Puissiez-vous être béni… [Tree Mothers]

Puissiez-vous être béni

Puissiez-vous être béni…
Par la tendresse du Bouleau,
Par la protection du Sorbier,
Par les racines et les branches du Frêne,
Par le bouclier d’Aulne,
Et la paix et le réconfort du Saule,
Par la magie de l’Aubépine, la force du Chêne et le courage du Houx,
Par la sagesse du Noisetier et la folie divine et guérisseuse du Pommier,
Par la créativité de la Vigne, la ténacité du Lierre, la guérison du Genêt,
Par la magie du Prunellier et la sagacité du Sureau,

Puissiez-vous être béni par les Arbres.

Puissiez-vous vraiment vivre dans…
L’amour du Sapin,
La confiance de l’Ajonc,
La résilience de la Bruyère,
La sincérité du Tremble,
Et la dévotion de l’If.

Puissiez-vous être entouré par Koad, le Bosquet Sacré,
Par les deux cercles de Lumière et d’Amour, du Soleil et de la Lune,
Pour toujours,
Et puisse votre esprit rester toujours Vert.

Par Mut Danu, extrait de Tree Mothers. Traduction Fleur de Sureau.

Chapitre 29 : Quelques réfléxions sur la Féerie [Tree Mothers]

Chapitre 29 : Quelques réfléxions sur la Féerie

Voici deux articles déjà parus en français dans le magazine Lune Bleue, solstice d’hiver 2008. Ici, je m’appelle Mut Danu, qui est mon nom de prêtresse.

Les Portes de la Faery, par Mut Danu.

Bien loin d’être de vieilles et ennuyeuses histoires tout juste bonnes à être lues à l’heure du coucher, très éloignées des histoires modelées pour les enfants dont ils ont pourtant l’image, «les Contes de Fées» cachent en eux une mine féconde d’informations sur le monde de Faery et ses coutumes. Dans les pays celtiques, la croyance populaire, source de renseignements et d’enseignements inépuisable, était partagée entre tous, jeunes, vieux, hommes, femmes, au moyen des histoires que l’on raconte le soir au coin de l’âtre, ou bien, moins solennellement, autour d’une pinte de bière dans les soirées enfumées de la taverne locale. Mais plus qu’une invitation indiquant l’emplacement des portes de Faery, les Contes servaient aussi d’avertissements, de réels panneaux signalétiques indiquant «Ne pas entrer», protégeant celles et ceux qui souhaiteraient vivre une vie «normale», loin de l’agitation et du tumulte de Faery, d’entrer dans ce monde lointain et pourtant si proche du notre.

Ainsi, nous apprenons comment de pauvres âmes sont entrées en Faery par accident… Que ce soit en tombant malencontreusement d’un cheval, en passant par un chemin humide et encombré, en tombant très malade un jour ou en s’endormant, las, au pied d’un arbre, en étant dérouté par le brouillard ou le mauvais temps, en voulant répondre à une supplique entendue dans la forêt la nuit ou en découvrant une porte fermée qui s’ouvre magiquement à leur approche. Les Contes transportent alors les auditeurs dans une histoire où ils apprennent ce qui arrive en Faery… Ils ne doivent ni manger ni boire et encore moins accepter les cadeaux qui les condamneraient à devenir débiteurs de leur «gentil» donateur, ou à servir la Reine de Faery pour les sept années à suivre. Les frusques et la poussière peuvent parfois prendre l’aspect de riches vêtements ou d’or étincelant pour celles et ceux qui ne savent pas voir au-delà des apparences, et accomplir l’aller-retour entre les mondes laisse toujours des traces chez le voyageur, très souvent pour le pire… Parfois le visiteur de Faery repart avec, entre les mains, de l’or réel ou des cadeaux, comme la capacité de guérison ou un don musical. Cependant, il existe systématiquement un élément de danger inhérent à ce monde, dont parlent aussi bien les contes traditionnels que les livres modernes traitant du sujet.

Alors pourquoi quelqu’un voudrait-il ouvrir la Porte, de sa propre volonté, et ainsi courir un risque ? La raison profonde dépend de chaque individu. La plus probable et commune est le désir ardent d’éprouver quelque chose, un sentiment, un ressenti, qui va bien au-delà d’une vie considérée comme «normale». D’autant plus dans nos sociétés modernes aseptisées et conditionnées. Une autre raison pourrait être le fait qu’un individu se soit déjà aventuré en Faery en tant que «voyageur accidentel», et cherche à s’y rendre de nouveau, mais cette fois, en tant qu’explorateur volontaire, à la recherche de la connaissance et avec l’espoir d’acquérir la sagesse qui doit aller avec. Il est aussi possible qu’une personne soit tombée sur un livre ou un texte décrivant une visualisation, une méditation guidée qui ouvrent les portes de Faery et soit curieuse de tenter l’aventure par elle-même. Une chose est cependant certaine, les Contes de Fées nous préviennent de nous tenir à l’écart de ce monde superposé au nôtre et aucun d’eux n’explique réellement comment y entrer délibérément.

Il n’existe que peu d’instructions écrites en ce qui concerne la façon de se rendre en Faery, à cause des limites naturellement imposées par l’écriture et les mots qui ne peuvent rendre la complexité de ce monde. Vous pouvez lire sur la Faery du crépuscule à l’aube sans rien, jamais, y comprendre. La seule façon d’y arriver est d’aller voir par soi-même. Découvrir de ses yeux, ce monde non physique qui existe en parallèle du nôtre. Cet univers devrait être perçu comme un endroit réel, peuplé par des êtres réels et où des événements réels arrivent, bien qu’il existe d’une façon différente de celle que l’on conçoit généralement, en paramètres de matière et de temps. La découverte de la clef qui ouvre la porte vers Faery implique «la suspension de l’incrédulité», c’est-à-dire la mise de côté de la réalité que nous considérons comme «normale» afin d’acquérir une expérience de ce plan non physique. La clef ne peut être trouvée que profondément dans notre imaginaire. La vie quotidienne que nous appelons aussi «la culture moderne» nous force à dévaluer le pouvoir de l’imagination. En fait, c’est notre imagination qui est notre source personnelle de puissance et d’énergie, qui nous anime depuis la plus tendre enfance. Pour les enfants, les portes menant vers d’autres mondes sont grandes ouvertes, tout le temps ! C’est seulement en grandissant que nos esprits ferment ces portes pour ensuite les laisser finalement closes et en jeter les clefs au fond d’un puits vaseux au plus profond de notre conscience. Finalement, la pensée de voyager de notre réalité à un monde non physique devient aussi impossible à appréhender que l’idée que nous pourrions marcher au travers d’un mur ! Quelques adultes utilisent des drogues hallucinogènes comme clef pour ouvrir des portes de la réalité non physique, mais pourquoi endommager notre corps inutilement ? Quand vous comptez sur un raccourci pour apprendre quelque chose de nouveau, vous ne l’apprendrez jamais totalement comme vous le devriez. Rendre vie et corps à notre imaginaire en tant qu’adulte est un travail ardu alors que ce devrait être… un jeu d’enfant. Pensez à cela un moment et vous réintégrerez la voie qui vous mènera à la réouverture des portes par les voies les plus naturelles qui soient. Comme je l’ai déjà mentionné, puisque le royaume de Faery est basé sur l’expérience individuelle, rien de ce que je pourrais vous dire ne vous serait d’une aide quelconque si vous ne l’essayez pas par vous-même. Ce que je peux néanmoins faire, c’est partager un peu de mon expérience personnelle et vous offrir certains conseils. Le reste vous appartient : votre capacité innée à l’imaginaire, votre persistance et peut-être un peu de chance vous mèneront au-delà des mondes…

Mon expérience personnelle inclut des souvenirs d’enfance vagues, de points d’entrée et de visites en Faery qui ont brusquement cessé pendant l’adolescence pour ensuite reprendre à nouveau, une décennie plus tard. Au début de la vingtaine, je méditais consciencieusement, m’attelant à la création d’un refuge silencieux, réceptif et personnel dans mon esprit. Dans le même temps, j’ai commencé à faire des rêves lucides (lorsque le rêveur est actif comme dans la vie éveillée) et spontanément, j’ai retrouvé les sensations qui avaient toutes les caractéristiques de ce que j’appelle aujourd’hui «le voyage». Parfois j’ai volé vers Faery, ou j’ai nagé ou encore, j’ai flotté dans un bateau perdu avant de poser pied sur les rivages familiers de cet autre monde. Parfois, éveillée, j’ai «vu» des images et les événements en surimpression sur le paysage que mon regard percevait vraiment, de la même façon que si vous teniez une image imprimée sur du plastique fin et transparent devant vos yeux. Ces visions étranges étaient aussi inquiétantes qu’excitantes. Tout que j’essayais de faire était une sorte de méditation zen que j’avais lue. Aucune des personnes que je connaissais ne méditait alors, me laissant seule parcourir les paysages de mes rêves afin de converser en compagnie d’une étonnante vieille femme. Quoique j’aie désespérément ressenti le manque de guide réel, j’ai continué au petit bonheur mes expérimentations et j’ai commencé à essayer d’entrer dans l’Autremonde réellement délibérément. Après quelque temps, j’ai remarqué que je retournais systématiquement dans les mêmes endroits, lors de mes songes, lorsque je souhaitais entrer dans l’Autre Monde… Une descente de marches de pierres humides et inégales, une rivière souterraine froide et apaisante ; ou encore la découverte d’un certain arbre dans la forêt ; ou enfin en ouvrant une lourde porte en bois craquante. Cela m’a pris vingt ans de pratique informelle avant que je ne découvre enfin les premiers livres sur la Faery et que je sois, dans le même temps, formée à la voie de la Prêtrise, qui incluait les Arbres Sacrés et les rituels de Faery comme faisant partie de l’étude. Finalement vint une reconnaissance de la part d’autres gens qui avaient voyagé, tout comme moi !Voici un conseil en or pour ce qui est de la découverte de Portes, en vue de voyager : chacun trouve ses portes propres ! Conseil étrange, mais je m’en explique : Puisque notre réalité humaine physique est à peu près la même pour toutes et tous, la forme des Portes est souvent aussi la même… Une caverne, un passage ombragé, un chemin sauvage. Même si la vie moderne et la technologie ont changé radicalement ces cent dernières années, la Faery dépend du monde naturel et l’esprit humain a besoin de trouver des portes qui reflètent cet état. Peut-être la forme «physique» de votre Porte sera inhabituelle, à l’instar de Jack qui à trouvé la sienne en montant grâce aux racines du haricot magique. Je suis parfois partie en grimpant le long d’une échelle de corde. Que vous ayez déjà traîné vos guêtres dans l’Autre Monde ou que ce soit la première fois que vous lisiez un texte traitant de Faery, vous pouvez y arriver. La facilité avec laquelle vous voyagerez dépendra probablement un peu de vos capacités naturelles et certainement aussi de la pratique que vous avez. Utilisez la méditation et apprenez à créer un espace de liberté à l’intérieur de vous même. Vous ne pouvez pas aller n’importe où ni bien loin, avec une tête pleine de désordres quotidiens et d’inquiétudes. Pratiquez la visualisation. Vous pourrez trouver, si cela vous aide, nombre de supports visuels imprimés ou sur internet. Essayez des visualisations différentes et voyez ce qui fonctionne le mieux pour vous. Prenez l’habitude de tenir un «journal de voyage», ça aide. Mais plus que tout, donnez de l’importance à votre pratique spirituelle et croyez en votre expérience propre.

Dans le même temps, souvenez-vous des précautions inhérentes à la Faery !Premièrement, ne parlez pas de Faery ! Seules les personnes qui sont déjà parties en Faery peuvent entendre votre expérience. Rappelez-vous que la plupart des gens craignent et détestent tout ce qui s’écarte un tant soit peu de la «norme». Parler de voyages dans «l’Autremonde» ne facilitera pas votre intégration dans la vie «réelle».

Deuxièmement, ne prenez pas d’amant en Faery ! Cela pour deux raisons :

  1. Un rapport de ce type en Faerie vous empêcherait d’avoir des relations dans votre vie de tous les jours et
  2. tomber amoureux en Faery risque de vous rendre la vie quotidienne insupportable. Gardez une vie équilibrée et les pieds fermement ancrés dans la terre ferme!

Troisièmement, vous ne devez pas accepter de manger et boire quoi que ce soit dans le monde de Faerie, mais vous devez impérativement manger dans le vôtre ! Un nouvel avertissement qui vous encourage à vous occuper de votre physique et à garder votre équilibre. La Faery donne la nourriture et la connaissance à votre âme, mais votre corps ne peut pas survivre avec les douceurs de ce monde. Les histoires de malheureux partis en Faery et qui ont ensuite perdu pied après leur retour au monde réel, ou des rares gens de Faery qui essayèrent sans succès de vivre entièrement dans le monde physique en sont des exemples évocateurs.

Quatrièmement, ne vous rendez pas en Faery si c’est par cupidité et simple recherche d’or ! Prenez ceci comme un avertissement, au cas où vous projetteriez de faire de l’argent grâce à ce que vous avez appris en Faery. Ainsi si vous deveniez vraiment un expert de Faery et que vous souhaitiez «utiliser» cette connaissance comme le ferait un tour-opérateur, gagnant de l’argent en proposant des ateliers payants dans de luxueux hôtels… Prenez garde ! Les «chercheurs d’or» risquent de se sentir humiliés lorsqu’ils se rendront compte que la «mine d’or» tant espérée n’est en fait que cendre et poussière. Tous les Contes sont d’accord, seul le chercheur gentil, humble, ressort de Faery doté d’un trésor réel. De plus, les cadeaux que font traditionnellement les gens de Faery aux mortels sont le plus souvent aussi intangibles que ce que l’on nomme la «bonne fortune» ou encore la capacité de guérison ou bien un don pour la musique, la compréhension des langages animaux et végétaux ; ou encore la connaissance, en général, ainsi que la sagesse de savoir comment l’utiliser à bon escient…

La liste des traditionnels conseils à suivre est à la fois courte et simple :

  • Partez avec des intentions claires et un cœur pur, soyez polis avec celles et ceux que vous croiserez dans l’Autremonde ;
  • venez en aide aux Vieilles femmes qui vous demandent un petit service, ne faites pas de promesses que vous ne pouvez pas tenir, décidez de votre propre chemin et ne laissez personne vous dicter ce que vous avez à faire en Faery.
  • Si vous vous trouvez dans une situation inconfortable pendant une visualisation ou un voyage, rappelez-vous de ce que les vieux Contes vous enseignent et faites face en faisant quelque chose de complètement mystérieux et incorrect ; en mettant vos vêtements à l’envers par exemple, en parlant charabia et en sautant sur un pied en tapotant le sommet de votre tête afin de détourner l’attention suffisamment longtemps pour vous permettre d’ouvrir une porte et retourner au monde physique. Vous pensez que je plaisante ? Pas du tout, il m’est déjà arrivé de devoir faire cela, bien que rarement.

Redécouvrez vos Contes de Fées préférés, ils seront les meilleurs guides que vous pourrez trouver !

Le monde de Faery n’est pas éloigné du nôtre. Il est entrelacé avec notre monde. Vous en trouverez la clé en vous et vous arriverez à en pousser l’huis à la force de votre imagination. La patience et la Pratique ouvrent les Portes.

Bon Voyage,

Mut Danu, HPS

Traduction par Kamiko

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Mut Danu est une Grande Prêtresse et aînée de la Tradition Dianique «Apple branch». Elle est active aux États-Unis avec le coven «From the branch» et d’autres groupes de femmes inspirées par la Déesse. Elle a fondé en France La Branche du Pommier et est membre de la Ligue Wiccane Éclectique.

Interview. Table Ronde Faery. Interview pour le magazine Lune Bleue, solstice d’hiver 2008. 

Lune bleue : Pour commencer, et en guise d’introduction afin que tout le monde sache de quoi nous parlons, pouvez vous nous donner votre définition de ce qu’est la «Faery» (Féerie) ?

Mut Danu : Ma définition personnelle de ce qu’est la Faery, c’est qu’il s’agit de «l’image» qu’a la Terre de sa propre existence, une vision idéalisée de sa propre vie. Tout ce qui compose la planète, la roche, l’eau de mer, le magma, l’air, les plantes, les insectes, les animaux (humains inclus)… Nous sommes tous une petite partie de cette «image» particulière. Je crois que chaque particule de terre est d’une façon ou d’une autre connectée au Tout et ce, avec une conscience qui lui est propre… Oui, même les cristaux, la boue et le plancton !Nous sommes des humains, pourvus d’une grande intelligence et d’un esprit critique. Notre propre «image» de la réalité est constituée de diverses couleurs et nous l’appréhendons en trois dimensions, elle est peuplée d’êtres qui peuvent provenir aussi bien d’une conscience humaine collective, visuelle et verbale, que d’un environnement dans lequel nous nous déplaçons «ici bas» qui n’est, somme toute, pas si différent du monde dans lequel nous nous déplaçons «en haut» et qui ressemble à ce que nous voyons dans les rêves et les visions.
Ainsi, pour parfaire la définition, visualisez un miroir : sur un côté réside la réalité telle que nous la vivons chaque jour, dont je doute que la plupart d’entre nous puisse dire qu’elle est «parfaite» ou «idéale». De l’autre côté du miroir, à la place d’un sentiment de stress, de pollution et de désunion, vous pouvez sentir une palpitation de vie qui vous entoure, qui vous traverse. C’est l’énergie, la conscience de la Terre. Une connexion entre Elle et les autres êtres vivants, tissée grâce aux fils de la vie. En ce qui me concerne, c’est comme si la Terre voyait cette image de la Faery comme une sorte de système immunitaire. C’est sa façon à Elle de résister à la saleté, au stress et la lutte qui la blesse de notre côté du miroir. Une autre description, plus claire, pourrait être que la Faery est la lueur perçue par les humains du rêve de Gaia-Terre.

Lune bleue : Pour quelle raison avez vous été attiré(e) par cette tradition plutôt qu’une autre ? Est-ce l’aboutissement d’un chemin spirituel et depuis quand pratiquez-vous ?

Mut Danu : La Faery fait partie intégrante de ma vie depuis 4 ans, ou depuis plus de 40 ans, selon que vous vouliez dire par-là pratiquer consciemment ou par «accident». Lorsque j’étais enfant, je me souviens avoir été convaincue qu’il y avait des «Fées» qui jetaient un coup d’œil vers moi de derrière les arbres, dans les vieilles forêts qui poussaient autour de notre maison familiale. Il y a 25 ans, j’utilisais déjà les mêmes «portes» que j’utilise aujourd’hui, sans les appeler «Faery», parce que je ne connaissais pas encore ce terme. Dans la Tradition de la «Branche de Pommier» (La branche Francophone de la tradition américaine, et Apple Branch USA), les rituels que nous pratiquons avec les Arbres Sacrés sont tirés d’un mélange de «Old Dianic Tradition» (Vieille Tradition Dianique) et Faery Faith (de Foi «Féerique»). J’ai commencé par un amour pour les Arbres au travers de la «Apple Branch» et j’ai découvert ensuite la Faery Faith au fur et à mesure que me venait la connaissance de l’Arbre. Hormis mes recherches personnelles, j’ai beaucoup appris des écrits de RJ Stewart, qui a étudié le sujet en profondeur et a partagé ses expériences en tant que membre de la tradition du Monde d’en Bas, mais aussi dans ses livres. En particulier «The Earth Light» et «The power of the Land» (note de Fleur de Sureau: « Power Within the Land »). J’ai trouvé une résonnance forte entre son travail et ce que je faisais déjà.

Lune bleue : D’ordinaire, on constate beaucoup de confusion lorsque les gens qui ne connaissent pas cette tradition souhaitent en parler ou s’y intéresser. En étant un peu plus spécifique, la Faery s’apparente-t-elle pour vous à une pratique spirituelle, un folklore, à la fantaisie ou un peu de tout cela ? Pourriez-vous expliquer votre point de vue ?

Mut Danu : C’est à la fois une pratique spirituelle et un endroit consacré à l’étude. C’est comparable à l’observation d’une pierre ordinaire, lorsque vous la portez à votre regard pour la découvrir, pour étudier ce morceau de nature si étonnant à explorer. Pour moi la Faery n’est pas tirée d’un monde de «Jeu de rôle», quoique je croie vraiment que «les Contes de fées» du folklore sont en fait les restes écrits des traditions orales du monde de Faery.

Lune bleue : Selon vous où est située la Faery ? Comment peut-on y accéder ?

Mut Danu : La question la plus difficile de toutes ! Je pense que l’une des raisons pour lesquelles il y a si peu de textes sur les différentes traditions Faery et tant de demandes insistantes sur le besoin d’initiation dans ces mêmes traditions, est parce qu’il s’agit d’une tradition qui relève entièrement de l’expérimentation ! J’ai constaté que même lorsqu’on pratique de façon régulière la tradition Faery comme c’est mon cas, les résultats ainsi que la possibilité de garder souvenir de ce que l’on y apprend est variable.La Faery est à la fois proche et éloignée. On peut y avoir accès de manière très simple, comme lorsqu’on ouvre une porte, mais parfois, vous pourrez tenter de forcer cette même porte tant que vous le souhaiterez, rien ne se passera. Avec le temps, j’ai appris que lorsque, pour une raison quelconque, je ressens des difficultés répétées à entrer, la meilleure chose à faire est de m’occuper l’esprit à autre chose pendant un moment… Une promenade au grand air par exemple, ou bien me salir les mains à jardiner… Il m’est arrivé de rester des mois sans ressentir le fait que j’étais «entrée» en Faery. Tenter de forcer l’entrée ne fonctionne jamais .Il existe cependant ce que j’appellerais des «portes», des supports de méditation qui m’ont servi de nombreuses fois a arriver à un certain endroit, d’où je peux alors commencer mon voyage…

Lune bleue : A votre connaissance existe t-il des liens entre la Faery et Avalon, Le Sidh ou les Tuatha de Danan ?

Mut Danu : De ce que j’en sais, les liaisons entre le mythe, la légende, le folklore et la Faery existent car on note une similitude notable entre des noms, des personnages qui sont reconnaissables par les gens vivant en un endroit particulier, faisant partie d’une même communauté. Par exemple : les gens dans les Îles du Pacifique décrivent les habitants de Faery d’une façon particulière, ce que font aussi les Islandais ou les résidents des pays celtiques. Pour répondre à la question, Avalon, le Sidh et Tuatha de Danan appartiennent, de fait, à la culture celtique et sont donc en lien avec celle-ci. D’autres peuples ont des noms différents et des légendes personnelles pour décrire leur rapport avec la Faery.

Lune bleue : En quoi les liens entre votre tradition et le peuple fae sont-ils importants ? Comment sont les relations entre le petit peuple et vous ?

Mut Danu : Apple Branch est une Tradition Dianique qui s’est mélangée avec la pensée Féministe Dianique, la «Old Dianic Tradition» (Vieille Tradition Dianique) ainsi que les rituels de Faery Faith (de Foi «Féerique»). Il ne s’agit pas de tradition Faery pure. Nous travaillons largement avec les Arbres Sacrés de l’Ogham et c’est dans ce contexte que se comprend notre parenté avec la Nature dans sa globalité. Mon travail personnel avec la Faery se concentre sur les rapports avec les esprits des Arbres, quoique je me sois inopinément et spontanément réalisée par le biais de la communication avec d’autres êtres pendant mes voyages en Faerie.

Lune bleue : Pourriez vous citer des êtres, fées ou personnes légendaires, liés selon vous à la Faery ? Pour quels raisons le sont-ils ?

Mut Danu : Un des êtres légendaires dont on rapporte la rencontre régulièrement est un être qui ressemble à Merlin ou du moins, à un druide âgé, de sexe masculin. Je pense que cette personne est un enseignant, mais peut- être n’est ce qu’un des nombreux êtres identiques à lui qui répondent à celles et ceux qui souhaitent apprendre, lorsque ceux-ci font appel à ses services.

Lune bleue : Mut Danu : Mon expérience directe avec des gens de Faery est surtout liée aux esprits qui restent près de leurs Arbres. Quand je vais en «Faery» c’est avec le désir d’apprendre et ainsi la plupart des habitants que je rencontre ressemblent à des enseignants ou des aspects de la Déesse. Je me suis parfois retrouvée en Faery pendant une promenade dans la forêt, ou lors d’une méditation, me trouvant là sans but spécifique. Souvent, durant ces moments, j’ai reçu un message ou ai appris quelque chose d’inattendu qui m’a aidé sur ma voie. Une fois je me suis trouvé dans un paysage qui, je l’ai compris plus tard, ressemblait beaucoup à celui du choix donné à Thomas le Rimeur (nd kamiko : «Legend of Thomas the Rhymer». Selon la légende, Thomas était un poète écossais qui fut enlevé par les fées et revint de l’Autre Monde doté du don de prophétie, un don qui, dans la grande tradition du pays de Faery, peut parfois être source de bien des tourments. Ici, la Légende se confond avec l’Histoire, puisque Thomas le Rimeur a bel et bien existé : né Thomas de Learmouth, ce noble écossais du XIIIème siècle composa de nombreuses prédictions sous forme de poèmes, souvent énigmatiques). J’ai eu une surprise énorme le jour où j’ai lu le passage où trois routes sont proposées à Thomas : le chemin droit, le chemin rocailleux et le chemin de mûres sauvages. J’avais déjà été dans cet endroit ! Je n’ai choisi aucun des trois, mais suis plutôt revenu sur mes pas et j’ai continué le long de la route en direction d’une ville de Faery dans laquelle je retrouvais les mêmes points de repère que dans mon propre village, ici, en France. C’était comme si la ville de Faery et mon village étaient superposés l’un à l’autre, comme des couches transparentes. Expérience très intéressante.

Lune bleue : Quels sont les pratiques spécifiques liées à la Faery ? S’il y en à une qui vous semble importante ou qui vous plait particulièrement, pourriez-vous la détailler plus explicitement ?

Mut Danu : Il y a probablement autant de pratiques particulières qu’il y a de pratiquants. Mes pratiques propres ont été inventées pour m’aider à apprendre. Elles comprennent souvent un élément de «service»… à la communauté humaine, mais aussi à la conscience planétaire. Une autre pratique, que beaucoup d’entre nous utilisent avant un rituel, consiste à nous connecter avec le ciel et la terre. Lorsque nous plongeons dans les mondes inférieurs puis remontons, nous devenons alors un canal de cette conscience planétaire et, en tant que tel, nous avons la possibilité de puiser au cœur d’une grande source d’énergie qui peut être utilisée pour la guérison.

Lune bleue : Mélangez-vous la Faery à d’autres pratiques spirituelles ?

Mut Danu : Oui, comme je l’ai mentionné plus haut, la tradition «Apple Branch» a mélangé la sorcellerie du Féminisme Dianique, la «Old Dianic Tradition» et la Faery Faith.

Lune bleue : A votre avis, y-a-t-il un danger inhérent à la pratique de la Faery ?

Mut Danu : Je pense qu’avec n’importe quelle tradition spirituelle ou méditation il est important de garder un pied dans le monde réel. Le folklore regorge d’histoires concernant des pauvres gens pris au piège en Faery, ou qui deviennent fous à leur contact. C’est une monde merveilleux à visiter mais lorsque vous vous trouvez en Faery, vous êtes coupés de la vie humaine quotidienne et c’est là que ça devient dangereux. Je veux dire par là qu’il est important d’avoir un emploi, de passer du temps avec ses amis et sa famille, d’avoir des passe-temps. Toute connaissance que nous tirons de la Faery est mieux utilisée lorsque nous la ramenons afin de la confronter à notre existence «mondaine». Je pars chaque jour avec mon chien en prenant un sac d’ordures avec moi, ainsi je peux ramasser les bouteilles de bière et les emballages de confiserie qui s’éparpillent sur les chemins que je parcours. La spiritualité n’est qu’une partie de ce que nous sommes et c’est dans la découverte de soi que nous permettons à une petite partie du rêve de Gaïa de prendre corps dans notre monde physique.

Les deux courants de la Wicca Dianique : Dianic Covenstead & Feminist Wicca

Les mouvements féministes, gays et écologistes ont contribué (non sans mal) au développement de la wicca américaine ainsi qu’à celui du reste du néopaganisme. Une étude de cas significative de ce phénomène, permettant de montrer à quel point il a pu mettre à l’épreuve les principes œcuméniques définis par le Conseil, peut être faite en étudiant la fondation de la tradition Dianic Wicca, Z. Budapest et Morgan Mc Farland. Le terme Dianic Wicca recouvre aujourd’hui un grand nombre de groupes, que l’on peut rassembler en deux tendances principales. : Feminist Wicca (issue de Budapest) et Dianic Covenstead (tendance McFarland).

Comme son nom l’indique, Z. Budapest est d’origine hongroise. L’arbre généalogique de sa famille remonte à 1270. Il y a toujours eu des herboristes dans sa famille ; plusieurs de ses ancêtres étaient guérisseurs, et son père, médecin, tenait également une pharmacie-herboristerie. Budapest se souvient de sa mère prédisant l’avenir, entrant en transe et en communication avec les morts. Sa mère était artiste et son art témoignait, d’après Budapest, d’influences sumériennes. Elle décorait ses céramiques de motifs représentant l’arbre de vie, de symboles floraux (1), etc. Elle utilisait des incantations et, dit Budapest, « arrêtait le vent ». Elle décrivait ces pratiques comme peasant, et non pagan (il se trouve les deux notions — paysan et païen — sont désignées par le même terme en hongrois).

La famille émigre aux États-Unis après l’insurrection de 1954 pour fuir la répression soviétique. Budapest est encore adolescente. En arrivant à New York, elle prend conscience qu’il y règne une forme d’oppression : les fondations Ford et Rockfeller octroient des bourses d’études aux enfants des réfugiés hongrois, mais l’essentiel des fonds est distribué aux garçons ; les filles comme Budapest doivent travailler pour pouvoir bénéficier d’études secondaires. Dans ces conditions, les études universitaires sont hors de question. Budapest devient donc serveuse. Elle se marie et élève ses deux enfants, tout en continuant à travailler. Au bout de douze ans d’une vie harassante, Budapest fait une tentative de suicide. Alors, elle a une vision, et se remémore qu’elle est une sorcière : « j’ai recouvré mon authentique perspective de sorcière, et me suis souvenue qu’une sorcière envisage toujours la vie comme un défi », explique-t-elle. Budapest décide de tourner la page et part en auto-stop pour Los Angeles. Elle y découvre dans un journal l’annonce d’une manifestation d’un groupe féministe, le Women’s Liberation Movement, et décide de se joindre au groupe qu’elle rencontre à cette occasion. Budapest commence alors à parler de la Déesse à ces femmes. Elle leur communique son savoir sur les coutumes païennes qui ont survécu en Hongrie, et qui y ont perdu pour la plupart des Hongrois (mais pas pour elle) toute signification religieuse. Puis elle entreprend la lecture de toute la littérature disponible sur le culte dianique, en particulier les œuvres de Leland et de Murray, et tient ses premiers sabbats avec quelques femmes de son groupe. Un jour du solstice d’hiver 1971, à Vénice (Californie) un coven est créé. Les femmes du groupe le nomment le « Susan B. Anthony Coven n° 1 » (2).

Au début des années quatre-vingt, Z. Budapest transmet la direction de ce premier coven à la Grande-Prêtresse Ruth Barrett, qu’elle a initiée, et part pour Oakland où elle fonde un deuxième coven. Barrett change le nom du coven initial, choisissant de le nommer Circle of Aradia. Budapest donne à son second coven l’ancien nom du premier. À Oakland, elle fonde et dirige un centre de formation — Le Women’s Spirituality Forum — qui se fixe comme objectifs de faire connaître et d’amener au culte de la Déesse les membres de mouvements féministes et écologistes, et de restaurer (ou plutôt d’instaurer) la paix et la justice aux États-Unis. Le centre organise des congrès auxquels des féministes qui sont aussi des figures importantes du néopaganismes, comme Merlin Stone, Starhawk, Diana Paxton, Margot Adler et Budapest elle-même sont invitées à prendre la parole (3).

Alors même que Z. Budapest fonde le Suzan B. Anthony Coven n° 1 à Venice, un autre coven dianique est créé à Dallas, Texas (c’est-à-dire en pleine Bible Belt) par Morgan McFarland et Mark Roberts. McFarland avait passé son enfance en Orient où son père était un missionnaire protestant, puis elle s’était installée dans le sud des États-Unis, où elle avait été initiée dans un coven local ne se réclamant d’aucune tradition particulière et se dénommant simplement Witchcraft (4). Néanmoins, les rituels de ce coven étaient très inspirés de Graves, mettant l’emphase sur le culte de la Lune et sur les Mystères des treize mois lunaires et leur relation avec l’alphabet Beth-Luis-Nion de la Grande-Bretagne archaïque dont parle Graves. Quelques mois plus tard, McFarland lançait un magazine néopaïen éphémère, The Harp, avant de sortir de l’ombre et de créer un premier groupe néopaïen appelé The Seekers (La Quête) en 1972. Ce groupe publie une revue intitulée The New Broom (littéralement : ,nouveau balai). The Seekers devient bientôt un coven dianique mixte. Il est suivi d’un deuxième coven, réservé aux femmes, puis le groupe commence à essaimer.

Dianic Wicca est aujourd’hui l’une des branches les plus actives du néopaganisme wicca. Les adeptes de Dianic Wicca considèrent le véritable Craft comme une religion de femmes. Alors que la plupart des membres de la wicca reconnaissent Gardner comme leur père spirituel et respectent le principe de la double polarité masculin-féminin, les sorcières dianiques ne veulent reconnaître que Diana, celle de Murray, mais surtout celle de Leland, et aussi la Diane/Artémis des Romains et des Grecs. Le culte dianique des États-Unis est le culte de la Déesse, source de toute vie, source du féminin et du masculin, et comportant en elle des aspects du masculin et du féminin. Il y a là des échos de Graves, de Frazer, des théories de Jung et surtout de Neumann*. Chaque création de la Nature étant un enfant de la Déesse, ce culte se considère comme panthéiste, bien que les rituels soient consacrés uniquement à la Déesse : celle-ci est d’ailleurs célébrée sous trois aspects différents correspondant aux trois âges du féminin : Maiden-Creatrix (5), Great Mother (la Grande Mère) et Old Crone (la Vieille Femme), cette dernière détenant les clefs des portes de la mort et de la renaissance.

La plupart des covens dianiques sont composés exclusivement de femmes, mais ce n’est pas toujours le cas dans la tendance MacFarland. Comme les covens exclusivement féminins, les covens mixtes ont une approche strictement féministe en toute chose. Dans chaque cercle, la Grande-Prêtresse représente la Déesse. Elle est assistée lors des rituels par une très jeune fille, et parfois, dans les covens mixtes, par un Grand-Prêtre qui reconnaît son autorité. Le Grand-Prêtre et la jeune fille représentent l’époux et l’enfant de la Déesse. Cet époux entretient avec la Déesse le même type de relation qu’Osiris à Isis. Pour illustrer cette relation, les membres de Dianic Covenstead citent une phrase attribuée à Bachofen : « Immortelle est Isis, mais mortel est son époux, tout comme la création terrestre qu’il représente. » McFarland en est la Grande-Prêtresse et Mark Roberts son Prêtre. Dans cette tradition, ce sont toujours les femmes qui choisissent le prêtre, et celui-ci est révocable à tout moment. Les hommes y sont en position d’infériorité, mais, comme le dit Roberts (cité par Adler, 1997 : 124), « Je préfère être second sur un navire solide que capitaine d’un navire dont la coque est pourrie et qui ne va pas tarder à sombrer, ce qui est le cas du patriarcat. »

D’après Melton (1988 : 1220), certains covens dianiques croient à la parthénogenèse. Cette croyance se révèle aujourd’hui en quelque sorte en passe d’être légitimée par la découverte d’une technique particulière de procréation assistée : le clonage humain à partir d’une cellule maternelle.

Si MacFarland fut initiée au Witchcraft avant de devenir féministe, il est clair que Budapest était déjà féministe avant de devenir une sorcière féministe de la branche wicca et de fonder uncoven et la tradition Dianic Wicca. Mais il est également vrai qu’elle peut prétendre avoir été avant tout sorcière, par tradition familiale — une tradition que Bonewits qualifierait de « classique ». Il semble aussi que sa mère ait pratiqué ce que Bonewits appelle sorcery. Elle a recueilli en héritage — par imprégnation (c’est-à-dire sans bénéficier d’un enseignement systématisé) — certains savoirs magiques, transmis oralement et par l’exemple, de génération en génération. Dans cette tradition familiale, les rituels sont réduits au minimum. Ce qu’il reste de religieux dans cet héritage est également très simple et réduit au minimum. Il n’y a pas d’initiation à proprement parler. Il s’agit d’un savoir presque réduit au savoir-faire, un craft. Le contact avec le mythe ou la religion wicca importés d’Europe via Gardner et al. se fait dans un deuxième temps. Et ce, par l’intermédiaire de la lecture de la littérature wicca et non par initiation. S’ensuivent la création d’une tradition, avec l’adoption d’un mythe, de nouvelles structures, des initiations, et des rituels de plus en plus élaborés concernant non plus un individu, mais tout un groupe, qui y trouve une cohésion : il s’agit maintenant d’une religion – mais d’une religion assez éloignée des principes de la wicca tels que définis par le Council of American Witches, et cette particularité va créer de nombreux remous au sein du Craft étasunien.

(1) Sans doute s’agit-il de l’arbre huluppu et de la rosette d’Inanna, dont le mythe sera résumé ci-dessous. cf. Inanna, Queen of Heaven and Earth (Her stories and Hymns from Sumer) de Diane Wolkstein et Samuel Noah Kramer (1984), ouvrage que nous avons traduit en 1996.

(2) Susan Brownell Anthony (1820 – 1906) était une des figures éminentes du mouvement féministe américain du XIXe siècle ; elle s’est battue pour QUE le droit de vote soit accordé aux femmes.

(3) Ce récit est emprunté à Adler, 1997 : 76-77. Le groupe de Z. Budapest devient célèbre lorsque la « sorcière » féministe, qui utilisait le tarot, tombe en 1975, à Los Angeles, dans un piège tendu par une femme policier qui lui avait demandé de tirer les cartes et l’avait prise en flagrant délit. Budapest refusa de payer discrètement une amende et de retourner à ses activités occultes dans sa petite boutique qui avait pignon sur rue, comme le fon habituellement les centaines d’autres personnes arrêtées pour le même motif. Au contraire, elle proclama que son activité divinatoire était liée à sa religion. Elle fut arrêtée et emprisonnée, passa en jugement et fut condamnée, pour avoir enfreint la loi de Los Angeles, à payer une lourde amende. De nombreux témoins, dont les anthropologues avaient pourtant été cités par la défense, dont le slogan était « Hands off Wimmin’s Religion » (« On ne touche pas à la religion des Femmes. »)

(4) Les sources divergent quant au milieu professionnel de McFarland : Melton (1988 : 1220) en fait une journaliste, alors qu’Adler (1997 : 124) dit qu’elle a d’abord été mère au foyer, puis a donné des conférences sur le féminisme et le witchcraft, pour finir par monter un commerce florissant de plantes et de vannerie.

(5) Cet aspect de la déesse (que l’on pourrait traduire par « la Jeune Fille Créatrice ») est celui que célèbre le groupe néopaïen non wicca Feraferia, étudié ultérieurement.

Les 13 étapes vers la maitrise intérieure

Auteur inconnu, traduction Fleur de Sureau.

1. J’honore l’énergie du bouleau, pour un nouveau départ. Je suis capable de me transformer comme je le veux. Ainsi soit-il !

2. J’honore l’énergie du sorbier, pour la protection contre les maléfices. Je ne resterai pas enchaînée à mes erreurs passées. Ainsi soit-il !

3. J’honore l’énergie de l’aulne, pour la protection de mon oracle intérieur. J’écouterai la voix de la Déesse intérieure. Ainsi soit-il !

4. J’honore l’énergie du saule, pour mes rythmes lunaires, en tant que femme. Je reconnaîtrai et tiendrai compte des cycles de mon corps. Ainsi soit-il !

5. J’honore l’énergie du frêne, le bâton du magicien. Je reconnaîtrai que « ce qui est ci-dessus est comme ce qui est ci-dessous », je joue un rôle sur un plan plus global des choses. Je relierai mon monde intérieur à mon monde extérieur. Ainsi soit-il !

6. J’honore l’énergie de l’aubépine, pour la purification et la modération. Je choisirai ce qui pénètre mon corps et ferai le vide de tout ce qui porte atteinte à mon bien-être personnel. Ainsi soit-il !

7. J’honore l’énergie du chêne, la porte des mystères. Je ferai appel à la force du Cornu lorsque je ressentirai le besoin de protection. Ainsi soit-il !

8. J’honore l’énergie du houx, la lance du guerrier. Je ne resterai pas passive ni victime, au contraire je choisirai de combattre pour ma liberté. Ainsi soit-il !

9. J’honore l’énergie du noisetier, l’arbre de la sagesse. Je tiendrai compte de mes intuitions, et je serai sage et avisée dans mes choix. Ainsi soit-il !

10. J’honore l’énergie de la vigne, l’essence végétale de la convivialité et des célébrations. Je m’aimerai moi-même et célébrerai la vie, en ne percevant pas les choix que j’ai faits comme des privations, mais comme des cadeaux. Ainsi soit-il !

11. J’honore l’énergie du lierre, la spirale qui mène au centre. Tout ce que j’accomplirai, je le ferai parce que c’est mon désir propre et profond. Je serai à l’écoute de moi-même et resterai équilibrée et centrée pendant que j’effectue ce travail. Ainsi soit-il !

12. J’honore l’énergie du roseau, l’outil de la chasse. Je prendrai des mesures directes lorsqu’il sera nécessaire de me protéger, notamment en « tuant » les anciens schémas de pensée, les amitiés et les relations qui me nuisent. Ainsi soit-il !

13. J’honore l’énergie du sureau, qui voit la fin depuis le commencement. Je suis ici depuis de nombreuses vies. Je sais que je me suis transformée, encore et encore. Je partirai de là où je suis et persisterai sur ma voie. Je réussirai. Ainsi soit-il !

Comme vous le voyez, l’objectif païen ne consiste pas à abandonner ses responsabilités à un pouvoir supérieur, mais à les assumer et à faire des choix appropriés pour la déesse (que vous êtes !)

N’hésitez pas à effectuer des changements dans ce document, à votre guise.

Reconnaitre l’aulne pendant la lune de l’aulne

Pour ceux qui cherchent à reconnaitre l’aulne glutineux pendant la lune de cet arbre dans notre tradition, voici à quoi il ressemble actuellement (les photos ont été prises hier, le 8 mars, et en moyenne montagne, dans le centre de la France).

Il ne porte pas encore de feuilles mais on peut voir sur ses branches les chatons mâles et femelles (les chatons longs sont les mâles, ils viennent de fleurir, et les femelles sont les petites choses pourpres à côté), ainsi que les fruits (strobiles) de l’an dernier qui ressemblent à des pommes de pin miniatures. Il y a aussi des bourgeons bien sûr, d’un brun foncé violacé.

Sa floraison commence en février et s’étend jusqu’en avril. Il peut pousser jusqu’à 20 ou 30 m et atteindre l’âge vénérable d’une centaine d’années (voire 150 ans.) Chez moi, ce sont essentiellement des arbres de taille moyenne et rarement isolés de leurs semblables.

Cherchez-le à proximité d’un cours d’eau ou carrément les pieds dans l’eau, c’est ce qu’il préfère.

Pour voir sa silhouette, suivez ce lien (bien qu’il ait été élagué sur un côté, je n’ai pas trouvé de meilleure photo sur le net pour le reconnaitre en cette saison.)



Tradition Faerie Faith : Comprendre les « Arbres », l’Aulne

L’Aulne

Extrait de la thèse : The Faerie Faith and the Beth-Luis-Nion Celtic Lunar Tree Calendar par James Clifford Landis. Traduction et adaptation : Fleur de Sureau.

L’aulne est le quatrième arbre de l’année. Son nom gaélique est Fearn (prononcé à l’anglaise « Fair un »).

Le glyphe pour l’aulne est « je suis une larme étincelante du Soleil. »

• Utilisations de la plante et Folklore

L’aulne a été utilisé pour ses propriétés toniques et astringentes. « La décoction de l’écorce est utile pour baigner gonflements et inflammations, en particulier au niveau de la gorge, et elle est réputée soigner la fièvre » (Grieve 18).

Selon une superstition du comté du Worcestershire, en Angleterre, porter des morceaux d’aulne sur soi préserverait des rhumatismes. Tandis qu’on utilisait beaucoup ses « boutons noirs », le fruit de l’aulne, pour décorer les puits et sources, il s’agissait d’un rite nommé « well dressing » qui permettait d’honorer une source (ou son esprit ou, plus tard, son saint) afin que son eau ne tarisse pas (Vickery 2, 388).

« Malvhina Well – 2007 Well Dressing, by Bob Embleton.

• Mythologie et Symboles

L’aulne est le pont entre l’eau et le feu, la mer et la terre, l’hiver et le printemps. L’aulne ne pourrit pratiquement pas dans l’eau et c’est pourquoi il était utilisé pour soutenir les bâtiments, comme pilotis. « Le Rialto, à Venise, repose sur des pilotis d’aune, de même que plusieurs cathédrales médiévales. » (Graves 170). Il servait également à la construction de ponts, de chaussées et de conduites d’eau.

L’Aulne est étroitement lié au feu, même si c’est un combustible médiocre, il constitue le meilleur des charbons de bois. Dans certaines régions d’Irlande, abattre un aulne sacré amenait comme châtiment la destruction de sa maison par le feu. « L’aulne est l’arbre du feu, le pouvoir du feu de libérer la terre de l’eau. » (Graves 171).

Ce lien avec le feu apparaît dans le fait que l’équinoxe de printemps tombe toujours pendant la Lune de l’Aulne. L’équinoxe de printemps est un pont qui éloigne l’année des froides inondations de l’hiver et la conduit à la tiédeur du printemps. L’aulne était, « Fearineus, le dieu du printemps auquel on offrait des sacrifices sur le mont Cronien à Olympe, à l’équinoxe du printemps » (Graves 172).

L’aulne est associé à quatre couleurs. La pourpre est la couleur de la royauté et le Roi des Aulnes (Féerie) tire son nom de cet arbre. Le rouge est la couleur du feu, ainsi que celle du sang. Lorsqu’un aulne est abattu, son écorce devient écarlate et semble saigner comme un homme. En outre, une teinture rouge peut être obtenue à partir de l’écorce. Une teinture verte peut être fabriquée à partir des fleurs, qui éclosent durant le mois de l’Aulne. Le vert est la couleur des vêtements des fées (les esprits de la nature). Une teinture brune est obtenue à partir des rameaux de l’aulne, le brun étant la couleur de la terre dans laquelle pousse l’aulne.

• Énergies

Enfin, l’aulne amène le temps des naissances. Le printemps arrive et les projets élaborés lors de la première lune peuvent maintenant aller de l’avant. Et en même temps, ce peut être une période douloureuse. Avec la naissance des choses nouvelles vient la destruction des anciennes. Le glyphe de l’Aulne « je suis une larme brillante du Soleil » est comparable à l’adage « toute naissance digne de ce nom s’accompagne toujours de larmes. » Avec l’arrivée du soleil à l’équinoxe de printemps, nous donnons naissance à nos projets. Pourtant, cette période peut être marquée par les doutes, la confusion, la dépression et le chagrin. La dépression post-partum est commune et de façon semblable, beaucoup sont déprimés après avoir accouché de leurs projets, car ceux-ci pourraient très bien ne pas donner les résultats escomptés.

Pendant [la lune de] l’Aulne, l’étudiante doit apprendre l’équilibre. Les quatre couleurs de l’aulne enseignent à l’étudiante la révérence, l’harmonie et l’équilibre. Ces leçons doivent être acquises bien avant la seconde moitié de l’année (Kerr, ‘Lunar’.)

Dame Abonde

Fleur de Sureau pour le coven Ignis Daemonis. Dans le cadre du cours sur Iphin (2016).

Pour l’époque des Premières Récoltes, notre aînée Mut Danu, dans son livre The Tree Mothers, nous oriente vers la Déesse Habondia. A partir de ce nom, j’ai effectué des recherches sur internet pour trouver des ressources bibliographiques, je suis tombée essentiellement sur des inventions modernes. J’ai donc choisi de partir sur l’idée d’une divinité liée à l’abondance issue de l’Antiquité.

Et dans le panthéon romain, j’ai découvert la Déesse Abondance.

Dans le contexte du culte impérial de la Rome Antique, Abondance (notez bien : Abundantia en latin) est la personnification allégorique de l’abondance et de la prospérité. La déesse Abondance incarne l’une de ces nombreuses « vertus » associées aux empereurs déifiés. Elle est souvent confondue avec Annone (Annona) qui présidait aux vivres, au produit de la récolte annuelle. Ces deux-là sont inspirées de déesses plus anciennes, notamment de Cérès (Ceres), la déesse de l’agriculture et des moissons, dont elles partagent les attributs : corne d’abondance, épis de blé, etc. Il existe une différence subtile entre Annone et Abondance. La première semble concernée les distributions publiques de nourriture, de provisions de grain de l’année, alors que la seconde concerne également l’argent.

Mais ce nom, « Habondia » d’où sort-il ?

Le dictionnaire Littré nous apprend qu’Abonde, ou plus précisément Dame Abonde, est la principale des fées bienfaisantes. Du bas latin, abundia.

Nous y voilà. Dame Abundia. Habondia. La Fée Abonde.

Avec ces mots-clefs, j’ai trouvé une infinité de textes qui s’accordent tous à dire, en résumé, que :

Dame Habonde est à la tête de troupes féminines qui parcourent l’espace de nuit et visitent maisons et celliers. Sur la table, on dispose à leur intention mets et boissons, qui ne doivent être ni couverts ni bouchés. Si ces femmes que l’on nomme Bonnes Dames ou Dames de la Nuit, c’est-à-dire des Fées, des créatures féeriques, trouvent la table bien servie, l’endroit bien propre, elles mangent le festin sans pour autant en diminuer la quantité et en contrepartie apportent abondance et bonheur à la maisonnée. Dans le cas contraire, « l’abondance quitte la demeure » au sens propre comme au figuré !

Durant le moyen-âge, il existe de nombreuses légendes à propos de cohortes nocturnes menées par un Esprit féminin : Dame Abonde, mais aussi Diane1, Hérodiade et encore, chez les Allemands, Holda (la « bienveillante »).

Notons tout de même qu’entre la déesse romaine Abondance issue du culte impérial et la fée Abonde, nous avons effectué un saut dans le temps de mille ans. Et il est d’ailleurs plus que probable que le seul lien qui les rattache l’une à l’autre ne réside qu’en leur nom.

L’un des plus anciens écrits à notre connaissance à propos de Dame Abonde date du XIII e siècle. Guillaume d’Auvergne (1190-1249), évêque de Paris, dans Opera Omnia (Paris 1674, tome I, page 1036, col. 2) évoque des esprits féminins bienfaisants :

« […] Il en va de même du démon qui, sous l’apparence d’une femme, visite la nuit, en compagnie d’autres, dit‐on, les maisons et les celliers. On le nomme Satia, d’après ‘satiété’, et aussi Dame Abonde, à cause de l’abondance qu’on dit qu’il confère aux maisons qu’il aura visitées. C’est ce genre de démon que les vieilles appellent ‘les Dames‘, à propos desquelles elles entretiennent cette erreur à laquelle elles sont les seules à croire et dont elles rêvent. Elles disent que les dames usent de la nourriture et des boissons qu’elles trouvent dans les maisons sans toutefois les consommer entièrement, ni même en diminuer la quantité, surtout si les récipients qui contiennent les mets sont découverts, et si ceux qui renferment les boissons ne sont pas bouchés2, quand on leur laisse pour la nuit. Mais si elles trouvent ces récipients couverts, fermés ou encore bouchés, elles ne touchent ni aux mets, ni aux boissons, et c’est la raison pour laquelle les dames abandonnent ces maisons au malheur et à l’infortune sans leur conférer satiété ni abondance. […] »

« […] En ce qui concerne les véritables personnes qui apparaissent la nuit dans les maisons et dont la plus importante d’entre elles est nommée « Abonde » en raison de l’abondance de biens qu’elle est supposée apporter dans les maisons qu’elle fréquente, elles n’ont jamais été vues, pas plus qu’elles n’ont été entendues. C’est ainsi qu’on voit jusqu’où va la bêtise des hommes et la déraison des vieux qui laissent des récipients d’aliments et des vases de vin ouverts et ne ferment aucun passage à ceux qui visitent les maisons la nuit. Ils laissent en évidence boissons et nourriture que les visiteurs peuvent s’approprier sans difficulté et selon leur bon plaisir. […] »

Dans le Roman de la Rose, il est également fait mention de Dame Habonde. Il s’agit d’une œuvre poétique datant du XIIIe siècle, écrite par Guillaume de Lorris et Jean de Meung.

« Bien des gens sont trompés par leurs sens et croient être des sorcières (estries) errant avec Dame Habonde : « Ils disent que, par tout le monde, le tiers des enfants de la nation sont de cette condition et partent, trois fois la semaine, là où le destin les mène », entrent dans les maisons, car ni barres ni clés ne les arrêtent, et ils pénètrent par les chatières et les fentes : leur âme quitte leur corps (se partent des corps les âmes) et ils accompagnent les Bonnes Dames en d’autres lieux et dans les maisons alors que leurs corps reste sur leur lit. »

Cette table d’offrandes que l’on dresse la nuit est un rituel qui a pour but de rendre favorable une divinité que l’on désire honorer. C’est un type de rituel qui semble remonter à des temps plus anciens et dont nous possédons au moins deux traces antérieures au XIII e siècle.

Au VII e siècle, dans La Vie de Saint Éloi, écrit par Saint Ouen de Rouen, le prédicateur interdit aux croyants de préparer les tables pendant la nuit, sans préciser cependant à l’attention de qui on les dresse.

Au XI e siècle, Burchard de Worms dans son Decretum réitère cette interdiction. D’après Cyrille Vogel, Le Pécheur et la pénitence au Moyen Age, Paris, Cerf, 1969, p. 105 :

« 153. As-tu agi comme certaines femmes à certaines époques de l’année : quand elles préparent la table, les aliments et la boisson, elles placent trois couteaux sur la table pour que les trois sœurs que les anciens dans leur sottise ont appelé les Parques puissent se restaurer. Ces femmes dénient la puissance à la bonté divine et l’attribuent au diable ! As-tu cru que ces trois sœurs, comme tu dis, pouvaient t’être de quelques secours maintenant ou plus tard ? Si oui : 1 an de jeûne au pain et à l’eau, aux jours officiels. »

Claude Lecouteux établit même un lien entre ces tables nocturnes d’offrandes et un rite romain lié aux ancêtres dans son livre Chasses infernales et cohortes de la nuit au Moyen Age :

« Le passage de cette cohorte de femmes est lié à un rite de troisième fonction et relève des augures : si les visiteuses sont satisfaites des nourritures offertes, elles apportent à la demeure prospérité et fécondité. A l’arrière-plan se dessine donc un rite calendaire appartenant à la mythologie des commencements : ce qui arrive à cette date préfigure ce que sera l’an neuf. Le rite reçoit une signification plus grande si l’on sait qu’il est déjà attesté chez les romains. Dresser une table cette époque de l’année est un rite religieux lié au culte des ancêtres, car les morts sont les dispensateurs de la fertilité du sol et de la fécondité des hommes et des bêtes : à Rome, la table portait le nom de « tables des âmes » ou « des défunts ». »

Dame Habonde passe-t-elle dans les maisons uniquement aux alentours du Solstice d’Hiver, durant les 12 nuits ou lors des Calendes de Janvier ? Je ne suis pas vraiment parvenue à trouver des indices si ce n’est dans un texte du XV e siècle, Thesaurus pauperum de 1468, qui établit un lien entre Abonde, Satia et Percht :

« Le second type de superstition, une sorte d’idolâtrie, est celle de ceux qui, la nuit, exposent ouverts des récipients remplis de nourriture et de boisson destinées aux dames qui doivent venir, dame Abonde et Satia, que le vulgaire désigne communément et couramment du nom de dame Percht ou Perchtum, cette dame venant avec sa troupe. Ceci, pour qu’elles trouvent ouverts tous objets tenant à la nourriture et à la boisson, afin que, par la suite, elles les remplissent et les accordent richement et en plus grande abondance. Beaucoup croient que c’est pendant les nuits saintes, entre la naissance de Jésus et la nuit de l’épiphanie, que ces dames, à la tête desquelles est dame Perchta, visitent leurs demeures. Nombreux sont ceux qui, au cours de ces nuits, exposent sur les tables pain, fromage, lait, viandes, œufs, vin, eau et denrées de cette sorte, de même que cuillers, plats, coupes, couteaux et autres objets semblables, en vue de la visite de dame Perchta et de sa troupe, pour qu’elles y trouvent agrément et que, par conséquent, elles soient propices à la prospérité de la demeure et à la conduite des affaires temporelles.»

Cette table nocturne d’offrandes semble ainsi faire partie d’un ensemble de croyances et de pratiques propitiatoires et de fertilité liées notamment aux moments charnières du cycle solaire. A travers elles, on cherche à attirer les bénédictions d’esprits bienveillants : c’est-à-dire à attirer l’abondance, la fécondité, la générosité et le renouvellement des fruits de la terre.

***

Sources :

    • Claude Lecouteux. Chasses infernales et cohortes de la nuit au Moyen Age. Éditions Imago, 2013.
    • Stamatios Zochios. Le cauchemar mythique : Étude morphologique de l’oppression nocturne dans les textes médiévaux et les croyances populaires. Littérature. Université Grenoble Alpes, 2012. https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01211444/document
    • Littré, Émile. Dictionnaire de la langue française. Paris, L. Hachette, 1873-1874. Version électronique crée par François Gannaz. http://www.littre.org
    • Guillaume d’Auvergne. Opera Omnia. Paris, 1674.
    • Dictionnaire universel françois et latin : contenant la signification et la définition… des mots de l’une et de l’autre langue… la description de toutes les choses naturelles… l’explication de tout ce que renferment les sciences et les arts…. Tome 5. T-Zupain. ÉditeursF. Delaulne (Trévoux), H. Foucault (Paris), M. Clousier. 1721. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50966d
    • Mangeart, Thomas. Introduction à la science des médailles… ouvrage propre à servir de supplément à « l’Antiquité expliquée » par Dom Montfaucon. Par Dom Thomas Mangeart. Jacquin, Armand-Pierre (1721-1780). Éditeurd’Houry (Paris). 1763. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1041707w#
    • Guillaume de Lorris et Jean de Meung. Le Roman de la Rose. Tome 2. Édition faite sur celle de Lenglet-Dufresnoy, corrigée avec soin et enrichie de la dissertation sur les auteurs… de l’analyse, des variantes et du glossaire publiés en 1737 par J.-B. Lantin de Damerey. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65092264
    • Saint Ouen de Rouen. Vie de saint Éloi, évêque de Noyon et de Tournai. précédée d’une introduction et suivie d’une monographie de l’abbaye du Mont-Saint-Éloi (2e édition, ornée de deux belles gravures sur acier) ; traduite et annotée par M. l’abbé Parenty. ÉditeurJ. Lefort (Lille), 1870. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k102695k

1 Pour Claude Lecouteux (cf. Chasses infernales et cohortes de la nuit au Moyen Age), Diana n’est pas la Diane romaine mais, s’appuyant sur Martin de Braga, suppose qu’il s’agisse de la « déesse sylvestre et champêtre adorée par les paysans du Ve-Vie siècle ». Il évoque une possible confusion entre la Diane antique et la Di Ana, déesse celtique, aussi appelée Anu.

2 Pour Claude Lecouteux, nous sommes en présence d’une coutume païenne car la Bible dit : « Le récipient qui n’aura pas été fermé par un couvercle ou un lien sera impur. »

Peinture : The fairy banquet (le banquet des fées), peinture de John Anster Fitzgerald, 1859.

Lune du Bouleau, rituel par Lady Phoenix

Extrait du livre « Year of Moons, Year of Season : Mysteries & Rites of Celtic Tree Magic par Pattalee Glass-Koentop. (Llewellyn Publications, 1991 Traduction & adaptation Fleur de Sureau.

Première Lune : le Bouleau

Décorations du cercle : Il est suggéré d’utiliser une bougie noire et une bougie blanche pour l’autel, lequel est recouvert de blanc. Si cela est possible, décorez le cercle de branches tout justes feuillées. La figure de la « Mort » est placée au centre depuis la Lune du Sureau. Un bouquet de branches plus courtes se trouve près de l’autel, au nord, et un second bouquet de grosses tiges similaires au sud. Près de l’autel sont disposés des écheveaux de fil à broder rouge, bleu et blanc, ainsi qu’un couteau ou une paire de ciseaux. Après l’invocation et la descente de la lune, la Grande Prêtresse se tourne et parle.

Invocation : Si vous employez les vers d’Hertha par John Swinbourne1, je vous suggère de les mémoriser avant le rituel afin que leur impact ne soit pas atténué par la présence des feuilles de papier. De plus, la force du contact visuel possible avec chacun des membres du cercle durant ce passage verbal est infiniment plus grande si vous n’avez pas à lire les paroles. La voix devient alors celle de la Déesse, et non « juste » celle d’une prêtresse.

Les balais : On peut fabriquer des balais miniatures. Les « rameaux de bouleau » doivent mesurer environ 17 à 20 cm, afin d’obtenir une dimension finale de 30 cm, ou pour fabriquer un balai d’une taille plus réelle, choisissez de petites branches de 45 cm et une longueur de « frêne » de 60 cm. Rappelez-vous que tout bois peut être utilisé pour symboliser le bouleau ou le frêne.

Bâtons de frêne : si vous vivez à un endroit où vous avez peu ou pas accès à des branches de substitution pour ce but, des tourillons en bois ou des bâtons similaires peuvent être employés. Ceux-ci sont disponibles à peu de frais dans la plupart des scieries et magasins de bricolage, aussi bien que dans les solderies.

Liens en osier ou saule : il peut s’agir de tout type de ficelle ou fil. Je suggérerais du fil à broder ou à crocheter, dont la composition est habituellement entièrement naturelle, en principe disponible dans les couleurs primaires et qui n’a pas tendance à s’étirer comme le fait la laine. En outre, ces fils sont moins onéreux, plus faciles à trouver en magasin2. Il est plus facile de retirer le surplus de fil que d’en ajouter lorsque vous terminez votre balai. Que vous travailliez au balai miniature ou grandeur nature, vous pouvez utiliser 60 à 90 cm de fil adéquat, de chaque couleur. Que vous utilisiez du fil à crocheter ou à broder, du fil de laine ou du ruban, choisissez un blanc basique et les riches couleurs primaires rouge et bleu. Le fil blanc pour la pureté de la Jeune Fille, le rouge pour la couleur de la Mère et le bleu pour la sagesse et l’intensité de la Vieille Femme. Si votre symbolique personnelle perçoit la Vieille comme noire plutôt que bleue, alors vos liens seront blanc, rouge et noir.

Marquer la rune : la première lune/ le premier mois est une lune liée à la terre. Si vous utilisez une goutte de colorant alimentaire pour dessiner l’ogham, choisissez du vert pour ce rituel afin de symboliser la Terre.

Engagement : c’est une pratique que j’ai mis en place il y a de nombreuses années, alors que je ne parvenais pas à tenir mes résolutions du nouvel an. Ainsi, j’en ai fait un nouvel impératif, je ne pouvais désigner comme résolution tout ce que je n’avais pas fait ou tenter de faire durant les trois derniers jours de fin d’année. De cette façon, la « nouvelle » résolution consistait à continuer quelque chose que je voulais faire et non pas de commencer quelque chose qui « devrait » être effectué. Dès lors cela devenait un « cadeau » pour moi-même.

Vous désirerez peut-être discuter de cette idée avant le rituel avec les membres de votre cercle ou vous donner le temps d’y réfléchir sérieusement durant un rituel solitaire de méditation. Bien que les phrases du rituel suggèrent quelque chose de très agréable pour vous-même, ma pratique habituelle consiste à faire de cet engagement ou cadeau quelque chose qui deviendra un présent de savoir ou d’amélioration de mes talents et compétences liés à mon Art3. Les rituels de ce livre, par exemple, sont le résultat de ce cadeau prévu pour moi-même une année. Une autre année, pendant la Lune du Bouleau, j’ai choisi de copier avec soin tous les rituels que j’ai écrits ou qui m’ont été donnés, sur une période de plusieurs années, dans un carnet spécial. Comme vous pouvez l’imaginer, ces cadeaux à moi-même ont continué à être quelque chose d’agréable pendant les années qui ont suivi et le processus a renforcé ma connaissance et conscience de soi.

BOULEAU

Lune du commencement

Le temple est préparé4

  • Le travail est planifié : durant cette lune, les décisions sont prises telles les graines spirituelles que vous planterez cette année qui commence tout juste. Le travail magique durant cette lune ajoute force et dynamisme à ces choix.

  • Chaudron : feuilles d’ortie, anis étoilé, fleurs de mauve noire.

  • Le cercle est projeté : Au début, vous souhaiterez peut-être laisser le cercle sans éclairage. Entendre les trois premiers vers du poème Hertha comme une voix dans l’obscurité ou le vide peut être très efficace. Si vous choisissez cette atmosphère, quatre membres doivent se tenir prêts à allumer simultanément les gardiens des quartiers lorsque la Grande Prêtresse parlera de purifier cœurs et esprits.

  • Dédicace : choisir des déités de la naissance et des commencements, celles qui créent à partir de matériaux limités ou de rien.

I am that which began, out of me the years roll ;

Out of me God and Man – they are equal and whole5,

God changes, and Man, and the form of them bodily,

I am the Soul.

Je suis ce qui fut d’abord, hors de moi les années se déroulent ;

Hors de moi l’homme et Dieu – ils sont égaux et entiers ;

Dieu change, et l’homme, et la forme de leurs corps: quant à moi, je suis l’âme.

Before ever land was, before ever the sea,

Or soft hair of the grass or fair limbs of the tree,

Or the fresh-coloured fruit of my branches, I was,

And thy soul was in Me.

Avant même que ne soit la terre, avant même la mer,

Ou les doux cheveux de l’herbe ou les belles branches6 de l’arbre,

Ou le fruit, à la couleur vive, de mes branches, je fus,

Et ton âme était en Moi.

First life on my sources, first drifted and swam.

Out of me are the forces that save it – or damn.

Out of me man and woman, and wild-beast and bird,

Before God was, I AM.

Première vie sur mes sources, première qui a dérivé et nagé,

Hors de moi sont les forces qui la sauvent – ou la damnent.

Hors de moi et homme et femme, et bête sauvage et oiseau,

Avant que Dieu ne soit, JE SUIS.

(Extrait de Hertha par Swinburne)

Le Grand Prêtre : C’est une période de commencements, pourtant nous nous sentons toujours déprimés face à la saison de la mort et de l’hiver. Nous ne ressentons pas encore véritablement la chaleur et la lumière grandissantes du soleil.

La Grande Prêtresse : L’année écoulée a été semée d’embûches pour chacun d’entre nous. Purifions notre cœur et nos pensées des esprits de l’année pour laisser placer à une nouvelle année et une nouvelle croissance.

(La Grande Prêtresse prend le bouquet de branches de bouleau et frappe le sol ou l’autel qui comporte des symboles de l’année écoulée. Et pour finir, elle frappe et renverse la figure de la mort au centre avec la Lune nommée « Sureau ».)

Le Grand Prêtre : L’ancienne année est mesurée par ses Sabbats.

Le Cercle : (à l’unisson) « Ailm, Onn, Ura, Eadha, Idho. »

Le Grand Prêtre : L’ancienne année est caractérisée par ses Fêtes.

Le Cercle : Candlemas, Beltane, Lammas, Samhain.

Le Grand Prêtre : L’ancienne année est délimitée par ses Lunes.

Le Cercle : Bouleau, Sorbier, Frêne, Aulne, Saule, Aubépine, Chêne, Houx, Noisetier, Vigne, Lierre, Roseau, Sureau.

Le Grand Prêtre : La mort est anéantie et la renaissance prend forme.

La Grande Prêtresse : Finie la saison de mort. Voici la saison de vie et de commencement.

Le Grand Prêtre : A travers l’arbre, le Bouleau, la Déesse nous laisse un symbole de naissance et de commencements.

La Grande Prêtresse : Au Bouleau, Elle donne la première Lune de l’année, les commencements, la noblesse, l’extrémité du pouce, dimanche, la capacité à chasser les mauvais esprits, le bâton de pouvoir pour l’une des treize (ndlt : lunes, je suppose), le Soleil, une place dans les chapeaux des fils morts7 et la dernière demeure d’Élisée sur le Mont Horeb8.

Le Grand Prêtre : A nous, Ses Enfants, Elle donne le Bouleau.

La Grande Prêtresse : Elle inscrit en nous la connaissance de la victoire sur la mort.

(La Grande Prêtresse inscrit la lettre oghamique réceptive « B » dans la paume réceptrice de chaque personne, de façon qu’elle puisse être lue du point de vue par celle-ci.)

Nos paroles et nos actions donnent à ce savoir, forme et expression, pour qu’il soit connu des autres.

(La Grande Prêtresse inscrit la lettre oghamique expressive « B » dans la paume émettrice de chaque participant de façon qu’elle puisse être lue par la personne qui se tiendra en face à celui-ci.)

(La Grande Prêtresse prend les branches de Bouleau et en distribue une à chaque membre du coven.)

La Grande Prêtresse : Je suis la Jeune Fille : je suis la victoire sur la mort, je suis les commencements.

(Elle donne une branche à chacun.)

Je suis la Mère : je suis la naissance, je suis la continuité des commencements.

(Elle donne une seconde branche.)

Je suis la Vieille : je suis le guide qui conduit à la renaissance, je suis la complétion des commencements passés et la vision de ceux à venir.

(Elle donne une troisième branche.)

(Le Grand Prêtre ramasse les branches de « Bouleau » restantes.)

Le Grand Prêtre : Pour moi aussi, sacrés sont, comme Horus, la naissance et les commencements.

(Il donne une branche.)

Comme Osiris, la victoire sur la mort et la voie vers la renaissance sont miennes9.

(Il donne une seconde branche à chaque participant.)

(Chaque membre du coven a maintenant 5 branches de « Bouleau ».)

Le Grand Prêtre : A l’avenir caché dans les commencements, nous ajoutons la protection du Frêne.

(Aux membres du coven, il donne les bâtons qui sont au sud de l’autel.)

La Grande Prêtresse : Et la Magie du Saule, pour nous donner toute l’année un abri, des vêtements, de la nourriture et de l’amour.

(Elle donne trois longs brins de fil à chaque participant.)

(Le Grand Prêtre et la Grande Prêtresse prennent le bâton de « Frêne » et un rameau ou une branche de « Bouleau », tout le Cercle fait de même. Ils commencent à nouer au balai, un rameau ou une branche à la fois. Le chant est le suivant : « Flags, Flax, Fodder, Frig…10 » Le chant boucle jusqu’à ce que les balais soient terminés.)

(Note : si on noue un rameau pendant un tour de chant et qu’il y a quatre nouages à faire pour maintenir tous les rameaux ensemble, le total des nœuds équivaudra à neuf, un chiffre sacré pour la Lune.)(Les balais sont consacrés par un cercle joint. Chant : « Ashima, Ninimb, Anatha, Ra. » Prononcé : Ash ih muh, Nih nim, Uh nath uh, Rah.)

(Avec les balais toujours en main, ce chant se prête à une danse en cercle, si désirée.)

La Grande Prêtresse : Au cours des Lunes et Fêtes qui viennent de s’achever . nous avons engagé nos efforts et nos énergies dans le but d’éliminer tout bois mort, pour équilibrer le karma. Mais à présent, il importe d’entamer une action ou une série d’actions pour nous-mêmes, comme un cadeau à nous-mêmes, pour cette année qui vient.

Il ne s’agit pas de ce qui est « nécessaire » ni de ce qui « devrait être fait » mais plutôt de ce qui naît d’un désir et non d’un manque ou d’un besoin. Par cet engagement, nous réalisons quelque chose « de gentil envers nous-mêmes » comme un cadeau-des-commencements de la Déesse, afin de créer un modèle, un exemple de joie à suivre pour l’année à venir et, dans cette joie, La servir.

Le Grand Prêtre : La Lune du Bouleau, celle des commencements, est là. Nous la vénérons à travers sa lumière. Nous sommes les éléments dont la vie est faite et nous partageons le Festin des Éléments, toujours en nous rappelant que tout repas est un sacrement. Nos frères et sœurs des champs et forêts ont sacrifié leurs vies afin que les nôtres puissent être accomplies.

(La Jeune Fille donne le symbole de l’élément approprié à la Grande Prêtresse selon les besoins. La Grande Prêtresse l’offre au Grand Prêtre en disant : « Partage avec moi ce symbole de l’élément de _________. » Ce symbole passe autour du cercle, en terminant par la Grande Prêtresse qui en prend une part.)

TRAVAIL : (Cette Lune devrait être celle qui attire, pour chaque membre du coven, autant d’énergies levées dont ils ont besoin à travers la Première Lune, plutôt que nécessairement travailler pour les besoins des autres.)

RÉVOCATION DES ESPRITS : « MERCI AUX DEITES, LA CEREMONIE EST TERMINEE. »

1 Le nom est erroné, il s’agit d’Algernon Charles Swinburne (1837-1909) et de son poème Hertha. Sir John Swinburne était le grand-père de ce poète anglais.

Ndlt : pour un fil qui ne s’étire pas, qui est naturel, que l’on trouve facilement et à un coût moindre, c’est du fil à crocheter qu’il faut choisir précisément, non pas à broder.

3 Craft dans le texte, c’est-à-dire l’art magique, la sorcellerie.

Ce rituel a été diffusé dans la Georgian newsletter d’avril 1983 (page 18), il est signé par Lady Phoenix, de Dallas. Les instructions à propos du travail planifié et du chaudron sont omises, à la place sont résumées les actions à effectuer, comme suit :

  • Le temple est préparé
  • Le Cercle est projeté
  • Rite d’ouverture
  • La Charge : les premiers vers d’« Hertha ».

5 Il y a eu une modification du texte original. Dans le poème original, il est écrit  : « I am equal and whole. » C’est-à-dire, « Je suis égale et entière » et c’est Hertha qui parle bien sûr.

6 Le mot anglais limbs peut désigne les membres du corps ou les branches d’un arbre. Vous comprendrez pourquoi j’ai évité de traduire fair limbs par « beaux membres »… et excuserez la répétition du mot branche. (o: De toute façon, la traduction d’un poème est tout un art dont je ne connais rien !

7 C’est une allusion à la ballade de l’Angleterre du Nord, La Femme du Puits d’Usher. Je cite une note extraite du livre la Déesse Blanche par Robert Graves : « les fils morts qui reviennent dans la mort de l’hiver rendre visite à leur mère, portent des feuilles de bouleau à leurs chapeaux. L’auteur fait remarquer qu’ils ont arraché ces feuilles à un arbre poussant à l’entrée du paradis où demeurent leurs âmes, et c’est bien là ce à quoi l’on s’attendait. On peut présumer qu’ils portent du bouleau pour signaler qu’ils ne sont pas de mauvais esprits retenus par la terre mais des âmes bénies en mission compatissante. »

8 Là aussi, voir la Déesse Blanche par Robert Graves : « Il n’est pas difficile d’établir le canon hébraïque des arbres de la semaine, les sept piliers de la Sagesse. Le plus plausible remplaçant du bouleau, qui n’était pas un arbre palestinien, devait être le retem, ou genêt sauvage, l’arbre sous lequel le prophète Élisée demeura sur le mont Horeb (« la Montagne AI Soleil Ardent ») et qui semble avoir été consacré au Soleil. A l’instar du bouleau, on s’en servait en guise de balai pour chasser les mauvais esprits. »

9 Is mine dans le texte, c’est-à-dire est mienne… Mais il semble que ce soit une erreur. Je pense que la victoire sur la mort fait également partie du sujet.

10 Doreen Valiente, dans son livre Witchcraft for Tomorrow, donne une explication de cette bénédiction. Voir la traduction sur le Sidh.

Muin, le roncier

Extrait du site encoenchantements (très joliment illustré)

MUIN – Le roncier. (La vigne dans une bonne partie de l’Europe)

Lettre M. 10ème mois lunaire : 2 septembre – 29 septembre.

Guérison, Protection, Abondance, Richesse.

Le fruit du roncier est la mûre, le « meuron » dans le Nord et en Haute-Savoie, « amora » en occitan, « Mouar » et « mouar-penn » en breton…*

En gaélique, elle se nomme « dris-muine ».

 

Les ronciers à mûres, avec leurs longues tiges épaisses et épineuses , font communément des voûtes par les sentiers et les haies d’Angleterre, grimpant les barrières se transformant en grands murs impénétrables si on ne la surveille pas.

Ils poussent aisément dans toutes sortes de sols, avec une préférence pour les sablonneux, à l’ombre comme au soleil, bien que, comme la plupart des plantes, elles fleuriront et bourgeonneront mieux si elles ont de la lumière en suffisance pour elles.

Aller aux mûres reste un passe-temps familial depuis des siècles : les doigts et bouches tachés de pourpre sombre par un « picorage en passant », les égratignures le long des bras à cause des épines crochues et sans merci, mais la gloire d’une récolte  à manger fraîche ou à cuisiner en délicieuses gelées et crumbles.

Dans l’histoire des oghams celtiques, des traditions de pays les plus au nord en Europe tenaient pour sacré le bois de roncier pour le dixième mois lunaire.

Dans les pays plus chauds et plus au sud, le bois sacré est la vigne.

Ces deux plantes ont une façon de pousser, une période de récolte et une couleur de fruits similaires. Toutes deux ont de bonnes propriétés curatives et leurs fruits peuvent être utilisés pour faire des boissons.

La médecine du roncier

Les mûres sont aujord’hui parmi les « super anti-oxydants » Elles sont très riches en Vitamine C, A, Omega 3, Potassium et Calcium.

Toutes les parties de la plante sont utilisées depuis des siècles en remèdes : Les natifs américains faisaient une décoction de racines et feuilles pour aider aux problèmes de digestion et aux douleurs d’estomac.

Nous savons aujourd’hui que le caractère astringent de la plante est dû à une forte teneur en tanins. Elle est une source de salycilates, proche de l’aspirine, qui aide à soulager les inflammations.

Mâcher des feuilles pour guérir les saignements de gencives et la perte des dents qui s’ensuit est un remède séculaire.

John Gerard, herboriste du XVIe siècle, indique dans son « Grand Herbier » (Great Herbal) une recette de feuilles de roncier bouillies dans de l’eau avec du miel, de l’alun et un peu de vin blanc à prendre en bains de bouche pour « fixer les dents ».*

Culpeper conseille une décoction de bourgeons, feuilles, copeaux de bois pour traiter « les plaies fétides de la bouche et de la gorge ».

Recette de tisane de feuilles fraîches (1 mug) :

Une pleine poignée de feuilles de roncier fraîches, 1/2 mug d’eau, du miel.

Optionnel : un petit morceau de tige, d’écorce ou de racine propre et quelques mûres pour la couleur.

Faites frémir les feuilles (et l’éventuel autre morceau) dans l’eau pendant à peu près 10 minutes, sans faire bouillir pour garder le plus de vitamines. Versez dans une tasse et ajouter du miel. Cette tisane vitaminée, rafraîchissante et anti-oxydante quand elle est chaude peut être utilisée froide en gargarismes pour les maux de gorge

Religions, spiritualités, folklores

Elément : Eau

Planète : Vénus

Genre : féminin

Déités : Brigit

Il était coutume, dans de nombreuses îles britanniques, de ne pas manger les mûres. Il fallait les « laisser pour les fées ». Il me semble, pour ma part, qu’il devrait y en avoir beaucoup, pour tout le monde et que les êtres magiques que je connais seraient ravi de partager, à moins que vous ne soyez tombés dans les pattes des plus méchants !

Dans le « langage des fleurs » victorien, une brindille de roncier en fruits ou en fleurs dans un bouquet de fleurs offert pouvait signifier envie, remords ou humilité.

Richard Folkard, dans « Les plantes, folkore, légendes et paroles. » (Plant lore, Legends and Lyrics), 1884, nous dit :

« Rêver que l’on franchit des lieux couverts de ronces laisse présager des ennuis; si elles vous piquent, des ennemis secrets vous porteront préjudice par vos amis; si elles font couler le sang attendez-vous à une perte importante en affaires. Rêver de franchir les ronces et rester indemme indique le triomphe sur vos ennemis.« 

La légende la plus centrée sur la mûre nous indique de ne pas en manger après le jour de Michaelmass, jour de la fête des archanges, le 29 septembre. Ce jour de fête était auparavant célébré le 10 octobre. L’histoire est une concoction ancienne de christianisme, paganisme et contes de grand-mère :

Dieu sourit à ses deux plus grands archanges, Michel et Lucifer. Ils sont les plus sagaces des anges du ciel, pourtant Lucifer était sans doute, plus que nul autre, le plus beau. Son nom signifiait « le Lumineux ».

Dieu lui avait donné beauté et intelligence  au-delà de toue mesure et Lucifer aurait dû l’aimer et lui obéir pour toujours. Mais il était fier aussi. Devenu arrogant, il en vint à penser : « Je vais monter aux cieux et établir mon trône parmi les étoiles » . Il trouva d’autres anges pour le suivre dans sa rébellion.

Dieu ne pouvait permettre une rébellion ni laisser ces pécheurs prétendre prendre sa place. Il jugea donc que Lucifer et ses suivants seraient punis et exclus des cieux.

Lucifer tomba comme tomba sûrement Icare, à travers le cosmos, jusqu’à tomber sur terre dans un énorme buisson de baies noires et d’épines qui déchirèrent ses ailes et ses voiles. Il fut retenu prisonnier un moment.

Lucifer se débattit pour échapper à la ronce et, une fois dégagé, il se trouva si en colère qu’il cracha dessus et certains disent même qu’il la conpissa afin de montrer son mépris. Lucifer avait changé de nom, du Lumineux, il était devenu Satan, l’adversaire. Depuis, les mûres ne sont plus bonnes à manger passé le jour où Michel devint chef des Archanges au ciel, au jour de la fête de Michaelmass.

Les légendes populaires se basent généralement sur des faits de sens commun : les mûres sont effectivement moins agréables à manger après fin septembre, elles deviennent pleines de moucherons et le goût de leur tanin est beaucoup plus fort.

Magies, charmes et croyances du roncier

*Brûlez une petite poignée de feuilles sèches comme encens ou au-dessus d’une flamme. Décuplez son pouvoir en utilisant une bougie jaune, or ou verte pour la richesse.

*Les tiges de ronces ayant naturellement poussé en forme d’arc sont utilisées pour la guérison des rhumatismes et de la coqueluche. Les bébés étaient passés,  de préférence d’est en ouest, à rebours sous l’arche une fois et dans l’autre sens trois fois; un enfant plus grand ou un adulte devait la franchir, tandis que les assistants demandaient l’assistance des déités.

*Météo : Lorsque les mûriers sont en fleurs (Juin-Juillet), un coup de froid appelé L’hiver des mûres, présage d’un hiver glacial.

* Pour apaiser les brulures de peau, trempez neuf petites feuilles de ronce dans l’eau de source et pose les sur le feu en chantant trois fois cette invocation à Brigit, déesse celtique de la guérison et la poésie (Voir l’original sur le site) :

Trois dames venues de l’est,

une avec le feu et deux avec le givre.

Avec le feu et le givre.

* Cueillez un petit morceau de tige de ronces à Mabon (22 ou 23 septembre) ou lors de la lune des moissons. Ôtez précautionneusement ses épines et son écorce, chargez-la de votre intention, puis gardez-la sur vous comme charme pour prévenir la pauvreté.

Traduction par Beth Svitma

Notes :

* Si vous connaissez d’autres noms ou voyez une erreur ici, merci pour votre coup de pouce ! ;)

*John Gerrard Great Herbal