Sire Gauvain et le Chevalier vert

Sire Gauvain et le Chevalier Vert est un chef-d’œuvre de la littérature médiévale anglaise. Le texte original, rédigé vers la fin du XIVᵉ siècle, met en scène Gauvain, chevalier de la Table ronde, confronté à un défi étrange lancé par un mystérieux chevalier entièrement vêtu de vert.

Sans vous spoilez, si vous ne connaissez pas l’histoire, sachez que les motifs majeurs sont :

  • L’honneur et la parole donnée ;
  • La tentation et la vertu ;
  • Le rapport entre nature sauvage et civilisation courtoise ;
  • Les symboles celtiques et païens, comme la couleur verte, la ceinture magique, et la Chapelle Verte…

La lecture et l’étude de « Sire Gauvain et le Chevalier vert » sont profondément pertinentes dans le cadre de la lunaison de Tinne, car ce texte incarne les thèmes centraux du cycle du houx :

  • la maîtrise du pouvoir,
  • le feu intérieur,
  • et l’épreuve initiatique.

La figure du Chevalier vert, souvent associée au Roi Houx, représente la force sauvage, persistante et énigmatique de l’hiver. Son défi lancé à Gauvain est une épreuve de courage, d’honneur et de résilience, reflet des énergies contenues et transformatrices que Tinne canalise à travers le feu de la forge et la continuité du cycle des saisons.

Ce texte illustre également la dualité entre impulsion et retenue, tout comme les feuilles du houx, lisses et piquantes, évoquent la nécessité de tempérer sa force avec sagesse.

Il existe des traductions en français de Sir Gawain and the Green Knight :

  • Sire Gauvain et le chevalier vert. Poème anglais du XIVe siècle. Traduction avec le texte en regard, par Emile Pons (1948). Il s’agit d’une des premières traductions complètes en français, avec le texte original en regard.
  • Sire Gauvin et le chevalier vert. Traduction moderne (collection 10/18), par Juliette Dor (1993). Elle est appréciée pour sa fidélité au texte médiéval et son accessibilité.

Sir Gawain and the Green Knight fut traduit en anglais moderne par J.R.R. Tolkien. Sa traduction est remarquable par sa fidélité au texte médiéval. Elle respecte la structure rythmique et le lexique du poème original, allant jusqu’à intégrer un petit glossaire pour en faciliter la compréhension.

  • L’article Homme elfique, peuple elfique de Leo Carruthers explore en profondeur la traduction anglaise moderne de Sir Gawain and the Green Knight réalisée par J.R.R. Tolkien, en la replaçant dans une perspective littéraire et mythologique accessible aux lecteurs francophones.
  • Le site Palimpsestes propose une analyse approfondie des traductions modernes, notamment celles de Bernard O’Donoghue et Simon Armitage, et leur impact sur la réception contemporaine du texte. Sir Gawain and the Green Knight Traduction et survie d’une œuvre.

T pour Tinne [La Déesse Blanche]

T pour TINNE

Extrait de l’Alphabet des Arbres, La Déesse Blanche. Robert Graves.

Le huitième arbre est le houx qui fleurit en juillet. Le houx apparaît dans Le Roman de Gawain et du Roi Vert initialement irlandais. Le roi vert est un géant mortel dont la massue est une bûche de houx. Lui, et Sir Gawain qui apparaît dans la version irlandaise sous le nom de Cuchulain, Hercule typique, font le pacte de se décapiter l’un l’autre chaque Nouvelle Année (c’est-à-dire au solstice d’été et au solstice d’hiver). Mais en réalité le chevalier du houx épargne le chevalier du chêne. Dans le Mariage de Sir Gawain, ballade de Robin Hood, le roi Arthur qui, en l’occurrence, trône à Carlisle, dit :

Comme j’arrivais de sur une mer
Je vis une femme assise
Entre un chine et un houx vert.
Elle était vêtue de rouge.

Cette femme, dont on ne mentionne pas le nom, est sans doute la déesse Creiddylad pour qui, dans le mythe gallois, le chevalier du chêne et le chevalier du houx devaient combattre chaque 1er mai jusqu’au jugement dernier. Comme, dans la version médiévale, saint Jean Baptiste, qui perdit sa tête à la Saint-Jean*, avait assumé les titres et coutumes du roi du chêne, il fut naturel de faire de Jésus, en tant que successeur généreux de Jean, celui qui assumerait ceux du roi du houx. Le houx était ainsi glorifié au-dessus du chêne. Par exemple, dans le Poème du Houx :

« De tous les arbres qui sont dans la forêt
Le houx porte la couronne. »

L’affirmation procède d’une phrase du Chant des Arbres de la Forêt :

« De tous les arbres, où qu’ils soient, le meilleur, sans contredit, est le houx ».

Dans chaque strophe du poème suivie du court refrain sur « le lever du Soleil, la course du cerf », l’auteur met en parallèle telle ou telle propriété de l’arbre avec la naissance ou la passion de Jésus : le blanc de la fleur, le rouge du fruit, le pointu des piquants, la solidité du tronc. « Houx » (holly) veut donc dire « saint » (holy). Et pourtant, ce n’est pas le houx, originaire des Îles Britanniques, qui dut figurer parmi les arbres de l’alphabet originel. Il a probablement remplacé le chêne vert avec lequel il a de nombreux points communs, y compris le même nom botanique ilex. Ce chêne vert ne fut pas introduit dans les Îles Britanniques, avant le XVIe siècle. C’est l’yeuse, chêne du kermès ou chêne-houx, qui serait donc le jumeau toujours vert du chêne ordinaire ; du reste ses noms en grec classique, prinos et hysge, servent aussi à désigner le houx en grec moderne. Il possède des feuilles acérées et abrite le kermès, insecte écarlate qui ne serait pas sans évoquer le fruit du houx au point d’être parfois pris pour lui et dont les Anciens tiraient leur teinture rouge royale et un élixir aphrodisiaque. Dans la « Version Autorisée » de la Bible, le mot « chêne » est parfois traduit par »térébinthe » et parfois par « chêne rouge » et ces arbres forment une paire sacrée dans la religion palestinienne. Jésus porta du rouge de kermès lorsqu’il fut habillé en roi des Juifs (Matthieu XXVII, 28).

Nous pouvons considérer les lettres D et T comme jumelles : « garçons blancs comme lis, habillés tout en vert, oh ! » du poème médiéval Les Joncs Verts. D est le chêne qui gouverne I» partie croissante de l’année, le chêne sacré druidique, le chêne du Rameau d’or. T est le chêne vert qui gouverne la partie décroissante de l’année, le chêne sanglant : c’est ainsi qu’un bosquet de chênes verts, près de l’Asopus corinthien, avait été consacré aux Furies. Le mot celtique Dann ou Tann, l’équivalent de Tinne, désigne n’importe quel arbre sacré. En Gaule et en Grande-Bretagne il signifie « chêne », en celtique germain il signifie « sapin », en Cornouaille le composé glas-tann (« arbre vert sacré ») désigne l’yeuse et le mot « tanner » vient de l’emploi de son écorce en tannerie. Cependant, dans l’Italie ancienne, c’était le houx et non le chêne vert dont se servaient les paysans au cours de leurs saturnales du solstice d’hiver. Tannus était le nom du dieu-Tonnerre gaulois et Tina celui du dieu-Tonnerre, armé de l’éclair triple, que les Étrusques avaient emprunté aux tribus goïdéliques parmi lesquelles ils s’étaient installés.

L’assimilation d’un Jésus pacifique au houx et au chêne-houx doit être considérée comme poétiquement inepte : sauf au moment où il déclare qu’il est venu apporter non la paix mais la discorde. C’était le taniste qui exécutait originellement son jumeau : il crucifiait le roi du chêne, et non le roi du houx, sur une croix en forme de T. Dans son Procès à la cour des Voyelles (vers 160 de notre ère), Lucien est explicite :

Les hommes pleurent et se lamentent sur leur sort et maudissent Cadmus d’innombrables malédictions pour avoir introduit le Tau dans la famille des lettres. Ils disent que c’est son corps que les tyrans ont pris comme modèle, et sa silhouette qu’ils ont imitée lorsqu’ils ont adopté la forme des bois sur lesquels on crucifierait les hommes. C’est le stauros que l’on nomme le vil instrument, et ce nom vient de lui. A présent, chargé de tous ces crimes, ne mérite-t-il pas la mort, non, plusieurs morts ? Pour ma part, je ne connais rien d’assez méchant, mais sa propre silhouette y pourvoira, cette silhouette qu’il a donnée au gibet que les hommes ont dénommé stauros, d’après son nom.

Et, dans un Évangile gnostique de Thomas, composé à peu près à la même époque, le même thème se présente dans une dispute entre Jésus et son maître d’école au sujet de la lettre T. Le maître frappe Jésus sur la tête et prophétise la crucifixion. Au temps de Jésus, le caractère hébraïque Tav, dernière lettre de l’alphabet, avait la forme du Tau grec.

Le houx gouverne le huitième mois et huit, en qualité de nombre de la croissance, est bien celui qui convenait au mois de la moisson de l’orge qui s’étend du 8 juillet au 4 août.

Tradition Faerie Faith : Comprendre les « Arbres », le Houx

Le Houx

Extrait de la thèse : The Faerie Faith and the Beth-Luis-Nion Celtic Lunar Tree Calendar par James Clifford Landis. Traduction réalisée par Fleur de Sureau.

Le Houx est la huitième lune de l’année. Son nom gaélique est Tinne (prononcé « Chihn’ uh » à l’anglaise).

Le glyphe pour le Houx est « Je suis une lance de guerre. »

  • Utilisations de la plante et Folklore

Les feuilles de houx peuvent être préparées de différentes façons afin de traiter catarrhe, pleurésie, variole, fièvres, rhumatismes et jaunisse. D’autre part, les baies ont de puissantes propriétés vomitives et purgatives. Sous forme de poudre, les baies peuvent être utilisées comme agent astringent afin de traiter les saignements. L’écorce peut être fermentée pour créer de la glu afin d’attraper des petits oiseaux [ndlt : il me semble que la chasse à la glu est désormais interdite en France] et détruire des insectes.

Houx en fleur

Des essences de houx similaires au houx commun (Ilex aquifolium) peuvent être employées en tisane (Grieve 407). Le houx a une réputation mitigée, populaire à noël mais considéré comme ayant une nature portant malheur ou au moins puissante. Le houx est souvent utilisé pendant la saison de noël en décoration avec le lierre. Pourtant, il semble qu’il existe certaines règles concernant la bonne manière de le manier dans la maison. Certaines coutumes soutiennent que le houx ne devrait pas être introduit dans la maison avant noël ; d’autres affirment que cet arbre ne devrait jamais être abattu ou détruit. D’autres encore prétendent que les brins de houx ne devraient jamais être brûlés. En outre, une grande récolte de baies de houx prédit un hiver rude (Vickery 180-2). On peut retrouver ce lien du houx avec noël dans le conte du Roi Chêne et du Roi Houx.

  • Mythologie et Symboles

Le Chêne et le Houx ont toujours été unis dans la mythologie païenne à travers l’histoire du Roi Houx et du Roi Chêne. Nous apprenons cette histoire à travers celle de Gauvin et le Chevalier Vert. Le Chevalier Vert est un géant qui manie un buisson de houx comme un gourdin. Sir Gauvin passe un pacte avec le Chevalier Vert pour se décapiter l’un l’autre d’une année à l’autre – ce qui signifie le solstice d’hiver et le solstice d’été (Graves 179-80). C’est l’histoire du Roi Chêne et du Roi Houx qui échangent leur place pour régir le monde. Au solstice d’été (durant la lune du houx), le Roi Houx prend sa place en tant que souverain du monde jusqu’au Solstice d’Hiver lorsque le Roi Chêne le remplace. Plus tard, lorsque le christianisme arriva d’Europe, la coutume fut changée, « puisque selon la pratique médiévale Saint Jean Baptiste, qui perdit sa tête le jour de la Saint Jean, reprit les titres et coutumes du Roi Chêne, il était naturel de laisser Jésus, en tant que successeur miséricordieux de Jean, de reprendre le rôle du Roi Houx. » (Graves 180).

Comme d’autres lunes de l’année, le Chêne et le Houx sont des lunes jumelles. Comme le Roi Chêne et le Roi Houx règnent chacun sur une moitié de l’année, ils constituent des symboles de la moitié de l’année masculine Yang (Chêne) et de la moitié de l’année féminine Yin (Houx).

  • Énergies

L’ancien nom irlandais pour le Houx est Tinne.De ce mot provient le terme « tanist », qui désigne le « Sombre Jumeau ». Ce sombre jumeau est le Houx, le pendant du Roi Chêne. Le taniste règne durant la moitié sombre de l’année. En psychologie, le taniste est perçu comme notre part d’ombre (la part de nous-mêmes que nous n’aimons pas ou à laquelle nous ne voulons pas faire face. C’est une nouvelle moitié de l’année et à moins que nous nous souvenions des leçons du Bouleau (conscience de soi, auto-discipline) alors les aspects négatifs de cette obscurité nous submergerons : jalousie, colère, haine, etc. Nous déambulerons aussi prompts qu’une feuille de houx à piquer quiconque nous agacerait (Kerr, « Lunar »).

Filer le houx sous la lune ronde

S’il y a bien une chose que j’apprécie tout particulièrement dans notre tradition, c’est l’accent qu’elle met sur la créativité. Nous sommes vivement encouragés à écrire, danser, sculpter, peindre… au fil des lunaisons, saisons, etc.

Il m’est déjà arrivé de filer pendant la pleine lune avec une intention précise mais ce mois-ci j’ai eu l’idée de me lancer dans un travail magique un peu particulier : réaliser un fil lors de chaque pleine lune sur une année entière. Après un tour de roue de l’année complet, je pourrais fabriquer, au choix, un ou plusieurs objets magiques à l’aide des fils chargés à la lumière des 13 lunes de notre tradition. Chaque fil aura été réalisé avec une intention magique, liée aux énergies et tendances de ces lunes. Cela fait des années que j’ai envie de confectionner une couverture de guérison, dédiée aux voyages entre les mondes. Le temps est venu de m’y mettre.

J’ai donc teint, mélangé, cardé et filé mon premier fil en cette lune du Houx. Je suis heureuse du résultat. Il faudra tout de même que je veille à réaliser suffisamment de longueur si je souhaite tisser une couverture pas trop petite.

Les mots-clefs pour ce filage en ce mois de Tinne ont été pour moi : amour et compassion.

FdS

Tinne, le houx [Alphabet magique]

Extrait du livre Magical Alphabets par Nigel Pennick. Traduction Fleur de Sureau.

La 8ème lettre ogham, Tinne, a pour valeur phonétique ‘T’. Elle est généralement associée au houx (flex aquifolium) bien que le Livre de Ballymote lui donne des attributions alternatives. Il mentionne le Cyprès (Cupressus sp.) ou le Sorbier (Sorbus acuparia). Mais le sorbier est identifié à Luis (caorthann) et la plupart des utilisateurs de l’ogham préfèrent employer le houx. Or le mot irlandais moderne pour houx est cuileann, apparenté au gallois, celyn. Pourtant, à l’inverse, le nom de la lettre magique est apparenté aux termes irlandais tine, qui veut dire feu, et teann, solide ou fort. Son équivalent dans l’alphabet gaélique écossais, Teinne, la 16ème lettre, signifie enflammé. Magiquement, le caractère Tinne apporte force et pouvoir, mais de façon équilibrée. Il dispose d’un fort élément masculin, plus spécifiquement relié à la paternité et à la capacité qui en découle, permettant aux âmes de renaître. C’est l’ogham de l’unification. L’oiseau de l’ogham Tinne est truith, l’étourneau, un oiseau qui forme d’énormes groupes. Le houx est le cinquième arbre-rustre, dont la couleur est lemen, un mot à qui l’on attribue le sens de gris-vert ou gris sombre. Son nombre consonantique ésotérique est le 11.

Tinne : correspondances Faerie Faith

Extrait de The Faerie Faith and the Beth-Luis-Nion Celtic Lunar Tree Calendar par James Clifford Landis.  Traduction : Fleur de Sureau.

Correspondances pour le système BLN du Calendrier des Arbres Lunaires. Extrait de “Lunar Tree Energies” par Linda Kerr, et la Déesse Blanche par Robert Graves.

Glyphes

Je suis une flèche décochée pour la bataille,

Je suis la lance : qui rugit pour du sang.

Je suis une lance qui rugit pour du sang, une épée affilée dans l’exercice de la vengeance.

Je suis un géant à l’épée affilée, abattant une armée dans l’exercice de la vengeance.

Couleur

Vert/Gris

Lettre

T, T

Animal

Etourneau

Symboles

Baguette de Houx, plume noire

Archétypes féminins

Creiddylad (Cornélia), Artémis, Dana.

Archétypes masculins

Cuchulain, Hercule, Sire Gauvain, Le Chevalier Vert, les Rois Chêne et Houx, Jésus et St Jean Baptiste, Tannus, Tina.

Guérisons

Médecine préventive contre la fièvre

Mystères

Invulnérabilité, Protection Préventive, Vigilance, Bon Augure, Voyage

Energies des Arbres Lunaires : le Houx

Par Linda Kerr, extrait du site faeriefaith.net
Traduction : Fleur de Sureau pour le coven d’Ignis Daemonis.

Houx

Huitième Lune

  • Glyphe – Je suis une flèche décochée pour la bataille
  • Oiseau – étourneau
  • Couleur – Vert/Gris
  • Jour – Mardi
  • Guérison – médecine préventive de la fièvre
  • Mystères – Invulnérabilité, Protection Préventive, Vigilance, Bon Augure, Voyage

houxLe Houx, comme le Bouleau, est la première lune d’un nouveau cycle. Le Houx est la première lune de la moitié sombre de l’année. Les leçons apprises durant la lune du Bouleau, l’auto-discipline, l’autorité sur soi-même, la sensibilité et la conscience, puis réitérées lors de chacune des lunes suivantes, seront les plus indispensables au cours de cette seconde moitié de l’année.

Le Solstice d’Été est le moment durant lequel, dans la mythologie, le Roi Chêne est tué par son jumeau, ou son taniste, le Roi Houx, qui règne jusqu’au Solstice d’Hiver, lorsqu’il est à son tour tué par son taniste, le Roi Chêne. Taniste est lié au tanin que l’on trouve dans le chêne ; le Chêne et le Houx sont les deux faces d’une même médaille, la fin d’un cycle et le début du suivant.

Cette bataille entre les jumeaux parle d’une bataille qui se passe en nous-mêmes. En chacun de nous se trouvent anima et animus, yin et yang, une part masculine et féminine. Après le Solstice d’Été, les énergies yang commencent à décliner, et les énergies yin occupent le premier rang. Nous entrons dans le temps de l’inconscient, la part sombre, du repli intérieur, de l’introspection. Mais nous avons toujours les énergies yang avec nous à ce moment, également. Si vous n’êtes pas pleinement équilibré intérieurement, si vous continuez d’avoir des complexes ou des blocages, alors votre moitié sombre peut devoir « combattre » votre moitié lumineuse, votre soi yang, pour se révéler, pour qu’elle soit en mesure de s’exprimer. Et bien sûr, si vous êtes vous-même malheureux, mal équilibré et sur les nerfs, vous allez vous défouler sur tout le monde. C’est l’énergie prédominante de cette période de l’année. Colère, haine, jalousie, suspicion. Nous sommes aisément provoqués et marchons sur des braises.

Même si vous êtes assez bien équilibré et heureux, comme votre inconscient commence à émerger, il occasionnera quelques émotions fortes et de l’instabilité, de l’agitation que vous n’aviez pas remarquées jusque là. Mais si vous avez bien appris vos leçons, vous reconnaîtrez ces sentiments pour ce qu’ils sont, vous serez conscient de leur effet sur votre entourage et vous-même, et vous serez sensible et compatissant, tant avec vous-même qu’avec les autres. Le contraire de la haine, c’est l’amour et c’est ce dont nous avons besoin dès lors pour surmonter ces émotions intenses. Et en fin de compte, votre but est de réunir les deux moitiés de vous-même pour former un être complet, équilibré.

  • Les énergies négatives du Houx sont : la colère, la haine, la jalousie, la suspicion, l’irritabilité, l’impatience. Possibilité de se sentir comme si tout le monde nous cherchait des crosses, comme si tout le monde en avait après nous. Possibilité de se sentir déchirer en deux. Revirements, hésitations. Également la peur de l’inconscient.
  • Pour surmonter ces énergies négatives : prendre une baguette de l’arbre. Fleurs de Bach possibles pour le mois du Houx : Holly, Scleranthus.

[Tinne] L’ogham du houx par Stephanie Woodfield

Message divinatoire : challenges et tests. Subir une attaque. Agir pour se défendre.

Inversé : fuir les challenges de la vie. Essayer de contourner un problème plutôt que de le prendre à bras le corps.

Folklore : le chêne et le houx sont étroitement liés – les deux arbres se suivent dans la séquence des oghams et renvoient à la bataille annuelle entre le Roi Houx et le Roi Chêne, qui luttent pour gouverner durant une moitié d’année chacun. Tandis que le Roi Chêne règne la moitié claire de l’année, le Roi Houx règne durant la période sombre, qui atteint son zénith au solstice d’hiver. Les feuilles toujours vertes du houx représentent l’immortalité et ses baies rouges la fertilité. Dans le récit Gauvain et le Chevalier Vert, le Chevalier Vert se rend auprès de la cour d’Arthur pour défier les compagnons de ce dernier pendant les célébrations du solstice d’hiver. Il porte une couronne de houx et tient une branche dans sa main. Ces deux objets illustrent à la fois son lien avec le festival hivernal et sa résistance au challenge. Tinne signifie « feu », nous remémorant les feux sacrés allumés la nuit du solstice d’hiver, quand le roi soleil renaît. Du charbon fait à partir du houx était utilisé par les forgerons pour créer des épées, et le houx était un des trois arbres utilisés pour construire des roues de chariot.

Usages magiques : protection

[Tinne] Le houx, guérisseur du coeur

Source
Traduction et adaptation : Siduri

Le docteur Bach considérait le houx comme une de ses deux essences primordiales de son répertoire. Tandis que l’avoine sauvage donne à l’âme son orientation dans le monde extérieur, le houx est vu comme une des essences pouvant être utilisées universellement pour guérir l’être intérieur, et pour stimuler la nature aimante de l’âme humaine. Le houx ne doit pas seulement être considéré comme un remède à administrer dans certaines situations thérapeutiques, mais aussi comme une essence-clé, un seuil pour quiconque souhaite progresser dans la thérapie par les essences de fleurs.

Cette reconnaissance du houx par Bach s’inscrit dans une forte lignée de sagesse celtique. Les initiés druidiques développèrent un alphabet sacré, appelé l’Ogham, basé sur les qualités archétypales des arbres. Le houx, connu en gaélique sous le nom de Tinne, gouvernait la huitième lune de l’année, ou le mois de juin. Le symbole pour le houx est celui d’une lance, signifiant littéralement : « je suis une lance rugissant dans la bataille ».

C’est pendant le mois de juin que la lumière du soleil atteint son apogée, puis commence ensuite sa descente vers la terre. Le houx parle de la capacité féroce de l’âme humaine à entamer sa descente vers le monde souterrain, emmenant avec lui la lumière jusque dans l’obscurité. De ce fait, nous pouvons comprendre la signature de l’arbre, sa capacité à germer sans lumière du soleil, préférant les conditions sombres et humides pour voir le jour, ce qui en fait un arbre profondément enraciné dans la terre. Ses feuilles raides et pointues ne sont pas si différentes d’épines ou de « lances ». Le houx produit un bois dur, blanc, au grain serré, au caractère solide et imperméable, qui, revêtu du sombre et inaltérable vert de ses feuilles, se maintient aux jours les plus froids de l’hiver, insensible au froid et à l’obscurité.

Parmi tous les arbres de l’Ogham, le houx et le chêne sont les plus centraux – ils sont vus comme les deux « rois » qui se transmettent chaque année le pouvoir au cours d’une bataille symbolique. Le nom gaélique du houx – Tinne – renvoie au mot « tanist » qui signifie « jumeau sombre ». Le Roi Chêne gouverne pendant le temps où les jours rallongent, de décembre jusqu’au solstice d’été en juin. Le houx est son « jumeau sombre » qui règne ensuite jusqu’au solstice d’hiver, alors que la lumière décroît.

Noël, un éveil du cœur

[ndt : bien entendu, toute référence à Noël me semble ici valable aux célébrations non chrétiennes du Solstice d’Hiver !]

Dans la culture populaire, nous relions le houx à la saison de Noël. Ses baies rouges et son feuillage toujours vert couvrent les façades et les intérieurs. Malheureusement, notre relation à cette plante est essentiellement inconsciente et largement sentimentale.

En réalité, la proéminence du houx pendant la période de Noël révèle une expérience importante de la vie de l’âme. C’est un éveil des forces de l’amour dans le cœur, réalisé à travers la descente à l’intérieur du soi et de la terre, et qui porte ses fruits pendant cette période. Cette compréhension est dépeinte dans le Calendrier de l’Âme de Rudolf Steiner. Steiner fut un initié moderne qui incorpora dans ses travaux des éléments de courants à mystères anciens, entre autres issus de la sagesse druidique. Son calendrier est constitué d’une série de 52 poèmes « runiques », pour chaque semaine de l’année. Débutant son cheminement au solstice d’été, l’âme émanant de hauteurs cosmiques trouve peu à peu son chemin dans une réalité intérieure. Le soi se révèle comme une graine, avec la lumière œuvrant au plus profond de l’être à la manière d’une force purifiante et vivifiante. Puis, au moment du solstice d’hiver, cette lumière s’épanouit et émane du chakra du cœur. […]

C’est la lumière intérieure de l’être, qu’il a gagné en vivant dans les « profondeurs de l’esprit » – en ne faisant plus qu’un avec « la terre du monde ». L’âme est si solidement en sécurité et ancrée en elle-même que rien ne peut atteindre son sentiment de paix profonde. Quand cette conscience est maîtrisée, le cheminement intérieur est complété. Le cœur s’éveille chargé d’un flux d’amour, qui cherche progressivement son chemin dans le monde des sens, afin de rencontrer à nouveau les forces en expansion de la lumière printanière et estivale. Nous pouvons dire que la fleur du houx, qui fleurit dans la nature à la fin du printemps, fleurit à nouveau dans le cœur de l’homme pendant l’hiver, comme une force d’amour. Sa nature est une force solaire qui vit non pas dans les cieux, mais dans les profondeurs de la terre.

Cette capacité de faire fleurir le cœur est l’intention même de l’essence de houx développée par le docteur Bach. En décrivant cette essence, Bach a écrit : « l’ultime conquête aura lieu à travers l’amour et la douceur, et lorsque nous aurons suffisamment développé ces deux qualités, rien ne sera plus capable de nous assaillir, puisque nous ferons toujours preuve de compassion et n’offrirons pas de résistance. » Mechtild Scheffer, dans son Encyclopédie de la thérapie par les fleurs de Bach, décrit le houx comme « la fleur ouvrant le cœur », celle qui aide l’individu à « vivre dans un flux d’amour ».

Comme toutes les essences de fleur, le houx révèle une tension, un apparent paradoxe à l’âme. Avec ses feuilles piquantes et sa rude capacité à survivre dans le monde, le glyphe druidique du houx proclame : « je suis une lance rugissant dans la bataille ». Mais cette hostilité est tournée vers le monde lorsque l’âme n’est pas en sécurité en elle-même, et qu’elle n’a pas encore maîtrisé cette rudesse comme un feu intérieur nourricier. A moins que le soi ne se renforce de l’intérieur, nous ne pouvons aller à la rencontre du monde extérieur de la bonne façon. Nous répondons avec hostilité, envie ou jalousie. C’est pourquoi Bach a mis le houx dans le groupe des remèdes contre « l’hypersensibilité aux idées et influences ». Le houx donne une force au soi qui devient la base première de la compassion.

Le Chevalier Vert – une branche de houx solitaire


Cet apprentissage paradoxal de dureté et de sainteté peut aussi être trouvé dans la légende arthurienne de Gauvain et du Chevalier Vert. Le Chevalier Vert apparaît à la cour d’Arthur pendant les fêtes du solstice d’hiver :

Mais le moindre de ses traits
Les stupéfia ; de ce qu’on pouvait en voir,
Non seulement cette créature était colossale,
Mais elle était aussi d’un vert lumineux,
Nulle lance pour porter des coup,
Nul bouclier contre le choc de la bataille,
Mais dans une main, une branche solitaire de houx
Qui se montre le plus vert lorsque les bosquets n’ont plus de feuilles

Le Chevalier Vert est une manifestation du Green Man – les vastes forces cosmiques de la Nature qui doivent être rencontrées par l’âme humaine et ancrée dans le cœur de l’homme. Porteur d’une branche dans une main et d’une hache dans l’autre, il propose un défi aux chevaliers d’Arthur : celui de lui porter un coup avec cette hache, à la condition que dans un an et un jour, il puisse à son tour rendre le même coup.

Gauvain est un chevalier de grande valeur, bien qu’il soit aussi guidé par des intrigues de cour, des ambitions et des désirs. Il accepte le challenge et coupe la tête du Chevalier Vert d’un seul coup. Mais celui-ci se relève, remet sa tête et rappelle à Gauvain sa promesse.

Pendant toute une année, Gauvain erre à travers le pays à la recherche de la Chapelle Verte où il doit retrouver le Chevalier. Au cours de son périple, il se retrouve tenté par une femme, qui s’avère être l’épouse du Chevalier Vert. Gauvain émerge de cette rencontre avec le cœur pur et finit par trouver l’endroit où vit le Chevalier : « une fissure entre deux parois escarpées où pousse des arbres verts même en hiver ». C’est ici, sur la terre des houx, que Gauvain rencontre le Chevalier Vert, et, intact, survit à son coup. […]

Le houx porte la couronne

Le houx stimule les capacités d’amour du cœur en développant ce que le docteur Bach appelle « le grand Moi intérieur ». Peut-être que la plus significative des images archétypales du houx est évoqué dans le symbole de la couronne d’épines. Comme le proclame un chant traditionnel de Noël : de tous les arbres des bois, c’est le houx qui porte la couronne.

Les druides portaient du houx dans leurs chevelures pendant la récolte du gui en hiver. Le houx est également porté pour représenter le Roi Houx pendant les festivals saisonniers. La couronne de houx était un signe de respect profond et de reconnaissance, indiquant qu’un initié avait maîtrisé les forces de la nature en harmonie avec celles de l’âme humaine.

Dans la culture romaine, il restait des traces de cette compréhension dans certaines fêtes hivernales comme les saturnales.

Les Romains craignaient la nature spirituelle de Jésus Christ, tout en s’en moquant […] Cette image archétypale du Christ couronné d’épines résonne avec les profondeurs de notre être. Puisque c’est le Christ qui porte dans son cœur les forces les plus parfaites de l’amour divin, qui est en même temps l’amour humain. La force christique, née des profondeurs de la terre à minuit le jour de Noël, brille comme l’essence de l’amour dans le cœur humain. […]

Le houx a été connu sous le nom d’ « épine du Christ » en Europe Centrale, ce nom manifestant sa résonnance avec la réalité archétypale de la couronne d’épines comme initiatrice de l’âme. Le docteur Bach caractérisa ceux ayant besoin du houx ainsi : « en eux, ils souffrent beaucoup, souvent sans qu’il y ait de réel cause de leur absence de joie ». Cette douleur existentielle liée au sentiment de ne pas être aimé conduit vers des sentiments de jalousie, d’envie, d’hostilité et de colère. Comme le Chevalier Vert et Gauvain, qui échangent des coups portés à la tête, afin de transformer la conscience, la couronne d’épines symbolise aussi une forme de « décapitation ». Le « faux moi » doit être pressé avec une couronne d’épines jusqu’à ce qu’il trouve une vérité plus profonde dans le cœur. La « lance rugissant dans la bataille » ne doit pas porter son coup vers l’extérieur, mais vers l’intérieur. Le houx nous enseigne que nous ne pouvons trouver l’amour à l’extérieur s’il n’est pas ancré à l’intérieur même de notre cœur. Il transforme l’humain en divin, de l’intérieur. Le houx aide le cœur à se connaître dans son entièreté ; dans sa sainteté.