Un rituel par Morgan McFarland, extrait du livre Drawing down the Moon

Par Margot Adler. Extrait de Drawing down the moon. Rituel par Morgan McFarland. Traduction et adaptation : Fleur de Sureau

Un vendredi soir à Boston, le 23 avril 1976, un millier de femmes sont assises sur les bancs de la vieille église d’Arlington Street. Les bancs sont plein et les femmes continuent de s’installer par terre et dans les allées. Puis se taisent tandis que la flûte de Kay Gardner crée un sentiment de paix. Les lumières se tamisent et Morgan McFarland, Grande Prêtresse Dianique, s’avance, vêtue d’une longue robe blanche, accompagnée de quatre membres de son coven de femmes, le même coven dont il est question dans la revue The New Broom. L’occasion est celle d’un rituel : “pour déclarer et affirmer notre naissance », pour marquer l’ouverture d’une conférence de trois jours sur la spiritualité féminine, portant le nom inhabituel de « A travers le miroir : une expérience gynérgétique » (“Through the Looking Glass: A Gynergenetic Experience”.) La conférence est suivie par plus de mille trois cents femmes et en plus d’une allocution de la théologienne féministe Mary Daly, la conférence est particulièrement remarquable du fait du grand nombre de prêtresses Sorcières venues y assister d’aussi loin que le Texas et la Californie.

Cette relation entre la spiritualité féministe et l’Art[ndlt : l’Art magique/sorcier] est complexe. Peut-être que si nous devions choisir un instant pour saisir toutes les qualités, problèmes, pressions et vastes potentialités dans cette relation difficile, ce rituel serait semblable à un prisme. Morgan et les femmes du coven se tiennent debout dans l’église, un peu à part, un peu trop élégamment vêtues, trop « féminines » de façon stéréotypée. Je me souviens combien elles étaient plus à l’aise lorsqu’elles pratiquaient leur rituel dans le living-room à Dallas, où chacune d’entre nous ne portait rien d’autre qu’un collier de perles. Mais elles sont là, devant l’autel de l’église, tenant des bougies, pendant qu’un millier de femmes regardent et attendent.  Morgan s’avance et parle.

Dans le moment infini précédant tout temps, la Déesse émergea du chaos et donna naissance à Elle-Même… C’était avant que toute autre chose soit née… Pas même Elle. Et lorsqu’Elle sépara les cieux des eaux Elle dansa sur eux. Alors qu’Elle dansait, ainsi Son extase grandit. Dans cette extase, elle créa tout ce qui est. Ses mouvements créèrent le vent, et l’élément de l’Air naquit et souffla.

Une bougie est allumée à l’Est. Morgan parle.

Et la Déesse se nomma Elle-même : Arianrhod—Cardéa—Astarté. Et des étincelles jaillirent de Ses pieds dansants afin qu’Elle brilla comme le Soleil, et les étoiles se prirent dans Ses cheveux. Les comètes filèrent à Sa suite, et l’élément du Feu naquit.

Une bougie est allumée au Sud.

Et la Déesse se nomma Elle-même : Sunna, Vesta, Pelé. Autour de ses pieds les eaux tourbillonnèrent sous la forme de raz-de-marée, de rivières et de vifs ruisseaux. L’élément Eau se mit à couler.

Une bougie est allumée à l’Ouest.

Et Elle se nomma Elle-même : Binah, Mari Morgaine, Lakshmi. Et Elle voulut reposer ses pieds de leur danse, Et Elle engendra la Terre afin que ses rives soient son repose-pieds, les terres fertiles son utérus, les montagnes ses seins pleins, et ses cheveux flottants la végétation.

Une bougie est allumée au Nord.

Et la Déesse se nomma Elle-même : Cerridwen, Déméter, Mère Maïs. Elle vit ce qui fut, ce qui est et ce qui sera, né de Sa danse sacrée et du grand plaisir cosmique, et de la joie infinie. Elle rit et la Déesse créa la Femme à Son image… Pour qu’elle soit la Prêtresse de la Grande Mère. La Déesse s’adressa ensuite à Ses filles et dit : ‘ Je suis la Lune qui illumine votre chemin et parle à vos propres rythmes. Je suis la Danseuse et la Danse. Je tourbillonne sans mouvement. Je suis le Soleil qui vous procure la chaleur dans laquelle vous étirer et grandir. Je suis Tout ce qui Sera. Je suis le Vent qui souffle à votre appel et les Eaux scintillantes qui offrent la joie. Je suis le Feu de la Danse de Vie et Je suis la Terre sous vos pieds dansants Je donne à toutes mes prêtresses les trois aspects qui sont Miens : Je suis Artémis, la Demoiselle des Animaux, la Vierge de la Chasse. Je suis Isis, la Grande Mère. Je suis Ngame, l’Ancienne qui enroule le linceul. Je serai appelée par un million de noms. Appelez-moi, mes filles, et sachez que je suis Némésis. »

Plus tard, un feu est allumé dans le chaudron et le chant commence, tout d’abord doucement :

The Goddess is alive, magic is afoot, the Goddess is alive, magic is afoot. [La Déesse est vivante, la magie est en marche.]

[ndlt : une adaptation du titre « God is alive, magic is afoot » de Leonard Cohen et Buffy St.Marie.]

Puis il devient de plus en plus fort jusqu’à devenir clameur et cris primaux. Morgan parle alors pour la dernière fois.

Nous sommes Vierges, Mères et Anciennes – toutes à la fois. Nous offrons notre énergie créée : à l’esprit des Femmes du Passé, à l’esprit des Femmes à venir, à l’esprit de la femme du présent et qui grandit. Voyez, nous avançons ensemble.

A la fin du rituel, les femmes dans l’église commencent à danser et à chanter, leurs voix s’élèvent, encore et encore jusqu’à faire trembler la toiture.

Plus tard, quelques femmes diront qu’elles ne voulaient pas que les prêtresses se tiennent à part, sur un piédestal et près de l’autel ; elles ne voulaient pas voir l’énergie envoyée « vers le haut » ; elles voulaient qu’elle vise « l’oppresseur ». En dépit de cela, passant là-dessus, la difficile alliance, explosive, potentiellement puissante entre le féminisme et l’Art  est ressentie comme une évidence part toutes, pendant la conférence de nombreuses femmes diront avoir ressenti, pour la première fois, que la nouvelle « culture des femmes » était devenue une réalité.

Morgan et ses prêtresses se retrouvent à un tournant. Ce coven Dianique est peut-être le plus féministe des groupes « traditionnels », mais cette nuit-là à Boston, de nombreuses femmes l’ont trouvé trop formel et structuré. Ces femmes sont déterminées à définir leurs propres modalités et repartir de zéro.

[…]

Voir aussi « un mythe dianique de la création » légèrement différent et sans les indications pour allumer les bougies des directions. 

Energies des Arbres Lunaires : la Vigne

Par Linda Kerr, extrait du site faeriefaith.net
Traduction : Fleur de Sureau pour le coven d’Ignis Daemonis.

Vigne

Dixième Lune

Les mûres, la vigne

  • Glyphe – Je suis une colline de poésie
  • Animaux – serpent, mésange
  • Couleur – bigarrée
  • Guérison – saignement, blessures, besoin d’un tonique
  • Mystères – joie, euphorie, croissance/éternité, souvenir, inspiration, réincarnation
  • Substitut : chèvrefeuille, vigne des bois
Muin. Vigne. Septembre 2014.

L’inspiration poétique commence durant le Noisetier, mais la Vigne est réellement la lune du poète. La Vigne est une colline de poésie, de talent artistique, d’inspiration et d’imagination débordant du tissu même de notre être. La Vigne est une lune  guérisseuse et tonifiante, une période pour nous guérir des coups que nous prenons durant le Houx, ainsi que de l’épuisement ressenti durant le Noisetier. Nous ressentons en même temps joie et tristesse, euphorie et colère. C’est un moment de guérison par la créativité. Nous pouvons commencer à exprimer cette période d’inspiration et d’imagination sans même nous en rendre compte. Nous pouvons refaire une pièce de la maison, changer les meubles de place, commencer à écrire ou à travailler sur les cadeaux de noël. Nous ressentons beaucoup d’énergie intérieure et pouvons avoir une centaine d’idées différentes que nous désirons accomplir. Nous sommes maintenant comme la Vigne ; enthousiastes, légers, flexibles, croissants à un rythme étonnant et pourtant solides et très diversifiés.

Comme pour la plupart des lunes, la Vigne a une nature double, à l’image du poète qui a un pied dans la tombe alors même que sa tête effleure la sagesse et l’inspiration prophétique. La Vigne est également la lune de la vraie complétude ; c’est la fin d’un cycle et le moment juste avant le début du suivant.

La Vigne nous donne aussi le vin, la boisson traditionnelle du poète. La Vigne est sacrée pour Dionysus, Osiris et Bacchus. Veillons cependant à ne pas nous enivrer du fruit de la vigne, car alors nous glisserions de la créativité au laisser-aller et à la stupidité.

La spirale est un symbole de cette lune, une forme que l’on voit partout dans la nature et toutes formes de vie. La spirale n’a ni début ni fin. Durant la Vigne, le voile du temps s’affine et vous pouvez quitter ce temps et ce lieu, pour entrer dans le « il-était-une-fois ». La Vigne nous dit de nous rappeler notre passé, de nous rappeler notre futur. C’est un excellent moment pour la divination, pour regarder en nous-mêmes.

Ainsi, le poète en chacun de nous est capable de réfléchir aux expériences passées, à la sagesse à venir et d’atteindre l’inspiration. Néanmoins, l’inspiration n’est pas une chose temporelle, mais hors du temps. Ce qui est intemporel, infini et divin ne peut être atteint par l’esprit conscient. Le mental est uniquement un produit du temps ; il ne peut fonctionner sans le temps, le savoir (l’accumulation de l’expérience) et la pensée. La pensée rationnelle, le mental qui commande et calcule – tout cela correspond à des aspects Yang et empêche l’accès de l’inspiration à nos esprits.

  • Energies négatives de la Vigne : émotions fortes, hauts et bas, joie et colère intenses. Vivre dans le passé, refuser de changer. Opinons bien arrêtées, psychorigidité.
  • Pour surmonter ces énergies négatives : prendre une baguette de ce végétal. Quintessences de Bach possibles pour la Vigne : Honeysuckle et Vine.

La tradition dianique McFarland par J. R. Lewis

Tradition dianique McFarland

Par James R. Lewis, extrait de son livre Witchcraft Today An Encyclopedia of Wiccan and Neopagan Traditions. Traduction par Fleur de Sureau

Morgan McFarland et Mark Roberts fondèrent leur tradition dianique (qui inclut des hommes) à la fin des années 60 à Dallas, au Texas. On ignore s’il y eut des contacts entre McFarland et Z. Budapest aux environs de 1970, c’est possible. En 1972, McFarland et Roberts commencèrent à publier la revue The New Broom ; bien que populaire, elle ne fut pas, comme la plupart des périodiques sur l’Art [ndlt : l’art sorcier/magique], un succès financier et elle cessa de paraitre après quatre numéros en quatre ans.

Cependant, parce que The New Broom fit connaitre McFarland, celle-ci fut invitée par des femmes de la communauté de l’Art à Boston pour accomplir le rituel d’ouverture d’une conférence féminine. Le 23 avril 1976, Morgan McFarland dirigea 1000 femmes au cours d’un rituel à la Déesse, à l’église de la rue Arlington de Boston, pour ouvrir la Women’s Spirituality Conference de trois jours qui présenta l’Art à la plupart des participants. Après cela, le mouvement de la spiritualité féminine ne fut plus jamais le même. Peu de temps après, McFarland s’effaça de la scène nationale et Roberts mit en route une autre revue, The Harp. Mais elle aussi disparut rapidement.

Les numéros de The New Broom et The Harp peuvent être consultés auprès de the American Religion special collection à l’Université de Californie, à Santa Barbara.