Le liber du chêne, une fibre textile utilisée à Çatal Höyük

Sur ce blog, nous travaillons évidemment avec les arbres lunaires et nous sommes plusieurs à filer et tisser. Alors quand j’ai vu passer une info sur le filage et le tissage du chêne, j’ai eu envie d’en faire un petit article sans prétention. Un prétexte pour découvrir et en apprendre un peu plus sur un artisanat très ancien.

La dame aux fauves.
La statue vieille d’environ 9000 ans, dite « la Dame aux fauves », a été découverte sur le site de Çatal Höyük, en 1961, par James Mellaart,. Elle mesure environ 7,5 cm. Il pourrait s’agir d’une amulette. Les spécialistes ont supposé qu’elle représentait une déesse, du fait de sa posture dominante vis-à-vis des félins qu’elle utilise comme des « accoudoirs ».

Dans la ville néolithique de Çatal Höyük en Anatolie centrale (Turquie), des fragments de textile tissé vieux de 8500 ans ont été mis au jour. Une découverte rare.

Les chercheurs ont tout d’abord pensé que le textile avait été fabriqué à partir de lin importé. Mais de récentes analyses ont montré que cette supposition était fausse. Les fils ont été réalisés à l’aide de fibres libériennes de chênes locaux.

Liber : nom masculin. Partie d’un arbre entre l’écorce et le bois. (Le Robert. Dico en ligne.)

Le liber (ou écorce interne) correspond à la couche fibreuse sous l’écorce. Aujourd’hui encore, les fibres libériennes de divers végétaux sont employées dans la fabrication de paniers et de textiles. Les plus connus sont le chanvre, le lin, le jute, la ramie, etc.

Pourquoi jamais aucune graine de lin n’avait été découverte sur le site de Çatal Höyük ? Aujourd’hui le mystère est donc résolu grâce à ces récentes analyses des fragments textiles. Par ailleurs, de précédentes études ont montré que dans l’Europe préhistorique, les fibres libériennes de tilleul, de chêne et de saule ont été largement utilisées dans la fabrication des cordes.

Les textiles néolithiques étaient généralement fabriqués selon la technique cordée ou selon la technique du tissage plein ou en armure toile.

Une étoffe tissée en armure toile. Les fils n’ont pas été filés au fuseau, mais selon la méthode du « splicing », à partir de fibres végétales, issues de l’écorce interne de chênes locaux. Ces fragments textiles ont été découverts à Çatal Höyük, enterrés sous une maison ayant subi un incendie. À savoir que les morts étaient enterrés sous les maisons.

Quant aux fils de Çatal Höyük en eux-mêmes, ils semblent avoir été réalisés selon la méthode du « splicing », plutôt qu’en suivant la méthode du rouissage et du filage. 

Pour fabriquer un fil selon la méthode du splicing, ou « épissage » en français, il faut procéder comme suit :

    • Prendre de petits paquets de fibres et les joindre bout à bout, en prenant soin de faire se chevaucher les extrémités,
    • puis rouler ces fibres sous la main de façon à former un fil homogène,
    • et enfin retordre ensemble deux de ces fils obtenus, pour réaliser un fil à deux brins.

Je vous invite à consulter le document suivant qui a été conçu par l’archéologue Anne Reichert. :

Sources :

Filer la « laine » du saule & sa magie

Nous sommes début mai, les chatons femelles des saules marsault ont été fécondés et leurs graines cotonneuses sont à présent en train de se disperser.  J’ai récupéré un peu de ce « coton » pour le filer.

Dans certaines traditions populaires, ce coton possède des qualités apotropaïques.

Selon le folkloriste écossais Carmichael, on pensait autrefois que les chatons « laineux » du saule possédaient le pouvoir de protéger le lait. On filait la « laine » de ces chatons en récitant ces vers :

Je cueillerai la laine des chatons,
Comme la mère de Dieu l’a cueillie de sa main
Pour la chance, pour les vaches, pour la traite,
Pour les troupeaux, pour la prospérité, pour le bétail.

Puis, cette laine était retordue pour en faire un fil que l’on plaçait sous le lait afin de le protéger des mauvais esprits.

Ce « coton » ou « laine » de saule étant une fibre très courte et n’en ayant récolté qu’une petite poignée, je l’ai simplement cardé et ajouté à une autre fibre végétale : du lin. Je me suis amusée à en faire un fil un peu fantaisie que j’ai tricoté et utilisé pour réaliser une petite pochette. Pochette qui pourra me servir à glisser de petits objets ou la photo de personnes pour un travail magique, de protection ou autre.

 

Filer le houx sous la lune ronde

S’il y a bien une chose que j’apprécie tout particulièrement dans notre tradition, c’est l’accent qu’elle met sur la créativité. Nous sommes vivement encouragés à écrire, danser, sculpter, peindre… au fil des lunaisons, saisons, etc.

Il m’est déjà arrivé de filer pendant la pleine lune avec une intention précise mais ce mois-ci j’ai eu l’idée de me lancer dans un travail magique un peu particulier : réaliser un fil lors de chaque pleine lune sur une année entière. Après un tour de roue de l’année complet, je pourrais fabriquer, au choix, un ou plusieurs objets magiques à l’aide des fils chargés à la lumière des 13 lunes de notre tradition. Chaque fil aura été réalisé avec une intention magique, liée aux énergies et tendances de ces lunes. Cela fait des années que j’ai envie de confectionner une couverture de guérison, dédiée aux voyages entre les mondes. Le temps est venu de m’y mettre.

J’ai donc teint, mélangé, cardé et filé mon premier fil en cette lune du Houx. Je suis heureuse du résultat. Il faudra tout de même que je veille à réaliser suffisamment de longueur si je souhaite tisser une couverture pas trop petite.

Les mots-clefs pour ce filage en ce mois de Tinne ont été pour moi : amour et compassion.

FdS

Teinture végétale : le bouleau

Voici des liens vers des articles qui traitent de la teinture au bouleau, réalisée avec les feuilles, l’écorce ou les chatons.

[L’article sera complété au fil du temps et des découvertes.]

 

 

Teinture végétale : l’aulne, recettes de jaune d’or

J’ajouterai des recettes de teintures végétales au fil de mes recherches et trouvailles. J’aimerai les expérimenter au fil des saisons pour fabriquer des fils pour mes pratiques sorcières. Ceci permettrait d’incorporer les caractéristiques magiques prêtées aux arbres que nous étudions dans notre tradition.

écorce-d'aulneAujourd’hui, voici deux recettes de jaune d’or à réaliser à partir des chatons femelles de l’aulne.  Mais sachez, qu’en théorie (je précise parce qu’avec les teintures végétales, il y a toujours de surprises), Il est également possible d’obtenir :

  • des bruns riches au kaki avec ces mêmes chatons ;
  • encore du jaune avec les feuilles ;
  • des marrons ou des noirs en ajoutant du sulfate de fer ;
  • des tonalités noisette et même orange avec l’écorce par fermentation.

L’aulne (alnus glutinosa) ou aune noir appartient à la famille des cupulifères.

  • Quelle partie utilisée : les chatons femelles.
  • Epoque de récolte : octobre-novembre.
  • Lieux : près des cours d’eau, sur les terrains humides.

Recette n° 1 :

  • 400 grammes de chatons femelles*
  • 100 grammes de laine
  • 10 grammes d’alun
  • Pas de mordant

Faire bouillir les chatons pendant 30 minutes. Y mettre la laine non mordancée avec l’alun. 60 minutes d’ébullition.

Note : certains auteurs conseillent de réduire en poudre ou, au moins, de broyer les chatons auparavant.

Recette n° 2 :

  • 300 grammes de chatons femelles
  • 100 grammes de laine
  • 10 grammes d’alun
  • 3 grammes de craie
  • 2 grammes d’étain
  • Pas de mordant

Faire bouillir les chatons durant 30 minutes. Y mettre la laine non mordancée avec l’alun et la craie. 60 minutes d’ébullition.

Le lendemain, y dissoudre 2 gr d’étain. 30 minutes d’ébullition.

Laver à l’eau légèrement savonneuse.

Conseils pratiques :

  • La laine non mordancée doit toujours être mouillée avant de la plonger dans le bain de teinture, afin qu’elle reste douce.
  • Ne jamais faire bouillir trop fort la laine et la laisser toujours refroidir dans le bain de teinture avant le rinçage.
  • Toujours bien dissoudre les produits chimiques dans de l’eau chaude, avant de les mettre dans le bain de mordançage ou de teinture.
  • Le bain de teinture dans lequel on a commencé par cuire le matériau végétal pendant une demi-heure ou une heure, doit être refroidi jusqu’à 40° avant d’y plonger la laine, mordancée ou non.
  • Toujours bien rincer la laine à l’eau tiède après la teinture.

D’après Teintures végétales de Nel Goublitz, éditions Dessain et Tolra.