Tradition Faerie Faith : Comprendre les « Arbres », l’Aulne

L’Aulne

Extrait de la thèse : The Faerie Faith and the Beth-Luis-Nion Celtic Lunar Tree Calendar par James Clifford Landis. Traduction et adaptation : Fleur de Sureau.

L’aulne est le quatrième arbre de l’année. Son nom gaélique est Fearn (prononcé à l’anglaise « Fair un »).

Le glyphe pour l’aulne est « je suis une larme étincelante du Soleil. »

• Utilisations de la plante et Folklore

L’aulne a été utilisé pour ses propriétés toniques et astringentes. « La décoction de l’écorce est utile pour baigner gonflements et inflammations, en particulier au niveau de la gorge, et elle est réputée soigner la fièvre » (Grieve 18).

Selon une superstition du comté du Worcestershire, en Angleterre, porter des morceaux d’aulne sur soi préserverait des rhumatismes. Tandis qu’on utilisait beaucoup ses « boutons noirs », le fruit de l’aulne, pour décorer les puits et sources, il s’agissait d’un rite nommé « well dressing » qui permettait d’honorer une source (ou son esprit ou, plus tard, son saint) afin que son eau ne tarisse pas (Vickery 2, 388).

« Malvhina Well – 2007 Well Dressing, by Bob Embleton.

• Mythologie et Symboles

L’aulne est le pont entre l’eau et le feu, la mer et la terre, l’hiver et le printemps. L’aulne ne pourrit pratiquement pas dans l’eau et c’est pourquoi il était utilisé pour soutenir les bâtiments, comme pilotis. « Le Rialto, à Venise, repose sur des pilotis d’aune, de même que plusieurs cathédrales médiévales. » (Graves 170). Il servait également à la construction de ponts, de chaussées et de conduites d’eau.

L’Aulne est étroitement lié au feu, même si c’est un combustible médiocre, il constitue le meilleur des charbons de bois. Dans certaines régions d’Irlande, abattre un aulne sacré amenait comme châtiment la destruction de sa maison par le feu. « L’aulne est l’arbre du feu, le pouvoir du feu de libérer la terre de l’eau. » (Graves 171).

Ce lien avec le feu apparaît dans le fait que l’équinoxe de printemps tombe toujours pendant la Lune de l’Aulne. L’équinoxe de printemps est un pont qui éloigne l’année des froides inondations de l’hiver et la conduit à la tiédeur du printemps. L’aulne était, « Fearineus, le dieu du printemps auquel on offrait des sacrifices sur le mont Cronien à Olympe, à l’équinoxe du printemps » (Graves 172).

L’aulne est associé à quatre couleurs. La pourpre est la couleur de la royauté et le Roi des Aulnes (Féerie) tire son nom de cet arbre. Le rouge est la couleur du feu, ainsi que celle du sang. Lorsqu’un aulne est abattu, son écorce devient écarlate et semble saigner comme un homme. En outre, une teinture rouge peut être obtenue à partir de l’écorce. Une teinture verte peut être fabriquée à partir des fleurs, qui éclosent durant le mois de l’Aulne. Le vert est la couleur des vêtements des fées (les esprits de la nature). Une teinture brune est obtenue à partir des rameaux de l’aulne, le brun étant la couleur de la terre dans laquelle pousse l’aulne.

• Énergies

Enfin, l’aulne amène le temps des naissances. Le printemps arrive et les projets élaborés lors de la première lune peuvent maintenant aller de l’avant. Et en même temps, ce peut être une période douloureuse. Avec la naissance des choses nouvelles vient la destruction des anciennes. Le glyphe de l’Aulne « je suis une larme brillante du Soleil » est comparable à l’adage « toute naissance digne de ce nom s’accompagne toujours de larmes. » Avec l’arrivée du soleil à l’équinoxe de printemps, nous donnons naissance à nos projets. Pourtant, cette période peut être marquée par les doutes, la confusion, la dépression et le chagrin. La dépression post-partum est commune et de façon semblable, beaucoup sont déprimés après avoir accouché de leurs projets, car ceux-ci pourraient très bien ne pas donner les résultats escomptés.

Pendant [la lune de] l’Aulne, l’étudiante doit apprendre l’équilibre. Les quatre couleurs de l’aulne enseignent à l’étudiante la révérence, l’harmonie et l’équilibre. Ces leçons doivent être acquises bien avant la seconde moitié de l’année (Kerr, ‘Lunar’.)

G pour GORT

Extrait de l’Alphabet des Arbres, La Déesse Blanche. Robert Graves.

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Le onzième arbre est le lierre à l’époque de sa floraison. Octobre était la saison des Bacchanales de Thrace et de Thessalie pendant lesquelles les Bassarides couraient comme des sauvages à travers les montagnes en agitant les branches de sapin de la reine Artémis (ou Ariadne). Les branches, mêlées à du lierre, à fruits jaunes, étaient disposées en spirales. Le lierre était employé en l’honneur de Dionysos, le Dionysos d’automne, qu’il faut distinguer du Dionysos du solstice d’hiver, lequel est, en réalité, un Héraclès. Ils s’étaient tatoué un chevreuil sur leurs bras droits au-dessus du coude. Dans leur fureur sacrée, ils mettaient en pièces faons, chevreaux, enfants, voire même des hommes. Le lierre était consacré à Osiris aussi bien qu’à Dionysos. Vigne et lierre se rejoignent à ce tournant de l’année et symbolisent ensemble la résurrection, sans doute parce que ce sont là les deux seuls végétaux du Beth-Luis-Nion qui poussent en spirales. Si la vigne symbolise la résurrection, c’est aussi parce que sa force est transmise par le vin. En Angleterre, les rameaux de lierre ont toujours servi d’enseignes aux débits de vin, d’où le proverbe : « bon vin se passe de lierre » et l’on brasse encore une bière de lierre, breuvage médiéval hautement toxique, au Trinity College d’Oxford en mémoire d’un étudiant de ce collège assassiné par les hommes de Balliol. Il est probable que la boisson des Bassarides était la bière de sapin, brassée à partir de la sève de l’épicéa et assaisonnée de lierre; à moins qu’ils ne mâchassent des feuilles de lierre pour leur effet de drogue. Cependant, le principal élément toxique de la drogue des Ménades a pu être l’amanita muscaria, le « tabouret de crapaud », champignon tacheté de points blancs qui seul peut fournir la force nécessaire. Ici nous devons reconsidérer Phoronée, le Dionysos du printemps, inventeur du feu. Il bâtit la cité d’Argos dont l’emblème, selon Apollodore, était un crapaud ; de même Mycène, la principale forteresse de l’Argolide, aurait été ainsi appelée, à en croire Pausanias, parce que Persée, un converti au culte de Dionysos, aurait trouvé un « tabouret de crapaud » poussant sur le site. Dionysos avait deux fêtes : au printemps, l’Anthestérion ou « Éclosion des Fleurs » et, à l’automne, le Mystérion qui signifie probablement « Éclosion des Champignons » (Mykostérion) auxquels on donnait encore le nom d’ambroisie (« nourriture des dieux »). Fut-ce Phoronée qui découvrit également un feu divin résidant dans ce champignon, ou bien fut-ce Phrynéus (« l’Être-Crapaud »)? L’amanita muscaria, bien qu’elle ne soit pas un arbre, pousse sous un arbre : toujours un bouleau dans le Nord, depuis la Thrace et les pays celtiques jusqu’au cercle arctique ; mais sous un sapin ou un pin dans le Sud de la Grèce ainsi que de la Palestine à l’équateur. Dans le Nord, elle est rouge ; dans le Sud elle est fauve. Et ceci n’expliquerait-il pas la préséance accordée à l’épicéa parmi les voyelles en tant que A et au bouleau parmi les consonnes en tant que B ? Cela pourrait-il apporter un supplément d’information au sujet de l’énigme sur le « Christ fils d’Alpha » ?

La rivalité entre le houx et le lierre, mentionnée dans les poèmes médiévaux, n’est pas, comme on pourrait le supposer, celle qui pourrait exister entre l’arbre du meurtre et celui de la résurrection, entre Typhon-Seth et Dionysos-Osiris ; nullement : elle symbolise la guerre domestique entre les sexes. L’explication semble en être que, dans certaines parties de l’Angleterre, la dernière gerbe de la moisson à être charriée dans une paroisse quelconque était liée avec le lierre osirien et appelée le Mai de la Moisson, la Fiancée de la Moisson ou la Fille du Lierre : c’était au dernier fermier à rentrer sa moisson qu’il incombait de donner la Fille du Lierre en pénalité, présage de mauvais sort jusqu’à l’année suivante. C’est ainsi que « lierre » en vint à signifier « mégère » ou épouse acariâtre : le lierre étrangle les arbres, ce qui confirme la comparaison. Mais le lierre et le houx étaient tous les deux associés aux saturnales, le houx étant la canne de Saturne, le lierre étant le nid du roitelet à cimier doré, son oiseau. Le matin de Noël, le dernier de son joyeux règne, le premier pied à franchir le seuil était censé être celui du représentant de Saturne, évoqué comme un homme sombre nommé le Gars du Houx, et l’on prenait de sérieuses précautions pour tenir les femmes hors de son passage. Ainsi donc la Fille du Lierre et le Gars du Houx en vinrent à s’opposer, ce qui donna naissance à la coutume de Noël selon laquelle les garçons du houx et les filles du lierre jouaient aux gages pour obtenir la préséance et chantaient des chansons, surtout satiriques, à l’adresse les uns des autres.

Le mois du lierre s’étend du 3o septembre au 27 octobre.