Le liber du chêne, une fibre textile utilisée à Çatal Höyük

Sur ce blog, nous travaillons évidemment avec les arbres lunaires et nous sommes plusieurs à filer et tisser. Alors quand j’ai vu passer une info sur le filage et le tissage du chêne, j’ai eu envie d’en faire un petit article sans prétention. Un prétexte pour découvrir et en apprendre un peu plus sur un artisanat très ancien.

La dame aux fauves.
La statue vieille d’environ 9000 ans, dite « la Dame aux fauves », a été découverte sur le site de Çatal Höyük, en 1961, par James Mellaart,. Elle mesure environ 7,5 cm. Il pourrait s’agir d’une amulette. Les spécialistes ont supposé qu’elle représentait une déesse, du fait de sa posture dominante vis-à-vis des félins qu’elle utilise comme des « accoudoirs ».

Dans la ville néolithique de Çatal Höyük en Anatolie centrale (Turquie), des fragments de textile tissé vieux de 8500 ans ont été mis au jour. Une découverte rare.

Les chercheurs ont tout d’abord pensé que le textile avait été fabriqué à partir de lin importé. Mais de récentes analyses ont montré que cette supposition était fausse. Les fils ont été réalisés à l’aide de fibres libériennes de chênes locaux.

Liber : nom masculin. Partie d’un arbre entre l’écorce et le bois. (Le Robert. Dico en ligne.)

Le liber (ou écorce interne) correspond à la couche fibreuse sous l’écorce. Aujourd’hui encore, les fibres libériennes de divers végétaux sont employées dans la fabrication de paniers et de textiles. Les plus connus sont le chanvre, le lin, le jute, la ramie, etc.

Pourquoi jamais aucune graine de lin n’avait été découverte sur le site de Çatal Höyük ? Aujourd’hui le mystère est donc résolu grâce à ces récentes analyses des fragments textiles. Par ailleurs, de précédentes études ont montré que dans l’Europe préhistorique, les fibres libériennes de tilleul, de chêne et de saule ont été largement utilisées dans la fabrication des cordes.

Les textiles néolithiques étaient généralement fabriqués selon la technique cordée ou selon la technique du tissage plein ou en armure toile.

Une étoffe tissée en armure toile. Les fils n’ont pas été filés au fuseau, mais selon la méthode du « splicing », à partir de fibres végétales, issues de l’écorce interne de chênes locaux. Ces fragments textiles ont été découverts à Çatal Höyük, enterrés sous une maison ayant subi un incendie. À savoir que les morts étaient enterrés sous les maisons.

Quant aux fils de Çatal Höyük en eux-mêmes, ils semblent avoir été réalisés selon la méthode du « splicing », plutôt qu’en suivant la méthode du rouissage et du filage. 

Pour fabriquer un fil selon la méthode du splicing, ou « épissage » en français, il faut procéder comme suit :

    • Prendre de petits paquets de fibres et les joindre bout à bout, en prenant soin de faire se chevaucher les extrémités,
    • puis rouler ces fibres sous la main de façon à former un fil homogène,
    • et enfin retordre ensemble deux de ces fils obtenus, pour réaliser un fil à deux brins.

Je vous invite à consulter le document suivant qui a été conçu par l’archéologue Anne Reichert. :

Sources :

Coll- C Le noisetier

Coll-C

Noisetier

Mot clé : Sagesse

Mot ogams

MM cainu fedai le plus beau des arbres

MO carae bloesc – ami de la fissure ami de la coquille

CC milsem fedo  le plus doux des arbres

Couleur : crón brun

Arbre Coll le noisetier

Oiseau Córr Grue / Heron

Note de musique : Ré

Planète : Mercure

 

 

Coll le noisetier est un des principaux symboles de la sagesse dans les traditions irlandaises et écossaises. Les références à ce sujet abondent dans les traditions et la littérature poétique. Neuf noisetiers entourent le puits de sagesse situé dans les royaumes de l’autre monde. Leurs noisettes tombent dans le puits afin d’être mangées par le saumon qui y vit. Chaque noisette mangée ajoute une tache à son flanc. Les saumons eux même sont porteurs de sagesse et dans de nombreux récits Fili (poètes)  ou Draoi (magiciens) peuvent passer des années voire une vie entière a attendre l’opportunité  de consommer un saumon pour atteindre l’illumination ou l’inspiration poétique issus de cette source profonde.

Il y a tellement de ressources autour des noisetiers et de la sagesse qu’un livre entier pourrait être rédigé sur le sujet. On se contentera de dire que ce fid (lettre) représente la sagesse. Il évoque l’intégralité et la profondeur des traditions de sagesse des peuples gaéliques. Tout ce qui est sage, créatif et profond relève du domaine de cette lettre. Il est la lettre de la recherche et de la seconde vue, de l’acquisition du savoir et de son utilisation à bon escient incluant jugement mesuré et discernement.

Il est aisé de de voir comment Coll associé  tant à la sagesse qu’à sa transmission est relié à Mercure. Le symbolisme de la planète est étroitement lié aux traditions de sagesse et de mystère de l’Occident médiéval et moderne, à travers l’alchimie et l’hermétisme. Dans Filidecht, Coll est l’image centrale de la sagesse qui nous transforme tout  comme Mercure est le pouvoir transformateur auquel nous accédons en poursuivant la sagesse.

Sa couleur est crón ou brun fauve . Dans les traditions irlandaises le vent de nord-ouest est brun sombre ou de couleur « ciar » En écossais gaélique ciar a différentes significations incluant poussiéreux, gris sombre, brun sombre, basané, rouan, sable, et lugubre. En irlandais ciar possède aussi plusieurs sens et décrit notamment la couleur de la noisette . La plupart des significations de la couleur associées au vent se rapportent aux animaux particulièrement aux chevaux et au bétail. En vieil irlandais crón est brun, brun rougeâtre, jaune foncé et possiblement une nuance de rouge. Il peut également désigner cramoisi, foncé, basané, avec signification potentielle de pervers. Il a également été utilisé pour désigner les profondeurs de l’enfer dans un contexte chrétien.

J’ai choisi la grue ou le héron comme oiseau pour cette lettre. Dans les mythes irlandais la grue est l’oiseau des prophéties. Bien qu’elle  soit parfois considérée comme un mauvais présage, elle est aussi grandement associée à la sagesse et la magie. Manannán mac Lir possédait un sac en peau de grue dans lequel il gardait ses trésors.  La grue qui servit à faire le sac fut jadis  Aife, une femme  changée en oiseau  par un sort . Le Dieu Lug pratiquait une forme de magie de combat appelée corrguinecht ou sorcellerie de la grue qui consistait à se tenir sur une jambe, une main derrière le dos et un œil fermé. Cette posture est l’une de celle du pouvoir de l’autre monde et rappelle le démembrement de Boand. Lorsqu’elle s’est approchée du puits de la sagesse, l’eau s’est élevée et lui a arraché un œil, un bras et une jambe, ce qui peut être interprété comme le fait de voir aussi bien dans  les royaumes terrestres que dans ceux de  l’autre monde.

Lorsque ce fid est reçu en divination, l’inspiration et la sagesse sont à portée de main. Soyez confiants car vous avez, ou vous trouverez, les réponses que vous cherchez et vous serez capable de les appliquer correctement au bon moment et au bon endroit. Y accéder sera peut-être difficile ou demandera du temps mais elles font déjà partie de votre vie

Coll se rapporte à la tradition et à la sagesse qui émane de sources naturelles. Il suggère la recherche de sagesse dans les rituels, la vision, les incantations ou l’illumination poétique. On disait du puis de Sagesse qu’il était la source des 5 sens, c’est pourquoi Coll nous rappelle combien utiliser ses sens est important pour trouver la vérité et la sagesse. Appuyez-vous sur les preuves de la vue, du toucher, de l’odorat, du gout et de l’ouïe et  faites-vous confiance pour comprendre le message.

Le courant chtonien de ce fid parle du message des 5 sens et d’utiliser des moyens tangibles pour trouver une réponse. Suivez ce que vos sens vous indiquent et faites confiance à cette sagesse. Il peut signifier également l’origine de la  sagesse ou se référer au puits de sagesse de l’autre monde si la question s’y rapporte. Il peut également faire référence à la tradition et à la transmission des coutumes et des secrets d’une génération à l’autre. Coll peut être un message de rappel pour que vous utilisiez vos capacités d’observation quand vous cherchez a résoudre un problème.

Le courant océanique de Coll est la sagesse transformative et la capacité à trouver les réponses au travers la double et les rites d’incubation. (Magie du rêve voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Incubation_(rite) ). On évoque ici l’utilisation de la sagesse et de la connaissance pour initier la transformation et le changement.  Il peut également s’agir des choses qu’on trouve dans les espaces intermédiaires : entre le sommeil et l’éveil, dans le brouillard lorsqu’on circule dans le brouillard prés des côtes, en regardant vers les étoiles à l’aube ou au crépuscule. Si vous êtes dans cette situation votre identité peur naviguer entre nature ou genre vous offrant l’expérience qui permet de comprendre.  Ce courant parle du mystère du feu jaillissant de l’eau et des neufs puis de Manannán mac Lir  qu’on trouve sous la mer.

Le courant céleste Coll évoque l’inspiration poétique et la perte de soi dans les  profondeurs de l’autre monde appelées Imbas en irlandais. Il comprend une forme d’illumination engagée souvent exprimée dans la poésie et l’extase spirituelle. On y trouve la sagesse dans toute sa profondeur.  Les présages et les aptitude de vison extatique sont indiqués ici. Utiliser son discernement peut vous conduire à la vérité spirituelle et intellectuelle, comme s’il s’agissait de fracturer la coquille d’un problème pour arriver à sa substance. La capacité a livrer un jugement sage et équilibré se trouve ici. La connaissance de soi et la gnose personnelle sont également partie intégrante de ce courant.

 

Magiquement Coll est une prière pour la sagesse. Il invoque nos plus profondes capacités a changer la réalité et discerner  dans le brouillard des royaumes de L’autre monde. Si vous voulez savoir la bonne voie a suivre utilisez Coll, il peut vous aider.

Dans le cadre du soin Coll apporte sagesse et conseil tant au guérisseur qu’au patient. Il peut aider a prendre les bonnes décisions  au sujet du traitement et de l’évolution de la situation mais aussi  a comprendre le processus en cours . Il peut également aiguiser votre sens de l’observation pendant le travail de soin.

Question : Ou se situe ma sagesse ? Fais je bon usage de ma sagesse ?

Concepts reliés : Inspiration poétique, le puits de sagesse, l’arbre monde, sources de connaissance, tradition, les sens, vision et aptitude créative, double vue , présages, liminalité.

 

 

 

Beith

Mina Blackthorn

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B Beith

B Bouleau

Mot clé : Purification

Signification : Tronc délavé cheveux blonds pied fané cheveux fins / La plus argentée des peaux la plus grise des peaux / La beauté des sourcils

Couleur Blanche

Arbre Bouleau

Oiseau Faisan

Planète : Hygieia (Hygie déesse de la santé, de la propreté et de l’hygiène)

Dieu Ogma a gravé le premier ogam sur une baguette de bouleau. Le symbole a été gravé 7 fois par Ogma pour mettre en garde et protéger l’épouse de Lug mac Ethlenn contre la magie du Sidhe qui projetait de la kidnapper (avertissement + protection). Le nom beith pourrait venir d’un indo-européen *gwet qui aurait donné betu en celtique d’où est issu le latin betulla, et aussi le bitume ; l’idée en serait la gomme, la résine qu’on en tirait jadis. Cela pourrait expliquer la signification de purification, car les résines et gommes sous forme d’encens sont utilisées dans de nombreuses pour nettoyer.

Les traditions écossaises relient le bouleau a l’amour. Les tonnelles accueillant les amoureux étaient souvent installées sous les bouleaux ou faites avec leurs ramures. Des bâtonnets de bouleau étaient également échangés en gage d’affection.

Traditionnellement utilisé pour la purification de la maison et du corps. Fabrication de balais ou bâtonnets a mâchonner pour les dents. L’extrait huileux est un anesthésiant utilisé pour soulager la douleur. La sève de bouleau était extraite dans le nord de l’Europe pour fabriquer de la bière et un sirop aux arômes de thé des bois (wintergreen). Dans les saunas scandinaves, le bouleau était utilisé pour stimuler la peau grâce à ses propriétés purifiantes. On s’en frappait le corps pour dynamiser le flux sanguin. Les baguettes de bouleau furent aussi des outils pour remettre les indisciplinés sur le droit chemin. Tout au long de l’histoire et dans différentes cultures l’autoflagellation a été utilisée comme méthode purification. Cette stimulation sanguine a aussi pour effet de faciliter les états de transe, car elle provoque des endorphines dans le sang qui aident à atteindre l’état extatique.

En Irlande et en Écosse, on utilisa le bois de bouleau pour construire des berceaux afin de repousser la maladie et le mauvais sort. Des rameaux de bouleau posés sur les berceaux rendaient les mêmes services en Irlande. Ce qui explique qu’on rattache le bouleau a la protection et à la petite enfance.

Imbolc : des tiges ou des croix confectionnées en bouleau sont couchées sur les lits devant les poupées a l’effigie de Brighid afin de l‘attirer et d’obtenir la bénédiction de la maison. Des branches de bouleau sont aussi pelées et offertes pour Imbolc aux petites poupées de maïs qui représentent la déesse (Brideog).

La couleur blanche lui est associée : connotations de pureté et de sacré. Le vent du sud se rapporte à cette couleur ; mais plus qu’un blanc simple comme du lait, la couleur spécifique qui décrit le vent du sud-est « geal » qui signifie en gaélique écossais : clair ou sans couleur, mais aussi brillant radiant scintillant. Pour les Irlandais le mot signifie plutôt translucide, mais aussi blond et heureux. Le mot est aussi utilisé pour décrire l’affection et il a des connotations avec l’autre monde dans le sens où de nombreuses déités sont décrites comme blanches brillantes ou radiantes. Dans le conte « Settling of the manor of Tara », le sud est décrit comme un endroit lié à la musique, au savoir, à la poésie, la fertilité les cascades (entre autres). On retrouvera la couleur blanche associée à l’ogam Idad, l’if couleur qualifiée de « très blanche » (irfind), un blanc intense et brillant comme ses significations et ses associations.

L’auteur associe l’astéroïde Hygieia a cet ogam pour ses significations de santé, d’hygiène et de purification du corps. L’hygiène constitue la meilleure protection contre la maladie et le fait de purifier son environnement écarte les énergies négatives qu’elles soient spirituelles ou psychiques.

Magiquement on utilise beith pour tout ce qui se rapporte à la purification ou l’autodiscipline. Invoquer son énergie pour éclaircir l’environnement ou l’on travaille et nettoyer les champs énergétiques du corps. Utiliser Beith pour un soin est opportun pour nettoyer une plaie ou soigner une infection. Efficace pour soulager la douleur et agit sur la discipline lorsqu’on doit suivre un traitement ou s’imposer une hygiène de vie.

Divination: Peut évoquer la nécessiter de se purifier ou de mettre au clair ses intentions avant de commencer un projet Il peut indiquer l’obligation de clarté et de discipline tout comme l’attention et la vigilance dans le démarrage d’un projet. Il arrive qu’il évoque un petit enfant.

Courant souterrain (lié à la terre, au corps manifeste ou potentiellement initiatique. Il se trouve dans les profondeurs cachées de l’origine des choses. Ce n’est pas la force ni l’énergie de la création, mais ce qu’il y a avant. Quand il se présente, il établit les priorités et aide à déterminer ce qui est le plus important ou ce qu’on doit faire en premier. Il peut également vous avertir de dangers cachés ou d’une perte d’identité.

Courant océanique (lié aux émotions, aux transformations, aux interstices) Il s’exprime par la créativité l’écriture et l’éloquence. Ce sont les procédés « chaotiques » par lesquels les significations profondes se révèlent. Ces procédés créatifs vous permettent également d’exprimer ce qui est important pour vous. Trouver et exprimer sa créativité grâce aux mots est suggérée ici. Beith distille des significations à ce qui peut paraître chaotique . En travaillant sur les mots, on peut remonter aux origines et explorer les mystères .

Courant céleste ( orientation spirituelle, illumination extase). Dans ce cadre beith indique que purification et discipline sont nécessaires pour atteindre la clarté dans vos pratiques spirituelles il fait référence a la présence des dieux comme forces créatives et comme garants de la protection contre les forces souterraines qui peuvent être dangereuses .Il évoque la purification qui précède la rencontre du sacré. il suggère de demander de l’aide aux dieux ou de leur demander de rentrer dans votre vie afin de mettre de l’ordre dans le chaos.

Question : Comment me suis-je préparé pour affronter la vie ? Où ai-je besoin de discipline ?

Concepts reliés : spiritualité, protection, origines priorité, avertissement, écriture , éloquence, créativité ; déités.

Ogam  » weaving word Widsom » Erynn Rowan Laurie.

Lierre : langage des fleurs, remèdes, pouvoirs & folklore

Le lierre n’est pas une plante parasite, car elle ne se nourrit pas de la sève de son hôte, comme le gui. Le lierre est plutôt protecteur des arbres sains. Les arbres qui chutent sous son poids sont déjà malades ou affaiblis. Le lierre et l’arbre s’entraident en quelque sorte : l’arbre sert de support au lierre qui a besoin de trouver la lumière pour fleurir et le lierre protège l’arbre des intempéries, comme le gel ou la chaleur, car il agit comme un isolant thermique. Le lierre fleurit à la fin de l’été et au début de l’automne, ce qui bénéficie aux abeilles, ainsi qu’aux autres insectes pollinisateurs. Ses feuilles offrent un abri aux oiseaux et aux insectes. Il permet ainsi la création d’un petit écosystème pour les plantes, les insectes et les animaux.

Les noms vernaculaires du lierre

Le lierre possède de nombreux noms vernaculaires : lierre anglais, lierre grimpant, lierre des poètes, bourreau des arbres, lierre à cautère, herbe à cautère, herbe à cors, herbe de Saint-Jean, joli bois, lierret, rampe de bois, rampe des maisons, hierre, leuna, en corse « Ellara » ou « Lellara », en provençal « éurre », en occitan « èdra », etc.

On l’a longtemps appelé eyre, yere, heire, edre, iedre, hierre, puis on a fusionné l’article l’ avec le mot, ce qui a donné lierre. Il est amusant de noter que le lierre est un mot féminin dans toutes les langues romanes, conformément au latin, à l’exception du français.

Le langage des fleurs

Dans le langage des fleurs, le lierre est symbole de nombreux messages ayant trait à l’amour ou à l’amitié :

  • Fidélité,

  • fidélité éternelle,

  • amour éternel,

  • amour heureux,

  • mariage,

  • mariage d’amour,

  • amitié et fidélité dans le mariage,

  • amitiés éternelles,

  • je m’attache ou je meurs,

  • je veux nouer des liens éternels,

  • dépendance,

  • amour étouffant,

  • affection,

  • attachement,

  • etc.

Une tige de lierre peut également symboliser des désirs, des envies. Les vrilles de lierre, l’affection ou le souci de plaire ou encore s’appliquer à plaire.

On dit que l’amitié a choisi pour devise un Lierre qui entoure de verdure un arbre tombé, avec ces mots : « Rien ne peut m’en détacher ».

Les vertus médicinales du lierre

Ne jamais utiliser ses baies, elles sont toxiques. Pour les feuilles, bien respecter les doses prescrites.

Ses propriétés médicinales : analgésique, antispasmodique, emménagogue.

En externe, on l’utilise comme :

  • Traitement d’appoint adoucissant et antiprurigineux (lutte contre les démangeaisons) des affections dermatologiques,

  • trophique protecteur (nourrit et protège les tissus) dans le traitement des crevasses, écorchures, gerçures et contre les piqûres d’insectes.

Parties utilisées : jeunes feuilles fraîches (août, septembre).

  • Shampooing liquide : décoction de lierre grimpant : 50 gr de feuilles pour 1 litre d’eau, bouillir 10 min, passer en exprimant, compléter à 2 litres avec de l’eau bouillante. C’est un shampoing qui ne mousse pas, mais ses saponines ont la capacité de nettoyer en douceur le cuir chevelu. Mouiller les cheveux, verser la décoction petit à petit en frictionnant délicatement le cuir chevelu. Laisser poser 5 min au minimum, puis rincer soigneusement. Le shampoing au lierre est plutôt destiné aux chevelures brunes, car il a tendance à foncer les cheveux.

  • Bronchite (inflammation aiguë ou chronique de la muqueuse bronchique) :

    • En usage interne : infusion de lierre grimpant, 20 gr de feuilles fraîches hachées pour 1 litre d’eau bouillante, infuser 10 min.

On l’a vu plus haut, on appelle le lierre l’herbe à cautère. Le terme cautère viendrait du grec ancien « Kaiein » qui veut dire « brûler ». Au XIIIe siècle, le terme cautère désigne un instrument chirurgical qui peut être chauffé et qui est destiné à brûler les tissus organiques afin d’éliminer les parties malades. Par métonymie, il désigne au XVIIe siècle la plaie qui résultait de l’application d’un tel fer sur la chair, puis le cataplasme lui-même que l’on appose sur la plaie afin de la guérir ou tout simplement le remède qui permet de soigner une blessure.

Bref, l’herbe à cautère, c’est l’herbe à cataplasme ou herbe à remède.

  • Brûlure (lésion des tissus provoquée par la chaleur. Elle est superficielle ou profonde, mais sa gravité dépend beaucoup de son étendue. Les brûlures s’infectent facilement. Toutes les plantes employées fraîches doivent être soigneusement lavées avant l’emploi et il ne faut utiliser que les plantes dont on connaît l’origine) :

    • En usage externe, appliquer sur la brûlure : cataplasme : de feuilles de lierre grimpant fraîches.

    • Coup de soleil (atteinte cutanée provoquée par l’exposition au soleil. Le coup de soleil est une brûlure) : recouvrir le coup de soleil de feuilles de lierre grimpant fraîches et lavées.

On l’appelle aussi l’herbe à cors.

  • Cor (épaississement corné douloureux à l’épiderme du pied, dû au port de chaussures trop étroites) :

    • Usage externe (il faut protéger les tissus avoisinants de l’action corrosive des plantes utilisées) : Feuilles de lierre grimpant macérées dans du vinaigre ; après 4 jours, fragmenter la feuille avec des ciseaux, empiler les morceaux sur le cor, recouvrir d’un pansement bien clos, garder 3 jours. Si, après ce délai, le cor ne se détache pas aisément, recommencer l’opération.

  • Règles difficiles qui s’annoncent, mais ne se déclenchent pas. Usage interne, infusion à prendre une semaine avant la date des règles ; 2 tasses par jour :

    • Infusion de lierre grimpant, 40 gr de feuilles pour 1 litre d’eau bouillante, infuser 10 min.

Les pouvoirs du lierre

Bref, on l’aura compris, les pouvoirs du lierre sont la guérison et la protection.

Le lierre et son folklore

  • Autrefois, les femmes portaient du lierre pour la chance.

  • Le lierre est un symbole de vie éternelle pour les païens comme pour les chrétiens.

  • On dit qu’ajouter du lierre au houx à Noël dans la maison favorise la paix du ménage.

  • On dit que là où le lierre croît ou se répand, il protège le lieu des catastrophes et des énergies négatives.

Sources :

  • Secrets et vertus des plantes médicinales, sélection du Reader’s Digest, 1985.

  • The Complete Language of Flowers A Definitive and Illustrated History (Complete Illustrated Encyclopedia), de S. Theresa Dietz, 2020.

  • Dictionnaire en ligne Reverso

Tradition Faerie Faith : Comprendre les « Arbres », la Vigne

La vigne

Extrait de la thèse : The Faerie Faith and the Beth-Luis-Nion Celtic Lunar Tree Calendar par James Clifford Landis. Traduction : Fleur de Sureau. Pour revenir au menu, c’est ici.

La vigne est la dixième lune. Son nom gaélique est Muin (prononcé « Muhn »).

Le glyphe pour la vigne est : « Je suis une colline de poésie. »

  • Utilisations de la plante et folklore

Généralement, qui dit vigne dit raisin, mais nous pouvons lui substituer le roncier (mûres). Notre système peut absorber le sucre du raisin sans que la salive le décompose. Cela peut être utilisé pour reprendre des forces et enrailler la consomption. Les feuilles et les pépins de raisin peuvent être employés pour arrêter saignements et hémorragies. La sève peut être utilisée comme une lotion pour les yeux fatigués et pour les tâches sur la cornée (Grieve 832). Et, bien sûr, le raisin est comestible.

Selon une superstition intéressante, si vous trouvez un chat mort, en particulier noir un tomcat noir, et que vous l’enterrez sous votre vigne, cela aidera celle-ci à se développer (Vickery 158).

L’écorce, les racines et les feuilles du roncier sont très astringentes, et étaient employées pour soigner la dysenterie et la diarrhée (Grieve 109). Les baies sont comestibles et peuvent être entrées dans la composition dans un grand nombre de mets.

Dans le folklore, la consommation des mûres était interdite après une certaine date (qui variait selon le récit, mais qui concernait généralement le mois de Muin). La raison de cette interdiction tient au fait que l’on disait qu’après cette date des influences mauvaises imprégnées les mûres : n’importe quoi, du boogey Pooka au Diable, en passant par les sorcières, était à blâmer. Le lien entre les mûres, la mort et la période déclinante de l’année existe dans de nombreux contes populaires (Vickery 45-7).

Et pourtant, dans le même temps, on disait que les mûres sauvages offraient un remède contre tout : de la coqueluche aux points noirs. Rampez autour ou sous un roncier et vous y laisserez vos maux. La comptine : « Here we go round the mulberry bush (ndlt : nous dansons autour du mûrier) » pourrait dériver de cette pratique, car le mûrier commun est un proche parent de la ronce (Vickery 48-9).

  • Mythologie et symboles

Le glyphe de la vigne la relie aux Muses et à Mnémosyne, leur mère. Elle est aussi reliée à Minerve, la déesse romaine de la sagesse. Le vin est la boisson classique du poète, comme le montre le dieu extatique Dionysos (Graves 210). Le pouvoir de la poésie était révéré par les anciens Celtes. Si quelqu’un osait insulter un poète, ce dernier avait le pouvoir de composer sur son adversaire une satire propre à lui faire éclore des pustules noirâtres sur la face et à lui faire tourner ses entrailles en eau, ou le pouvoir de lui lancer un tel sort qu’il lui fasse perdre la raison (Graves, 22).

  • Énergies

Linda Kerr explique le rôle de la vigne au sein du cycle des Arbres :

« L’inspiration poétique commence durant le Noisetier, mais la Vigne est réellement la lune du poète. La Vigne est une colline de poésie, de talent artistique, d’inspiration et d’imagination débordant du tissu même de notre être. La Vigne est une lune guérisseuse et tonifiante, une période pour nous guérir des coups que nous prenons durant le Houx, ainsi que de l’épuisement ressenti durant le Noisetier. Nous ressentons en même temps joie et tristesse, euphorie et colère. C’est une période de guérison par la créativité. Nous pouvons commencer à exprimer cette période d’inspiration et d’imagination sans même nous en rendre compte. Nous pouvons refaire une pièce de la maison, changer les meubles de place, commencer à écrire ou à travailler sur les cadeaux de Noël. Nous ressentons beaucoup d’énergie intérieure et pouvons avoir une centaine d’idées différentes que nous désirons accomplir. Nous sommes maintenant comme la Vigne : enthousiastes, légers, flexibles, nous croissons à un rythme étonnant et pourtant, nous sommes solides et productifs. » (Kerr, “Lunar”).

Pendant cette période, l’étudiante ressent l’inspiration à son apogée qui accompagne les trois arbres de l’inspiration. Comme l’a dit une étudiante : « j’ai l’impression que les Muses sont en train de dégobiller dans ma tête ! » De nombreuses pensées nous viennent à l’esprit et nous sommes facilement distraits. Là encore, nous pourrions avoir envie de nous distraire de notre travail ou, au contraire, fuir dans le travail. C’est le moment de faire usage de la créativité à notre disposition pour améliorer notre vie, non pas pour la fuir.

T pour Tinne [La Déesse Blanche]

T pour TINNE

Extrait de l’Alphabet des Arbres, La Déesse Blanche. Robert Graves.

Le huitième arbre est le houx qui fleurit en juillet. Le houx apparaît dans Le Roman de Gawain et du Roi Vert initialement irlandais. Le roi vert est un géant mortel dont la massue est une bûche de houx. Lui, et Sir Gawain qui apparaît dans la version irlandaise sous le nom de Cuchulain, Hercule typique, font le pacte de se décapiter l’un l’autre chaque Nouvelle Année (c’est-à-dire au solstice d’été et au solstice d’hiver). Mais en réalité le chevalier du houx épargne le chevalier du chêne. Dans le Mariage de Sir Gawain, ballade de Robin Hood, le roi Arthur qui, en l’occurrence, trône à Carlisle, dit :

Comme j’arrivais de sur une mer
Je vis une femme assise
Entre un chine et un houx vert.
Elle était vêtue de rouge.

Cette femme, dont on ne mentionne pas le nom, est sans doute la déesse Creiddylad pour qui, dans le mythe gallois, le chevalier du chêne et le chevalier du houx devaient combattre chaque 1er mai jusqu’au jugement dernier. Comme, dans la version médiévale, saint Jean Baptiste, qui perdit sa tête à la Saint-Jean*, avait assumé les titres et coutumes du roi du chêne, il fut naturel de faire de Jésus, en tant que successeur généreux de Jean, celui qui assumerait ceux du roi du houx. Le houx était ainsi glorifié au-dessus du chêne. Par exemple, dans le Poème du Houx :

« De tous les arbres qui sont dans la forêt
Le houx porte la couronne. »

L’affirmation procède d’une phrase du Chant des Arbres de la Forêt :

« De tous les arbres, où qu’ils soient, le meilleur, sans contredit, est le houx ».

Dans chaque strophe du poème suivie du court refrain sur « le lever du Soleil, la course du cerf », l’auteur met en parallèle telle ou telle propriété de l’arbre avec la naissance ou la passion de Jésus : le blanc de la fleur, le rouge du fruit, le pointu des piquants, la solidité du tronc. « Houx » (holly) veut donc dire « saint » (holy). Et pourtant, ce n’est pas le houx, originaire des Îles Britanniques, qui dut figurer parmi les arbres de l’alphabet originel. Il a probablement remplacé le chêne vert avec lequel il a de nombreux points communs, y compris le même nom botanique ilex. Ce chêne vert ne fut pas introduit dans les Îles Britanniques, avant le XVIe siècle. C’est l’yeuse, chêne du kermès ou chêne-houx, qui serait donc le jumeau toujours vert du chêne ordinaire ; du reste ses noms en grec classique, prinos et hysge, servent aussi à désigner le houx en grec moderne. Il possède des feuilles acérées et abrite le kermès, insecte écarlate qui ne serait pas sans évoquer le fruit du houx au point d’être parfois pris pour lui et dont les Anciens tiraient leur teinture rouge royale et un élixir aphrodisiaque. Dans la « Version Autorisée » de la Bible, le mot « chêne » est parfois traduit par »térébinthe » et parfois par « chêne rouge » et ces arbres forment une paire sacrée dans la religion palestinienne. Jésus porta du rouge de kermès lorsqu’il fut habillé en roi des Juifs (Matthieu XXVII, 28).

Nous pouvons considérer les lettres D et T comme jumelles : « garçons blancs comme lis, habillés tout en vert, oh ! » du poème médiéval Les Joncs Verts. D est le chêne qui gouverne I» partie croissante de l’année, le chêne sacré druidique, le chêne du Rameau d’or. T est le chêne vert qui gouverne la partie décroissante de l’année, le chêne sanglant : c’est ainsi qu’un bosquet de chênes verts, près de l’Asopus corinthien, avait été consacré aux Furies. Le mot celtique Dann ou Tann, l’équivalent de Tinne, désigne n’importe quel arbre sacré. En Gaule et en Grande-Bretagne il signifie « chêne », en celtique germain il signifie « sapin », en Cornouaille le composé glas-tann (« arbre vert sacré ») désigne l’yeuse et le mot « tanner » vient de l’emploi de son écorce en tannerie. Cependant, dans l’Italie ancienne, c’était le houx et non le chêne vert dont se servaient les paysans au cours de leurs saturnales du solstice d’hiver. Tannus était le nom du dieu-Tonnerre gaulois et Tina celui du dieu-Tonnerre, armé de l’éclair triple, que les Étrusques avaient emprunté aux tribus goïdéliques parmi lesquelles ils s’étaient installés.

L’assimilation d’un Jésus pacifique au houx et au chêne-houx doit être considérée comme poétiquement inepte : sauf au moment où il déclare qu’il est venu apporter non la paix mais la discorde. C’était le taniste qui exécutait originellement son jumeau : il crucifiait le roi du chêne, et non le roi du houx, sur une croix en forme de T. Dans son Procès à la cour des Voyelles (vers 160 de notre ère), Lucien est explicite :

Les hommes pleurent et se lamentent sur leur sort et maudissent Cadmus d’innombrables malédictions pour avoir introduit le Tau dans la famille des lettres. Ils disent que c’est son corps que les tyrans ont pris comme modèle, et sa silhouette qu’ils ont imitée lorsqu’ils ont adopté la forme des bois sur lesquels on crucifierait les hommes. C’est le stauros que l’on nomme le vil instrument, et ce nom vient de lui. A présent, chargé de tous ces crimes, ne mérite-t-il pas la mort, non, plusieurs morts ? Pour ma part, je ne connais rien d’assez méchant, mais sa propre silhouette y pourvoira, cette silhouette qu’il a donnée au gibet que les hommes ont dénommé stauros, d’après son nom.

Et, dans un Évangile gnostique de Thomas, composé à peu près à la même époque, le même thème se présente dans une dispute entre Jésus et son maître d’école au sujet de la lettre T. Le maître frappe Jésus sur la tête et prophétise la crucifixion. Au temps de Jésus, le caractère hébraïque Tav, dernière lettre de l’alphabet, avait la forme du Tau grec.

Le houx gouverne le huitième mois et huit, en qualité de nombre de la croissance, est bien celui qui convenait au mois de la moisson de l’orge qui s’étend du 8 juillet au 4 août.

Chêne du Hibou ou de Robert le Chouan

Dans la région de Gatine, en Deux Sèvres, se trouve le plus vieux chêne tétard de France (parait-il) En effet, il serait vieux de 1000 ans.

 

Il s’appelle le chêne du Hibou ou encore le chêne de Robert le chouan.
Le territoire d’ici est marqué par les événements de la chouannerie. Le maquis dans lequel il était impossible de se cacher et les routes tracées ensuite par le pouvoir pour le mater, reste associées à une période de l’histoire de France encore bien présente dans la mémoire collective. Un pays dont les haies aux vieux arbres têtards abritaient la chouette hulotte ou chat huant dont le hululement fit… le chouan.
L’histoire dit que ce chêne permit, en 1832, à François-Augustin Robert, dit Robert le chouan, de s’y réfugier durant l’insurrection royaliste. En effet, suite à un orage, le chêne bée d’une ouverture de 3,20 m de haut sur 2,5 mètres de large.

Le grand Homme Vert

The Green Man a été longtemps, pour moi, le nom d’un pub à Londres où les retrouvailles comme les fins de soirées étaient toujours chaleureuses. L’enseigne de l’établissement, un homme en habit feuillu tenant une pinte aurait dû éveiller mes soupçons, mais je crois qu’il n’appartenait pas à mes préoccupations du moment.

Vous connaissez forcément son visage sous l’un de ses trois aspects. C’est tantôt un homme portant un masque de feuilles où la bouche et les yeux sont visibles. C’est parfois une figure humaine cerclée de feuilles qui sortent également de sa bouche comme un souffle. Et sur certaines représentations, les feuilles jaillissent de sa bouche, mais également de ses narines et de ses yeux.

Élément d’architecture religieuse médiévale, il est pourtant difficile de le réduire à une simple décoration artistique. Présent sous forme de sculpture (bois et pierre) dans les églises ou monuments mortuaires, il témoigne plutôt que les concepts païens et chrétiens ont longtemps cohabité (si vous êtes intéressé par ce concept vous trouverez de quoi satisfaire votre curiosité dans l’ouvrage The Green Man in Britain de Fran & Geoff Doel). Malgré tous les efforts engagés pour la diaboliser, cette figure a tenu bon en se rangeant discrètement du côté des éléments décoratifs.

Les partisans de la représentation artistique évoquent les masques de théâtre grec antique portés lors des bacchanales. Ils avancent que la représentation de l’homme vert s’en inspire. Les coutumes et le folklore nous offrent d’autres pistes de réflexion.

Sir James Frazer, dans son ouvrage The Golden Bough, évoque le culte des arbres. Il indique comment un culte animiste qui offrait à chaque arbre sa personnalité et conscience propre a évolué. Au cours de cette évolution vers un culte polythéiste, c’est un esprit surnaturel passant d’arbre en arbre qui anima la forêt en jetant les prémices d’une figure divine aux traits plus humains.

L’approche animiste se retrouve dans le mât de mai vénéré par les populations celtiques et germaniques en Europe. Ce mât faisant figure d’idole a fortement déplu aux autorités religieuses. Celui de l’église Saint Andrew Undershaft est un exemple. Le curieux nom de l’église provient du mât de mai (undershaft) qui était traditionnellement installé chaque année en face de l’église. La coutume a continué chaque printemps jusqu’en 1517. Le mât a perduré jusqu’en 1547 où il fut enlevé par la foule et détruit comme une « idole païenne ».

L’approche polythéiste se retrouve peut-être sous les traits de Jack in the Green. Cette figure du printemps est endossée par une personne portant un cadre pyramidal ou conique en osier ou en bois décoré de feuillage. Il se rencontre dans le cadre d’une procession, souvent accompagné de musiciens. The Garland King perpétue également cette tradition. À cheval et dissimulé jusqu’à la taille par une lourde guirlande florale en forme de cloche, il mène une procession à travers la ville traditionnellement le 29 mai.

Le symbolisme de l’homme vert se rapporte à la nature. Le flot de végétation sortant de ses orifices rappelle la capacité de la nature à renaître. Il incarne les cycles et le rythme immuable de la nature passant au fil des saisons de vie à trépas. Sa couleur verte se rapporte à la fertilité et par conséquent à la sexualité. Elle évoque également l’enchantement et le royaume des fées. L’homme vert porte la couleur de la nature sauvage et de toutes les créatures qu’elle recèle. Sous cet éclairage, on comprend mieux le dégoût de la religion pour la couleur verte. Ce rejet s’accompagne d’une défiance à l’égard de la nature et de la nécessité de la soumettre pour asseoir la suprématie humaine.

Pourtant le Green man n’a rien perdu de sa souveraineté. Son masque souvent constitué de rameaux de chêne indique sa force et son sens inhérent de la justice. Celle de la nature n’étant pas celle des hommes. Les concepts de pardon et de récompense n’ont pas de réalité dans ce cadre. La loi de causalité s’exerce dans l’idée que l’on récolte ce qu’on a semé. Le gaspillage, la pollution, la cupidité dont nous faisons preuve à l’égard de la nature donnent au Green Man un visage grave. Il est intéressant de remarquer que certaines figures apparaissent dans votre vie à des moments bien précis pour attirer l’attention sur des déséquilibres ou des impasses. Lors de ma première moitié de vie, il s’est fait discret et je l’ai même trouvé parfois ridicule à l’instar d’un masque vénitien de pizzeria ! Il s’est étoffé dans ma vie d’étudiante comme s’étoffe un buisson au printemps. C’est un expert dans l’art du camouflage, mais le poète ou l’initié le trouvera dans le contour d’un bosquet, l’ombre d’une frondaison ou le bruissement du feuillage.

Mina.

LE CHÊNE DE RIA (Conte)

LE CHÊNE DE RIA

The Queen Of Bad Faeries – Brian FROUD from the book « Good Faeries/Bad Faeries »

Extrait du livre : « Contes populaires et légendes du Languedoc et du Roussillon », compilés par Claude Seignolle, édition France Loisirs, 1979

Tout près de la nouvelle gare de Ria, à quelques mètres du mas Marie, il est un chêne robuste et séculaire qui projette l’ombre de ses feuillages sur la route nationale. C’est le roi des arbres d’alentour, comme un aïeul encore vert, au torse de géant, que ne firent plier ni les vents ni les orages, à la tête haute et fière, bravant les éléments, aux bras puissants et noueux qui protégèrent tant de générations.

Qui sait jusqu’où s’étendent dans le sol les racines puissantes, les nombreux tentacules de ce chêne gigantesque ? Qui sait de même à quelle époque remonte sa curieuse légende ?

C’était du moins au temps où régnaient en souveraines dans le Roussillon, et particulièrement dans les environs de Prades, les mystérieuses Encantadas.

Douées d’un pouvoir surnaturel qu’elles tenaient de l’enfer, ces sorcières malfaisantes lutinaient leurs victimes, leur jetaient des sorts, répandaient les pires maux dans la contrée, inspirant aux gens du pays une profonde terreur.

C’est à la faveur de l’obscurité qu’elles accomplissaient leurs maléfices ; aux douze coups de minuit, elles se réunissaient autour du gorch d’en Gourné, le gouffre le plus profond de la Tet, entre Ria et Villefranche. Elles y lavaient leur linge, puis disparaissaient sous la conduite des trois sœurs Analgôs, les plus audacieuses et les plus ridées ; malheur aux habitants du village qu’elles choisissaient pour l’accomplissement de leurs sinistres exploits ; elles leur faisaient subir les pires vexations et laissaient de pénibles souvenirs de leur passage.

En vain les paysans, armés jusqu’aux dents, couraient à leur poursuite et fouillaient la campagne. La bande joyeuse des Encantadas se dirigeait vers le groupe des chênes verts, dont la double rangée, partant du gorch d’en Gourné, courait le long de la grand-route. Et au commandement de l’une d’elles :

Pet sus fulla

Aybre en amont

(pied sur feuille, en haut de l’arbre), elles disparaissaient dans les branches touffues. On entendait alors un bruissement de feuilles qui s’entrechoquent et de branches qui gémissent, comme si un vol d’oiseaux s’était abattu sur ces arbres. Puis la nature rentrait dans le silence jusqu’au moment où arrivaient les paysans furieux ; ils passaient sous les chênes, mais allaient chercher les sorcières ailleurs qu’au milieu des feuilles et des glands.

Une nuit il faisait bien froid, si froid que les paysans pouvaient à peine tenir leurs bâtons et leurs fourches. Lorsqu’ils passèrent sous les chênes, leurs casquettes, qu’ils avaient pourtant enfoncées jusqu’aux oreilles, disparurent comme par enchantement, subtilisées par les fées mystérieuses.

Des éclats de rire résonnèrent dans les airs et les malheureux paysans effrayés regagnèrent leur village à toutes jambes.

Un jour pourtant, un des chênes protesta ; c’était le plus jeune et le plus frêle. Il s’adressa à ses aînés et leur manifesta son indignation :

— Nous ne pouvons plus longtemps, dit-il, nous rendre complices de ces horribles sorcières qui torturent les braves paysans inoffensifs. Leurs agissements infernaux ne peuvent recevoir notre approbation, et je vous propose de ne plus leur accorder l’hospitalité. Chassons-les pour toujours.

Des cris désapprobateurs accueillirent cette proposition. On s’étonna de l’audace, de la hardiesse du jeune plaignant, et l’un des chênes répondit :

— Nous n’avons pas à nous apitoyer sur le sort de ces maudits bûcherons qui nous dépouillent de nos branches et de nos glands. Tant pis pour eux s’ils souffrent. Nous supportons bien, nous, sans rien dire, les intempéries des saisons.

— Vous êtes des égoïstes, cria le jeune chêne, j’agirai seul, mais j’agirai. Et, courageusement, il défendit aux Encantadas de se cacher désormais sous son feuillage. Il les menaça même de dévoiler leur refuge. Les sorcières, dédaigneuses, bravèrent d’abord l’arbre chétif, mais, suivant le sage conseil de la badessa, elles se décidèrent à changer le lieu de leur retraite pour plus de sécurité.

Avant de partir définitivement elles voulurent récompenser les chênes dont la protection, la fidélité et la discrétion leur avaient été jusque-là si précieuses.

— Nous sommes prêtes à vous distribuer les faveurs les plus éclatantes, dirent-elles aux arbres protecteurs. Parlez et vos vœux seront exaucés.

— Les arbres des collines voisines vivent heureux, car leurs feuilles sont fines et étincelantes : nous voudrions avoir des feuilles d’or.

Le vent apporta un bruit harmonieux de voix qui disaient : — Notre feuillage est terne, donnez-nous des feuilles de cristal.

Enfin un rossignol vint transmettre les désirs des chênes les plus éloignés qui demandaient des feuilles plus tendres, parfumées et sans épines.

En moins d’une seconde, tous les chênes obtinrent satisfaction. Seul, l’arbre révolté, objet de la haine des sorcières, conserva son ancien feuillage. Et les Encantadas moqueuses firent autour de lui une ronde échevelée, puis s’éloignèrent : elles étaient vengées.

Le lendemain matin, des contrebandiers passèrent sur la route et aperçurent les feuilles d’or éblouissantes sur lesquelles se jouaient les rayons du soleil ; l’un d’eux grimpa sur l’arbre et fit passer à ses camarades le précieux métal qu’il cueillait à pleines mains. Les contrebandiers remplirent leurs poches, leurs sacs et leurs mantes, sans être inquiétés, puis disparurent dans la montagne.

La tramontane qui soufflait avec violence fit tomber les feuilles en cristal qui se brisèrent.

Ce bruit argentin attira quelques chèvres qui paissaient dans une prairie voisine. Comme elles tendaient leur museau vers les chênes aux feuilles parfumées, le berger monta sur les arbres et les effeuilla pour satisfaire son troupeau.

En un clin d’œil les chênes aux tendres rameaux furent absolument dénudés, tandis qu’à leur côté le petit chêne maudit par les Encantadas conservait seul son feuillage naturel. Il excita la jalousie de ses orgueilleux voisins qui dépérirent les uns après les autres.

Quelque temps après, les Encantadas passèrent sur la grand-route, se rendant à Ria, et furent consternées du malheur survenu aux chênes dont elles avaient récompensé la complicité. Elles se disputèrent, rejetant la faute d’un tel désastre les unes sur les autres, échangèrent des coups et se dispersèrent à jamais.

C’est ainsi que la contrée fut délivrée des Encantadas qui n’avaient plus de pouvoir une fois séparées.

Et le petit chêne vert, qui s’était montré si crâne, fut l’objet d’un vrai culte de la part des habitants de Ria, de Villefranche et des villages environnants. Il grandit au milieu de la vénération générale. On se refusa toujours à remplacer les chênes disparus à ses côtés.