Gèadh / L’oie in « l’Oracle des Druides » par Philip & Stephanie Carr-Gomm

Illustration Bill Worthington
Illustration Bill Worthington

La carte représente un couple d’oies cendrées dans un marais . Ancêtre de l’oie domestique , l’oie cendrée conserve toute sa vie le même partenaire.C’était autrefois la seule espèce d’oie vivant en Grande Bretagne et contrairement à d’autres oiseaux, elle ne migrait pas . Des ronces et des groseilles à maquereaux ( que l’on nomme baie à l’oie en anglais) pousse au premier plan . On voit de la patte d’oie sur la droite et des roseaux NGetal ) à l’arrière plan. Un vol d’oie en V se dirige vers la mer.

L’oie signale peut être que vous êtes prêt a assumer la responsabilité d’une famille ou a vous engager dans une relation à long terme. Elle vous donnera la force créatrice et productive , tout en vous assurant que votre famille, votre partenaire ou vos associés  soutiendront votre créativité en en vous procurant un environnement stable  dont vous avez besoin . L’éducation des enfants est véritablement une des activités apportant le plus de joie et de satisfaction. Très attachée à sa famille, mais capable de voler aussi à une altitude extraordinaire d’un continent à l’autre, l’oie montre qu’il est possible d’associer les aspirations matérielles et spirituelles dans no vies quotidiennes.

Renversée: la carte indique que vous êtes peut être trop attaché à vos droits, votre territoire, vos possessions: cessez de vous montrer aussi possessif avec votre partenaire. beaucoup d’oie gardent leur partenaire à vie mais ce n’est pas le cas de tous les humains. Rester avec quelqu’un qui ne vous convient pas n’est peut être pas dans vote intérêt.  Un relation faite pour durer doit être basée  sur le respect mutuel et la liberté de chacun plutôt que sur la jalousie et la possessivité.

Les celtes élevaient les oies  pour leur oeufs  et non pour leur viande. Ils savaient qu’il vaut mieux posséder  une oie vivante que de la manger  et de tuer sa capacité productive. De même ils élevaient principalement  les moutons pour leur lait et leur laine. Nous pouvons en tirer la leçon, qu’il faut prendre soin de nous même si nous voulons optimiser nos force créatives et productrices.. pour être sure que’ l’oie continue a pondre ses oeufs d’or  nous devons la garder bien en vie, nourrie, reposée, entrainée.

 

L’oie dans la tradition

Nuée d’abeilles et de scarabées

douce musique du monde bourdonnement léger ;

Oies sauvages, oies marines,

juste avant le jour des morts, musique du torrent sombre

Poème irlandais du X ème siècle

On disait autrefois que les druides savaient interpréter le vol des oiseaux pour prédire l’avenir. Ils se servaient aussi bien de leurs facultés psychiques  que de leurs dons remarquables d’observation de la nature.  L’arrivée ou le départ des oies migratrices étaient par exemple liés  a l’arrivée de l’hiver ou de l’été. L’oie symbolisait donc le changement saisonnier. Les oies s’éloignant vers la mer étaient le signe de beau temps, alors que se réfugiant vers les collines  elles annonçaient la tempête.  Dans le poème ci dessus les oies marines sont les oies arrivant en  Grande Bretagne en octobre.  Venant de l’arctique juste avant la Toussaint elles annonçaient avec certitude l’arrivée  de l’hiver?  D’origine inconnue ,  on disait  qu’elles éclosaient d’un anatife fixé a un morceau de bois flottant, d ‘un arbre ou même d’un gland . En Ecosse on les appelait parfois  « oies des arbres »   car la légende voulait qu’elles naissent des saules  poussant dans les Oracles. La divination avait lieu traditionnellement a Samhuinn, mais se pratiquait en général pendant tout l’automne, période favorable à l’introspection et à la réflexion.  Lors de la fête de « Michaelmas »  version chrétienne de l’équinoxe d’Automne, on mangeait traditionnellement une oie. On examinait l’os de son gosier appelé l’os de fête dont on arrachait les deux cotés pour prédire l’avenir . il nous reste de cette tradition datant sans doute  de l’époque pré chrétienne de faire un vœu en tirant l’un des cotés de la fourchette (os) du  poulet.

LA FOUGUE DE L’OIE

L’oie est fortement associée à l’agressivité et à  la défensive.  Elle sait défendre vigoureusement  sa couvée et son territoire.  Ses cris aiguës ne manquent pas d’attirer l’attention  sur l’arrivée de visiteurs. Elle est par conséquent devenue le symbole  de la force défensive et de la protection.  On peut voir au sommet de la colline de Roquepertus, en Provence,  une grande oie de pierre perchée sur le portique d’un temple de l’age du fer.

Elle surveille avec attention les alentours  de ce sanctuaire  consacré aux dieux de la guerre. Une figurine en bronze  a été retrouvée a Dinaeault, en Bretagne,  représentant une déesse celtique de la guerre portant un casque surmonté d’un oie. L’animal est représenté dans la position menaçante , le cou projeté en avant. En ex Tchécoslovaquie ce sont les guerriers de l’age du fer enterrés avec des oies que l’on a retrouvés. Cependant les oies sauvages savent fuir aussi bien que se battre. On sait qu’elles sont difficiles à  capturer et à tuer.

POUVOIR EROTIQUE ET FIDELITE

Les oies défendront  avec acharnement leur partenaire et leur couvée. Leurs oisons, bien que sachant voler  deux mois après leur éclosion restent beaucoup plus longtemps avec leurs parents. Les rencontre d’un couple d’oie sont toujours marquées par une parade nuptiale  complexe: l’oie symbolise donc la galanterie, le couple et la fidélité. Son penchant à rechercher un partenaire l’a pourtant faite associer aux mœurs facile. A l’époque élisabéthaine on donnait son nom aux prostituées et  on désignait les maladies vénériennes sous le terme   « d’Oie de Winchester ».Mais l’oie est en réalité extraordinairement fidèle et dévouée. Son lien pré-chrétien  avec la création et toutes les associations érotiques que ça entraine, s’est déformé pendant la période chrétienne.

Bien que la graisse d’oie est une réputation aphrodisiaque chez les romains , les Celtes s’en servaient de remède. On l’appelait Gibanirtick sans l’ile de St Kilda, l’ile la plus reculée de Grande Bretagne, ou les premiers missionnaires chrétiens n’arrivèrent qu’en 1705. Les habitants de cette ile au nord de l’Atlantique  continuèrent donc jusqu’au milieu du XVIIIe siècle a d’adhérer aux croyances et pratiques druidiques rattachées a la graisse d’oie.

Très attachée a sa famille et volant a des altitudes étonnantes, l’oie symbolise a merveilles l’union du ciel et de la terre. elle nous montre comment associer nos aspirations quotidiennes et spirituelles. Un poète américain, Mary Oliver, a exprimé dans un très beau poème cette combinaison entre liberté et attachement. en voici un extrait :

les oies sauvages,

haut dans le ciel pur, retournant au pays a nouveau,

Qui que tu sois, quelle que soit ta solitude,

le monde s’ouvre a ton imagination.

Comme l’oie sauvage il t’apelle

affirmant et réaffirmant ta place au sein des choses

Les Fylgjur

Par Polly Anna Jones : Understanding the Fylgjur
Traduction et adaptation par Siduri

Les Fylgjur (pluriel de Fylgja) sont décrites comme des esprits gardiens surnaturels, liés à une lignée familiale, et réputés accompagner une personne tout au long de son existence. Comme de nombreux concepts de la mythologie nordique, la notion de Fylgja est parfois difficile à comprendre ou à rendre compréhensible à autrui.

Fylgja est un mot norrois qui signifie « quelqu’un qui accompagne ». Les fylgjur peuvent apparaître sous deux formes.

La première est une forme animale, qui peut être vue comme une extension d’un aspect ou d’une caractéristique d’une famille donnée. Les fylgjur semblent incarner cet esprit individuel ou familial, et guident celui qu’elles choisissent, ou qui travaille avec elles.

Maria Kvilhaug a traduit et résumé l’article du professeur Else Mundal sur le sujet, “Fylgjemotiva i norrøn litteratur” (Les motifs Fylgjur dans la littérature norroise) :

« Le motif animal de la fylgja est parfois mêlé au motif du húgr. [Húgr (masculin singulier) signifie “intention”, “désir”, “pensée”, “âme”, “coeur” et semble avoir été une partie de l’âme humaine capable de se mouvoir en dehors du corps sous forme animale]. L’expression Manna hugir [« les intentions des hommes »] remplace parfois le terme manna fylgjor [ceux qui accompagnent les hommes] et apparaissent alors sous la forme de loups. Les loups, associés à la passion intense et au désir (ou à la faim et à l’envie), sont étroitement connectés au húgr. Les autres animaux apparaissent comme des manna fylgjor. »

La seconde description présente les Fylgjur comme des entités femelles. Elle agissent en gardiennes pour une famille, et s’attachent à un individu à la naissance, veillant sur les générations en suivant une certaine lignée. Il est possible qu’elles représentent une mère ancestrale. Nous savons que les mères étaient célébrées, avec des esprits ancestraux féminins désignées comme les « Disir » (qui signifie « Dames »). Ces esprits féminins sont attachées à une famille dont elles sont les ancêtres matriarcales, et elles peuvent se montrer bénéfiques comme maléfiques. Nous discuterons des Disir dans un prochain article.

Le terme Disir couvre un vaste spectre d’esprits féminins dans la mythologie nordique, mais la Fylgja est spécifiquement un esprit qui guide et protège une personne, et qui est liée à son destin et à sa « hamingja ». Il est couramment pensé qu’une Fylgja peut abandonner son mortel si son comportement n’est pas à la hauteur, se veut bizarre ou pourrait amener la honte sur la famille.

Maria Kvilhaug ajoute :

« Une femme fylgja est une entité spirituelle féminine qui agit comme un esprit gardien pour le clan, et spécialement pour le chef du clan. Elle s’attache également à un individu, mais est immortelle, et semble dès lors s’attacher à une lignée particulière, accompagnantt une personne de chaque génération. Mundal pense que les fylgjur représentent les esprits des mères ancestrales, et représentent une partie du culte de la mère ancestrale que nous savons avoir existé parmi les Vikings.

Chaque être humain peut avoir une Fylgja féminine ou plusieurs. Certaines sont visibles tandis que d’autres sont invisibles. Une personne ne peut avoir qu’un nombre limité de fylgjur visibles (2 – 3 – 9), mais peut avoir tout un troupeau de fylgjur invisibles. Ces entités portent la fortune d’un individu ou d’un clan. Elles apparaissent fréquemment dans des rêves mais aussi dans des visions.« 

Les Fylgjur dans les Sagas

Ces esprits apparaissent dans le récit de Njál le Brûlé, issu de la saga islandais de Njál. Un conte de querelles et de revanches, qu’on estime daté d’entre 1270 et 1290.

Dans la publication de cette saga de 1900, George Webbe Dasent décrit « les superstitions de la race » dans son introduction et mentionne le rôle de la Fylgja dans la société représentée dans la saga :

« L’homme du nord avait de nombreuses superstitions. Il croyait en de bons géants et en de mauvais géants, en des elfes noirs et d’autres lumineux, en des entités surhumaines qui comblent l’énorme vide qui existe entre lui-même et les dieux. Il croyait également en des esprits gardiens [nldt : wraiths, fetches and guardian spirits], qui suivaient des personnes en particulier et appartenaient à certaines familles – une croyance qui trouve certainement son origine dans le fait de considérer corps et âme comme deux êtres distincts, qui peuvent prendre à certains moments une forme physique différente. Parfois, l’esprit gardien ou fylgja prenait une forme humaine ; à d’autres moments, il empruntait une forme animale sensé refléter le caractère de la personne à qui il appartenait. Ainsi il devient, selon la personne, ours, loup, taureau, ou encore renard. Les fylgjur des femmes aimaient revêtir la forme de cygnes.

Voir sa fylgja était annonciateur de malheur, et souvent le signe qu’un homme était « fée » [ndlt : fey] ou condamné à mort. Ainsi, lorsque Thord Freedmanson dit à Njal qu’il voit le bouc se vautrer dans son sang dans la ville de Bergthorsknoll, l’homme lui répond qu’il a vu sa propre fylgja, et qu’il doit être condamné à mort. Les plus fines et nobles natures avaient souvent la capacité de voir les esprits gardiens d’autrui.

Ainsi Njal voyait les fylgjur des ennemis de Gunnar, et son étrange sentiment fut bientôt confirmé par les nouvelles portées par son berger. De la fylgja individuelle il n’y a qu’un pas jusqu’à la notion plus abstraite d’esprits gardiens d’une famille, qui parfois, si un grand changement se dessine dans un foyer, peuvent même se montrer nuisibles pour certains membres de la famille.« 

Non seulement, les Fylgjur sont mentionnées dans cette sage, mais leurs rôles de « fetches » [ndlt :le « fetch » est une construction éthérique fans laquelle un individu se projette afin de voyager sur le plan astral. Cette construction peut prendre la forme de son propre corps ou celle d’un esprit totémique.] apparaît également lorsqu’elles sont décrites en train de visiter les personnages du récit dans leurs rêves.

Ces entités apparaissent également dans la Saga de Ljosvetninga, où elles sont utilisées comme des armes spirituelles. Si un personnage a une Fylgja plus puissante que celui qui se tient face à lui, cet individu souffrira de malchance. Il semble que cela soit la conséquence d’une Fylgja qui ne serait pas aussi forte ou capable de les défendre de celle de leur ennemi.

La Fylgja, les fetches et la sorcellerie

Dans les superstitions anglo-saxonnes et plus tard anglaises, une Fylgja animale devint connue sous le nom de fetch. Il est difficile de dire s’il s’agissait à l’origine de la même créature qui apparaît dans la littérature islandaise, ou s’il s’agit d’un concept similaire. Dans la sorcellerie britannique traditionnelle, le fetch est un esprit animal, ou un animal vivant, qui permettrait à son « propriétaire » de voyager avec lui ou de l’envoyer réaliser des travaux magiques.

Pour nous, il est plus courant de voir le fetch de la sorcière décrit comme un familier ; un animal physique qui aide le praticien dans ses travaux. De nombreux contes issus du folklore décrivent également ces animaux comme des sorcières qui se seraient transformées ; des blessures physiques endurées par l’animal apparaîtraient aussi sur la sorcière, une fois sa forme humaine recouvrée. Cette capacité à changer de forme apparaît également dans les concepts nordiques.

Dans la spiritualité nordisante reconstructionniste actuelle, une Fylgja peut être perçue comme un esprit allié animal ou féminin, qui rend visite en rêve ou apparaît lors de la pratique du Seidr, du travail de transe ou d’un voyage à caractère chamanique. Parfois, des personnes sentiront que leur Fylgja les précède lorsque qu’ils voyagent au sens physique.

On attirera simplement l’attention au fait d’être prudent lorsqu’on souhaite découvrir ces êtres. Leurs pouvoirs sont bien documentés dans les Sagas Islandaises, et nous explique comment les Fylgjur accorde chance et hamingja à ceux qu’elles visitent, pouvant même forger le destin d’un homme. Si vous leur déplaisez, elles pourraient bien vous quitter, ou les bénéfices qu’elles vous auront apportés pourraient se retourner contre vous.

Un autre article sur le sujet, par Maria Kvilhaug

Les « Hex signs »

Mut Danu propose dans le chapitre de « Tree Mothers » consacré au mois de Gort de créer des « Hex spells ». Je m’intéresse au sujet depuis un moment et j’en ai donc profiter pour écrire l’article que voici. Peut-être vous aidera-t-il à voir la rosace – qui apparaît dans l’emblème du coven – d’un autre œil :)

Trouvé sur www.dutchhexsign.com

Un peu d’histoire

Les « Hex Signs » ou « Hex spells » sont des symboles de l’art populaire de Pennsylvanie, apportés par des populations migrantes d’Europe Centrale (Allemagne, Suisse, Alsace) aux XVIIème et XVIIIème siècles. On retrouve ces symboles sur des broderies, de la vaisselle, des meubles peints, mais ils sont surtout connus pour orner les façades des fermes et des maisons. Cette tradition d’ornement de la maison est seulement apparue aux alentours de 1850, mais elle est devenue très rapidement populaire, au point que des « Hex signs » commencent à être commercialisés dès les années 40, à destination des touristes de passage.

D’où vient le mot « Hex » ? On a bien envie de penser en premier lieu à une connexion avec la sorcière, « Hexe » en allemand. Mais en réalité, rien n’est moins sûr. Le terme « Hex » pour désigner ces symboles n’est utilisé que depuis des temps relativement récents : en 1924, Wallace Nutting publie Pennsylvania Beautiful, un ouvrage pour lequel il va enquêter auprès des fermiers d’origine germanique de Pennsylvanie. Ceux-ci n’utilisent alors que des mots très courants comme « Blume » (fleurs) ou « Schtarne » (étoiles) pour désigner leurs peintures murales. Néanmoins, au cours de l’enquête, un fermier utilisa le terme « Hexefuss » (pied de sorcière) dans sa description ; bien que ce terme renvoie à un symbole tout à fait particulier, il fut sans aucun doute mis en avant comme terme générique par l’auteur, et/ou par ses lecteurs, tous certainement séduits par la connotation mystérieuse du terme. Quoiqu’il en soit, le mot « Hex » devint rapidement populaire parmi les Allemands de Pennsylvanie eux-mêmes, grâce à son succès auprès des touristes.

Symboles occultes ou simple art décoratif ?

trouvé sur www.pageneralstore.com

Différentes écoles de pensée se confrontent au sujet des « Hex signs ». Pour certains, l’intention magique derrière ces peintures est indiscutable. Pour d’autres, il ne s’agit que d’éléments décoratifs, éventuellement revendicatifs d’une identité. Il est à noter, pour conforter cette seconde hypothèse, que l’habitude d’orner les maisons de ces symboles n’est apparue qu’au milieu du XIXème siècle, au moment où le gouvernement américain tentait de supprimer le dialecte germanique de la région. Il s’agissait donc peut-être, tout simplement, de réclamer un  héritage pictural issu du folklore germanique.

Néanmoins, plusieurs arguments plaident d’après moi pour tout au moins une origine magique de ces symboles : ainsi, certains groupes religieux germanophones de Pennsylvanie, comme les Amish ou les Mennonites, rejettent les « Hex signs » parce qu’ils les relient à des pratiques de magie ; de plus, la rosace à six branches, élément emblématique de la tradition, se retrouve couramment en Europe Centrale sur les maisons (jusque dans la vallée de Pô en Italie, où on l’appelle Soleil des Alpes), où elle a valeur de symbole de protection ; on peut noter qu’avec ses 6 branches, elle fait penser au Hexefuss cité plus haut – lui-même identique à la rune Hagalaz dans sa version du jeune futhark. Mais elle évoque aussi à l’étoile à six branches ou sceau de Salomon, important signe magique en Europe depuis au moins le début du Moyen-Âge. Le coq, la tulipe, l’arbre de vie sont autant de symboles de protection qu’on retrouve depuis des centaines d’années sur le Vieux Continent, et qui sont réapparus en Amérique dans la pratique artistique du « Hex sign ».

Mais au fond, pour nous autres sorcières et païens actuels, l’origine occulte de ces symboles est-elle réellement si importante que ça ? Comme pour tout autre outil, je crois que ce qui fait l’essentiel de la magie d’un « Hex sign », c’est l’intention que son créateur y insuffle. Et à l’heure actuelle, de nombreuses personnes, en particulier des païens germanisants ou des sorcières, ont choisi d’en faire usage comme des talismans ou des outils de méditation, allant même jusqu’à incorporer des symboles pré-chrétiens ou personnels dans la création de leur « Hex », qu’on ne retrouvait pas jusqu’alors dans la tradition pennsylvanienne. S’il n’est donc pas totalement avéré qu’il s’agissait de symboles magiques au moment de leur (ré)apparition vers 1850, les « Hex signs » le sont devenus pour nombre d’entre nous. Et ça, c’est incontestable.

Motifs et coloris

Sur Les Portes du Sidh, Lune a partagé il y a quelques temps déjà une traduction sur le sujet des « Hex signs » . Je vous invite à la lire et me permets de retranscrire ici les paragraphes traitant des motifs et du choix des couleurs que j’ai trouvés particulièrement synthétiques et intéressants. A noter que pour certains, les « Hex signs » de Pennsylvanie ont aussi bénéficié d’une influence de l’art des tribus natives de Pennsylvanie. Vu l’éclat des couleurs, ça ne m’étonnerait absolument pas.

Voici ci-après, le probable symbolisme ou signification des formes et couleurs employées dans les symboles des sorcières. C’est la forme d’un très vieil art et le sens précis des formes et couleurs n’est pas connu avec certitude.

  • Formes

• Croissants de Lune – Les quatre saisons
• Distelfink – bonne chance et joie… Deux distelfinks – double bonne chance et joie… Deux distelfinks affrontés – amitié vraie
• Pigeons ou Oiseaux de Paradis – amitié, camaraderie, paix, pureté et bonheur
• Aigle – force, courage, vision claire
• Cœur – amour, l’amour durable et l’amour pour les autres
• Feuille de chêne – longue vie, force et endurance
• Ananas – accueil et hospitalité
• Gouttes de pluie – eau, récolte abondante et fertilité
• Rosettes – (on pense que c’est le plus ancien symbole) bonne fortune
• Coquilles Saint-Jacques – vagues de l’océan, naviguer sur une mer calme dans la vie
• Étoiles – protection contre les feux, bonne fortune, espoir, amour, fertilité, énergie et harmonie
• Roue Solaire – chaleur et fertilité
• Tulipes – Foi, espoir, charité et croire en l’humanité
• Blé – Abondance et bonne volonté

  • Couleurs

• Noir – protection, également utilisée pour mélanger ou lier des éléments ensemble
• Bleu – protection, paix, sérénité et spiritualité
• Brun – terre-mère, peut également signifier l’amitié et la force
• Vert – croissance, fertilité, succès dans les choses et idées qui grandissent
• Orange – abondance dans la carrière, les projets et les choses ayant besoin d’un coup de pouce
• Rouge – émotions, passion, charisme, désir et aussi la créativité.
• Violet – les choses sacrées
• Blanc – pureté, le pouvoir de la lune, permet à l’énergie de s’écouler librement
• Jaune – La santé du corps et de l’esprit, l’amour de l’homme et du soleil, connexion à la forme Divine.

Souvenirs de la Vieille Europe

Si je me suis intéressée aux « Hex signs » de Pennsylvanie, c’est parce que j’ai été frappée, lors de leur découverte, par leur ressemblance avec nombre de symboles qu’on retrouve peints ou gravés sur les maisons anciennes de ma région, l’Alsace, et qui m’ont toujours fascinés. J’avais donc envie de conclure cet article en vous présentant quelques « Hex signs » de chez moi ;)

En réalité, en Alsace, on retrouve surtout les symboles de protection traditionnels comme la croix de Saint-André, le « Mann » dans l’assemblage des poutres formant les colombages. Je ne m’étendrai pas là-dessus car la question mériterait un gros article dans lequel je me lancerai sans doute un jour, mais pas tout de suite.

Toujours est-il que sur l’une de ces poutres, généralement visible de la rue et souvent axe principal de l’ensemble de la construction, on retrouve des « cartouches » peints et/ou gravés contenant les informations suivantes : les noms ou initiales du couple fondateur, parfois un fait relatif à leur existence, la date de la construction.

Ce qui est intéressant pour le folkloriste curieux, ce sont les symboles ou autres écrits qui accompagne ces données. Ce que j’ai pu relever au cours de mes balades :

  • Des symboles : rosace à 6 branches, étoile à 4/5/6 branches, cœur, coq, arbre de vie, deux petits oiseaux se faisant face entourés de motifs floraux, svastika, soleil stylisé, croix de différents types, feuilles, tulipe, serpent, lune … Parfois des éléments plus énigmatiques : il m’est arrivé de voir, une fois, un symbole ressemblant fortement à la rune Othila.
  • Des initiales : IHS (Iesus Heiland Seligmacher), CMB (Christus mansionem benedicat ou Caspar, Melchior, Balthazar ou Catharina, Margarete, Barbara), JMJ (Jesus Maria Joseph)
  • Des versets de la Bible (tradition plutôt protestante)

Dans tous les cas, il s’agit clairement d’asseoir l’identité et les limites du foyer et de garantir sa protection (le coq, par exemple, animal qui annonce le lever du soleil et donc la fin de la nuit propice au règne du mal ; la tulipe et ses trois « pointes » stylisées, quant à elle, symbolise la Sainte Trinité, etc), la fertilité et la richesse de ceux qui y habitent. On souhaitait également protéger la maison de la foudre et par extension de l’incendie (le soleil chasse l’orage, etc).

Pour m’arrêter bien souvent devant les maisons arborant ce type de symboles, je suis frappée à chaque fois par leur puissance, encore aujourd’hui ; et par leur beauté, tout simplement ! J’espère que ces quelques lignes vous auront donné envie de vous essayer à l’art du « Hex sign ». Que ce soit en protégeant vos foyers, ou en vous amenant à exprimer vos talents artistiques dans un nouveau domaine, ces symboles peuvent, à la manière des mandalas, être des supports spirituels inspirants :) Lee R. Gandee, peintre de « Hex signs », dit dans son autobiographie qu’il s’agit pour lui de « prière peinte ». J’ai adoré cette expression, et je conclurai donc là-dessus. A vos pinceaux :)

Sources et liens à visiter

http://www.le-sidh.org/wicca/folklore-sorcier/les-symboles-des-sorcieres/
http://unurthed.com/2008/01/07/gandees-hexes/
http://en.wikipedia.org/wiki/Hex_sign
http://www.amishnews.com/featurearticles/Storyofhexsigns.htm
http://www.dutchhexsigns.com/category/dutchhexsignmeanings

Le lierre, folklore

Voici des extraits du livre de Paul Sébillot, « Folklore de France, 3ème tome, La faune & la flore ». 1906.

lierre

« Des fragments d’arbres, ou leurs fruits, constituent des porte-bonheur ou des talismans dont la vertu dépend, soit de l’espèce à laquelle ils ont empruntés, soit de l’époque delà récolte. En Haute-Bretagne, un morceau de gui cueilli sur une épine blanche la nuit qui précède le tirage procure un bon numéro ; dans l’Yonne, un collier de lierre est porté six semaines avant cette opération ; en Wallonie un clou de noix appelé Saint Esprit, mis sous le talon gauche, a la même vertu ; a Liège on l’introduit sous sa bottine pour trouver de l’argent, ou simplement pour avoir de la chance.  » Page 388.

« Les feuilles interviennent aussi en matière de pèlerinage : dans l’Albret, pour savoir de quel mal de saint on est tenu, celui qui consulte place lui-même dehors, après le soleil couché, sur une pierre, une feuille de lierre marquée ; le lendemain la feuille du saint auquel on doit faire la dévotion sera toute marquetée ; en Haute-Normandie, une vieille femme commence une neuvaine, puis elle met trois feuilles de lierre dans un verre plein d’eau bénite ; celle qui jaunit ou se tache la première dénonce le saint auquel est tenu l’enfant malade. » Page 398.

« En Saintonge, le galant évincé par une jeune fille, et vice versa, va, avant le jour, joncher de branches et de feuilles de lierre le chemin par où doit passer la noce. » Page 404.

« Plusieurs essences sont en rapport avec les funérailles : Au Port-Blanc, dans la partie bretonnante des Côtes-du-Nord, on épingle des branchettes de gui et de laurier aux draps de la chapelle mortuaire. Dans le Var, le linceul blanc d’une jeune fille était parsemé de feuilles de lierre. » Page 405.

« Dans presque tous les pays de France on constate l’usage de placer à la porte des cabarets des branches d’arbres au feuillage éternellement vert ; suivant une curieuse notice de Raoul Rosières, c’est une survivance de ceux qui étaient autrefois consacrés à Bacchus. Au XVIe siècle les auberges de Normandie avaient de ces enseignes :

 Pour cornette et guidon, suivre plus tost on doit
Les branches d’hiere ou dif qui montrent où l’on boit .

Actuellement dans ce pays le bouchon ou rameau de verdure est, suivant les localités, de gui, de buis, de lierre, de houx, d’if ou même de laurier. Dans le Cotentin s’il est décoré d’un chapelet de pommes, c’est signe que le débitant a mis en perce un fût de cidre nouveau ; le nombre de pommes dont il se compose indique le nombre de sous que devra payer le consommateur pour boire un pot ou double litre. » Page 406 et 407.

« En Haute-Bretagne, le « coq » est fait avec un petit morceau de bois fendu à Tune de ses extrémités ; on y introduit une feuille de lierre ou de laurier pliée en plusieurs fois ; en soufflant dans cet instrument, on obtient un son
assez doux […] » Page 408.

« On attribue aux fragments de plusieurs arbres des vertus prophylactiques qui tiennent soit à leur espèce, soit à des particularités de diverses natures. En Basse-Normandie les chapelets de gui préservent les enfants des convulsions, et même de l’épilepsie ; dans la Gironde, pour faciliter la dentition, on leur met un collier de racines de lierre, vertes et en nombre impair. » Page 411.