui apparaissent aux gens sous certaines conditions.

Pour répondre à ces « bonnes » conditions, il faut d’abord un fort désir de la part des esprits de la nature d’être perçus par les humains. Les conditions restantes sont en notre pouvoir. Nous utilisons les principes de la Faerie Faith pour les résumer :

    • Foi et sensibilité pour la réalité spirituelle derrière ce que nous appelons la « Nature » devraient être éprouvées.
    • Un amour sincère envers la Terre elle-même et un désir de communiquer avec ses « autres » enfants devraient être éprouvés.
    • La conviction en la vie individuelle de cette planète et la certitude qu’elle imprègne le monde entier devraient être éprouvées.

Cette imprégnation de la vie de la planète et sa conscience s’étend jusqu’aux villes, elles ne se limitent pas à l’environnement rural. Bien sûr, il y a plusieurs décennies ou siècles, les gens vivaient beaucoup plus proches de la terre que nous aujourd’hui et ils étaient fortement en contact avec les esprits de la nature. Mais le béton de la jungle urbaine n’étouffe pas la conscience de la terre ; il la rend tout simplement plus difficile à trouver et d’autant plus spéciale lorsqu’elle se révèle.

La connexion aux royaumes des élémentaux et des esprits de la nature a toujours été très forte dans les cultures comme celles des Celtes, des Scandinaves et des Natifs américains, dont les peuples ont été étroitement liés à la Terre pendant des siècles. De plus, lorsqu’une famille ou une tribu a habité un lopin de terre pendant de nombreuses générations (un minimum de 7 générations, selon le folklore des Indiens d’Amérique), une forte connexion aux esprits de la nature est inévitable. En fait, il semble qu’une longue période d’habitation crée une entité liée au groupe sur le plan astral. Cette entité, au cours du temps, se lie elle-même avec les âmes des animaux et des plantes, aussi bien qu’avec les élémentaux du lieu. Peut-être que ce lien peut produire certaines des apparitions qui prophétisent un malheur à la famille ; habituellement la même apparition est vue à plusieurs reprises, il peut s’agir d’un oiseau ou d’une fée, ou avant quelque événement, d’un mort. (La bean sidhe, ou Banshee, est le type le plus commun d’apparition reliée à la mort. Bean signifie femme, et sidhe, prononcé « shii » signifie fée, celle qui brille, ou de la colline »).

Il existe de nombreux types d’élémentaux, le « Petit Peuple » n’en est qu’un seul. Au pays de Galles et en Cornouailles, il y a les « Knockers » (cogneurs ou frappeurs) qui habitent les mines et sont amis avec les mineurs. Les Piskies en Cornouailles sont réputés guider les voyageurs égarés dans les landes. En Écosse, on trouve les Brownies parmi les rochers et les fougères. L’Irlande, bien sûr, regorge d’une multitude de tribus de fées. Les Leprechauns sont les plus célèbres parmi « le Petit Peuple », mais les plus renommés sont les Tuatha De Danaan (les enfants de la déesse Dana) ; un peuple d’une exceptionnelle beauté et de haute stature que l’on voit parfois émerger de leurs lieux secrets dans les collines. (Pour en apprendre davantage sur ces élémentaux, lisez l’article d’Adrian Loaghrian, paru dans le numéro suivant : The Three Worlds Of The Oide: A View through The Eyes of a Celtic Shaman.)

Ces élémentaux ne sont pas nécessairement toujours « visibles » ; ils sont tout aussi souvent « entendus » et « ressentis », selon le niveau de conscience de la personne qui vit l’expérience. Le même élémental peut également apparaître à plusieurs personnes à la fois, mais produire des réactions différentes chez chacune. Cependant, la personne concernée sera tout à fait consciente de la présence de l’élémental.

brianfroudIl existe beaucoup trop d’esprits de la nature pour rentrer dans les détails ici ; mais brièvement, ce sont les esprits des quatre éléments, incluant ce que nous appelons surâmes (NDT : oversouls dans le texte). La puissance vivante générée par une force naturelle tels qu’un lac, une rivière, une montagne, une forêt, etc., est composée de plusieurs unités qui sont contenues en un « tout collectif ». Cette unité collective est ce que nous appelons surâme. La surâme peut apparaître comme une forme personnalisée et les unités plus petites comme des figures mineures de la même forme.

Ces esprits de la nature sont connus en tous pays sous la forme de folklore et de mythes. Ils pourraient être considérés comme les manifestations des souvenirs inconscients de la Terre dans lesquels nous pouvons puiser à l’occasion. Par exemple, des événements passés peuvent s’être inscrits photographiquement dans les énergies de la terre et ces impressions sont connues sous le nom d’archives akashiques. Ainsi, quelqu’un visitant le site d’une ancienne bataille, ou tout autre lieu contenant de fortes émotions ou énergies, peut soudainement « voir » une scène de cet événement passé, comme si les énergies de la terre rejouaient la scène vécue il y a si longtemps. Cette même personne, avec la bonne sensibilité et au bon endroit, peut également entrer en contact de la même façon avec les événements d’un passé très lointain, comme les formes primaires des humains et des animaux – formes qui peuvent être indéterminées ou hybrides.

De la même manière, les objets naturels ne sont pas inanimés, mais montrent une forte vie individuelle. Ce fait constitue la base des contes de fées et des mythes : « l’Ondine de l’Étang » des frères Grimm et « la Fée du Sureau » de Hans Christian Anderson en sont deux exemples. Une ondine est la surâme d’un étang ou d’une mare, et la Vieille mère Sureau est l’esprit féminin du Sureau, qui peut apparaître sous les traits d’une vieille femme.

Les arbres ont leur propres énergies et personnalités, et sont très profondément enracinés dans leur coin de forêt, ressentant tout empiétement de la part d’autrui, qu’ils soient humains ou tout autre. Certaines personnes peuvent remarquer que les arbres semblent devenir hostiles la nuit, au point même de drainer l’énergie de celles-ci ou en les éloignant de force. Mais de jour, ces mêmes arbres peuvent être très amicaux. Lorsqu’on se sent épuisé ou malheureux, il est réconfortant de toucher un arbre avec ses mains, ainsi l’arbre absorbe la négativité qui se trouve dans l’aura humaine et la remplace par les puissantes énergies magnétiques de la Terre. Et si l’on devient ami avec un arbre en particulier, un lien de sympathie se crée alors avec son espèce entière.

Tout type de végétation possède sa propre surâme, qui affichera son goût ou son dégoût pour les humains. Par exemple, les gens à « la main verte » sont capables d’entrer intuitivement en contact avec la surâme d’une plante. Les fleurs bougeront parfois tangiblement pour atteindre une personne, comme si elles demandaient à communiquer, tout en exhalant un parfum pour la personne privilégiée.

Les Grecs et les Romains avaient une grande liste d’esprits de la nature, qui peut être divisée grossièrement en deux sections :

  1. Les esprits de la Nature elle-même, et
  2. les entités de la nature instinctive chez l’homme.

Dans la première catégorie, nombre d’entre eux étaient des personnifications féminines et incluaient des surâmes et des esprits inférieurs des bois, des grottes, des rivières, des plantes, etc. Ces esprits féminins avaient reçu le nom général de « nymphe » ; ainsi les Néréides étaient les nymphes des mers, les Naïades étaient les nymphes des rivières et des ruisseaux et les Dryades étaient les nymphes des arbres.

Dans la seconde catégorie se trouvent les faunes, les satyres et les centaures. Les faunes et les satyres étaient personnifiés par des dieux tels que Pan, Silène et Dionysos. Dans une certaine mesure, ils étaient également considérés comme des esprits des bois, car les forêts en ces temps-là étaient associées à la peur et au secret. Dans les rites à mystères grecs, les hommes portaient des masques de satyre pour représenter la terreur, les orgies et l’extase. Les faunes et les satyres sont des variantes de la forme de Pan, soit mi-homme mi-chèvre, ou totalement homme avec des oreilles et des cornes de bouc.

Les puits, les fontaines et les sources sont sacrés et dédiés aux esprits guérisseurs dans de nombreuses régions du monde. Le malade visitait la fontaine de Bethesda, mentionnée dans la Bible, où à certains moments « un ange troublait les eaux. » Cet « ange » était peut-être la surâme de la fontaine. Naturellement, les Celtes de Grande-Bretagne et du nord de l’Europe reconnaissaient les sources et les puits comme des sources de guérison, d’aide et des lieux de contact avec les esprits de la nature. Nombre de ces anciens sanctuaires sont immortalisés par l’industrie du tourisme comme des puits à souhait, et beaucoup sont désormais sous le contrôle de l’Église, et sont passés sous le patronage d’un saint. Par exemple, le fameux puits de Sainte Winifred au Pays de Galles était autrefois un centre de guérison celtique.

Pour mieux vous guider dans la compréhension de ces esprits de la nature, lisez Les Jardins de Findhorn (un excellent livre qui explique comment un jardinier entre en contact avec les esprits de la nature de manière très pratique), et Devas, Angels and Fairies par William Bloom (un livre très basique, terre-à-terre, qui détaille les différents types d’esprits de la nature et comment entrer en contact avec eux). Lisez également, si vous ne l’avez pas déjà fait, Needles of Stone Revisited par Tom Graves ; il mentionne spécifiquement les « souvenirs » rejoués par les énergies de la terre et parle également des fantômes et autres esprits. Ces trois livres ensemble vous informeront bien plus que je ne pourrais jamais espérer le faire sur ce sujet, mais si vous avez des questions, SVP, faites-le savoir et je verrai si je peux y répondre.

Joyeuses recherches !

Les Fylgjur

Par Polly Anna Jones : Understanding the Fylgjur
Traduction et adaptation par Siduri

Les Fylgjur (pluriel de Fylgja) sont décrites comme des esprits gardiens surnaturels, liés à une lignée familiale, et réputés accompagner une personne tout au long de son existence. Comme de nombreux concepts de la mythologie nordique, la notion de Fylgja est parfois difficile à comprendre ou à rendre compréhensible à autrui.

Fylgja est un mot norrois qui signifie « quelqu’un qui accompagne ». Les fylgjur peuvent apparaître sous deux formes.

La première est une forme animale, qui peut être vue comme une extension d’un aspect ou d’une caractéristique d’une famille donnée. Les fylgjur semblent incarner cet esprit individuel ou familial, et guident celui qu’elles choisissent, ou qui travaille avec elles.

Maria Kvilhaug a traduit et résumé l’article du professeur Else Mundal sur le sujet, “Fylgjemotiva i norrøn litteratur” (Les motifs Fylgjur dans la littérature norroise) :

« Le motif animal de la fylgja est parfois mêlé au motif du húgr. [Húgr (masculin singulier) signifie “intention”, “désir”, “pensée”, “âme”, “coeur” et semble avoir été une partie de l’âme humaine capable de se mouvoir en dehors du corps sous forme animale]. L’expression Manna hugir [« les intentions des hommes »] remplace parfois le terme manna fylgjor [ceux qui accompagnent les hommes] et apparaissent alors sous la forme de loups. Les loups, associés à la passion intense et au désir (ou à la faim et à l’envie), sont étroitement connectés au húgr. Les autres animaux apparaissent comme des manna fylgjor. »

La seconde description présente les Fylgjur comme des entités femelles. Elle agissent en gardiennes pour une famille, et s’attachent à un individu à la naissance, veillant sur les générations en suivant une certaine lignée. Il est possible qu’elles représentent une mère ancestrale. Nous savons que les mères étaient célébrées, avec des esprits ancestraux féminins désignées comme les « Disir » (qui signifie « Dames »). Ces esprits féminins sont attachées à une famille dont elles sont les ancêtres matriarcales, et elles peuvent se montrer bénéfiques comme maléfiques. Nous discuterons des Disir dans un prochain article.

Le terme Disir couvre un vaste spectre d’esprits féminins dans la mythologie nordique, mais la Fylgja est spécifiquement un esprit qui guide et protège une personne, et qui est liée à son destin et à sa « hamingja ». Il est couramment pensé qu’une Fylgja peut abandonner son mortel si son comportement n’est pas à la hauteur, se veut bizarre ou pourrait amener la honte sur la famille.

Maria Kvilhaug ajoute :

« Une femme fylgja est une entité spirituelle féminine qui agit comme un esprit gardien pour le clan, et spécialement pour le chef du clan. Elle s’attache également à un individu, mais est immortelle, et semble dès lors s’attacher à une lignée particulière, accompagnantt une personne de chaque génération. Mundal pense que les fylgjur représentent les esprits des mères ancestrales, et représentent une partie du culte de la mère ancestrale que nous savons avoir existé parmi les Vikings.

Chaque être humain peut avoir une Fylgja féminine ou plusieurs. Certaines sont visibles tandis que d’autres sont invisibles. Une personne ne peut avoir qu’un nombre limité de fylgjur visibles (2 – 3 – 9), mais peut avoir tout un troupeau de fylgjur invisibles. Ces entités portent la fortune d’un individu ou d’un clan. Elles apparaissent fréquemment dans des rêves mais aussi dans des visions.« 

Les Fylgjur dans les Sagas

Ces esprits apparaissent dans le récit de Njál le Brûlé, issu de la saga islandais de Njál. Un conte de querelles et de revanches, qu’on estime daté d’entre 1270 et 1290.

Dans la publication de cette saga de 1900, George Webbe Dasent décrit « les superstitions de la race » dans son introduction et mentionne le rôle de la Fylgja dans la société représentée dans la saga :

« L’homme du nord avait de nombreuses superstitions. Il croyait en de bons géants et en de mauvais géants, en des elfes noirs et d’autres lumineux, en des entités surhumaines qui comblent l’énorme vide qui existe entre lui-même et les dieux. Il croyait également en des esprits gardiens [nldt : wraiths, fetches and guardian spirits], qui suivaient des personnes en particulier et appartenaient à certaines familles – une croyance qui trouve certainement son origine dans le fait de considérer corps et âme comme deux êtres distincts, qui peuvent prendre à certains moments une forme physique différente. Parfois, l’esprit gardien ou fylgja prenait une forme humaine ; à d’autres moments, il empruntait une forme animale sensé refléter le caractère de la personne à qui il appartenait. Ainsi il devient, selon la personne, ours, loup, taureau, ou encore renard. Les fylgjur des femmes aimaient revêtir la forme de cygnes.

Voir sa fylgja était annonciateur de malheur, et souvent le signe qu’un homme était « fée » [ndlt : fey] ou condamné à mort. Ainsi, lorsque Thord Freedmanson dit à Njal qu’il voit le bouc se vautrer dans son sang dans la ville de Bergthorsknoll, l’homme lui répond qu’il a vu sa propre fylgja, et qu’il doit être condamné à mort. Les plus fines et nobles natures avaient souvent la capacité de voir les esprits gardiens d’autrui.

Ainsi Njal voyait les fylgjur des ennemis de Gunnar, et son étrange sentiment fut bientôt confirmé par les nouvelles portées par son berger. De la fylgja individuelle il n’y a qu’un pas jusqu’à la notion plus abstraite d’esprits gardiens d’une famille, qui parfois, si un grand changement se dessine dans un foyer, peuvent même se montrer nuisibles pour certains membres de la famille.« 

Non seulement, les Fylgjur sont mentionnées dans cette sage, mais leurs rôles de « fetches » [ndlt :le « fetch » est une construction éthérique fans laquelle un individu se projette afin de voyager sur le plan astral. Cette construction peut prendre la forme de son propre corps ou celle d’un esprit totémique.] apparaît également lorsqu’elles sont décrites en train de visiter les personnages du récit dans leurs rêves.

Ces entités apparaissent également dans la Saga de Ljosvetninga, où elles sont utilisées comme des armes spirituelles. Si un personnage a une Fylgja plus puissante que celui qui se tient face à lui, cet individu souffrira de malchance. Il semble que cela soit la conséquence d’une Fylgja qui ne serait pas aussi forte ou capable de les défendre de celle de leur ennemi.

La Fylgja, les fetches et la sorcellerie

Dans les superstitions anglo-saxonnes et plus tard anglaises, une Fylgja animale devint connue sous le nom de fetch. Il est difficile de dire s’il s’agissait à l’origine de la même créature qui apparaît dans la littérature islandaise, ou s’il s’agit d’un concept similaire. Dans la sorcellerie britannique traditionnelle, le fetch est un esprit animal, ou un animal vivant, qui permettrait à son « propriétaire » de voyager avec lui ou de l’envoyer réaliser des travaux magiques.

Pour nous, il est plus courant de voir le fetch de la sorcière décrit comme un familier ; un animal physique qui aide le praticien dans ses travaux. De nombreux contes issus du folklore décrivent également ces animaux comme des sorcières qui se seraient transformées ; des blessures physiques endurées par l’animal apparaîtraient aussi sur la sorcière, une fois sa forme humaine recouvrée. Cette capacité à changer de forme apparaît également dans les concepts nordiques.

Dans la spiritualité nordisante reconstructionniste actuelle, une Fylgja peut être perçue comme un esprit allié animal ou féminin, qui rend visite en rêve ou apparaît lors de la pratique du Seidr, du travail de transe ou d’un voyage à caractère chamanique. Parfois, des personnes sentiront que leur Fylgja les précède lorsque qu’ils voyagent au sens physique.

On attirera simplement l’attention au fait d’être prudent lorsqu’on souhaite découvrir ces êtres. Leurs pouvoirs sont bien documentés dans les Sagas Islandaises, et nous explique comment les Fylgjur accorde chance et hamingja à ceux qu’elles visitent, pouvant même forger le destin d’un homme. Si vous leur déplaisez, elles pourraient bien vous quitter, ou les bénéfices qu’elles vous auront apportés pourraient se retourner contre vous.

Un autre article sur le sujet, par Maria Kvilhaug