Vous trouvez le calendrier lunaire avec les dates pour 2015 tel qu’on l’utilise au sein du Coven Ignis Daemonis et de la tradition Apple Branch !
Catégorie : 0ghams
Les Glyphes du Calendrier des Arbres Lunaires :
Les Glyphes du Calendrier des Arbres Lunaires :
Saule, Aubépine & Chêne
Par Linda Kerr, traduction Fleur de Sureau
Chacun des 13 mois lunaires a son propre « glyphe », ou vers, tiré du Chant d’Amorgen, un poème ancien qu’aurait entonné le chef barde des Milesiens, envahisseurs de l’Irlande, tandis qu’il posait le premier pas sur l’île en 1268 avant JC. Ce poème a été reconstitué par Robert Graves dans La Déesse Blanche et rattaché à l’alphabet Beth-Luis-Nion, comme suit :
Je suis un Cerf aux sept dents de fer Ou un bœuf aux sept combats, | Bouleau | Beth |
Je suis une vaste étendue d’eau sur une plaine, | Sorbier | Luis |
Je suis un vent sur les eaux profondes, | Frêne | Nion |
Je suis une larme étincelante du soleil, | Aulne | Fearn |
Je suis un faucon sur la falaise, | Saule | Saille |
Je suis beau parmi les fleurs, | Aubépine | Uath |
Je suis un dieu qui met le feu à la tête avec de la fumée, | Chêne | Duir |
Je suis une flèche décochée pour la bataille, | Houx | Tinne |
Je suis un saumon dans l’étang, | Noisetier | Coll |
Je suis une colline de poésie, | Vigne | Muin |
Je suis un sanglier cruel, | Lierre | Gort |
Je suis un bruit menaçant venu de la mer, | Roseau | Ngetal |
Je suis une vague de la mer, | Sureau | Ruis |
Qui, si ce n’est moi, connait les secrets du dolmen en pierre brute ? | Solstice d’Hiver |
Chacun de ces vers parle d’une essence particulière des énergies lunaires, et lorsqu’ils sont étudiés en profondeur, ils peuvent nous aider à nous orienter vers une plus grande compréhension du mois de l’arbre. Cette série d’articles tentera d’explorer ces glyphes, et au moins vous poussera à développer votre propre compréhension du sujet.
- Saule/Saille : Je suis un faucon sur la falaise – pour l’agilité
C’est un glyphe approprié pour le Saule, selon Graves, parce que Saille est le mois durant lequel les oiseaux font leur nid (Graves, 209).
Le faucon qui est sur la falaise est, mythologiquement, le même oiseau que le milan, qui est l’oiseau sacré de Borée, le Vent du Nord. Dans la légende grecque, ses fils thraces, Calaïs et Zétès portaient des plumes de milan en son honneur et pouvaient se transformer en milans. L’hiéroglyphe égyptien pour Vent du Nord est un faucon, reliant ainsi le faucon et le milan. Le mot gallois pour faucon est gwalch, semblable au latin falco, ou faucon (dans le texte : falcon), qui est un type de faucon (dans le texte : hawk). Le Gwalchmai mystique (‘faucon de Mai’) ; Gwalchaved (‘faucon de l’été’), ou Sir Galahad ; et Gwalchgwyn (‘faucon blanc’), ou Sir Gawain, sont tous reliés au faucon du Saule (Graves, 209).
Le Saule est une période de mouvement, et le faucon sur la falaise représente ce mouvement. Il est perché sur la falaise, prêt à s’envoler mais pas encore prêt à voler. Le faucon, un symbole de l’air, nous dit aussi que nous avons pleinement quitté les profondeurs aquatiques des quatre dernières lunes.
Le Saule est sacré pour Hécate, Minerve, Héra et Perséphone ; tous les aspects de la Déesse liés à la Mort. Cela peut sembler étrange au moment du printemps, mais rappelez-vous le faucon, en tant qu’oiseau de proie, est porteur de mort lui-même. L’histoire de Gwion illustre cela symboliquement.
Dans l’histoire de Gwion – le garçon qui est mangé par la sorcière sauvage Cerridwen et qui renaît comme l’enfant miraculeux Taliesin – Gwion passe par un certain nombre de transformations pour échapper à la fureur de la Déesse. Ces transformations se succèdent dans l’ordre strict des saisons, tout comme les formes correspondantes que la Déesse prend pour le poursuivre et enfin l’attraper. Tout d’abord, Gwion est un lièvre en automne, saison de la chasse ; Elle devient un lévrier femelle ; puis il se transforme en poisson durant les pluies de l’hiver et, elle, se transforme en loutre ; ensuite il devient un oiseau au printemps lorsque les migrateurs reviennent et, elle, devient un faucon ; et enfin il se transforme en un grain de blé durant l’été, la saison des récoltes et Elle le mange en prenant la forme d’une poule noire à grande crête – la coiffure rouge et les plumes noires la désignent comme la Déesse de la Mort (Graves, 400).
Une dernière chose à mentionner, Hécate, la Déesse de la Mort, a pour messager la Chouette, qui nous conduit à la prochaine lune, l’Aubépine.
- Aubépine / Huath : Je suis beau parmi les fleurs
Huath est la saison des fleurs et elle est régie par l’Aubépine ou l’Arbre de Mai. Olwen est la Reine de Mai et la fille de l’Aubépin ou du « Géant Aubépin ». Le nom Olwen signifie « Celle à la Trace Blanche », à cause des trèfles blancs qui poussent dans les traces de ses pas. (Graves, 209-210)
Olwen est un autre nom pour Blodeuwedd (‘aspect de Fleurs’), elle a été créée par le magicien Gwydion à partir de bourgeons et de fleurs (Graves, 41) pour être la fiancée de Llew Llaw Gyffes (Graves, 85). Dans le mythe de Blodeuwedd et Llew Llaw, Blodeuwedd rencontre Gronw et en tombe amoureuse. Elle complote avec lui pour tuer son époux, Llew Llaw. Par ruse, Llew est conduit sur le lieu de mort : Gronw se lève et le tue d’un coup de lance dans le flanc. L’âme de Llew s’élève ensuite sous la forme d’un aigle. (Graves, 310)
Lorsque le père de Llew, Gwydion, part à sa recherche, Blodeuwedd lui dit qu’il a quitté la maison pour aller à la chasse. Gwydion, cependant, en sait plus et voyage à travers tous les pays à la recherche de Llew. Enfin, il créé le Caer Gwydion, ou la Voie Lactée, comme une trace, une voie, par laquelle il recherche l’âme de Llew dans les cieux, et où il la trouve. Pour la punir de sa traîtrise envers son époux, Gwydion la transforme en oiseau, après quoi elle s’enfuit de son beau-père. (Graves, 315)
L’oiseau que Blodeuwedd est devenue est une chouette et elle est appelée Twyll Huan (‘le trompeuse de Huan’) pour avoir causé la mort de Llew, Huan étant l’autre nom de Llew, et tylluan étant le mot Gallois pour chouette. (Graves, 85)
Dans l’histoire, Blodeuwedd est transformée en une Chouette par Gwydion. En réalité, elle a été une Chouette pendant des milliers d’années avant que Gwydion ne naisse – la même Chouette qui est représentée sur les pièces d’Athènes comme symbole d’Athéna, la Déesse de la Sagesse. Sous ses deux aspects de Déesse de l’Amour et Déesse de la Sagesse, Blodeuwedd fait partie d’une pentade, elle-même représentant le Printemps et l’Été, respectivement. Les cinq déesses sont Arianrhod la Déesse-Naissance ; Arianrhod la Déesse de l’Initiation ; Blodeuwedd la Déesse-Amour ; Blodeuwedd la Chouette, Déesse de la Sagesse ; et Cerridwen la Déesse Truie ; qui ensemble représentent les cinq saisons de l’année ou les cinq voyelles du Calendrier Celtique des Arbres (Graves, 315).
Ainsi, nous pouvons le voir dans cette histoire, Blodeuwedd, sous son aspect de Déesse-Amour (Printemps), est le pouvoir de transformation derrière Llew Llaw, qui après sa mort, de la main de Gronw, prend la forme d’un aigle. Son père le trouve et lui redonne sa forme humaine, suite à quoi Llew tue Gronw, l’amant de Blodeuwedd, de la même façon qu’il a été tué, par une lance dans le flanc. Et donc Llew règne à nouveau à la place de Grown. Blodeuwedd est elle-même transformée sous son second aspect, la Déesse de la Sagesse (Eté), qui est la prochaine lune qui conduira l’âme d’Hercule, sous la forme d’un aigle, aux Cieux, et en compagnie des Immortels. (Graves, 126).
[Traduction à suivre]
- Chêne / Duir : Je suis un dieu qui met le feu à la tête avec de la fumée – c’est-à-dire, qui donne l’inspiration
Bibliographie :
- Graves, Robert. The White Goddess. 1948. The Noonday Press, New York, NY.
[Saille] Un panier à offrandes
Deux jours avant la pleine lune, je suis partie à la rencontre d’un Saule. Après avoir arpenté un ruisseau un long moment, j’en ai trouvé un qui a bien voulu me donner une baguette et une brassée de branches pour faire un panier à offrandes et refaire mon stock d’herbes à potion ! ;) Tout le temps que j’ai passé avec lui, une petite couleuvre était là dans ses branches à prendre les rayons du soleil… Avant de repartir, je lui ai laissé quelques cadeaux, une pièce de monnaie, des cristaux de quartz et un morceau d’écorce de pin…

Et après un peu de travail voilà un petit panier de forme très spéciale ! La confection de ce panier a resserré les liens entre nous avec une étonnante facilité. Si vous avez l’occasion de croiser la route d’un Saule qui veut bien travailler avec vous, n’hésitez pas! Même si le panier ne ressemble à rien en apparence, il est déjà une véritable offrande !


Teinture végétale : l’aulne, recettes de jaune d’or
J’ajouterai des recettes de teintures végétales au fil de mes recherches et trouvailles. J’aimerai les expérimenter au fil des saisons pour fabriquer des fils pour mes pratiques sorcières. Ceci permettrait d’incorporer les caractéristiques magiques prêtées aux arbres que nous étudions dans notre tradition.
Aujourd’hui, voici deux recettes de jaune d’or à réaliser à partir des chatons femelles de l’aulne. Mais sachez, qu’en théorie (je précise parce qu’avec les teintures végétales, il y a toujours de surprises), Il est également possible d’obtenir :
- des bruns riches au kaki avec ces mêmes chatons ;
- encore du jaune avec les feuilles ;
- des marrons ou des noirs en ajoutant du sulfate de fer ;
- des tonalités noisette et même orange avec l’écorce par fermentation.
L’aulne (alnus glutinosa) ou aune noir appartient à la famille des cupulifères.
- Quelle partie utilisée : les chatons femelles.
- Epoque de récolte : octobre-novembre.
- Lieux : près des cours d’eau, sur les terrains humides.
Recette n° 1 :
- 400 grammes de chatons femelles*
- 100 grammes de laine
- 10 grammes d’alun
- Pas de mordant
Faire bouillir les chatons pendant 30 minutes. Y mettre la laine non mordancée avec l’alun. 60 minutes d’ébullition.
Note : certains auteurs conseillent de réduire en poudre ou, au moins, de broyer les chatons auparavant.
Recette n° 2 :
- 300 grammes de chatons femelles
- 100 grammes de laine
- 10 grammes d’alun
- 3 grammes de craie
- 2 grammes d’étain
- Pas de mordant
Faire bouillir les chatons durant 30 minutes. Y mettre la laine non mordancée avec l’alun et la craie. 60 minutes d’ébullition.
Le lendemain, y dissoudre 2 gr d’étain. 30 minutes d’ébullition.
Laver à l’eau légèrement savonneuse.
Conseils pratiques :
- La laine non mordancée doit toujours être mouillée avant de la plonger dans le bain de teinture, afin qu’elle reste douce.
- Ne jamais faire bouillir trop fort la laine et la laisser toujours refroidir dans le bain de teinture avant le rinçage.
- Toujours bien dissoudre les produits chimiques dans de l’eau chaude, avant de les mettre dans le bain de mordançage ou de teinture.
- Le bain de teinture dans lequel on a commencé par cuire le matériau végétal pendant une demi-heure ou une heure, doit être refroidi jusqu’à 40° avant d’y plonger la laine, mordancée ou non.
- Toujours bien rincer la laine à l’eau tiède après la teinture.
D’après Teintures végétales de Nel Goublitz, éditions Dessain et Tolra.
[La Déesse Blanche] F pour FEARN
F pour FEARN
Extrait du livre « Les mythes celtes, la Déesse Blanche » par Robert Graves.
Le quatrième arbre est l’aune, l’arbre de Bran. Dans le Combat des Arbres, l’aune combat en première ligne, ce qui est une allusion au fait que la lettre F est l’une des cinq premières consonnes du Beth·Luis-Nion comme du Boibel-Loth. Dans le Chant des Arbres de la Forêt (1), poème irlandais ossianique, il est décrit comme « le plus acharné à la bataille de toutes les essences, le plus chaud des arbres au combat ». Quoique pauvre combustible, comme le saule, le peuplier et le châtaignier, il est prisé des fabricants de charbon de bois d’après lesquels c’est lui qui fournit le meilleur charbon. Son rapport avec le feu est exalté dans le Roman de Brandwen lorsque « Gwern » (l’aune), fils de la sœur de Bran, est brûlé sur un bûcher. Et dans les districts reculés d’Irlande, le crime d’abattre un aune sacré amène, pense-t-on, comme châtiment la destruction par le feu de la maison du fautif. L’aune est aussi à l’épreuve du pouvoir désagrégeant de l’eau. Ses feuilles, légèrement poisseuses, résistent plus longtemps aux pluies d’hiver qu’aucun autre arbre a feuilles caduques et son bois résiste à la destruction indéfiniment, même s’il sert à faire des conduites d’eau ou des pilotis. Le Rialto, à Venise, repose sur des pilotis d’aune, de même que plusieurs cathédrales médiévales. Vitruve, l’architecte romain, mentionne qu’on se servait d’aunes pour établir les fondations des chaussées dans la marche de Ravenne.
Le rapport entre Bran et l’aune, dans ce sens, est clairement mis en évidence dans le Roman de Brandwm où les porchers (prêtres oraculaires) du roi Matholwch d’Irlande voient une forêt sur l’eau et ne peuvent deviner ce que c’est. Branwen leur dit que c’est la Hotte de Bran le Beni venu le venger. Les vaisseaux sont ancrés au large. Bran s’avance en marchant sur les hauts fonds et fait débarquer ses impedimenta et ses gens; après quoi il jette un pont sur le fleuve Linon, bien que ce dernier dût en être protégé par un charme magique, en se couchant en travers du fleuve et en faisant poser des claies au-dessus de lui. En d’autres termes, à partir d’une jetée, un pont fut construit sur des piles faites d’aune. On disait de Bran : « nulle maison ne peut le contenir ». À l’énigme « qu’est-ce qu’aucune maison ne peut contenir ? » la réponse est simple : « les pilotis sur laquelle elle est construite ! » En effet, les premières maisons européennes furent bâties sur des pilotis d’aune au bord de lacs. « La tête chantante de Bran » fut bien, dans un sens, la tête momifiée d’un roi sacré ; mais dans un autre sens, c’était la tête de l’aune, c’est-à-dire sa frondaison. On fait de jolis sifflets avec les branches vertes de l’aune, c’est la raison pour laquelle, d’après mon ami Ricardo Sicre y Cerda, les garçons de Cerdagne, dans les Pyrénées, scande en catalan une prière traditionnelle :
Berng, Berng, sors de ta peau :
Je te ferai siffler si joliment.
Ils la répètent en frappant l’écorce avec un petit bâton de saule pour la détacher du bois. Berng (ou Verng dans le langage de Majorque, de même famille) c’est encore Bran. Les appels à Berng sont faits au profit de la déesse du saule. Le fait de se servir de saule pour frapper, au lieu d’un second morceau d’aune, porte à croire que c’était de tels sifflets que se servaient les sorcières pour évoquer les vents destructeurs, surtout ceux du nord. Mais on peut fabriquer des pipeaux a plusieurs trous de la même façon que les sifflets et, dans ce sens, la tête chantante de Bran peut avoir été un pipeau en aune. À Harlech, où la tette chanta sept années durant, le ruisseau d’un moulin prend sa course au-delà du rocher du Château. C’est l’endroit rêvé pour un bosquet d’aunes sacrés. Il est possible que la légende d’Apollon écorchant vif Marsyas, le joueur de pipeau, soit un souvenir de l’excision de l’écorce de l’aune pour en fabriquer des sifflets.
Dans l’ancienne Irlande, on se servait encore d’aune pour faire des seaux à lait et autres récipients de laiterie, d’où son nom poétique, dans le Livre de Balbmate : Comet lachta (« Gardien du lait »). Cette relation entre Bran-Cronos, l’aune, et Rhéa·Io, la vache blanche-Lune ; est d’importance. En Irlande, on appelait lo « Glas Gabhnach », « Celle qui donne du lait encore verte » parce que, tout en n’ayant jamais eu de veau elle produisait des fleuves de lait. Gavida, le nain volant forgeron, l’avait fait sortir furtivement d’Espagne; elle avait fait le tour de l’Irlande en un seul jour, avait été gardée par les sept fils du nain (probablement symboles des sept jours de la semaine) et finit par donner le nom de Botharbo-finné, « Trace de la Vache Blanche », à la Voie Lactée. Selon les Actes de la Grande Académie Bardique, elle aurait été tuée par Guaire à la requête de la femme de Seanchan Torpest, puis, selon l’Histoire d’Irlande de Keating, aurait été vengée en 528 de notre ère quand le roi suprême d’Irlande, Diarmuid, fut exécuté par son fils aîné pour avoir tué une vache sacrée. Le nom de Caer Bran, donné à la colline britannique la plus occidentale, face au cap Land’s end prouve le lien existant entre Bran et l’océan de l’ouest.
La mythologie grecque ou latine mentionne rarement l’aune, sans doute supplanté comme arbre oraculaire par le laurier de Delphes. Mais l’Odyssée et l’Enéide contiennent des références importantes a l’arbre. Dans l’Odyssée, l’aune est le premier nommé des trois arbres de la résurrection (le peuplier blanc et le cyprès étant les deux autres) qui formaient un bois autour de la grotte de Calypso, la fille d’Atlas, dans son île élyséenne d’Ogygie; dans ce bois nichaient et jacassaient les corbeaux de mer (consacrés à Bran en Bretagne), les faucons et les mouettes. Ceci explique la version, donnée par Virgile, de la métamorphose des sœurs de Phaéton, le héros solaire : tandis qu’elles pleuraient la mort de leur frère, dit-il dans l’Enéide, elles auraient été converties, non en un bosquet de peupliers comme le relatent Euripide et Apollonios de Rhodes, mais en un petit bois d’aune situé sur les rives du Po, et ceci désignaient évidemment une île élyséenne de plus. On fait généralement dériver le mot grec pour aune, clethra, de cleio, « je clos » ou « je renferme ». L’explication semble consister dans le fait que les fourrés d’aunes enfermèrent le héros dans l’île oraculaire en poussant autour de sa tombe. Les îles oraculaires semblent avoir été originellement des îles de fleuves et non des îles océaniques.
L’aune était bien connu, et l’est encore, pour produire trois belles teintures : rouge par son écorce, verte par ses inflorescences et brune par ses rameaux. Elles symbolisent le feu, l’eau et la terre. Dans le Glossaire de Cormas (Xème sicle) rédigé en termes désuets, l’aune est dénommé ro-eim, Déduire que les « héros tachés de cramoisi » des Triades galloises, qui étaient des rois sacres, avaient un rapport avec le culte de l’aune de Bran.
Une raison de la sainteté de l’aune est que, lorsqu’il est abattu, son bois, d’abord blanc, semble saigner rouge comme un être humain. Dans le folklore britannique, la teinture verte est associée aux vêtements des fées : si l’on peut voir en ces dernières les survivantes des tribus primitives dépossédées et forcées de se réfugier sur les hauteurs et dans les bois, le vert des vêtements peut s’expliquer comme un camouflage : les forestiers et les brigands l’adoptèrent au moyen âge. L’usage de l’aune est très ancien. Mais surtout il est l’arbre du feu, du pouvoir du feu de libérer la terre de l’eau; et la branche d’aune qui fit reconnaître Bran dans le Câd Goddeu est un symbole de résurrection (ses rameaux sont disposés selon une spirale). Ce symbole de la spirale est antédiluvien : les plus anciens sanctuaires sumériens étaient des »maisons des esprits », comme celles de l’Ouganda, et étaient entourés de piliers spiraliformes.
Le quatrième mois s’étend du 18 mars, époque des premiers chatons de l’aune, au 14 avril et marque l’assèchement des inondations hivernales par le soleil printanier. Il contient l’équinoxe du printemps à partir duquel les jours commencent à devenir plus longs que les nuits et le soleil à devenir adulte. De même que l’on peut dire poétiquement que les frênes sont les rames et la quille du coracle qui transporte l’esprit de l’Année à travers les inondations jusqu’à la terre sèche, on peut également dire que les aunes sont les pilotis qui maintiennent la maison hors de l’atteinte des inondations de l’hiver. Fearn (Bran) apparaît dans la mythologie grecque sous l’aspect du roi Phoronee, législateur du Péloponnèse. Il était honoré comme un héros a Argos qu’il aurait, dit·-on, fondée. Hellanicus de Lesbos, un savant contemporain d’Hérodote, en fait le père de Pelasgus, Iassus et Agénor qui se partagèrent son royaume après sa mort : en d’autres termes, l’origine de son culte à Argos se perdait donc dans la nuit des temps. Pausanias, qui vint a Argos pour s’informer, écrit que Phoronée était le mari de Cerdo (la Déesse Blanche en tant que muse) et que le dieu-fleuve Inachus l’avait fait concevoir par la nymphe Melia (frêne). Puisque l’aune succède au frêne dans le calendrier des arbres, et puisque les aunes poussent au bord des eaux, le pedigree est acceptable. Pausanias confirme l’identification de Phoronée à Fearn en semblant laisser de côté la légende de Prométhée et en faisant de Phoronée l’inventeur du feu. D’âpres Hyginus, le nom de sa mère aurait été Argéia (« d’un blanc éblouissant »), encore la Déesse Blanche. Ainsi Phoronée, comme Bran et les autres rois sacrés, était né de, marié à, et finalement enseveli par la Déesse Blanche : son fossoyeur était la déesse de la mort Héra Argeia à laquelle, dit-on, il aurait le premier offert des sacrifices. Phoronée devint alors le dieu Fearineus, le dieu du printemps auquel on offrait des sacrifices annuels sur le mont Cronien a Olympie à l’équinoxe du printemps (2). Sa tête chantante rappelle celle d’Orphée dont le nom est peut-être une abréviation d’Orphruoeis, « Poussant sur la rive du fleuve », c’est-à-dire « aune ».
En certains pays méditerranéens, on semble avoir utilisé le cornouiller à la place de l’aune. Son nom latin cornus vient de cornix, « corneille ». Celle-ci était consacrée à Saturne, ou Bran, et dévore les « rouges cerises » du cornouiller comme le faisaient aussi les pourceaux de Circé, d’après Homère. Ovide associait ces « fruits » aux glands comestibles comme nourriture des humains pendant l’âge de Saturne. Aussi bien que l’aune, l’arbuste fournit une teinture rouge. On le tenait pour sacrer à Rome où le point de chute du javelot en bois de cornouiller de Romulus avait déterminé l’endroit où la cité devait être construite. Le fait qu’il soit rattaché à ce mois est qu’il est en fleurs, blanches, au milieu de mars.
____________________________________
(1) On peut le trouver, dans la traduction anglaise de Standish O Grady, au milieu du Recueil de poèmes des Gaéls de E. M. Hull. Dans le Dartmoor, il en existe une version charmante, quoi qu’émasculée. Elle énumère quels arbres brûler ou non dans des termes équivalents à ceci en français :
Bûches de chêne chaufferont bien ·
Si elles sont vieilles et sèches,
Bûches de pin sentiront bon
Mais étincelles voleront.
Bûches de bouleau brûleront trop vite,
Et celles du châtaignier à peine,
Bûches d’aubépin durent longtemps :
Coupe-les à la chute des feuilles.
Bûches de houx brûleront comme cire,
Tu peux les brûler vertes;
Bûches d’orme sont comme lin couvant
Sans laisser voir de flamme.
Bûches de hêtre pour l’hiver,
Ou bûches d’if aussi bien;
Bûches de sureau vert, c’est un crime
Pour quiconque de les vendre.
Bûches de poirier et bûches de pommier
Embaumeront la pièce;
Bûches de cerisier contre les chenets
Sentent comme la fleur du genet.
Bûches de frêne, lisses et grises,
Brûle-les vertes ou vieilles
Achète tout ce que tu en trouveras sur ton chemin
Au prix de leur poids en or.
(2) Les Athéniens, pourtant, célébraient la fête de Cronos au début de juillet, pendant le mois de Cronion ou Hécatombéion (« Cent Têtes ») appelé aussi à l’origine Nékusion (« le Mois du Cadavre ») par les Crétois et Hyacinthion par les Siciliens pour rappeler Hyacinthe,le double de Cronos. La récolte de l’orge tombe en juillet, si bien qu’à Athènes, Cronos devenait Sabazios, « jean grain d’orge », le premier à apparaître au-dessus du sol à l’équinoxe de printemps; on célébrait joyeusement sa multiple mort à la fête des moissons. Il avait longtemps perdu ses relations avec l’aune bien qu’il partageât encore un temple à Athènes avec Rhea, la Reine de l’Année gardée par un lion, qui était son épouse de la Saint-Jean et à qui le chêne était consacré en Grèce.
Fearn, l’Aulne
Extrait du livre Oghams – Ecriture sacrée des Druides Par Dianann.
- Utilisation :
L’aulne est utilisé pour reboiser les terres incultes. Son bois est léger et tendre mais il tend à se fendre. Il est réputé imputrescible et son bois entre dans la fabrication des piles de ponts, pilotis (Venise) et les sabots. Les indiens creusaient le tronc de la variété américaine pour faire des canots. On extrayait trois teintures de l’aulne: une rouge (par son écorce). une brune (par sa ramure) et une verte (par ses fleurs).
- Propriétés curatives :
Une décoction d’écorces pour gargarisme, calme les angines et les ulcères variqueux. Une application de feuilles chauffées pour les rhumatismes. Pour guérir les verrues, en Provence’ il faut les fouetter jusqu’au sang avec un rameau d’Aulne qui doit être ensuite caché dans l’anfractuosité d’un mur. Des bouquets de feuilles placés dans un local attirent les poux’ puces et autres parasites ; il suffit ensuite de brûler le « piège ».
Parties utilisées : Feuilles et fruits.
Composition biochimique : L’écorce contient un principe fébrifuge et en décoctions soulage les brûlures et inflammations.
- Légendes et traditions :
Merlin fit pousser des ifs du tronc des aulnes, ce qui signifiait que de la royauté terrestre pouvait émaner la souveraineté spirituelle. Les bardes qui en font des fûtes et des sifflets l’appellent le bois a la tête chantante.
Il est l’arbre qui cèle la paix entre Gaëls et les Bretons. En Irlande on détruisait par le feu la maison de celui qui avait abattu un Aulne sacré. L’aulne était dédié à Bran, le chevalier des Celtes.
Dans la mythologie grecque, il est l’arbre des Morts du dieu Cronos. Il est avec le peuplier et le cyprès, l’un des trois arbres de la résurrection et prés de la fameuse grotte de la nymphe Calypso se trouvait un bois formé de peupliers, de cyprès et d’aulnes. Les Grecs avaient une vénération identique pour l’aulne qui était l’un des arbres sacrés des bosquets de Perséphone dans son royaume de l’autre monde (l’Érèbe) car il symbolisait la régénération et l’éternité des cycles de vie.
Dans la tradition germanique, il joue un grand rôle, « le roi des aulnes ». En Allemagne, on rapporte qu’ils pleurent lorsqu’on les abats.
Du fait de son habitat dans les marais et de la couleur rouge sang de son bois fendu, l’Aulne était associé aux sorcières.
On lui attribuait le pouvoir d’éloigner le feu des maisons ou les rongeurs des champs, et de faciliter la mise bas du bétail.
Les baguettes magiques sont faites de son bois, et sa fumée est propice aux évocations.
- Briatharogham :
Fenius : Airenach Fiann -i- fernd, air is di na sgeith – L’avant-garde de la bande-guerrière, c’est à dire l’aulne, car on en fait des boucliers.
Ogma : Fern -i- fearn sin isin caill – Fern c’est à dire aulne dans la forêt.
Morann Mac Main : Airinach Pian -i- sciath arn fern aigiseom sin ar a ndergi ar aenrian : no air is i in fern adbur in sceith tucad o fernae forsin fid ogaim rogab ainm uaidhi. Airenach Fian -i- sciath fern sin aigisium – Avant-garde du groupe de guerriers c’est à dire bouclier pour l’aube avec lui célèbre [= du fait de] sa couleur rougeâtre [ou rougi par le sang] sur la même voie [de la même façon] : ou parce que l’aulne, le matériel avec lequel on fait un bouclier a été donné à la lettre de l’Ogam qui a pris son nom à partir de l’aulne. Avant-garde du groupe de guerriers, c’est-à-dire bouclier du fait de l’aulne.
Mac ind Oic : Comet lachta -i- ferrn in ogaim sin o fern na caill, ar is di doniter lestair imon lacht. – La garde du lait, à savoir l’aulne de l’Ogam d’après l’aulne des forêts, car c’est ce qui garde le lait car les récipients contenant le lait sont faits de lui.
Cu Chulainn : Din cridi – Protecteur de ce qui est central (ou au cœur).
Associations : Oiseau – Goéland ; Couleur – Rouge ; Humain – Trois héros ; Femme – Trois héroïnes ; Agriculture – Haie ; Eau – Trois ruisseaux ; Chien – Trois chiens de garde ; Bovin – Trois taureaux ; Vache – Trois vaches laitières ; Art – Poésie.
La protection est évidente, protection des guerriers, du cœur. Il protège aussi le guerrier car les boucliers étaient de son bois. La notion du pot de lait fait penser qu’il est celui qui donne la nourriture à ses enfants.
- Signification : Fondation
Protection spirituelle dans les conflits. Fondation, force intérieure, principes. De bon conseil à portée de main, Pouvoirs oraculaires et protection des individus et des lieux. Guerrier spirituel, confiance intérieure. II sera celui qui aidera à relever les défis.
L’eau et le feu. J’aime cet arbre de par sa dualité feu/eau. arbre qui de par ce fait est féminin jusqu’au bout des branches. Il porte le sourire de la Déesse mais il nous apporte aussi sa force, sa détermination.
Arbre pionnier et fort qui résiste même à la putréfaction. Il est considéré comme sacré dans de nombreuses régions an point qu’il peut être interdit de l’abattre.
Fearn, arbre de l’Eau
Donne moi les oracles,
Feam arbre du Feu,
Apporte moi la protection
Fearn, arbre de l’Eau
Apporte moi ta force.
Fearn arbre du Feu,
Pour vaincre les conflits
Dans les tirages de l’Ogham est principalement le signe d’un besoin de conseils. Porté sur soi pour sa force spirituelle. Gravé pour nous aider à relever un défi.

[Luis] L’ogham du sorbier par Stephanie Woodfield
Traduction et adaptation : Siduri
Signification divinatoire : protection, avoir un bouclier protégeant du mal.
Renversé : vulnérabilité face au danger ou aux influences négatives, besoin de renforcer ses défenses.
Le sorbier est réputé pour ses qualités protectrices. Cet Ogham a été décrit comme « l’ami » ou la « force » du bétail, ce qui fait référence à son usage magique dans la protection des animaux face aux attaques des mauvais esprits ou du peuple de Faery qui fait tourner le lait. Le sorbier était planté près des maisons, près des églises et des sites sacrés afin de les protéger. Une petite branche de sorbier noué trois fois avec un fil rouge était censé briser les mauvais sorts. Connecté au soleil et aux divinités solaires, le sorbier est particulièrement sacré pour Brigid et Brigantia. Brigid porterait des flèches en sorbier qui s’enflammeraient selon son désir.
Usage magique : protection
[Beth] L’ogham du bouleau par Stephanie Woodfield
Traduction et adaptation : Siduri
Signification divinatoire : nouveaux commencements, un nouveau départ. Renouvellement et naissance.
Renversé : lâcher le passé pour ne pas rester stagnant.
Un des premiers arbres à fleurir au printemps, le bouleau est lié au renouvellement, au bannissement des mauvais esprits, et à la protection des enfants. Le premier message écrit en Ogham était « beith » [ndlt : ou « beth » comme il est nommé dans notre tradition] , avertissant le dieu solaire Lugh de l’enlèvement de sa femme, et il a dès lors été associé au soleil et à la lumière. Le bouleau est également utilisé traditionnellement pour fabriquer des balais de sorcières.
Usages magiques : tentatives, commencements, rituels invoquant Lugh.
[Nion] L’ogham du frêne par Stephanie Woodfield
Traduction et adaptation : Siduri
Signification divinatoire : transformation et changement sont possibles. Magie et « shape-shifting ».
Renversé : se sentir dépossédé de tout pouvoir. Ne pas prendre le contrôle sur les événements.
Le frêne était l’arbre sacré du dieu magicien Gwyddion. On l’utilisait pour fabriquer des lances et des flèches, et il nous incite à prendre le contrôle de nos vies plutôt que de nous laisser contrôler par les circonstances. La lance comme la flèche nous rappellent le bâton/la baguette, sous-entendant l’usage de magie pour créer changement et transformation. Les bâtonnets de l’Ogham étaient à l’origine fait à partir de frêne, le mot « nuin » [ndlt : ou nion, comme il est nommé dans notre tradition] signifiant « lettres ». Trois des cinq arbres sacrés d’Irlande étaient des frênes. Dans la mythologie nordique, Yggdrasil, l’Arbre-Monde, était également un frêne.
Usages magiques : magie de transformation, amener le changement dans la vie de quelqu’un.