Lieu légendaire : La Mauvaise Vieille & le Pas de Gargantua

Pour choisir le lieu légendaire à traiter pour le mois de l’aulne, j’ai hésité entre « le pont du diable » de Tours-sur-Meymont qui se situe à 4 km de chez moi et « le pas de Gargantua » qui se trouve à une vingtaine de kilomètres.

Comme l’une des figures mythologiques de ce mois-ci est un ancien héros transformé en géant (Bran-le-Béni) et qui termine en génie topique, mon choix s’est porté sur le « Pas de Gargantua ». J’avoue aussi que le lieu-dit où il se trouve a encouragé ce choix. Son nom étant Malvieille.

Et puis, il paraît que c’est une très jolie promenade en moyenne montagne dans un sous-bois de pins, le long d’un petit ruisseau courant à travers les rochers. Dès la fin du confinement, cela nous fera l’occasion d’une gentille randonnée dans la région.

Pas de Gargantua

Le Pas de Gargantua est une pierre dite à cupules. Bien que le terme me semble inapproprié, car une cupule correspond à une assez petite cavité. Le terme de pierre à bassin semble plus adéquat, ou mieux encore pierre à empreinte pédiforme. Car, en effet, le creux dans la pierre évoque le pied gauche d’un géant.

L’empreinte que ce géant aurait laissée dans cette pierre mesure 2,80 mètres de long et 1,20 mètre de large. La pierre est un granit fin à biotite avec d’abondants petits cristaux de feldspath. Elle affleure au ras du sol.

En 1852, dans ses chroniques du Livradois, l’Abbé Grivel l’appelle « pierre de Gargantua » :

« C’est dans cette paroisse qu’on voit, entre Mons et Chambon, au village de Malvieille, ou Malviel, la pierre de Gargantua, sur laquelle le monstre géant posait un pied, et d’une enjambée arrivait aux montagnes de Valcivières. »

En réalité, il semble s’agir d’un site composé de plusieurs mégalithes, comme le fait remarquer Jean Olléon, dans « Mégalithes et traditions religieuses et populaires en Livradois et Forez », car on pourrait y retrouver alentours :

  • « Le demi-pas de Gargantua » (empreinte en forme de pied beaucoup plus petite que le Pas de Gargantua).
  • « Les poings de Gargantua » (deux empreintes en forme de poing sur deux rochers se trouvant l’un en face de l’autre).
  • « La tabatière » (pierre à cupules, située dans un marécage).
  • « Le chapeau ».

Apparemment, tous ne sont pas faciles à retrouver, car envahis par la végétation.

L’auteur évoque le souvenir des locaux à propos de « pierres en forme de siège où le jeu des enfants consistait à aller s’asseoir comme sur un trône ».

Gargantua est une figure bien plus ancienne que le géant de Rabelais. Son origine remonterait vraisemblablement à une haute antiquité. C’est un sujet qui serait trop long à traiter ici et si cela vous intéresse, vous pouvez lire « le vrai Gargantua » de Guy-Édouard Pillard, aux éditions Imago.

La légende locale : un géant errant et faucheur

On regroupe par thèmes précis les activités de Gargantua dans la tradition populaire. On distingue :

  • un Gargantua des monts,
  • un Gargantua des pierres
  • et un Gargantua des eaux.

Bien que certaines activités de Gargantua ne puissent être rangées dans ces catégories, comme c’est le cas du nôtre.

La légende locale rapporte que :

« Le géant Gargantua, au cours de ses pérégrinations, enjambait une vallée à chaque pas et posait son pied au sommet des collines. Un jour, alors qu’il venait de l’ouest, il posa son pied sur Le Mont-Dore, sur la Dételée et sur cette pierre où il laissa son empreinte.

Il était aussi capable, lorsqu’il était assoiffé, d’assécher les ruisseaux.

Mais c’était aussi un bon géant et il lui est parfois arrivé de dresser des pierres afin d’aiguiser sa faux dont il faisait usage pour aider les paysans et qui sont restées là, plantées. » (Jean Olléon, dans  « Mégalithes et traditions religieuses et populaires en Livradois et Forez »).

J’avoue que cette capacité à assécher les ruisseaux me rappelle furieusement ce bon vieux Bran-le-Béni et l’arbre auquel il est associé : l’aulne ! Non ?

Une eau guérisseuse

Toujours d’après l’enquête effectuée par Jean Olléon, les gens de la région affirment : « avoir toujours vu de l’eau dans le Pas de Gargantua quelle que soit la saison et même en période de sécheresse ».

Or ce genre de pierres à cupules qui restent remplies d’eau de pluie toute l’année sont considérées comme possédant des pouvoirs guérisseurs.

Olléon cite Pierre Ribon, dans  « les Pierres qui guérissent » :

« L’eau qu’on trouve dans les cupules est guérisseuse au même titre que celle des sources et des rivières. Curieusement ces cupules restent remplies d’eau de pluie à longueur d’années, parfois même en période de sécheresse. »

La Mauvaise Vieille

Comme je le disais en préambule, le lieu-dit m’a interpellé. Le site se trouve près du hameau de Malvieille, ou comme l’appelait l’abbé Grivel, Malviel.

Il semble donc que nous ayons affaire à une mauvaise vieille ou un mauvais vieux. Mais il vaut mieux vérifier une interprétation a priori.

Je suis tombée sur plusieurs explications. Certains peuvent interpréter Malviel par mauve (malva sylvestris) ou la Malvieille par mauvais village. Mais l’interprétation la plus évidente reste « mauvais vieillard », de l’occitan (l’auvergnat est un dialecte occitan) mal viel.

Ce nom confirme l’ancienneté et l’authenticité du site (nul géant inventé ici par un office du tourisme peu scrupuleux).

En effet, nous retrouvons cette Vieille près de bien des sites préhistoriques et mégalithiques, elle fait partie de notre paysage et de notre folklore.

La Vieille, c’est la femme du géant. Géante elle-même. J’avoue que je me demande si elle n’a pas été supplantée par Gargantua ? Dans le cas qui m’occupe, le nom de Gargantua est-il antérieur à cette Mal Vieille ? Et d’un point de vue plus étendu ?

Cette géante crée, entre autres choses, des monuments mégalithiques (mais aussi des rivières, etc.).

La figure de la Vieille semble très ancienne et nous la retrouvons un peu partout en Europe. Par exemple dans le paysage et ses toponymes, mais aussi à travers les traditions populaires, les mythes et les légendes, ou encore dans des lexèmes (liés à la faune, la flore, les phénomènes climatiques type arc-en-ciel, canicule, neige, lune… Voir Lee Froissard).

Pour ne citer que quelques exemples… Qui ne connaît pas, par exemple la cailleach ? En Écossais, en irlandais et en mannois, le terme Cailleach signifie sorcière/vieille femme. La vieille femme ou sorcière est également présente au pays de Galles sous la dénomination de gwrach. En cornique gwragh. Et à rapprocher de gwracʼh en breton, groach en moyen breton.

Une groac’h est une fée bretonne liée à l’eau. Elle est protéiforme, bien que souvent vieille et nocturne. Surtout connue comme étant malveillante. En Basse-Bretagne, des toponymes de mégalithes sont d’ailleurs attribués à une « groac’h ».

« L’origine de ces fées appartenant à l’archétype de ‘la Vieille’ est à rechercher dans des divinités féminines antiques diabolisées avec le christianisme.  » Wikipédia.

Dans son dictionnaire provençal-francais, Frederic Mistral nous donne une définition de la vieille assez intéressante. La Vieille (ou la Vièio) est le nom par lequel le peuple de Provence désigne la nature ou l’antique Cybèle.

Le sujet est passionnant ! Et si tu veux l’explorer voici quelques ressources que j’augmenterai au fil de mes recherches et découvertes.

Localisation : Puy-de-Dôme, à Chambon-sur-Dolore (près d’Ambert), lieu-dit « Malvieille ». Altitude 1080 mètres.

RESSOURCES :

  • Jean Olléon, dans « Mégalithes et traditions religieuses et populaires en Livradois et Forez »). Le livre qui m’a permis de découvrir plusieurs sites mégalithiques près de chez moi et que j’ai pillé sans vergogne pour te parler du Pas de Gargantua.
  • Paul Sébillot. Gargantua dans les traditions populaires. Vous pouvez télécharger le PDF ou l’EPUB gratuitement sur le site de l’arbre d’or.
  • Les bulletins de la Société Française de Mythologie sont une mine d’or sur Gargantua. Beaucoup plus riches que le bouquin de Sébillot. A défaut de se les procurer, on peut toujours lire les articles en ligne, qui sont intéressants.
  • Guy-Édouard Pillard. « Le vrai Gargantua », éditions Imago. (Je suis en train de le lire, cela me semble sérieux et j’apprends plein de choses.) Pour info, Guy-Edouard Pillard a été vice-président de la Société de mythologie française.
  • Le site de la Vieille. Dédié à la Vieille. Un site à l’ancienne avec des gifs rigolos et un peu olé olé qui tournent et tout et tout… Mais dont les références et la base de données sont excellentes.
  • Une pierre à cupules, à bassin, etc. Concrètement, quoi t’est-ce ? Si tu ne le sais point, va t’instruire ici : http://escotal.fr/bassin.html
  • Sur les fées bretonnes vieilles et moches, l’article de Wikipédia est très intéressant.
  • Soutou André. Toponymie, folklore et préhistoire : Vieille Morte. In: Revue Internationale d’Onomastique, 6e année N°3, Septembre 1954. pp. 183-189. Plein de choses super intéressantes sur la figure de la Vieille. Morte ou pas.
  • Et pour en apprendre davantage sur la Vieille au Royaume-Uni et en Irlande (mais pas seulement), tu peux lire Lee Froissard : La Vieille dans la toponymie du Royaume-Uni et de l’Irlande : trace d’un ancien culte voué à la Nature ? C’est son mémoire de master 2 en linguistique (2014). Son mémoire tend à démontrer l’existence d’une déesse-mère préhistorique symbolisant la Nature appelée : la Vieille. Bref, il en est ! Il a écrit un livre : « la Déesse avant Dieu », et tu peux l’acheter via le propriétaire du site de la Vieille dont je parle plus haut (la.vieille@free.fr). Je crois qu’il a un tome 2 en route, à moins qu’il ne soit déjà sorti.
  • Le pas de Gargantua sur Mégalithes du monde. Je le mets là à tout hasard si tu veux te rendre sur place. Et si tu passes dans le coin, n’hésite pas à venir boire un petit verre de vin de sureau à la maison.

J’ai piqué la photo du bouquin de Jean Olléon, elle est moche, mais on voit mieux « l’empreinte » que sur la photo d’en-tête (piquée quant à elle au journal « la Montagne). 

Fern

Restes du bouclier celte de Leicester, daté de 255 à 395 avant notre ère.

Fern F

Aulne

Mot clé : Protection

MM : airech fian bouclier des groupes de guerriers, avant-garde de guerriers ou bande de chasseurs

MO : comèt latcha Protection du lait. Contenant pour le lait i.e  un bol

CC din cridi Bouclier du cœur, protection du cœur

Color : flann — rouge sang

Tree : fern Aulne

Oiseau : faelinn — goéland / mouette

Note (de musique) : do

Planète : Pallas

Le mot Fern est relié au gallois Gwern et à l’aulne. La valeur de la lettre attribuée est V, mais aussi F. Ce fid est l’Aulne et son bois fut longtemps utilisé pour la fabrication des boucliers. C’est pour cela que le mot clé est protection.  Son association au bouclier relie ce fid aux combattants et aux militaires et par extension a tous ceux qui utilisent la force pour protéger comme la police ou les pompiers, mais aussi les personnes qui font office de bouclier pour les autres. Cela peut évoquer le personnel qui travaille dans les plannings familiaux, les militants politiques qui se mettent en danger, les activistes écologiques qui s’enchaînent aux arbres ou qui s’interposent entre les baleines et ceux qui les chassent.

On utilise aussi le bois d’aulne pour fabriquer des seaux ou des bols ce qui explique sa traduction de gardien du lait ou de réceptacle pour le lait. Dans une société où l’élevage tient une place importante, le lait occupe une place de choix dans l’alimentation et les produits laitiers sont des produits de base. Les guerriers de la société celte étaient souvent des seigneurs du bétail qui possédaient et protégeaient les éleveurs, source de cette nourriture. Les attaques pour le bétail étaient une activité régulière.  Beaucoup de récits des légendes irlandaises se rapportent aux attaques d’autres tribus, dont le Tain Bo Cuailnge (la Razzia des Vaches de Cooley) un des plus connus.

 Flann , la couleur rouge sang ,relie ce  fid à la chasse et aux chasseurs . Une des traductions possibles du mot d’ogam « bouclier de groupes de guerrier » est « avant-garde des groupes de chasse ». Le vieil irlandais  fland signifie le sang frais versé. Il est en relation avec le sang versé et la mise à mort des animaux pour maintenir la vie des hommes et de la société. Flann (rouge sang), cité ici, suggère que Fern partage des valeurs communes avec Ruis , autre déclinaison du rouge dans les couleurs de l’ogam.  Dans tous les cas, Fern suggère l’idée d’être prêt à se protéger soi ou les autres et de se préparer en prévision d’une effusion de sang.

Fern est aussi un fid qui implique un bouclier émotionnel et une protection. Les guerriers protègent ce qui est aimé et le contenant (bol) protège ce qu’il contient. Le mot ogam protection du cœur relie puissamment ce fid avec la force émotionnelle et la possibilité de préserver soi ou les autres d’une blessure émotionnelle. Lors d’une lecture divinatoire mal aspectée avec Quert (pommier), il peut conseiller d’être prudent émotionnellement ou de prendre garde aux abus émotionnels et aux manipulations.

Fern comme l’astéroïde Pallas évoque Pallas Athena la grande patronne et protectrice de la ville d’Athènes.  Elle est la lance et le bouclier avec lesquels nous protégeons notre personne et ce qui nous est cher. Prête à faire couler le sang pour ce qui lui appartient, elle est aussi une Déesse de la Sagesse et déchaîne sa violence uniquement lorsque c’est judicieux et nécessaire.

Bien entourée dans un tirage, elle suggère que nous sommes protégés émotionnellement ou que nous sommes à l’abri des blessures. Peut — être que nos émotions sont hors de portée des manipulations. Cela implique un refuge ou un espace protégé dans lequel on est en sécurité.

L’approche chtonienne (terre) de Fern peut évoquer les combattants ou les militaires. Il fait dans ce cas référence aux problèmes de sécurité physique et de protection. La police, les pompiers et tous ceux qui protègent physiquement les autres et les lieux peuvent être évoqués ici. Les interactions positives et négatives vont dépendre des feda qui l’entourent.

Son courant « océanique » (eau) est plus émotionnel, évoquant à la fois les protections et les vulnérabilités émotionnelles et suggérant un besoin d’autonomie ou la capacité à maintenir une autonomie émotionnelle .Cette approche relie Fern au chasseur et à la chasse dans le cadre d’une relation rituelle saine et appropriée où le chasseur et le chassé ne font qu’un et sont reliés par le cœur . Pour de nombreuses sociétés traditionnelles, la mort de l’animal chassé est considérée comme un don volontaire. Il se manifeste au travers de la chasse pour le bénéfice de la tribu. Dans l’idéal cette relation est amour inconditionnel, besoin, gratitude et respect mutuel.

Sur le plan céleste, Fern traite de la maîtrise voire de la sublimation des énergies et des émotions. Il suggère un examen minutieux des émotions et d’y travailler dans le creuset de son chaudron intérieur sur le chemin des incantations .  Fern nous enjoint d’anticiper et de préparer ses défenses si c’est nécessaire. C’est aussi une protection contre la maladie en particulier celles qui se basent sur les émotions ou qui sont exacerbées par le stress émotionnel ou le surmenage.

Ce fid peut être utilisé en magie pour la protection et la création de murs émotionnels, en particulier pour les situations où les ressentis sont mauvais et où réside le danger d’abus ou de dommages émotionnels. Cela peut aider à renforcer l’autonomie personnelle et émotionnelle quand apparaît la sensation d’être débordé et dominé par les autres.  Il peut être utilisé aussi pour la protection des personnes situées en zone dangereuse, comme les troupes militaires en zone de guerre, les pompiers qui se rendent dans de bâtiments en feu ou les militants sous le coup de violences policières. Il est aussi utile pour la magie de la chasse.

Dans le cadre de soins, il peut être utilisé pour protéger des afflictions et conjurer les maladies. Fort de ses résonances émotionnelles il peut être efficace pour rééquilibrer et apaiser les douleurs liées aux émotions. Dans ce cadre, son utilisation est pertinente lorsqu’il faut faire face aux maladies du cœur physique.

Question : Comment me mets-je à l’abri ? Qu’ai-je à l’intérieur ?

Concepts reliés:  Protection émotionnelle et physique, murs, ce qui est contenu, combattants ou militaires, chasseurs et chasse, préparer et être préparé.

Erynn Rowan Laurie

Ogam

Weawing word wisdom

Religion des Celtes

Extrait du Dictionnaires des Religions, Mircea Eliade et Ioan P. Couliano. Plon, 1990.

Religion des Celtes

  • Population et langue.

Les Celtes apparaissent dans l’histoire au Ve siècle AEC et s’installent sur une aire qui va de la presqu’île Ibérique à l’Irlande et à l’Angleterre, jusqu’en Asie Mineure (les Galates).
Ils s’identifient à ce qu’on appelle la « culture de La Tène » ou Second Âge du fer. Leur expansion est freinée par les Germains, les Romains et les Daces. En 51 AEC, César conquiert la Gaule. Des Celtes se maintiennent encore, sous domination étrangère, en Angleterre et en Irlande. Aujourd’hui, les langues celtiques ne sont plus parlées en dehors de la zone insulaire (l’irlandais, le gaélique et le gallois) et sur la côte bretonne, en provenance d’Angleterre et non pas des anciens Gaulois.

  • Sources.

À cause de l’interdiction faite aux druides de fixer leurs connaissances secrètes par écrit, il n’y a pas de documents directs concernant la Gaule, à part les monuments influencés par l’art romain. En revanche, les sources indirectes, de Jules César jusqu’à Diodore de Sicile et à Strabon, sont abondantes.
La situation est différente dans le cas des Celtes insulaires, où les renseignements directs sont riches, mais proviennent en général de sources médiévales parfois influencées par le christianisme. Plusieurs manuscrits irlandais du XIIe siècle EC fixent par écrit d’anciennes traditions. Deux fameuses collections du XIVe siècle, le Livre Blanc de Rhydderch et le Livre Rouge de Hergest, contiennent des traditions galloises, comme celles du recueil appelé Mabinogi.

  • La religion de la Gaule

La religion de la Gaule ne nous est parvenue qu’à travers l’interprétation donnée par les Romains. César mentionne un dieu suprême qu’il identifie à Mercure et quatre autres dieux, respectivement identifiés à Apollon, Mars, Jupiter et Minerve. Bien que ce témoignage soit fort controversé, il paraît assez fondé à la lumière de l’archéologie. Mercure doit être le dieu, dont survivent de nombreuses statuettes, que les Irlandais appellent Lugh. Son nom est attesté dans bien des toponymes.
Puisque les Celtes offraient des victimes humaines à trois divinités (Teutates, Esus et Taranis), chacune d’elles pourrait, à la rigueur, être le Mars de Jules César. Teutates paraît plutôt un nom générique signifiant « dieu de la tribu » (cf. l’irlandais tuath, « petit royaume tribal »).
Plusieurs concurrents s’offrent pour le titre d’Apollon et il n’est pas aisé de choisir entre eux. Plus de quinze noms, comme Belenus, Bormo, Grannus, etc., le désignent.
Le Jupiter gaulois, était l’ancêtre mythique des druides. Il n’a pas été identifié.
Minerve s’identifiait à plusieurs divinités locales, comme le montrent l’iconographie aussi bien que les inscriptions votives. En Irlande, l’une de ces divinités était Brighid, associée à la poésie, à la médecine, à la technique. Sa personnalité mythique et sa fête ont toutes deux survécu sous le déguisement que lui a fourni la sainte chrétienne Brigitte (Brighid de Kildare).
Les monuments figurés conservent l’aspect et le nom de plusieurs autres divinités, comme les dieux sylvestres Sucellus et Nantos, et surtout le dieu Cernunnos (« cornu »), qui porte des cornes de cerf.

  • Les traditions irlandaises

Les traditions irlandaises nous racontent l’histoire mythique de l’île depuis le déluge. Les premiers immigrés subissent constamment les attaques des Fomhoires, des êtres méchants venus d’outre-mer. Une nouvelle vague d’immigrés amène les lois et la société civile. Ils sont suivis par les Tuathas Dé Dananu, « les tribus de la déesse Dana », initiés au savoir magique et possesseurs de plusieurs objets magiques (la lance de Lugh qui assure la victoire, l’épée inexorable du roi Nuadhu, le chaudron inépuisable de Daghdha et une pierre qui sert à choisir le vrai roi). Les Tuathas Dé Dananu sont conduits par le dieu Lugh lui-même dans la grande bataille de Magh Tuiredh contre la race des Fomhoires, qui, vaincue, sera bannie à jamais d’Irlande. C’est après la bataille que parviennent à l’île les premiers Celtes, en provenance d’Espagne. Leur voyant Amharghin, qui sait, par son pouvoir occulte, neutraliser la réserve légitime des Tuathas devant les nouveaux arrivants, met ainsi le pied sur la terre irlandaise. Mais les relations entre Celtes et Tuathas resteront tendues, comme le montrent les diverses batailles qu’ils se livrent. Finalement, les Tuathas se retirent dans le monde souterrain et cèdent l’espace visible aux Celtes.

  • L’institution druidique

L’institution druidique était associée en Irlande à Uisnech, le « centre » du pays, lieu consacré où avaient probablement lieu les grandes fêtes saisonnières.
La royauté celtique était sacrée. Elle s’obtenait après le contact sexuel du futur roi avec la déesse représentant son royaume ou avec un substitut de la Grande Déesse équine (Rhiannon, l’Epona gauloise, etc.). En effet, dans sa Topographie de l’Irlande (XIIe siècle), Gérard de Cambrai parle du sacre du roi irlandais, dont la scène centrale serait l’accouplement en public du futur roi avec une jument blanche dont la viande bouillie sera ensuite mangée par l’assemblée.

  • Le cycle héroïque

Le cycle héroïque dit d’Ulster a pour protagoniste le jeune Cu Chulainn, qui réside à la cour du roi Conchobar à Ulster. La reine Medhbh de Connacht envoie une armée pour se saisir du taureau brun de Cuailnge et les gens d’Ulster, envoûtés, ne sont pas capables de lui opposer résistance. Mais Cu Chulainn luttera tout seul contre l’armée des adversaires, et un combat farouche entre le taureau brun de Cuailnge et le taureau de Connacht mettra fin à l’épopée. La carrière du demi-dieu Cu Chulainn sera brève, car ses ennemis le tueront par des moyens magiques.
Un autre héros mythique est Fionn mac Cumhail, chef du Fian, une confrérie d’initiés guerriers. Comme Cu Chulainn, Fionn possède des pouvoirs magiques, qu’il utilise pour éliminer les forces surnaturelles qui menacent son pays.

  • Les traditions galloises

Les traditions galloises sont préservées en premier lieu dans un recueil, improprement appelé Mabinogi, qui consiste en des récits composés fort probablement au cours des XIe et XII siècles EC. Parmi les onze pièces contenues dans le Livre Rouge de Hergest (vers 1325), deux n’ont pas d’importance et trois semblent résumer la matière de trois romans arthuriens, encore assez récents à l’époque, de Chrétien de Troyes (XIIe siècle). Les autres contiennent ce qui a été appelé « une mythologie celtique en déclin », dont les personnages sont des dieux difficiles à classer. L’un d’eux, Pwyll, a des rapports curieux avec l’autre monde, où d’ailleurs il règne pendant un an. Sa femme est la déesse équine Rhiannon, une variante d’Epona, identifiée à l’époque du syncrétisme romain à la déesse grecque Déméter-Erynis, qui se transforme en cavale pour fuir les assauts de Poséidon, qui se transforme à son tour en étalon (Poséidon Hippios) pour s’unir à elle. De cette union naissent Perséphone et le cheval Areion (Pausanias 8.25,5-7). La variante védique (Rgveda 10.17,1-2) nous indique qu’il s’agit d’un mythe indo-européen. Dans les trois cas, la progéniture de la déesse est humaine et équine, ce qui trouve une confirmation dans la mythologie irlandaise (Noínden Ulad).
D’autres récits gallois contiennent des traditions que les savants ont appelées « chamaniques », dont le protagoniste est Cei, qui se transformera dans le lugubre sénéchal Key du cycle arthurien. Enfin, le prototype gallois de Merlin est le poète-magicien Taliesin, qui se vante de posséder « tous les arts magiques de l’Europe et de l’Asie » Mais d’autres personnages comme Math, Gwydion fils de Dôn (= la déesse Dana), Llwyd, etc., sont également capables d’exploits fabuleux.

  • Bibliographie.
    • Eliade, H 2/169-72 ; P. Mac Cana, Celtic Religion, in ER 3, 148-66.

    • Sur la mythologie gaélique, voir P.K. Ford, The Mabinogi and other Welsh Tales, Berkeley-Los Angeles-London 1977 et I.P. Couliano in Aevum 53 (1979), 398-401.

Photo : Supposément le dieu gaulois Sucellos sculpté sur un chapiteau roman, derrière l’autel de l’église de Rozier-Côtes-d’Aurec, dans le département de la Loire en région Rhône-Alpes.

Ruis : correspondances Faerie Faith

Extrait de The Faerie Faith and the Beth-Luis-Nion Celtic Lunar Tree Calendar par James Clifford Landis.  Traduction : Fleur de Sureau.

Correspondances pour le système BLN du Calendrier des Arbres Lunaires celtiques. Extrait de “Lunar Tree Energies” par Linda Kerr, et la Déesse Blanche par Robert Graves.

Glyphes

Je suis une vague de la mer
Sur une mer sans limites, je m’en suis allé dérivant

Couleurs

Rouge-sang

Lettre

, R

Animaux

Freux

Symboles

Baguette de sureau, bol de feuilles séchées, lame de sacrifice, plante

Archétypes féminins

Artémis, la Morrigane

Archétypes masculins

Cernunnos, le Dagda, Cuchulain, Fionn

Guérisons

Purification du corps intérieur et extérieur, Maux liés au froid

Mystères

Transition entre l’Ancien et Nourrir le nouveau, Sacrifice de notre Nature inférieure, Renouveau du Moi Spirituel, Préparation par le Sacrifice

Ngetal : correspondances Faerie Faith

Extrait de The Faerie Faith and the Beth-Luis-Nion Celtic Lunar Tree Calendar par James Clifford Landis.  Traduction : Fleur de Sureau.

Correspondances pour le système BLN du Calendrier des Arbres Lunaires celtiques. Extrait de “Lunar Tree Energies” par Linda Kerr, et la Déesse Blanche par Robert Graves.

Glyphes

Je suis un bruit menaçant venu de la mer

Couleurs

Le vert

Lettre

, NG

Animaux

Chouette/hibou et oie sauvage

Symboles

Baguette de roseau, lame, galets et coquillages

Archétypes féminins

Dana, Fand, Hécate, Athéna, Perséphone, Cerridwen, les Nornes

Archétypes masculins

_

Guérisons

avec la planta genista pour l’indulgence excessive

Mystères

Discipline, Protection de la maison contre le climat, Sécurité, Joie de la Musique, Préparation à la protection.