Ailm, le pin sylvestre [Eco Enchantments]

Article original paru sur Eco Enchantments
Traduction : Siduri

Ailm – pin sylvestre ou sapin blanc

Lettre de l’Ogham : A
22 décembre – 2ème jour du solstice d’hiver – début de la nouvelle année
Festival associé : Yule
Pouvoirs : guérison, protection, indication de la voie à suivre, fertilité, purification

« Le pin semble écouter, le sapin attendre ; et tous deux sans la moindre impatience : ils n’inspirent guère le petit peuple qui se tient sous eux et qui est, lui, dévoré par l’impatience et la curiosité. »
Der Wanderer und sein Schatten, Friedrich Nietzsche, 1880

L’Arbre qui Marque le Chemin et la Sentinelle : aimé des Dieux, haut, sombre, indubitablement visible et puissant pour l’humanité au fil des millénaires – le pin sylvestre se tient fièrement à sa place, marquant la renaissance de l’année dans le calendrier de l’Ogham.

Le folklore du Solstice d’Hiver associe le Pin à l’If  – chacun d’eux gouvernant une journée en décembre. L’If symbolise la mort de la vieille année le 21 décembre, le jour le plus sombre – et le Pin, vu comme un signe du retour de la lumière qui pointe vers les nouveaux chemins, gouverne le 22 décembre.

L’arbre associé à ce moment de l’année de « renaissance de la lumière » peut être discuté. Robert Graves fait référence à Ailm en évoquant le Sapin, mais contrairement au Pin Sylvestre, celui-ci n’est pas natif des îles britanniques. Le Pin est évoqué dans des documents légaux de l’Irlande médiévale (Bretha Comaithchesa – Loi régissant le voisinage – 8ème siècle) comme un des sept Airig Fedo – « les Nobles du Bois » – cités pour leur utilité.

Dans les îles britanniques, on trouve des forêts de pins « natifs » seulement dans les Highlands écossais, mais nombreux sont les arbres qui ont été plantés et entretenus par les hommes. Ces forêts natives, tout comme celles nées de la volonté humaine, sont étonnantes car, en raison de la nature du sol tapi dans l’ombre de ces arbres immenses, le pin ne peut germer et se régénérer sous sa propre canopée. Les forêts se retrouvent ainsi constamment « en mouvement », au gré de la mort des pins au fil des siècles, mais surtout en raison de nouvelles naissances d’arbres grâce aux  « déplacements » de leurs pommes, qui roulent parfois au bas des collines vers une place au soleil, qui sont transportés par la voie animale, ou encore grâce à leurs graines qui volent dans le vent.

Les plus grands arbres que nous voyons généralement mesurent environs 20 mètres, mais des spécimens plus anciens peuvent être encore beaucoup plus grands. Ils peuvent vivre jusqu’à 350 ans.

Très grands et étroits, les troncs font rarement plus de 2 mètres de diamètre ; ils développent des branches pour former plusieurs ensembles, chacun en forme de plateforme. Le pin sylvestre peut également être un arbre pyramidale, particulièrement lorsqu’il est jeune. Les troncs matures sont protégés par d’épaisses couches d’écorce rugueuse.

Ce pin a de longues aiguilles d’un vert profond, avec un éclat bleuté. Ces aiguilles poussent par pair (si les aiguilles ne poussent pas par pair, c’est un sapin !) ; elles restent sur l’arbre pour quelques années avant de tomber pendant le mois d’octobre et d’être remplacées – leur chute créant cet humus si particulier, sombre et à l’odeur profonde.

En mai, les fleurs femelles apparaissent au bout des branches, couvertes d’une résine collante, au parfum délicat, qui joue un rôle de protection. De plus petites fleurs mâles poussent sur le même arbre et sont pollinisées par le vent.

Les cônes porteurs de graines mettent deux ans à mûrir pleinement puis à s’ouvrir. Au printemps, les petites graines pourront être portées très loin par le vent. Elles sont appréciées par de nombreux petits mammifères et oiseaux – y compris par le serin – et en Ecosse, par l’écureuil roux et par le rare bec-croisé.

Le pin a été utilisé depuis des millénaires pour la construction. Il contient beaucoup de résine dans sa sève, ce qui le rend lent à l’usure ; il était donc particulièrement adapté pour la construction de grands bateaux, son tronc haut constituant un mât idéal – puis, plus tard on en fit des poteaux télégraphiques. Le tronc peut être aisément taillé en longues planches pour la maison et les meubles. Sa résine entre dans la composition de la térébenthine et  sert à fabriquer du goudron.

La médecine du Pin

Des remèdes fabriqués à partir de différentes parties et variétés de pin sont connus pour soigner le système respiratoire. Inhaler la vapeur d’aiguilles, d’écorce ou de résine chauffés dans l’eau peut aider à déboucher le nez, calmer les infections et soulager les maux de têtes.

De nombreux produits dérivés du pin peuvent être acheter mais une infusion à boire ou à inhaler sera très simple à préparer chez soi. Faites bouillir une bassine emplie d’aiguilles de pin (de préférence fraîchement cueillies sur un arbre jeune) ou de bourgeons (mais rappelez-vous qu’ils sont à l’origine des cônes qui verront le jour l’année suivante !) couverts d’eau de source pendant environ 15 minutes. Inhalez la vapeur, ou filtrez et buvez en guise de tisane.

Cette infusion est antiseptique et anti-bactérienne et peut être utilisée sur des blessures ou des taches cutanées, ou peut être ajoutée au bain pour améliorer la santé générale de la peau. En Europe de l’Est, la résine de pin était transformée en pommade pour soigner les lèvres sèches ou les irritations de la peau.

L’huile essentielle est extraite des aiguilles et utilisée dans des désinfectants. On peut aussi faire usage des graines ou des noix. Cette huile est stimulante et fraîche.

L’infusion est également réputée soigner les rhumatismes et l’arthrose ; elle est également diurétique.

Les pignons de pin (qui ne proviennent pas du pin sylvestre, ses graines étant beaucoup trop petites) est un aliment très sain à ajouter aux salades par exemple. Ils sont riches en vitamine E et en graisses mono-insaturées.

Les différentes variétés de pin furent également couramment utilisées par les tribus amérindiennes pour leurs propriétés guérisseuses ; certains Natifs consommaient les pignons comme aliment de base de leur alimentation. Les Potawatomi utilisaient la résine comme remède à appliquer sur la peau ; ils faisaient bouillir l’écorce jusqu’à ce qu’elle se plie puis l’appliquaient sur des brûlures ou des blessures. D’autres tribus brûlaient les aiguilles et inhalaient la fumée pour soigner les maux de tête ; on les faisait également infuser pour soulager les maux de gorge. […]

Religion, spiritualité et folklore

Élément : air
Planète : Mars
Genre : masculin

Les Dieux associées aux différentes variétés de pin sont le grec Dionysos (ou Bacchus), dieu du vin et de la vigne, et Attis, dieu de la végétation, et Cybèle, Déesse Mère, d’origine phrygienne (la Phrygie étant une région historique appartenant à la Turquie actuelle).

L’usage du pin dans la construction de bateaux en faisait également un arbre associé à Poséidon, dieu de la mer.

En tant qu’arbre toujours vert, en hiver, on considère le pin comme un symbole de renaissance pour la terre et la verdure, qui reviendra après la neige et la mort de toute vie – un signe qu’une résurrection est proche.

Symbole de naissance, le fruit du pin était aussi perçu comme un symbole de fertilité pendant l’Antiquité ; nous disposons de preuves picturales que ses cônes étaient utilisés dans des cérémonies par de nombreuses anciennes civilisations. Dionysos et ses suivants, notamment, ou encore Osiris, sont représentés avec un bâton surmonté d’une pomme de pin.

Il y a deux écoles de pensées à ce sujet – la première suggère, comme dit plus haut, que les pommes de pin furent des symboles de fertilité. Les prêtres du culte y auraient mis le feu, une fois la nuit venue, afin d’en faire des torches utilisées au cours de processions. L’autre propose de voir la pomme de pin comme un symbole de voyage vers l’autre monde, de pensée venue de l’autre monde – on l’aurait alors enflammée, tout comme on aurait bu le vin, afin de faciliter la stimulation de la glande pinéale, elle-même en forme de cône, et située à la base du cerveau.

Attis est un dieu intéressant, bien moins connu que Dionysos. Peu est compris sur ses ancêtres mythiques – il pourrait être le fils de Nana (le récit d’une naissance qui vaut la peine d’être lu !) et l’amant de Cybèle, ou bien son fils et son amant – dans tous les cas, ils sont liés inextricablement. Il était berger.

Le mythe d’Attis nous raconte comment la déesse Cybèle lui ordonna, alors qu’elle l’avait fait son prêtre principal, de lui rester exclusivement fidèle ; lorsqu’elle découvrit qu’il avait eu une liaison avec une nymphe, elle le rendit fou, et il finit par se castrer. Les gouttes de son sang, en touchant le sol, se transformèrent en violettes odorantes, parmi lesquelles il finit par mourir.

Cybèle eut le cœur brisé en découvrant sa dépouille, et transforma alors Attis en pin, qu’on fit brûler au cours d’une cérémonie. Au bout de trois jours, Attis ressucita – dans le cycle éternel de vie, mort et renaissance.

Un festival romain, au printemps, « les Megalensia », célébraient cette renaissance ; voici (de manière très raccourcie) la description qu’en fait James Frazer…

« Le 22ème jour de Mars, un pin était coupé dans les bois et porté jusqu’au sanctuaire de Cybèle, où on le traitait comme une grande divinité. La tâche de porter l’arbre sacré était dévolue à une guilde de porteurs d’arbres. Le tronc était entouré de bandelettes laineuses, tel un cadavre, et orné de guirlandes de violettes, puisque cette fleur était sensée être née du sang d’Attis […] et une effigie de jeune homme, sans aucun doute Attis lui-même, était attachée dessus.
Le deuxième jour du festival, le 23ème de Mars, le coeur de la cérémonie semble avoir été un concert de trompettes. Le troisième jour, le 24ème de Mars, était connu comme le Jour du Sang : l’archigallus ou grand prêtre prélevait du sang de ses bras et le présentait en offrande. »

Nous pouvons faire la connexion ici avec les anciens rites liés au solstice d’hiver et à l’équinoxe de printemps ; lors du solstice, on brûlait une bûche, qui était liée étroitement à l’idée de renaissance du soleil, de la lumière et au cycle annuel de la nature.

Dans le folklore européen, Freyr, dieu norrois de la fertilité, aurait possédé un bâton surmonté d’une pomme de pin ; les espèces de pin sont souvent mentionnées. Ici, deux extraits d’historiens réputés au sujet de la Silésie, dont la plus grande partie revient actuellement à la Pologne :

« Le dimanche de mi-Carême, des rameaux de pin, attachés avec divers papiers et décorations brillantes, sont portés par des enfants chantant des chansons, puis sont accrochés au-dessus des portes d’étables afin de protéger les animaux d’influences néfastes. », Le folklore des plantes, T.F Thistelton-Dyer

« Une autre période propice à l’action des sorcières est la période des douze jours entre Noël et l’Epiphanie. Ainsi, dans certaines parties de la Silésie, les gens brûlent de la résine de pin à longueur de nuit entre Noël et Nouvel An, afin que la fumée odorante chasse les sorcières et les mauvais esprits loin de la maison et du foyer. » The Golden Bough, Sir James Frazer

Il existe pas mal de preuves montrant que les pins sylvestres étaient utilisés comme repères le long des routes, afin d’indiquer le chemin, notamment pour le bétail qui était amené à parcourir de longues distances jusqu’aux marchés […]

Les populations des Highlands utilisaient les pins pour marquer les lieux d’inhumation de leurs guerriers ; les esprits de ces derniers pouvaient alors grimper le long des arbres pour rejoindre les autres mondes.

On suppose que le pin faisait partie des neuf bois utilisés au cours des feux druidiques de Bael, particulièrement au moment du Solstice d’Hiver, et bien sûr cela semble tout à fait possible, puisque le pin brûle très bien ! Les pratiques des Druides n’ayant pu être chroniquée correctement, « les neuf » changent selon les sources.

La légende dit qu »il est impossible de faire pousser sept pins ensemble jusqu’à maturité – si on tente la chose, le dernier ne s’épanouira pas. Ce sont donc plus, ou alors moins que sept arbres qui doivent donc être plantés en même temps.

Magie, charmes et croyance

Un encens fait à partir d’aiguilles de pin, de résine ou d’huile purifiera l’espace et bannira toute négativité qui rôde. On obtiendra le même résultat en brûlant une bûche de pin ou en jetant des aiguilles ou des pommes de pin dans le feu.

Prenez du temps pour vous en vous plongeant dans un bain, dans lequel vous aurez ajouté de l’huile de pin ou un remède floral à base de pin. Clarifiez vos pensées et vos sentiments d’anxiété – le pin indique le chemin, il rendra votre esprit vif et alerte et vous montrera la voie qui doit être prise si vous vous trouvez dans la confusion.

 Utilisez n’importe quelle partie du pin dans des travaux liés à la fertilité. Utilisez une baguette faite à partir de son bois pour attirer des énergies positives, chaleureuses et sensuelles, pleinement favorables pour accueillir une nouvelle vie.

La fumée du pin créera une atmosphère énergique et contrera toute influence négative

Si de la neige doit tomber sur vous depuis la branche d’un pin sylvestre, une grande chance se manifestera.

Les « Hex signs »

Mut Danu propose dans le chapitre de « Tree Mothers » consacré au mois de Gort de créer des « Hex spells ». Je m’intéresse au sujet depuis un moment et j’en ai donc profiter pour écrire l’article que voici. Peut-être vous aidera-t-il à voir la rosace – qui apparaît dans l’emblème du coven – d’un autre œil :)

Trouvé sur www.dutchhexsign.com

Un peu d’histoire

Les « Hex Signs » ou « Hex spells » sont des symboles de l’art populaire de Pennsylvanie, apportés par des populations migrantes d’Europe Centrale (Allemagne, Suisse, Alsace) aux XVIIème et XVIIIème siècles. On retrouve ces symboles sur des broderies, de la vaisselle, des meubles peints, mais ils sont surtout connus pour orner les façades des fermes et des maisons. Cette tradition d’ornement de la maison est seulement apparue aux alentours de 1850, mais elle est devenue très rapidement populaire, au point que des « Hex signs » commencent à être commercialisés dès les années 40, à destination des touristes de passage.

D’où vient le mot « Hex » ? On a bien envie de penser en premier lieu à une connexion avec la sorcière, « Hexe » en allemand. Mais en réalité, rien n’est moins sûr. Le terme « Hex » pour désigner ces symboles n’est utilisé que depuis des temps relativement récents : en 1924, Wallace Nutting publie Pennsylvania Beautiful, un ouvrage pour lequel il va enquêter auprès des fermiers d’origine germanique de Pennsylvanie. Ceux-ci n’utilisent alors que des mots très courants comme « Blume » (fleurs) ou « Schtarne » (étoiles) pour désigner leurs peintures murales. Néanmoins, au cours de l’enquête, un fermier utilisa le terme « Hexefuss » (pied de sorcière) dans sa description ; bien que ce terme renvoie à un symbole tout à fait particulier, il fut sans aucun doute mis en avant comme terme générique par l’auteur, et/ou par ses lecteurs, tous certainement séduits par la connotation mystérieuse du terme. Quoiqu’il en soit, le mot « Hex » devint rapidement populaire parmi les Allemands de Pennsylvanie eux-mêmes, grâce à son succès auprès des touristes.

Symboles occultes ou simple art décoratif ?

trouvé sur www.pageneralstore.com

Différentes écoles de pensée se confrontent au sujet des « Hex signs ». Pour certains, l’intention magique derrière ces peintures est indiscutable. Pour d’autres, il ne s’agit que d’éléments décoratifs, éventuellement revendicatifs d’une identité. Il est à noter, pour conforter cette seconde hypothèse, que l’habitude d’orner les maisons de ces symboles n’est apparue qu’au milieu du XIXème siècle, au moment où le gouvernement américain tentait de supprimer le dialecte germanique de la région. Il s’agissait donc peut-être, tout simplement, de réclamer un  héritage pictural issu du folklore germanique.

Néanmoins, plusieurs arguments plaident d’après moi pour tout au moins une origine magique de ces symboles : ainsi, certains groupes religieux germanophones de Pennsylvanie, comme les Amish ou les Mennonites, rejettent les « Hex signs » parce qu’ils les relient à des pratiques de magie ; de plus, la rosace à six branches, élément emblématique de la tradition, se retrouve couramment en Europe Centrale sur les maisons (jusque dans la vallée de Pô en Italie, où on l’appelle Soleil des Alpes), où elle a valeur de symbole de protection ; on peut noter qu’avec ses 6 branches, elle fait penser au Hexefuss cité plus haut – lui-même identique à la rune Hagalaz dans sa version du jeune futhark. Mais elle évoque aussi à l’étoile à six branches ou sceau de Salomon, important signe magique en Europe depuis au moins le début du Moyen-Âge. Le coq, la tulipe, l’arbre de vie sont autant de symboles de protection qu’on retrouve depuis des centaines d’années sur le Vieux Continent, et qui sont réapparus en Amérique dans la pratique artistique du « Hex sign ».

Mais au fond, pour nous autres sorcières et païens actuels, l’origine occulte de ces symboles est-elle réellement si importante que ça ? Comme pour tout autre outil, je crois que ce qui fait l’essentiel de la magie d’un « Hex sign », c’est l’intention que son créateur y insuffle. Et à l’heure actuelle, de nombreuses personnes, en particulier des païens germanisants ou des sorcières, ont choisi d’en faire usage comme des talismans ou des outils de méditation, allant même jusqu’à incorporer des symboles pré-chrétiens ou personnels dans la création de leur « Hex », qu’on ne retrouvait pas jusqu’alors dans la tradition pennsylvanienne. S’il n’est donc pas totalement avéré qu’il s’agissait de symboles magiques au moment de leur (ré)apparition vers 1850, les « Hex signs » le sont devenus pour nombre d’entre nous. Et ça, c’est incontestable.

Motifs et coloris

Sur Les Portes du Sidh, Lune a partagé il y a quelques temps déjà une traduction sur le sujet des « Hex signs » . Je vous invite à la lire et me permets de retranscrire ici les paragraphes traitant des motifs et du choix des couleurs que j’ai trouvés particulièrement synthétiques et intéressants. A noter que pour certains, les « Hex signs » de Pennsylvanie ont aussi bénéficié d’une influence de l’art des tribus natives de Pennsylvanie. Vu l’éclat des couleurs, ça ne m’étonnerait absolument pas.

Voici ci-après, le probable symbolisme ou signification des formes et couleurs employées dans les symboles des sorcières. C’est la forme d’un très vieil art et le sens précis des formes et couleurs n’est pas connu avec certitude.

  • Formes

• Croissants de Lune – Les quatre saisons
• Distelfink – bonne chance et joie… Deux distelfinks – double bonne chance et joie… Deux distelfinks affrontés – amitié vraie
• Pigeons ou Oiseaux de Paradis – amitié, camaraderie, paix, pureté et bonheur
• Aigle – force, courage, vision claire
• Cœur – amour, l’amour durable et l’amour pour les autres
• Feuille de chêne – longue vie, force et endurance
• Ananas – accueil et hospitalité
• Gouttes de pluie – eau, récolte abondante et fertilité
• Rosettes – (on pense que c’est le plus ancien symbole) bonne fortune
• Coquilles Saint-Jacques – vagues de l’océan, naviguer sur une mer calme dans la vie
• Étoiles – protection contre les feux, bonne fortune, espoir, amour, fertilité, énergie et harmonie
• Roue Solaire – chaleur et fertilité
• Tulipes – Foi, espoir, charité et croire en l’humanité
• Blé – Abondance et bonne volonté

  • Couleurs

• Noir – protection, également utilisée pour mélanger ou lier des éléments ensemble
• Bleu – protection, paix, sérénité et spiritualité
• Brun – terre-mère, peut également signifier l’amitié et la force
• Vert – croissance, fertilité, succès dans les choses et idées qui grandissent
• Orange – abondance dans la carrière, les projets et les choses ayant besoin d’un coup de pouce
• Rouge – émotions, passion, charisme, désir et aussi la créativité.
• Violet – les choses sacrées
• Blanc – pureté, le pouvoir de la lune, permet à l’énergie de s’écouler librement
• Jaune – La santé du corps et de l’esprit, l’amour de l’homme et du soleil, connexion à la forme Divine.

Souvenirs de la Vieille Europe

Si je me suis intéressée aux « Hex signs » de Pennsylvanie, c’est parce que j’ai été frappée, lors de leur découverte, par leur ressemblance avec nombre de symboles qu’on retrouve peints ou gravés sur les maisons anciennes de ma région, l’Alsace, et qui m’ont toujours fascinés. J’avais donc envie de conclure cet article en vous présentant quelques « Hex signs » de chez moi ;)

En réalité, en Alsace, on retrouve surtout les symboles de protection traditionnels comme la croix de Saint-André, le « Mann » dans l’assemblage des poutres formant les colombages. Je ne m’étendrai pas là-dessus car la question mériterait un gros article dans lequel je me lancerai sans doute un jour, mais pas tout de suite.

Toujours est-il que sur l’une de ces poutres, généralement visible de la rue et souvent axe principal de l’ensemble de la construction, on retrouve des « cartouches » peints et/ou gravés contenant les informations suivantes : les noms ou initiales du couple fondateur, parfois un fait relatif à leur existence, la date de la construction.

Ce qui est intéressant pour le folkloriste curieux, ce sont les symboles ou autres écrits qui accompagne ces données. Ce que j’ai pu relever au cours de mes balades :

  • Des symboles : rosace à 6 branches, étoile à 4/5/6 branches, cœur, coq, arbre de vie, deux petits oiseaux se faisant face entourés de motifs floraux, svastika, soleil stylisé, croix de différents types, feuilles, tulipe, serpent, lune … Parfois des éléments plus énigmatiques : il m’est arrivé de voir, une fois, un symbole ressemblant fortement à la rune Othila.
  • Des initiales : IHS (Iesus Heiland Seligmacher), CMB (Christus mansionem benedicat ou Caspar, Melchior, Balthazar ou Catharina, Margarete, Barbara), JMJ (Jesus Maria Joseph)
  • Des versets de la Bible (tradition plutôt protestante)

Dans tous les cas, il s’agit clairement d’asseoir l’identité et les limites du foyer et de garantir sa protection (le coq, par exemple, animal qui annonce le lever du soleil et donc la fin de la nuit propice au règne du mal ; la tulipe et ses trois « pointes » stylisées, quant à elle, symbolise la Sainte Trinité, etc), la fertilité et la richesse de ceux qui y habitent. On souhaitait également protéger la maison de la foudre et par extension de l’incendie (le soleil chasse l’orage, etc).

Pour m’arrêter bien souvent devant les maisons arborant ce type de symboles, je suis frappée à chaque fois par leur puissance, encore aujourd’hui ; et par leur beauté, tout simplement ! J’espère que ces quelques lignes vous auront donné envie de vous essayer à l’art du « Hex sign ». Que ce soit en protégeant vos foyers, ou en vous amenant à exprimer vos talents artistiques dans un nouveau domaine, ces symboles peuvent, à la manière des mandalas, être des supports spirituels inspirants :) Lee R. Gandee, peintre de « Hex signs », dit dans son autobiographie qu’il s’agit pour lui de « prière peinte ». J’ai adoré cette expression, et je conclurai donc là-dessus. A vos pinceaux :)

Sources et liens à visiter

http://www.le-sidh.org/wicca/folklore-sorcier/les-symboles-des-sorcieres/
http://unurthed.com/2008/01/07/gandees-hexes/
http://en.wikipedia.org/wiki/Hex_sign
http://www.amishnews.com/featurearticles/Storyofhexsigns.htm
http://www.dutchhexsigns.com/category/dutchhexsignmeanings

Le lierre, folklore

Voici des extraits du livre de Paul Sébillot, « Folklore de France, 3ème tome, La faune & la flore ». 1906.

lierre

« Des fragments d’arbres, ou leurs fruits, constituent des porte-bonheur ou des talismans dont la vertu dépend, soit de l’espèce à laquelle ils ont empruntés, soit de l’époque delà récolte. En Haute-Bretagne, un morceau de gui cueilli sur une épine blanche la nuit qui précède le tirage procure un bon numéro ; dans l’Yonne, un collier de lierre est porté six semaines avant cette opération ; en Wallonie un clou de noix appelé Saint Esprit, mis sous le talon gauche, a la même vertu ; a Liège on l’introduit sous sa bottine pour trouver de l’argent, ou simplement pour avoir de la chance.  » Page 388.

« Les feuilles interviennent aussi en matière de pèlerinage : dans l’Albret, pour savoir de quel mal de saint on est tenu, celui qui consulte place lui-même dehors, après le soleil couché, sur une pierre, une feuille de lierre marquée ; le lendemain la feuille du saint auquel on doit faire la dévotion sera toute marquetée ; en Haute-Normandie, une vieille femme commence une neuvaine, puis elle met trois feuilles de lierre dans un verre plein d’eau bénite ; celle qui jaunit ou se tache la première dénonce le saint auquel est tenu l’enfant malade. » Page 398.

« En Saintonge, le galant évincé par une jeune fille, et vice versa, va, avant le jour, joncher de branches et de feuilles de lierre le chemin par où doit passer la noce. » Page 404.

« Plusieurs essences sont en rapport avec les funérailles : Au Port-Blanc, dans la partie bretonnante des Côtes-du-Nord, on épingle des branchettes de gui et de laurier aux draps de la chapelle mortuaire. Dans le Var, le linceul blanc d’une jeune fille était parsemé de feuilles de lierre. » Page 405.

« Dans presque tous les pays de France on constate l’usage de placer à la porte des cabarets des branches d’arbres au feuillage éternellement vert ; suivant une curieuse notice de Raoul Rosières, c’est une survivance de ceux qui étaient autrefois consacrés à Bacchus. Au XVIe siècle les auberges de Normandie avaient de ces enseignes :

 Pour cornette et guidon, suivre plus tost on doit
Les branches d’hiere ou dif qui montrent où l’on boit .

Actuellement dans ce pays le bouchon ou rameau de verdure est, suivant les localités, de gui, de buis, de lierre, de houx, d’if ou même de laurier. Dans le Cotentin s’il est décoré d’un chapelet de pommes, c’est signe que le débitant a mis en perce un fût de cidre nouveau ; le nombre de pommes dont il se compose indique le nombre de sous que devra payer le consommateur pour boire un pot ou double litre. » Page 406 et 407.

« En Haute-Bretagne, le « coq » est fait avec un petit morceau de bois fendu à Tune de ses extrémités ; on y introduit une feuille de lierre ou de laurier pliée en plusieurs fois ; en soufflant dans cet instrument, on obtient un son
assez doux […] » Page 408.

« On attribue aux fragments de plusieurs arbres des vertus prophylactiques qui tiennent soit à leur espèce, soit à des particularités de diverses natures. En Basse-Normandie les chapelets de gui préservent les enfants des convulsions, et même de l’épilepsie ; dans la Gironde, pour faciliter la dentition, on leur met un collier de racines de lierre, vertes et en nombre impair. » Page 411.