Filer la « laine » du saule & sa magie

Nous sommes début mai, les chatons femelles des saules marsault ont été fécondés et leurs graines cotonneuses sont à présent en train de se disperser.  J’ai récupéré un peu de ce « coton » pour le filer.

Dans certaines traditions populaires, ce coton possède des qualités apotropaïques.

Selon le folkloriste écossais Carmichael, on pensait autrefois que les chatons « laineux » du saule possédaient le pouvoir de protéger le lait. On filait la « laine » de ces chatons en récitant ces vers :

Je cueillerai la laine des chatons,
Comme la mère de Dieu l’a cueillie de sa main
Pour la chance, pour les vaches, pour la traite,
Pour les troupeaux, pour la prospérité, pour le bétail.

Puis, cette laine était retordue pour en faire un fil que l’on plaçait sous le lait afin de le protéger des mauvais esprits.

Ce « coton » ou « laine » de saule étant une fibre très courte et n’en ayant récolté qu’une petite poignée, je l’ai simplement cardé et ajouté à une autre fibre végétale : du lin. Je me suis amusée à en faire un fil un peu fantaisie que j’ai tricoté et utilisé pour réaliser une petite pochette. Pochette qui pourra me servir à glisser de petits objets ou la photo de personnes pour un travail magique, de protection ou autre.

 

Tradition Faerie Faith : Comprendre les « Arbres », le Saule

Extrait de la thèse : The Faerie Faith and the Beth-Luis-Nion Celtic Lunar Tree Calendar par James Clifford Landis. Traduction : Fleur de Sureau. Pour revenir au menu, c’est ici.

Le saule correspond à la cinquième lune de l’année. Son nom gaélique est Saille (prononcé à l’anglaise « Sahl’ yeh »).

Le glyphe pour le saule est « Je suis un faucon sur la falaise. »

  • Utilisations de la plante et folklore

En 1827*, un chimiste français a isolé le principe actif de la reine-des-prés que l’on a découvert plus tard dans la sève et l’écorce du saule et à qui l’on a donné le nom de salicine. Puis on obtint l’acide salicylique et finalement, à la fin du XIXe siècle, l’acide acétylsalicylique, qui est plus communément appelé aspirine analgésique. » (Vickery 401.)

Cependant, avant l’apparition de l’aspirine, le saule était généralement connu pour soulager les maux d’oreilles, les maux de tête et les maux de dents. Soit en préparant une décoction à partir de l’écorce et de la sève, soit en mâchant de jeunes rameaux de saule (Vickery 401).

Le folklore a longtemps associé le saule à la tristesse et au deuil. Le psaume 137 évoque les israélites qui suspendent leurs harpes aux saules sur les rives qui bordent les fleuves de Babylone, alors qu’ils pleurent Sion. Plus tard, porter du saule au chapeau signalait le chagrin de l’amoureux éconduit. Au XIXe siècle, le saule pleureur était représenté sur les pierres tombales et les faire-part de deuil (Vickery 400).

  • Mythologie et symboles

Plus que n’importe quel autre arbre, le saule est décrit comme sacré pour la Déesse et pour ses adoratrices, les sorcières. De nombreuses représentations de la Déesse sous l’aspect de la mort ou de « crones » portent le saule sacré. Les mots « witch » (sorcière en anglais), « wicked » (malfaisant) et « wicker » (osier) découlent de la racine indo-européenne (weik) pour willow (saule). Les sorcières vénèrent la Déesse Lune, et « le saule lui est consacré pour de nombreuses raisons ; c’est l’arbre qui affectionne le plus l’eau, or la déesse de la Lune passe généralement pour la dispensatrice de la rosée et de l’humidité » (Graves 173). Le saule (helice en grec, salis : en latin) donna son nom à Hélicon, le séjour des Muses.

Le « balai de sorcière » dans la campagne anglaise est encore composé d’un manche de frêne et de petites branches de bouleau liées par de l’osier : les branches de bouleau pour qu’à l’expulsion des mauvais esprits il n’y en ait pas à demeurer empêtrées dans le balai et le manche de frêne en guise de protection contre la noyade […] les ligatures sont en osier en l’honneur d’Hécate.  (173)

Il semble même que porter du saule au chapeau comme signe de rejet était une mesure de protection envers la jalouse déesse Lune.

  • Energies

La fête de Mai (Beltane) tombe pendant ou peu de temps après la lune du saule, et avec elle les leçons de mort et renaissance de l’Homme d’Osier (Wicker Man) et du Roi Sacrificiel. C’est seulement à travers le sacrifice et la mort que nous pouvons espérer une vie à venir. Nous devons sacrifier plantes et animaux pour survivre. Nous devons abattre des arbres pour construire des maisons. La Nature se sacrifie encore et encore pour assurer notre avenir, nous ses enfants. Et par conséquent, nous devons être semblables au « faucon sur la falaise », nous devons être conscients de notre environnement. Ainsi que de la façon dont nous affectons les autres.

C’est une période de choix. Au cours de la lune du saule, les gens veulent souvent abandonner leurs projets qu’ils ont élaboré et en démarrer de nouveaux. Mais l’étudiante doit être capable regarder dans l’avenir aussi bien que dans le passé, pour décider si le présent est le moment approprié pour prendre son « envol ». Elle doit avoir une vision claire, afin de discerner si c’est le bon moment. Cependant, si les gens se voient refuser l’opportunité de « s’envoler » à ce stade, du ressentiment peut émerger.

Ce ressentiment peut être éprouvé suite à une épreuve douloureuse, une injustice, un amour contrarié, la violation de limites, face à la colère. Pourtant, le plus souvent au cours de ce mois, nous éprouvons du ressentiment pour aucune raison apparente ou une quelconque provocation. (Kerr, « Lunaires »).

L’étudiante doit se souvenir des leçons du Bouleau et être consciente d’elle-même et de ce qui l’entoure, pour s’assurer de prendre la bonne décision.

* Ndlt : si le sujet vous intéresse, vous pouvez lire l’article « Du saule à l’aspirine« , qui fournit des dates et autres infos plus justes et précises.

Arcane XVIII La Lune

« Deux choses lune, l’autre c’est le soleil » — Jacques Prévert

Beaucoup d’interprétations et d’analyses définissent le symbolisme de la Lune en corrélation avec celui du Soleil. Privée de lumière propre, elle reçoit et reflète les rayons du soleil au risque de dispenser mensonges et illusions. Alors que le premier règne et répand des gouttelettes d’intelligence active apportant joie, chaleur et satisfaction partagée, la lune aspire et puise les énergies comme une éponge. Décrite comme un état, évoquant les rêves et la mélancolie, son royaume se reflète sur une étendue d’eau sombre,  fertile et effrayante comme un marais nocturne.

Son cycle immuable, son apparence changeante, sa face souvent cachée lui ont valu les traits d’une femme et les attributs éculés qui vont avec. Il est courant de lui associer l’obscurité, les angoisses, la folie, la tristesse, le mensonge et bien sûr la paresse sinon le tableau ne serait pas complet.

Je vous propose de changer notre point de vue et de redonner à l’arcane XVIII le blason argenté qu’elle mérite.

« L’imagination est plus importante que la connaissance. Car la connaissance est limitée, alors que l’imagination embrasse l’univers tout entier » — Albert Einstein.

Le tarot de Marseille utilisé est l’édition de 1930 de Paul Marteau édité par Grimaud. L’arcane de la lune porte le numéro XVIII. Il est rattaché à la famille des planètes et son illustration se divise en trois plans.

Le plan céleste montre la lune, elle-même, personnifiée de profil. Elle est croissante et son visage est celui d’une femme plutôt âgée au regard tourné vers la gauche. L’astre est entouré de rayons courts principalement bleus et blancs, alternés de rouges. Il est cerné de gouttelettes rouges, jaunes et bleues qui montent à sa rencontre. La couleur bleu foncé domine évoquant son aspect féminin et réceptif. La lumière est diffuse. Les gouttelettes accentuent son caractère attractif.

Le plan terrestre comporte en fond deux tours jaunes. L’une a un créneau ouvert, l’autre un créneau fermé.  Au premier plan deux chiens couleur chair se font face, gueule ouverte. Ils semblent aboyer ou aspirer les gouttelettes. De la végétation est timidement représentée au centre. Construit de façon binaire, le plan terrestre met en évidence la complexité de la nature humaine par le biais de deux instances psychiques distantes.

  • Les chiens incarnent l’aspect instinctif et animal, les pulsions et la vie fantasmatique.
  • Les tours évoquent les constructions individuelles rattachées au domaine de l’acquis et de l’appris.

Le plan aquatique est formé d’une étendue d’eau bleu sombre à la surface oscillante. Une écrevisse démesurée se dresse au milieu pinces tendues vers le ciel. Ce plan n’a pas d’effet réel, mais constitue plutôt le contenant des autres plans. Sa surface striée revêt l’aspect d’un miroir déformant la réalité faisant d’un petit crustacé un monstre gigantesque.

Cette représentation en trois plans distincts révèle le monde intérieur et le psychisme humain avec ses richesses et ses dangers.  L’imaginaire est une source d’évolution dans le cadre de la création, mais aussi de perdition lorsqu’il verse dans l’illusion. Il peut produire des œuvres magistrales ou des fantasmes aliénants.  Les tours nous rappellent la nécessité d’un sens solide des réalités pour que l’expression des pensées intuitives puisse trouver un écho et se matérialiser. Cela peut se traduire par une démarche active à destination de ses rêves. S’en souvenir, les noter et mettre en place un outil pour leur offrir un espace créatif qui nous fera passer de l’état d’objet à l’état de sujet.

L’arcane XVIII nous demande un travail d’unification de ces trois plans distincts. Chacun recelant ses propres ambivalences.

L’eau figure la perte et le naufrage, mais aussi la régénération, la purification et la possibilité de se ressourcer.

La terre manifeste une pensée rationnelle, logique, fiable, mais aussi limitée.

Le ciel révèle la faculté métaphysique et la transcendance de l’imaginaire.

Tout repose dans notre capacité individuelle d’organiser ce qui est chaotique et de construire un environnement harmonieux. Tout comme l’asservissement aux sens et aux plaisirs terrestres nous conduit vers l’esclavage et la dépendance, la vie imaginaire demande de la maîtrise pour devenir libératrice et éclairante, et ne pas nous affaiblir, nous détruire et nous perdre.

L’arcane nous éclaire sur l’activité fondamentale de l’inconscient, aspect de la vie intérieure qui semble nous échapper. Nos pensées perpétuellement actives subissent des variations quantitatives (classement des niveaux de conscience de 1 à 7 allant de la vigilance excessive au « coma »), mais aussi qualitatives, attribuées à nos perceptions personnelles de la réalité et à nos ressentis vis-à-vis de celle-ci. Ces variations nous éloignent de la paix mentale et de l’état de sérénité que nous recherchons. Il semble plus aisé de maîtriser son corps que de maîtriser ses pensées. La lame XI du tarot qui suggère cette maîtrise est La Force qui se trouve bien avant La Lune arcane XVIII. Cette chronologie nous indique peut-être que pour accéder à la maîtrise du mental il faut d’abord passer par celle du corps. C’est le principe fondateur du yoga.

 « La lune est le rêve du soleil » — Paul Klee

Malgré mon introduction un peu rageuse, genre « mort au patriarcat du Soleil », on ne peut pas lui soustraire sa représentation du féminin maternel et réceptif. Elle est la mère cosmique qui veille et protège dans l’obscurité.

Dans le cadre d’un tirage divinatoire, elle fait souvent référence à la mère et aux relations qu’on entretient avec elle. Elle nous demande une réflexion sur notre conception du féminin et nous conseille de prêter attention à nos intuitions ou de les développer. Le thème de la maternité et de la fertilité au sens propre comme au sens figuré sont au centre de la réflexion.

Lorsque la consultation porte sur la vie professionnelle La Lune peut annoncer des changements et des prédispositions pour les activités artistiques nécessitant imagination, poésie et créativité. Les professions liées aux sciences humaines comme la psychologie, la sociologie, la tarologie, l’astrologie sont favorisées. Elle induit l’idée d’un succès apporté par les autres, où la popularité, le public et la clientèle peuvent jouer un rôle important.

Au niveau de la santé, elle peut évoquer le vague à l’âme ou les coups de cafards quand elle est mal aspectée. Elle pointe du doigt la nécessité de se ressourcer, de se purifier et de surveiller son circuit lymphatique.

Saille : correspondances Faerie Faith

Saule/Saille

Extrait de The Faerie Faith and the Beth-Luis-Nion Celtic Lunar Tree Calendar par James Clifford Landis. Traduction : Fleur de Sureau.

Correspondances pour le système BLN du Calendrier des Arbres Lunaires celtiques. Extrait de “Lunar Tree Energies” par Linda Kerr, et la Déesse Blanche par Robert Graves.

 

Glyphes

Je suis un faucon sur la falaise… pour la ruse

Couleurs

Vert

Lettre

SailleS

Animaux

Faucon

Symboles

Baguette de saule, bâton de saule

Archétypes féminins

Sal Ma, Bridget, Artémis, Dana, Hécate, Circé, Héra, Perséphone, Minerve, Flora.

Archétypes masculins

Orphée, le Roi Sacrificiel, l’Homme d’Osier.

Guérisons

Fièvres et maux de tête

Mystères

Divination du futur, purification en tant que préparation, quête pour de nouveaux horizons

Energies des Arbres Lunaires : le Saule

Par Linda Kerr, extrait du site faeriefaith.net

Traduction : Fleur de Sureau pour le coven d’Ignis Daemonis.

Le Saule

Cinquième lune

  • Glyphe – Je suis un faucon sur la falaise
  • Oiseau – faucon
  • Couleur – verte
  • Jour – lundi
  • Guérison – Fièvres et maux de tête
  • Mystères – divination pour connaitre l’avenir, purification en tant que préparation, rechercher de nouveaux horizons.

Nous avons à présent fait l’expérience de la régénération et de la renaissance du Bouleau, de la montée d’énergie et des semailles de graines et objectifs du Sorbier, des poussées prématurées du Frêne et de l’explosion de vie de l’Aulne. Le Saule est sacré pour Hécate, la Vieille Femme ou l’aspect de la mort de la Triple Déesse. Le Jour de Mai ou Beltane se produit durant la lune du Saule ou tout proche, portant avec lui le thème de la mort du Roi Sacrificiel et du Wicker Man (ndlt : l’homme d’osier), qui a été fabriqué avec du Saule (« wicker » est un synonyme de willow, saule en anglais).

Le saule est l’arbre de la mort et de la renaissance. Une branche de saule peut faire de nouvelles racines facilement, faisant l’expérience de la « renaissance » après la « mort » (ndlt : en effet, si l’on coupe une branche de saule et qu’on la plante dans la terre, cette branche donnera des racines et deviendra un nouvel arbre… Enfin, si vous voulez multiplier des saules, pensez à planter plusieurs branches, toutes vos tentatives ne réussiront pas nécessairement). Il est également utiliser comme Bâton de Renaissance, pour renouveler une consécration par ceux qui n’ont pas pris de décision. Le saule est également associé à l’aspect de renaissance du Jour de Mai, comme dans la renaissance du Roi, la déesse Flora, et la Reine du Printemps.

Le Saule nous enseigne à apprendre de nos expériences, à la fois passées et futures. De façon à tirer le meilleure des lunes à venir, nous avons besoin à présent de nous libérer des fardeaux du passé qui gêneront notre développement futur. Les vieilles croyances deviennent souvent des obstacles qui bloquent notre avancée. Ainsi, le Saule représente la mort, ou la libération, du passé de façon à intégrer pleinement les expériences et leçons à venir. Cela ne signifie pas cependant que les fruits des réalisations passées doivent être oubliés. Ces accomplissements vous ont mené jusque-là et vous serviront de base pour les expériences à venir.

Le Saule apporte également avec lui le désir d’abandonner passé et présent, en quête de nouveaux départs. Regardez attentivement où vous en êtes du point de vue physique, émotionnel, et de l’expérience. Etudiez votre environnement et les gens qui vous affectent. Le glyphe de cette lune, « je suis un faucon sur la falaise, » parle de la capacité à voir clairement, à prendre des décisions. Le faucon doit décider de s’envoler ou non de la falaise. Si le moment est propice et les conséquences ont été suffisamment examinées, déployez vos ailes et envolez-vous vers de nouveaux horizons d’expérience.

Soyez conscient cependant que ce n’est peut-être pas le bon moment de s’envoler. Si c’est le cas, rasseyez-vous et attendez ; n’agissez pas hâtivement. Les leçons nécessaires au développement, à la croissance peuvent se tenir à votre portée maintenant ou plus tard,  quand la Roue de l’Année tournera, vous connaitrez le moment approprié pour avancer.  Pendant ce temps, vous pourriez utiliser les énergies de cette lune pour renouveler ou reconsacrer vos objectifs.

  • Les énergies négatives du Saule : les énergies du Saule « reste ou part », « fais-le ou ne le fais pas » peuvent conduire à l’indécision et à la confusion. De plus, si notre désir d’envol n’est pas satisfait, nous pourrions commencer à éprouver du ressentiment pour ceux qui parviennent à réaliser les choses qui nous restent inaccessibles. Ce ressentiment peut être éprouvé suite à une épreuve douloureuse, une injustice, un amour contrarié, la violation de limites, face à la colère. Pourtant, le plus souvent au cours de ce mois, nous éprouvons du ressentiment pour aucune raison apparente ou une quelconque provocation.
  • Pour surmonter ces énergies négatives : prendre une baguette de cet arbre. Quintessences de Bach possibles pour le Saule :  Scleranthus, Wild Oat, Cerato et Willow.

Les Glyphes du Calendrier des Arbres Lunaires :

Les Glyphes du Calendrier des Arbres Lunaires :
Saule, Aubépine & Chêne
Par Linda Kerr, traduction Fleur de Sureau

Chacun des 13 mois lunaires a son propre « glyphe », ou vers, tiré du Chant d’Amorgen, un poème ancien qu’aurait entonné le chef barde des Milesiens, envahisseurs de l’Irlande, tandis qu’il posait le premier pas sur l’île en 1268 avant JC. Ce poème a été reconstitué par Robert Graves dans La Déesse Blanche et rattaché à l’alphabet Beth-Luis-Nion, comme suit :

Je suis un Cerf aux sept dents de fer Ou un bœuf aux sept combats, Bouleau Beth
Je suis une vaste étendue d’eau sur une plaine, Sorbier Luis
Je suis un vent sur les eaux profondes, Frêne Nion
Je suis une larme étincelante du soleil, Aulne Fearn
Je suis un faucon sur la falaise, Saule Saille
Je suis beau parmi les fleurs, Aubépine Uath
Je suis un dieu qui met le feu à la tête avec de la fumée, Chêne Duir
Je suis une flèche décochée pour la bataille, Houx Tinne
Je suis un saumon dans l’étang, Noisetier Coll
Je suis une colline de poésie, Vigne Muin
Je suis un sanglier cruel, Lierre Gort
Je suis un bruit menaçant venu de la mer, Roseau Ngetal
Je suis une vague de la mer, Sureau Ruis
Qui, si ce n’est moi, connait les secrets du dolmen en pierre brute ? Solstice d’Hiver

Chacun de ces vers parle d’une essence particulière des énergies lunaires, et lorsqu’ils sont étudiés en profondeur, ils peuvent nous aider à nous orienter vers une plus grande compréhension du mois de l’arbre. Cette série d’articles tentera d’explorer ces glyphes, et au moins vous poussera à développer votre propre compréhension du sujet.

  • Saule/Saille : Je suis un faucon sur la falaise – pour l’agilité

Saule tortueux, mois du saule 2015

C’est un glyphe approprié pour le Saule, selon Graves, parce que Saille est le mois durant lequel les oiseaux font leur nid (Graves, 209).

Le faucon qui est sur la falaise est, mythologiquement, le même oiseau que le milan, qui est l’oiseau sacré de Borée, le Vent du Nord. Dans la légende grecque, ses fils thraces, Calaïs et Zétès portaient des plumes de milan en son honneur et pouvaient se transformer en milans. L’hiéroglyphe égyptien pour Vent du Nord est un faucon, reliant ainsi le faucon et le milan. Le mot gallois pour faucon est gwalch, semblable au latin falco, ou faucon (dans le texte : falcon), qui est un type de faucon (dans le texte : hawk). Le Gwalchmai mystique (‘faucon de Mai’) ; Gwalchaved (‘faucon de l’été’), ou Sir Galahad ; et Gwalchgwyn (‘faucon blanc’), ou Sir Gawain, sont tous reliés au faucon du Saule (Graves, 209).

Le Saule est une période de mouvement, et le faucon sur la falaise représente ce mouvement. Il est perché sur la falaise, prêt à s’envoler mais pas encore prêt à voler. Le faucon, un symbole de l’air, nous dit aussi que nous avons pleinement quitté les profondeurs aquatiques des quatre dernières lunes.

Le Saule est sacré pour Hécate, Minerve, Héra et Perséphone ; tous les aspects de la Déesse liés à la Mort. Cela peut sembler étrange au moment du printemps, mais rappelez-vous le faucon, en tant qu’oiseau de proie, est porteur de mort lui-même. L’histoire de Gwion illustre cela symboliquement.

Dans l’histoire de Gwion – le garçon qui est mangé par la sorcière sauvage Cerridwen et qui renaît comme l’enfant miraculeux Taliesin – Gwion passe par un certain nombre de transformations pour échapper à la fureur de la Déesse. Ces transformations se succèdent dans l’ordre strict des saisons, tout comme les formes correspondantes que la Déesse prend pour le poursuivre et enfin l’attraper. Tout d’abord, Gwion est un lièvre en automne, saison de la chasse ; Elle devient un lévrier femelle ; puis il se transforme en poisson durant les pluies de l’hiver et, elle, se transforme en loutre ; ensuite il devient un oiseau au printemps lorsque les migrateurs reviennent et, elle, devient un faucon ; et enfin il se transforme en un grain de blé durant l’été, la saison des récoltes et Elle le mange en prenant la forme d’une poule noire à grande crête – la coiffure rouge et les plumes noires la désignent comme la Déesse de la Mort (Graves, 400).

Une dernière chose à mentionner, Hécate, la Déesse de la Mort, a pour messager la Chouette, qui nous conduit à la prochaine lune, l’Aubépine.

  • Aubépine / Huath : Je suis beau parmi les fleurs

aubépine-ciel-bleuHuath est la saison des fleurs et elle est régie par l’Aubépine ou l’Arbre de Mai. Olwen est la Reine de Mai et la fille de l’Aubépin ou du « Géant Aubépin ».  Le nom Olwen signifie « Celle à la Trace Blanche », à cause des trèfles blancs qui poussent dans les traces de ses pas. (Graves, 209-210)

Olwen est un autre nom pour Blodeuwedd (‘aspect de Fleurs’), elle a été créée par le magicien Gwydion à partir de bourgeons et de fleurs (Graves, 41) pour être la fiancée de Llew Llaw Gyffes (Graves, 85). Dans le mythe de Blodeuwedd et Llew Llaw, Blodeuwedd rencontre Gronw et en tombe amoureuse. Elle complote avec lui pour tuer son époux, Llew Llaw. Par ruse, Llew est conduit sur le lieu de mort : Gronw se lève et le tue d’un coup de lance dans le flanc. L’âme de Llew s’élève ensuite sous la forme d’un aigle. (Graves, 310)

Lorsque le père de Llew, Gwydion, part à sa recherche, Blodeuwedd lui dit qu’il a quitté la maison pour aller à la chasse. Gwydion, cependant, en sait plus et voyage à travers tous les pays à la recherche de Llew. Enfin, il créé le Caer Gwydion, ou la Voie Lactée, comme une trace, une voie, par laquelle il recherche l’âme de Llew dans les cieux, et où il la trouve. Pour la punir de sa traîtrise envers son époux, Gwydion la transforme en oiseau, après quoi elle s’enfuit de son beau-père. (Graves, 315)

L’oiseau que Blodeuwedd est devenue est une chouette et elle est appelée Twyll Huan (‘le trompeuse de Huan’) pour avoir causé la mort de Llew, Huan étant l’autre nom de Llew, et tylluan étant le mot Gallois pour chouette. (Graves, 85)

Dans l’histoire, Blodeuwedd est transformée en une Chouette par Gwydion. En réalité, elle a été une Chouette pendant des milliers d’années avant que Gwydion ne naisse – la même Chouette qui est représentée sur les pièces d’Athènes comme symbole d’Athéna, la Déesse de la Sagesse. Sous ses deux aspects de Déesse de l’Amour et Déesse de la Sagesse, Blodeuwedd fait partie d’une pentade, elle-même représentant le Printemps et l’Été, respectivement. Les cinq déesses sont Arianrhod la Déesse-Naissance ; Arianrhod la Déesse de l’Initiation ; Blodeuwedd la Déesse-Amour ; Blodeuwedd la Chouette, Déesse de la Sagesse ; et Cerridwen la Déesse Truie ; qui ensemble représentent les cinq saisons de l’année ou les cinq voyelles du Calendrier Celtique des Arbres (Graves, 315).

Ainsi, nous pouvons le voir dans cette histoire, Blodeuwedd, sous son aspect de Déesse-Amour (Printemps), est le pouvoir de transformation derrière Llew Llaw, qui après sa mort, de la main de Gronw, prend la forme d’un aigle. Son père le trouve et lui redonne sa forme humaine, suite à quoi Llew tue Gronw, l’amant de Blodeuwedd, de la même façon qu’il a été tué, par une lance dans le flanc. Et donc Llew règne à nouveau à la place de Grown. Blodeuwedd est elle-même transformée sous son second aspect, la Déesse de la Sagesse (Eté), qui est la prochaine lune qui conduira l’âme d’Hercule, sous la forme d’un aigle, aux Cieux, et en compagnie des Immortels. (Graves, 126).

[Traduction à suivre]

  • Chêne / Duir : Je suis un dieu qui met le feu à la tête avec de la fumée – c’est-à-dire, qui donne l’inspiration

Bibliographie :

  • Graves, Robert. The White Goddess. 1948. The Noonday Press, New York, NY.

 

[Saille] Un panier à offrandes

Deux jours avant la pleine lune, je suis partie à la rencontre d’un Saule. Après avoir arpenté un ruisseau un long moment, j’en ai trouvé un qui a bien voulu me donner une baguette et une brassée de branches pour faire un panier à offrandes et refaire mon stock d’herbes à potion ! ;) Tout le temps que j’ai passé avec lui, une petite couleuvre était là dans ses branches à prendre les rayons du soleil… Avant de repartir, je lui ai laissé quelques cadeaux, une pièce de monnaie, des cristaux de quartz et un morceau d’écorce de pin…

Saule par pholiane
Saule par pholiane

Et après un peu de travail voilà un petit panier de forme très spéciale ! La confection de ce panier a resserré les liens entre nous avec une étonnante facilité. Si vous avez l’occasion de croiser la route d’un Saule qui veut bien travailler avec vous, n’hésitez pas! Même si le panier ne ressemble à rien en apparence, il est déjà une véritable offrande !

Panier à offrande par pholiane
Panier à offrandes par pholiane
Panier à offrande par pholiane
Panier à offrandes par pholiane

[Saille] L’ogham du saule par Stephanie Woodfield

Extrait de « Celtic lore and spellcraft of the Dark Goddess – Invoking the Morrigan » de Stephanie Woodfield
Traduction et adaptation : Siduri

Signification divinatoire : intuition, flash psychiques, influences de la lune, secrets révélés.

Renversé : se sentir dépassé, besoin de contrôler ses émotions. Bouleversement émotionnel.

Le nom botanique de cet arbre, salix, pourrait venir du mot celtique sal qui signifie « près » et lis qui signifie « eau », faisant référence à l’amour du saule pour les bordures de rivières et les marais. Les Celtes laissaient des offrandes aux Dieux dans les rivières et autres cours d’eau. Les rivières étaient perçues comme des seuils vers les Autres Mondes, où il était possible de communiquer avec les Dieux. Dans le Word Ogham of Morainn Mac Moin, la phrase « clameur des non vivants » est connectée à cet ogham, faisant référence à la relation de Saille avec le monde des esprits plutôt qu’avec la mort.

Usages magiques : travaux psychiques, développer ses compétences psychiques, rituels lunaires.

S pour Saile [Déesse Blanche]

S pour SAILE

Extrait de l’Alphabet des Arbres, La Déesse Blanche. Robert Graves.

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Le cinquième arbre est le saule, ou osier, qui, en Grèce, était consacré à Hécate, Circé, Hèra et Perséphone, toutes aspect de la mort de la triple Déesse-Lune. Il fut très en honneur chez les sorcières. Comme le dit succinctement Culpeper dans son Herbier Complet : « Il est sous la complète dépendance de la Lune. » Sa relation avec les sorcières est si forte dans le nord de l’Europe que les mots « sorcière » et « malfaisant » (witch et wicked) y viennent du même ancien mot pour saule (willow) qui devient parfois osier (wicker). Le « balai de sorcière » dans la campagne anglaise est encore composé d’un manche de frêne et de petites branches de bouleau liées par de l’osier : les branches de bouleau pour qu’à l’expulsion des mauvais esprits il n’y en ait pas à demeurer empêtrées dans le balai et le manche de frêne en guise de protection contre la noyade (les sorcières deviennent inoffensives lorsqu’on les prive de leurs balais et qu’on les jette dans l’eau courante) ; les ligatures sont en osier en l’honneur d’Hécate. Les sacrifices humains druidiques étaient offerts en période de pleine Lune dans des corbeilles d’osier ; quant aux silex trouvés dans les tombes, ils étaient taillés en forme de feuilles de saule. Le saule (helice en grec, salis: en latin) donna son nom à Hélicon, le séjour des neuf Muses, prêtresses orgiaques de la Déesse-Lune. On sait que Poséidon avait précédé Apollon comme chef des Muses à l’époque où c’était lui qui avait été le gardien de l’oracle delphique ; aux temps classiques, en effet, un bosquet lui était encore consacré sur l’Hélicon. Selon Pline, un saule poussa hors de la caverne crétoise où naquit Zeus ; enfin, parmi ses commentaires à propos d’une série de monnaies de Gortyne, en Crête, A. B. Cook, dans son Zeus, suggère qu’Europe, qu’on y voit assise dans un saule, un panier d’osier à la main, tandis qu’un aigle lui fait l’amour, n’est pas seulement Eur-ope (« Celle à la Face Large »), c’est-à-dire la pleine Lune, mais Eu-rope. (« Celle du Saule-Osier bien venant ») alias Hélice sœur d’Amalthée. Porter du saule au chapeau pour se désigner comme un amoureux éconduit semble avoir été d’abord un charme contre la jalousie de la Déesse-Lune. Le saule lui est consacré pour de  nombreuses raisons ; c’est l’arbre qui affectionne le plus l’eau, or la déesse de la Lune passe généralement pour la dispensatrice de la rosée et de l’humidité ; ses feuilles et son tronc, sources de l’acide salicylique, sont souverains contre les crampes rhumatismales que l’on pensait autrefois  être causées par le pouvoir des sorcières. Le premier oiseau orgiaque de la déesse est le torcol*, ou oiseau-serpent, ou épouse du coucou, un migrateur printanier qui siffle comme un serpent, se couche de tout son long sur une branche, dresse la tête lorsqu’il est en colère, tord son cou dans toutes les directions, pond des œufs blancs, mange les fourmis et porte des marques en V sur ses plumes comme celles sur les écailles des serpents oraculaires dans l’ancienne Grèce, enfin niche toujours dans les saules.

En outre, le liknos, ou tamis anciennement utilisé pour vanner le blé, était fait en saule. C’était à bord de tels grands tamis, ou cribles, que les sorcières du nord Berwick allaient sur la mer au cours de leurs sabbats, à ce qu’elles confessèrent au roi Jacques 1er. Une célèbre peinture grecque de Polygnote, à Delphes, représente Orphée recevant le don de l’éloquence mystique en touchant des saules dans un bosquet appartenant à Perséphone ; il convient d’y rattacher l’injonction du Chant des Arbres de la Forêt : « Ne brûlez pas le saule, arbre sacré pour les poètes ».

Le mois s’étend du 15 avril au 12 mai et le 1er mai, célèbre pour ses ébats orgiaques et sa rosée magique, tombe au milieu. Il est possible que le fait de porter des branches de marceau (espèce de saule) le dimanche des Rameaux, fête variable tombant le plus souvent au début d’avril, soit une coutume qui concerne en réalité le début du mois du saule.

* Les Athéniens, pourtant, célébraient la fête de Cronos au début de juillet, pendant le mois de Cronion ou Hécatombéïon (« Cent Têtes ») appelé aussi à l’origine Nékusion (« le Mois du Cadavre ») par les Crétois et Hyacinthion par les Siciliens pour rappeler Hyacinthe, le double de Cronos. La récolte de l’orge tombe en juillet, si bien qu’à Athènes, Cronos devenait Sabazios, « Jean-grain d’orge », le premier à apparaître au-dessus du sol à l’Équinoxe de printemps ; on célébrait joyeusement sa multiple mort à la fête des moissons. Il avait longtemps perdu ses relations avec l’aune bien qu’il partageât encore un temple à Athènes avec Rhèa, la Reine de l’Année gardée par un lion, qui était son épouse de la Saint-jean et a qui le chêne était consacré en Grèce.

* On surnommait Dionysos Iyncgies, « du torcol », parce que l’oiseau jouait un rôle dans un ancien charme érotique. Callimaque, le poète du IIIème siècle avant notre ère, dit que le torcol avait servi de messager à Io pour attirer Zeus dans ses bras, et son contemporain Nicandre de Collophon rapporte que neuf filles de Piérie qui rivalisaient avec les Muses furent transformées en oiseaux dont l‘un était le torcol, ce qui signifie que le torcol était consacré à la Déesse-Lune originelle du mont Piérie dans le nord de la Thessalie (voir chapitre XXI). Il était également sacré en Égypte et en Assyrie.