Fearn : correspondances Faerie Faith

Aulne/Fearn

Extrait de The Faerie Faith and the Beth-Luis-Nion Celtic Lunar Tree Calendar par James Clifford Landis. Traduction : Fleur de Sureau.

Correspondances pour le système BLN du Calendrier des Arbres Lunaires celtiques. Extrait de “Lunar Tree Energies” par Linda Kerr, et la Déesse Blanche par Robert Graves.

Glyphes

Je suis une larme étincelante du soleil… pour la pureté.

Couleurs

Carmin, vert, brun, la pourpre de Tyr

Lettre

fearn, F

Animaux

Corbeau, Mouette

Symboles

Baguette d’Aulne, oeuf rouge ou en cristal, morceau de tissu rouge, morceau de tissu vert, morceau de tissu brun, morceau de tissu violet

Archétypes féminins

Koré, Eostre, Sunna, Ostera, Astarté, Dana, Artémis, Branwen

Archétypes masculins

Bran, Gwern, Orpheus, Phoroneus, Fearineus, Saturne

Guérisons

Mystères

La nécessité du droit des femmes, dissiper les doutes, divination d’espoir, un nouveau départ

Energies des Arbres Lunaires : l’Aubépine

Par Linda Kerr copyright 1999, extrait du site faeriefaith.net
Traduction : Fleur de Sureau pour le coven d’Ignis Daemonis.

L’aubépine

Sixième lune

  • Glyphe – Je suis beau parmi les fleurs
  • Oiseau – oiseau de nuit
  • Couleur – le noir le plus sombre
  • Guérison – retour à l’équilibre pour le sang, les nerfs et l’esprit ; purifier ; tonifier le cœur
  • Mystères – une période à l’écart et seul ; chasteté ; purifier pour rééquilibrer ; purger le corps et l’esprit
  • Substitut : pommier sauvage

L’aubépine est une période de jeûne, de guérison spirituelle, de purification du corps, d’abstinence. C’est une période de modération, un temps pour se débarrasser du bois mort spirituel et physique ainsi que des vieilles habitudes ; une période de clarté à travers laquelle vous pouvez renforcer votre consécration/dédicace et  votre objectif. C’était le moment où Romains et Grecs nettoyaient et purifiaient les temples en préparation des célébrations du solstice d’été.

L’aubépine est associée au 1er Mai qui est habituellement rattaché au sexe et à la fertilité. Mais nous célébrons la fertilité de la nature en général, pas celle des gens, et de notre soi profond. Le Mât de Mai symbolise les énergies masculines ou yang qui s’élèvent de la terre. Une couronne d’aubépine en fleur est placée au sommet du mât de mai pour représenter les énergies féminines et masculines unies.

L’aubépine « transforme un homme de position dominante en un âne qui porte la paille. » Cela peut vouloir dire qu’il devrait rester en contact avec sa propre part féminine avant que celle-ci n’entre en contact avec lui.

Beaucoup de gens se sentent en « rut » juste à cette période, mais au lieu de vous ruer dans les bois et d’avoir beaucoup de rapports, vous devriez vous réfréner et recanaliser ces énergies pour développer votre maturité spirituelle et émotionnelle. L’aubépine est la lune de la purification  et des utilisations créatives (plutôt qu’au sens de fertiles) des énergies sexuelles. Ce n’est pas la période de l’activité sexuelle effrénée. Les gens sont beaucoup plus sensibles et vulnérables, et peuvent pâtir de luxure déplacée. Faites l’expérience de l’amour à la place. Résistez maintenant, attendez le solstice d’été. C’est la période de consommation, physiquement et autrement. Utilisez cette période pour nourrir vos sentiments intimes. L’aubépine guérit le cœur, littéralement – il est employé comme médicament pour le cœur.

L’aubépine est une bonne période pour les femmes, afin de tonifier, et non suremployer, leurs organes génitaux. Car sinon ils pourraient se détraquer au solstice d’été ou durant la lune du Houx. Tempérez les pulsions sexuelles et tonifiez l’énergie sexuelle. N’en faites pas trop sous peine d’une panne au solstice. C’est aussi le bon moment, pour les hommes comme les femmes, de jeûner, pour nettoyer votre propre temple.

Vos énergies masculines et féminines, ou yin et yang, devraient s’unir et s’équilibrer. Vous ne pouvez posséder l’un sans l’autre. Tout comme la procréation exige les deux sexes, il en va de même pour un soi intérieur harmonieux. Lorsque les énergies masculines et féminines sont équilibrées, les deux « moitiés » peuvent s’unir et créer un « enfant psychique », le fruit des deux ; une conscience plus élevée, plus développée.

Le glyphe de l’Aubépine est « Je suis le gardien des frontières, et la nuit je vole seul. » C’est une période pour voyager seul, dans « l’obscurité » de votre soi intérieur. Voyagez intérieurement, en quête de votre âme et soyez purifié et rééquilibré. Les épines acérées de l’Aubépine aideront à protéger vos frontières extérieures et spirituelles. Cette lunaison devrait être un moment pour se tenir à l’écart des gens, un moment pour se rapprocher des esprits de la nature. Une période d’abstinence d’avec les humains ; une opportunité pour se relier aux éléments et à la nature. Utilisez l’énergie sexuelle accrue de l’Aubépine pour créer un lien plus fort avec la Nature. Tout comme vos énergies sont facilement libérées à cette période, celles de la Nature le sont aussi.

  • Les énergies négatives [de la lune ] de l’Aubépine : un sentiment d’impureté, d’être bloqué. Les femmes pourraient trouver que les hommes de leur entourage deviennent irritables et plein de testostérone. Quant à elles, il est possible qu’elles se focalisent trop sur leurs énergies féminines, ce qui conduit à l’insensibilité et la manipulation. Vous pourriez vous concentrer entièrement sur les plaisirs physiques, au détriment de tout le reste, et notamment votre progression spirituelle. Vous pourriez vous sentir accablé de toxicité ou par des parasites.
  • Pour surmonter ces énergies : prendre une baguette de cette arbre. Quintessences florales de Bach possibles pour l’Aubépine : Crab Apple.

Energies des Arbres Lunaires : le Saule

Par Linda Kerr, extrait du site faeriefaith.net

Traduction : Fleur de Sureau pour le coven d’Ignis Daemonis.

Le Saule

Cinquième lune

  • Glyphe – Je suis un faucon sur la falaise
  • Oiseau – faucon
  • Couleur – verte
  • Jour – lundi
  • Guérison – Fièvres et maux de tête
  • Mystères – divination pour connaitre l’avenir, purification en tant que préparation, rechercher de nouveaux horizons.

Nous avons à présent fait l’expérience de la régénération et de la renaissance du Bouleau, de la montée d’énergie et des semailles de graines et objectifs du Sorbier, des poussées prématurées du Frêne et de l’explosion de vie de l’Aulne. Le Saule est sacré pour Hécate, la Vieille Femme ou l’aspect de la mort de la Triple Déesse. Le Jour de Mai ou Beltane se produit durant la lune du Saule ou tout proche, portant avec lui le thème de la mort du Roi Sacrificiel et du Wicker Man (ndlt : l’homme d’osier), qui a été fabriqué avec du Saule (« wicker » est un synonyme de willow, saule en anglais).

Le saule est l’arbre de la mort et de la renaissance. Une branche de saule peut faire de nouvelles racines facilement, faisant l’expérience de la « renaissance » après la « mort » (ndlt : en effet, si l’on coupe une branche de saule et qu’on la plante dans la terre, cette branche donnera des racines et deviendra un nouvel arbre… Enfin, si vous voulez multiplier des saules, pensez à planter plusieurs branches, toutes vos tentatives ne réussiront pas nécessairement). Il est également utiliser comme Bâton de Renaissance, pour renouveler une consécration par ceux qui n’ont pas pris de décision. Le saule est également associé à l’aspect de renaissance du Jour de Mai, comme dans la renaissance du Roi, la déesse Flora, et la Reine du Printemps.

Le Saule nous enseigne à apprendre de nos expériences, à la fois passées et futures. De façon à tirer le meilleure des lunes à venir, nous avons besoin à présent de nous libérer des fardeaux du passé qui gêneront notre développement futur. Les vieilles croyances deviennent souvent des obstacles qui bloquent notre avancée. Ainsi, le Saule représente la mort, ou la libération, du passé de façon à intégrer pleinement les expériences et leçons à venir. Cela ne signifie pas cependant que les fruits des réalisations passées doivent être oubliés. Ces accomplissements vous ont mené jusque-là et vous serviront de base pour les expériences à venir.

Le Saule apporte également avec lui le désir d’abandonner passé et présent, en quête de nouveaux départs. Regardez attentivement où vous en êtes du point de vue physique, émotionnel, et de l’expérience. Etudiez votre environnement et les gens qui vous affectent. Le glyphe de cette lune, « je suis un faucon sur la falaise, » parle de la capacité à voir clairement, à prendre des décisions. Le faucon doit décider de s’envoler ou non de la falaise. Si le moment est propice et les conséquences ont été suffisamment examinées, déployez vos ailes et envolez-vous vers de nouveaux horizons d’expérience.

Soyez conscient cependant que ce n’est peut-être pas le bon moment de s’envoler. Si c’est le cas, rasseyez-vous et attendez ; n’agissez pas hâtivement. Les leçons nécessaires au développement, à la croissance peuvent se tenir à votre portée maintenant ou plus tard,  quand la Roue de l’Année tournera, vous connaitrez le moment approprié pour avancer.  Pendant ce temps, vous pourriez utiliser les énergies de cette lune pour renouveler ou reconsacrer vos objectifs.

  • Les énergies négatives du Saule : les énergies du Saule « reste ou part », « fais-le ou ne le fais pas » peuvent conduire à l’indécision et à la confusion. De plus, si notre désir d’envol n’est pas satisfait, nous pourrions commencer à éprouver du ressentiment pour ceux qui parviennent à réaliser les choses qui nous restent inaccessibles. Ce ressentiment peut être éprouvé suite à une épreuve douloureuse, une injustice, un amour contrarié, la violation de limites, face à la colère. Pourtant, le plus souvent au cours de ce mois, nous éprouvons du ressentiment pour aucune raison apparente ou une quelconque provocation.
  • Pour surmonter ces énergies négatives : prendre une baguette de cet arbre. Quintessences de Bach possibles pour le Saule :  Scleranthus, Wild Oat, Cerato et Willow.

La tradition dianique McFarland par Margot Adler

Par Margot Adler. Extrait de Drawing down the moon. Traduction et adaptation : Fleur de Sureau

[…] Dans ce pays, un autre courant Dianique est né à Dallas avec le Covenstead dianique de la prêtresse Morgan McFarland. Cette tradition exalte le féminin mais n’exclut pas les hommes du culte. Lorsque j’ai rendu visite à Morgan McFarland en 1976, elle était la prêtresse de trois covens, dont un exclusivement féminin.

Dans ce courant de la tradition, la Déesse est vue comme possédant trois aspects : la Vierge-Créatrice, la Grande-Mère et la Vieille Femme qui garde les portes de la mort et de la renaissance. C’est sous son second aspect que la Déesse prend un consort masculin, qui est semblable à Osiris pour Isis. Pour présenter cette relation, les Dianiques citent une phrase attribuée à Bachofen :  « Immortelle est Isis, mais mortel est son époux, tout comme la création terrestre qu’il représente. » Ainsi il y a une place pour le Dieu, mais la femme en tant que Créatrice est primordiale. Les Dianiques voient également la Déesse symbolisée dans la nature comme la Triple Créatrice : comme la lune, la Reine des Mystères ; comme le soleil, Sunna, la Reine des Etoiles, pourvoyeuse de chaleur et de soins ; et comme la Terre Mère, à qui tout doit retourner.

Mark Roberts, qui était le partenaire de McFarland jusqu’en 1978, m’expliqua que les Dianiques sont également panthéistes, puisqu’ils reconnaissent le caractère sacré de tout ce qui existe. Mais, dit-il :

“La Déesse est la pierre angulaire de cette planète et ce cycle de vie. »

Et à cette période, Mark et Morgan semblaient être (de tout ceux que j’ai interviewés) les plus concernés par le sort écologique de la planète. Dans The New Broom, une ancienne revue dianique, Roberts écrivait qu’il y a moins de différence entre un « mortel » et une « déité » qu’entre ceux qui ont perdu le contact avec la nature et ceux dont les rythmes et le pouls sont en phase avec l’univers.

Il écrivait également :

Le style de vie d’un Dianique est un composite de trois valeurs et idéaux. Premièrement, une conscience de soi. Deuxièmement, une relation (ndlt : un lien de parentèle) à la nature  croissante et en perpétuelle expansion. Et troisièmement, une franche sensibilité aux pulsations du cosmos.  A mesure que nous approchons des objectifs communs de conscience, du rétablissement d’un lien intime (ndlt : kinship, parenté) et de sensibilité, nous atteignons un niveau d’harmonisation que les outsiders appellent « magie ». Nous sommes bien conscients qu’avec nos travaux nous n’avons rien accompli, ni produit de surnaturel : nous avons simplement atteint notre niveau de capacité naturelle.

Dans une société obsédée par l’artificialité, notre style de vie semble étrange, « contre nature », même révolutionnaire…

Et nous sommes révolutionnaires : en ce sens que nous tournons autour de l’axe qui est la Déesse et nous parachevons le cycle qui voit son culte revenir en force ; et nous sommes les partisans d’un changement drastique et radical d’un monde destructeur, fou dangereux et pêle-mêle dans lequel nous nous trouvons ; et en cela, à une ère technologique où les avancées mécaniques ont des conséquences de plus en plus lourdes sur la sensibilité humaine, nous exerçons notre sens du réveil, à un niveau de conscience qui libère l’humain pour qu’il redevienne entier, indépendant et alerte. Dans une culture patriarcale qui devient de plus en plus autoritaire, nous n’avons pas d’autre choix que de nous placer en rebelles contre la déshumanisation… [Mark Roberts, “An Introduction to Dianic Witchcraft,” non publié Ms., Chap. VI, pp. 1–2.]

En rapport avec ces principes, le Dianic Covenstead possède une série très efficace d’exercices et de techniques pour recouvrer le lien de parentèle et l’harmonie avec la nature.

L’origine du Dianic Covenstead à Dallas remonte à environ quarante ans. Morgan McFarland, fille d’un pasteur, a vécu une partie de sa jeunesse en Orient puis s’est installée dans le Sud des Etats-Unis. Là-bas, elle fut formée au sein d’un coven sorcier. Ce coven ne possédait pas de nom pour sa tradition, l’appelant simplement Witchcraft (ndlt : Sorcellerie). Elle adopta le terme « Dianique » plus tard. Les rituels de ce coven mettait un accent particulièrement sur la lune, étaient très « Gravesiens » (ndlt : référence à Robert Graves et son livre la Déesse Blanche). Ils se focalisaient sur les mythes, les connaissances traditionnelles et les mystères derrière chacun des treize mois lunaires, ainsi que leur lien avec l’alphabet des arbres Beth-Luis-Nion de l’ancienne Grande-Bretagne.

Alors qu’hommes et femmes peuvent être initiés, les femmes qui ont fait l’expérience des rituels de chacun des mois lunaires peuvent passer par cinq rituels de « passage » supplémentaires. Après cela, elles peuvent partir (ndlt : hive off, essaimer, quitter la ruche, se séparer) et fonder leurs propres covens.

J’ai posé à Mark l’évidente question : comment est-ce d’être prêtre au sein d’une tradition si fortement matriarcale. Il a répondu :

“Je préfère être second d’un solide navire que capitaine sur un navire dont la coque est pourrie et qui est en train de couler. Comme l’est le patriarcat.”

J’ai demandé à Morgan de parler de ses sentiments à propos des différences entre ses deux covens, le mixte et celui qui ne l’est pas. Elle me répondit :

“Nous avons constaté que les femmes qui travaillent ensemble sont capables de conjurer leur passé et réveiller leur ancienne prédominance. Elles sont capables de recoller de nombreuses pièces. Cela ne semble pas se produire quand les hommes sont présents. Peut-être que c’est un comportement social. Il semble que les covens mixtes, peu importe à quel point les femmes sont « féministes », suscite une sorte de compétition. Dans le coven de femmes, rien de tout cela ne se produit et une grande réciprocité se développe, contrairement à tout ce que j’ai pu voir auparavant. ”

Morgan McFarland a été femme au foyer, une conférencière sur le féminisme et la Witchcraft, propriétaire d’une petite entreprise de plantes et paniers et une femme grimpant les échelons d’une grande entreprise. Elle a deux enfants. J’ai passé une semaine avec Morgan et Mark durant la période où ils travaillaient ensemble. Je les ai trouvés plein d’entrain, spontanés et formidables.

Leurs cercles étaient essentiellement des célébrations. Comme Mark l’a écrit dans The New Broom :

Nous pratiquons la guérison et la catoptromancie, nous gérons les problèmes et mettons en place des mesures de protection, mais la majorité des rituels du coven sont destinés à honorer et adorer la Déesse, et à ce qu’Elle entre en contact avec nous et inversement. L’esprit protecteur de nos cercles consiste davantage à nous protéger du 20ème siècle que des forces malveillantes. Nos cercles sont un havre pour nous préserver du présent, qui nous libèrent pour revenir dans le passé et restaurer notre ancienne harmonie avec la nature. [Mark Roberts, “The Dianic Aspects,” The New Broom, Vol. I, No. 2 (Candlemas, 1973), 17.]

Dans le cercle, tous étaient égaux, en dépit du côté « féministe », et on y laissait beaucoup de place à l’innovation pour les rituels, outils, habits (ou leur absence), l’envergure et la structure. En 2005, Morgan McFarland explique qu’elle observe la nouvelle génération de Dianiques d’un point de vue extérieur. Elle ne dirige plus de coven et se décrit elle-même comme une matriarche solitaire.  Mais il existe de nombreux bosquets et covens qui perpétuent son travail.

Un rituel par Morgan McFarland, extrait du livre Drawing down the Moon

Par Margot Adler. Extrait de Drawing down the moon. Rituel par Morgan McFarland. Traduction et adaptation : Fleur de Sureau

Un vendredi soir à Boston, le 23 avril 1976, un millier de femmes sont assises sur les bancs de la vieille église d’Arlington Street. Les bancs sont plein et les femmes continuent de s’installer par terre et dans les allées. Puis se taisent tandis que la flûte de Kay Gardner crée un sentiment de paix. Les lumières se tamisent et Morgan McFarland, Grande Prêtresse Dianique, s’avance, vêtue d’une longue robe blanche, accompagnée de quatre membres de son coven de femmes, le même coven dont il est question dans la revue The New Broom. L’occasion est celle d’un rituel : “pour déclarer et affirmer notre naissance », pour marquer l’ouverture d’une conférence de trois jours sur la spiritualité féminine, portant le nom inhabituel de « A travers le miroir : une expérience gynérgétique » (“Through the Looking Glass: A Gynergenetic Experience”.) La conférence est suivie par plus de mille trois cents femmes et en plus d’une allocution de la théologienne féministe Mary Daly, la conférence est particulièrement remarquable du fait du grand nombre de prêtresses Sorcières venues y assister d’aussi loin que le Texas et la Californie.

Cette relation entre la spiritualité féministe et l’Art[ndlt : l’Art magique/sorcier] est complexe. Peut-être que si nous devions choisir un instant pour saisir toutes les qualités, problèmes, pressions et vastes potentialités dans cette relation difficile, ce rituel serait semblable à un prisme. Morgan et les femmes du coven se tiennent debout dans l’église, un peu à part, un peu trop élégamment vêtues, trop « féminines » de façon stéréotypée. Je me souviens combien elles étaient plus à l’aise lorsqu’elles pratiquaient leur rituel dans le living-room à Dallas, où chacune d’entre nous ne portait rien d’autre qu’un collier de perles. Mais elles sont là, devant l’autel de l’église, tenant des bougies, pendant qu’un millier de femmes regardent et attendent.  Morgan s’avance et parle.

Dans le moment infini précédant tout temps, la Déesse émergea du chaos et donna naissance à Elle-Même… C’était avant que toute autre chose soit née… Pas même Elle. Et lorsqu’Elle sépara les cieux des eaux Elle dansa sur eux. Alors qu’Elle dansait, ainsi Son extase grandit. Dans cette extase, elle créa tout ce qui est. Ses mouvements créèrent le vent, et l’élément de l’Air naquit et souffla.

Une bougie est allumée à l’Est. Morgan parle.

Et la Déesse se nomma Elle-même : Arianrhod—Cardéa—Astarté. Et des étincelles jaillirent de Ses pieds dansants afin qu’Elle brilla comme le Soleil, et les étoiles se prirent dans Ses cheveux. Les comètes filèrent à Sa suite, et l’élément du Feu naquit.

Une bougie est allumée au Sud.

Et la Déesse se nomma Elle-même : Sunna, Vesta, Pelé. Autour de ses pieds les eaux tourbillonnèrent sous la forme de raz-de-marée, de rivières et de vifs ruisseaux. L’élément Eau se mit à couler.

Une bougie est allumée à l’Ouest.

Et Elle se nomma Elle-même : Binah, Mari Morgaine, Lakshmi. Et Elle voulut reposer ses pieds de leur danse, Et Elle engendra la Terre afin que ses rives soient son repose-pieds, les terres fertiles son utérus, les montagnes ses seins pleins, et ses cheveux flottants la végétation.

Une bougie est allumée au Nord.

Et la Déesse se nomma Elle-même : Cerridwen, Déméter, Mère Maïs. Elle vit ce qui fut, ce qui est et ce qui sera, né de Sa danse sacrée et du grand plaisir cosmique, et de la joie infinie. Elle rit et la Déesse créa la Femme à Son image… Pour qu’elle soit la Prêtresse de la Grande Mère. La Déesse s’adressa ensuite à Ses filles et dit : ‘ Je suis la Lune qui illumine votre chemin et parle à vos propres rythmes. Je suis la Danseuse et la Danse. Je tourbillonne sans mouvement. Je suis le Soleil qui vous procure la chaleur dans laquelle vous étirer et grandir. Je suis Tout ce qui Sera. Je suis le Vent qui souffle à votre appel et les Eaux scintillantes qui offrent la joie. Je suis le Feu de la Danse de Vie et Je suis la Terre sous vos pieds dansants Je donne à toutes mes prêtresses les trois aspects qui sont Miens : Je suis Artémis, la Demoiselle des Animaux, la Vierge de la Chasse. Je suis Isis, la Grande Mère. Je suis Ngame, l’Ancienne qui enroule le linceul. Je serai appelée par un million de noms. Appelez-moi, mes filles, et sachez que je suis Némésis. »

Plus tard, un feu est allumé dans le chaudron et le chant commence, tout d’abord doucement :

The Goddess is alive, magic is afoot, the Goddess is alive, magic is afoot. [La Déesse est vivante, la magie est en marche.]

[ndlt : une adaptation du titre « God is alive, magic is afoot » de Leonard Cohen et Buffy St.Marie.]

Puis il devient de plus en plus fort jusqu’à devenir clameur et cris primaux. Morgan parle alors pour la dernière fois.

Nous sommes Vierges, Mères et Anciennes – toutes à la fois. Nous offrons notre énergie créée : à l’esprit des Femmes du Passé, à l’esprit des Femmes à venir, à l’esprit de la femme du présent et qui grandit. Voyez, nous avançons ensemble.

A la fin du rituel, les femmes dans l’église commencent à danser et à chanter, leurs voix s’élèvent, encore et encore jusqu’à faire trembler la toiture.

Plus tard, quelques femmes diront qu’elles ne voulaient pas que les prêtresses se tiennent à part, sur un piédestal et près de l’autel ; elles ne voulaient pas voir l’énergie envoyée « vers le haut » ; elles voulaient qu’elle vise « l’oppresseur ». En dépit de cela, passant là-dessus, la difficile alliance, explosive, potentiellement puissante entre le féminisme et l’Art  est ressentie comme une évidence part toutes, pendant la conférence de nombreuses femmes diront avoir ressenti, pour la première fois, que la nouvelle « culture des femmes » était devenue une réalité.

Morgan et ses prêtresses se retrouvent à un tournant. Ce coven Dianique est peut-être le plus féministe des groupes « traditionnels », mais cette nuit-là à Boston, de nombreuses femmes l’ont trouvé trop formel et structuré. Ces femmes sont déterminées à définir leurs propres modalités et repartir de zéro.

[…]

Voir aussi « un mythe dianique de la création » légèrement différent et sans les indications pour allumer les bougies des directions.