L’Écologie et l’Art [Sorcier]

Fleur de genêt

Lorsque j’ai commencé mes recherches dans les années 1970, j’ai rejoint l’Art en partie parce que c’était une « religion écologique, » et je supposais que la préoccupation écologique était l’un des deux ou trois liens qui unissaient tous les néo-païens, l’un des points indiscutables. J’avoue que j’avais tendance à penser que tout ceux qui n’éprouvaient pas ce sentiment n’étaient pas de « vrais païens » ou étaient des personnes qui n’avaient pas encore fait de liens entre leur croyance et leur vie quotidienne.

La plupart de ceux que j’ai interviewé de vive voix ont convenu que « le respect de la terre et de la nature » était un lien commun aux Païens.

Leo Martello a écrit « le Néo-Paganisme est une religion pré-Judéo-Chrétienne des adorateurs de la nature : des écologistes spirituels. »

Morgan McFarland a dit, « une vision païenne du monde consiste à dire que la Terre est la Grande Mère et qu’elle a été violée, mise à sac et pillée, et qu’elle doit à nouveau être honorée si nous voulons survivre. Le paganisme signifie un retour à ces valeurs qui comprennent la nécessité d’une situation équilibrée écologiquement pour que la vie continue et de révérer à nouveau la Grande Mère. Si la nature disparaît, tout mes efforts spirituels partent en fumée. L’écologie et le paganisme cherchent tout deux à restaurer l’équilibre de la nature. Si vous ne vous impliquez pas dans l’écologie, vous n’êtes pas vraiment dans le paganisme. »

Le partenaire de Morgan, à cette époque, Mark Roberts, était même plus catégorique. « L’écologie ne doit pas être un point contestable au sein de l’Art, » a-t-il dit. « Si notre but est de chercher une connexion avec la nature et que la nature avec laquelle nous cherchons cette connexion est empoisonnée, alors nous devons devenir des militants religieux. Nous devons être les chapelains du mouvement écologique, au strict minimum, si ce n’est dans les premiers rangs de la bataille. »

Extrait de Drawing down the Moon par Margot Adler.

Traduction : Fleur de Sureau

Notre religion est la réalité

Le cercle est un agréable mécanisme de défense qui permet de s’évader du 20ème siècle et, à notre époque, nous avons besoin d’un tel lieu où nous échapper. Mais nous devons également apporter des réponses au reste de notre vie extérieure. Si nous ne constituons pas une alternative, nous ne pratiquons pas notre religion. C’est aussi simple que cela. Nous ne sommes pas une religion transcendantale. Nous n’essayons pas de transcender la nature. Notre religion est la réalité.

— MARK ROBERTS, prêtre dianique

Extrait de Drawing down the Moon par Margot Adler.

Traduction : Fleur de Sureau

Lieux, fantômes et esprits de la nature

Je partage un peu de mes lectures du mois dernier qui illustre l’article de Linda Kerr sur les esprits de la nature et en particulier les lieux où sont restés inscrits des événements du passé.

Extrait du livre L’univers d’Edgar Cayce, tome III Les esprits de la Nature… par Dorothée de Kœuchlin de Bizemont.

Expériences dans un domaine enchanté

galipote
La galipote s’apparente par certains aspects au loup-garou (Weird Tales, novembre 1941, vol. 36, no 2, page 38).

Le domaine de Boisset-les-Prévenches est un très bel endroit entouré d’horizons bleus et de grandes forêts. Il y règne un silence bucolique — où l’on peut enfin entendre le chant des oiseaux, le vent, le vol des insectes.

Le vieux château du XVIe siècle s’intègre dans le mystère du lieu. Nos ateliers avaient toujours lieu au printemps : les fleurs exhalaient une allégresse, une joie de vivre, que nos participants ressentaient profondément. J’avais la sensation de voir, au-dessus du champ de colza, dans cette lumière jaune doré, des dizaines de petits êtres voletant de fleur en fleur.

Le maître-arbre de la forêt était un chêne à cinq troncs, qui formait un ensemble puissant — et, pour tout dire, une présence. Autour de lui régnait un profond silence. Il était lui-même entouré d’une sorte de clairière : les autres arbres semblaient s’en écarter avec respect. Nous retournâmes tous méditer devant ce chêne ; sensibles à la magie qu’il dégageait, nous avions l’impression d’être en présence de très grands mystères.

Les grands arbres tricentenaires de l’allée étaient vraiment des individus : chacun avait une forme personnelle, différente des autres, qui exprimait son âme.

Il y avait dans toute cette Nature une joie, mais aussi une réserve, un repli méfiant — une hostilité, lorsqu’on pénétrait dans les sous-bois : l’Homme était l’ennemi — et nous ne cessions de demander pardon aux Esprits de la Forét pour les violences et le mépris dont elle était l’objet.

Plusieurs d’entre nous reçurent des messages — et les exprimèrent, à l’émotion de tous.

Devant le château, sur une grande pelouse, il y avait un groupe de trois arbres qui exprimaient le chagrin : bossus, contrefaits, déplumés, avec un petit feuillage tout à fait miteux.

Il régnait dans cette zone une impression de tristesse désespérée, donnant envie de s’asseoir autour d’eux, en silence, pour les écouter. Je demandai à l’Ange de ces arbres de me décliner leur identité : je n’arrivais pas à définir leur espèce. « Bald Cypress me répondit-il. Et nous nous ennuyons ici à périr, dans ce climat normand froid et humide ; nous ne sommes pas appréciés. » Je demandai à Hugo ce qu’il savait sur ces arbres : « Ce sont bien des “cyprès chauves » qui ont été ramenés par  mon grand-père des États-Unis. Mais, en effet, ils végètent et je ne sais pas ce qu’il faut faire. »

Or j’avais vu des cyprès chauves à Virginia Beach : ce sont de très grands arbres, qui poussent dans l’eau des marais tropicaux, avec des troncs très droits et très hauts. Pour respirer, les racines sortent de l’eau en faisant une sorte de fausse souche que l’on appelle là-bas des genoux, en français (puisque le Sud fut jadis une terre française). En Normandie, privés de soleil et (là où ils étaient plantés) privés aussi d’eau, il y avait en effet de quoi être malheureux.

Mais ce n’est pas tout : ces arbres exprimaient un tel désespoir qu’il suggérait autre chose. Ce n’était pas seulement le torturant mal du pays… Je leur posai la question. « On nous a plantés sur un lieu de souffrance », me répondirent-ils.

Or le château avait été, au temps d’Henri IV, au centre d’une grande bataille entre les troupes protestantes, du futur roi de France, et les troupes catholiques, qui n’en voulaient pas pour roi. C’était la guerre civile et la guerre de religion. Henri IV avait demandé aux princes allemands de lui envoyer des soldats pour le soutenir : pourquoi étaient morts là, loin de chez eux, dans un abandon total des lansquenets suisses protestants : pour les gens du pays, c’étaient des  étrangers et des hérétiques ; des ennemis deux fois plus ennemis ! Personne ne leur avait témoigné de compassion, personne n’avait soigné leurs blessures, personne n’avait donné à boire a ces « chiens d’hérétiques » qui perdaient leur sang. Et personne ne s’était soucié de les ensevelir avec une vraie prière du cœur. Ils étaient morts dans un immense brouillard de haine. Et, ainsi alourdis,  ils étaient rivés à la terre qui les avait vus mourir, par les basses vibrations de haine, de peur, de désespoir ; l’un de nos participants, Roger-Paul Torti, était Suisse – Valaisan même ! –, guérisseur et voyant : il capta très clairement tous leurs messages, qu’il nous transmit longuement. Nous pleurions tous. J’inscrivis sur ma liste de prière « Ne pas oublier de prier pour libérer les lansquenets de Boisset-les-Prévenches » ! À Paris, la semaine qui suivit, ils vinrent me hanter toutes les nuits pour me réclamer des prières !

Quant à Roger-Paul Torti, à son retour il s’arrêta à la frontière suisse, ouvrit toute grande sa caravane et dit aux lansquenets : « Vous êtes enfin chez vous ! Maintenant, fichez-moi le camp ! »

Pour en revenir aux esprits de la Nature, cet atelier provoqua après notre départ des réactions extraordinaires à Boisset-les-Prévenches. Hugo me raconta qu’il survint une série de faits étranges.

Certains animaux, avaient disparu depuis longtemps du domaine, s’y festèrent à nouveau — à la surprise générale : on vit un sanglier traverser le champ sous les fenêtres du château (on n’en avait pas vu depuis des années). On vit réapparaître un aigle (on croyait qu’il n’y en avait plus).

Hugo, dans sa tournée d’inspection quotidienne, remarqua quelque chose d’extraordinaire : toutes les fleurs sauvages, à l’intérieur des limites du domaine, étaient plus grandes, avec des couleurs plus brillantes. Hors des limites de Boisset, les fleurs étaient plus petites et ternes. Et cela pour toute une série d’espèces : l’anémone, la violette, le coucou, l’églantine, la jonquille, la véronique, la primevère… Hugo était de plus en plus étonné — et moi aussi, lorsque je venais constater ces phénomènes troublants qui avaient suivi les ateliers.

Mais le choc… ce fut la rencontre du Galipote ! J’ai donné plus haut le récit d’Anne Vernon, avec la description de cette rencontre. « Le soir, après le départ des participants de l’atelier, me raconta Hugo, j’ai fait comme d’habitude un petit tour en forêt. J’ ai vu arriver sur le chemin une… comment dire ?… Une « chose » allongée, comme si c’était un chat ou un renard. Et j’ai senti qu’elle me frôlait les jambes. Mais, en « la » regardant à la verticale quand elle passait, j’ai vu qu’elle était… transparente ! J’étais avec deux amis, qui la virent eux aussi.

Le lendemain, je suis retourné au même endroit, avec Antoine d’O…, promoteur immobilier spécialisé dans la création de terrains de golf. Le même phénomène se reproduisit : la « chose » translucide s’enroula autour des jambes d’Antoine d’O… qui criait effaré : « Mais qu’est-ce que c’est que ça ? »

La Galipote défendait sa forêt : il ne voulait pas qu’on abatte les arbres pour construire un golf à la place. Le promoteur, dégoûté par cette étrange aventure, n’a pas insisté.

Je suis absolument sûre que ces ateliers de communication avec les esprits de la Nature ont été un grand encouragement pour ceux-ci : ils ne cessent maintenant de nous témoigner leur présence, et leur amitié !

Les Glyphes du Calendrier des Arbres Lunaires :

Les Glyphes du Calendrier des Arbres Lunaires :
Saule, Aubépine & Chêne
Par Linda Kerr, traduction Fleur de Sureau

Chacun des 13 mois lunaires a son propre « glyphe », ou vers, tiré du Chant d’Amorgen, un poème ancien qu’aurait entonné le chef barde des Milesiens, envahisseurs de l’Irlande, tandis qu’il posait le premier pas sur l’île en 1268 avant JC. Ce poème a été reconstitué par Robert Graves dans La Déesse Blanche et rattaché à l’alphabet Beth-Luis-Nion, comme suit :

Je suis un Cerf aux sept dents de fer Ou un bœuf aux sept combats, Bouleau Beth
Je suis une vaste étendue d’eau sur une plaine, Sorbier Luis
Je suis un vent sur les eaux profondes, Frêne Nion
Je suis une larme étincelante du soleil, Aulne Fearn
Je suis un faucon sur la falaise, Saule Saille
Je suis beau parmi les fleurs, Aubépine Uath
Je suis un dieu qui met le feu à la tête avec de la fumée, Chêne Duir
Je suis une flèche décochée pour la bataille, Houx Tinne
Je suis un saumon dans l’étang, Noisetier Coll
Je suis une colline de poésie, Vigne Muin
Je suis un sanglier cruel, Lierre Gort
Je suis un bruit menaçant venu de la mer, Roseau Ngetal
Je suis une vague de la mer, Sureau Ruis
Qui, si ce n’est moi, connait les secrets du dolmen en pierre brute ? Solstice d’Hiver

Chacun de ces vers parle d’une essence particulière des énergies lunaires, et lorsqu’ils sont étudiés en profondeur, ils peuvent nous aider à nous orienter vers une plus grande compréhension du mois de l’arbre. Cette série d’articles tentera d’explorer ces glyphes, et au moins vous poussera à développer votre propre compréhension du sujet.

  • Saule/Saille : Je suis un faucon sur la falaise – pour l’agilité

Saule tortueux, mois du saule 2015

C’est un glyphe approprié pour le Saule, selon Graves, parce que Saille est le mois durant lequel les oiseaux font leur nid (Graves, 209).

Le faucon qui est sur la falaise est, mythologiquement, le même oiseau que le milan, qui est l’oiseau sacré de Borée, le Vent du Nord. Dans la légende grecque, ses fils thraces, Calaïs et Zétès portaient des plumes de milan en son honneur et pouvaient se transformer en milans. L’hiéroglyphe égyptien pour Vent du Nord est un faucon, reliant ainsi le faucon et le milan. Le mot gallois pour faucon est gwalch, semblable au latin falco, ou faucon (dans le texte : falcon), qui est un type de faucon (dans le texte : hawk). Le Gwalchmai mystique (‘faucon de Mai’) ; Gwalchaved (‘faucon de l’été’), ou Sir Galahad ; et Gwalchgwyn (‘faucon blanc’), ou Sir Gawain, sont tous reliés au faucon du Saule (Graves, 209).

Le Saule est une période de mouvement, et le faucon sur la falaise représente ce mouvement. Il est perché sur la falaise, prêt à s’envoler mais pas encore prêt à voler. Le faucon, un symbole de l’air, nous dit aussi que nous avons pleinement quitté les profondeurs aquatiques des quatre dernières lunes.

Le Saule est sacré pour Hécate, Minerve, Héra et Perséphone ; tous les aspects de la Déesse liés à la Mort. Cela peut sembler étrange au moment du printemps, mais rappelez-vous le faucon, en tant qu’oiseau de proie, est porteur de mort lui-même. L’histoire de Gwion illustre cela symboliquement.

Dans l’histoire de Gwion – le garçon qui est mangé par la sorcière sauvage Cerridwen et qui renaît comme l’enfant miraculeux Taliesin – Gwion passe par un certain nombre de transformations pour échapper à la fureur de la Déesse. Ces transformations se succèdent dans l’ordre strict des saisons, tout comme les formes correspondantes que la Déesse prend pour le poursuivre et enfin l’attraper. Tout d’abord, Gwion est un lièvre en automne, saison de la chasse ; Elle devient un lévrier femelle ; puis il se transforme en poisson durant les pluies de l’hiver et, elle, se transforme en loutre ; ensuite il devient un oiseau au printemps lorsque les migrateurs reviennent et, elle, devient un faucon ; et enfin il se transforme en un grain de blé durant l’été, la saison des récoltes et Elle le mange en prenant la forme d’une poule noire à grande crête – la coiffure rouge et les plumes noires la désignent comme la Déesse de la Mort (Graves, 400).

Une dernière chose à mentionner, Hécate, la Déesse de la Mort, a pour messager la Chouette, qui nous conduit à la prochaine lune, l’Aubépine.

  • Aubépine / Huath : Je suis beau parmi les fleurs

aubépine-ciel-bleuHuath est la saison des fleurs et elle est régie par l’Aubépine ou l’Arbre de Mai. Olwen est la Reine de Mai et la fille de l’Aubépin ou du « Géant Aubépin ».  Le nom Olwen signifie « Celle à la Trace Blanche », à cause des trèfles blancs qui poussent dans les traces de ses pas. (Graves, 209-210)

Olwen est un autre nom pour Blodeuwedd (‘aspect de Fleurs’), elle a été créée par le magicien Gwydion à partir de bourgeons et de fleurs (Graves, 41) pour être la fiancée de Llew Llaw Gyffes (Graves, 85). Dans le mythe de Blodeuwedd et Llew Llaw, Blodeuwedd rencontre Gronw et en tombe amoureuse. Elle complote avec lui pour tuer son époux, Llew Llaw. Par ruse, Llew est conduit sur le lieu de mort : Gronw se lève et le tue d’un coup de lance dans le flanc. L’âme de Llew s’élève ensuite sous la forme d’un aigle. (Graves, 310)

Lorsque le père de Llew, Gwydion, part à sa recherche, Blodeuwedd lui dit qu’il a quitté la maison pour aller à la chasse. Gwydion, cependant, en sait plus et voyage à travers tous les pays à la recherche de Llew. Enfin, il créé le Caer Gwydion, ou la Voie Lactée, comme une trace, une voie, par laquelle il recherche l’âme de Llew dans les cieux, et où il la trouve. Pour la punir de sa traîtrise envers son époux, Gwydion la transforme en oiseau, après quoi elle s’enfuit de son beau-père. (Graves, 315)

L’oiseau que Blodeuwedd est devenue est une chouette et elle est appelée Twyll Huan (‘le trompeuse de Huan’) pour avoir causé la mort de Llew, Huan étant l’autre nom de Llew, et tylluan étant le mot Gallois pour chouette. (Graves, 85)

Dans l’histoire, Blodeuwedd est transformée en une Chouette par Gwydion. En réalité, elle a été une Chouette pendant des milliers d’années avant que Gwydion ne naisse – la même Chouette qui est représentée sur les pièces d’Athènes comme symbole d’Athéna, la Déesse de la Sagesse. Sous ses deux aspects de Déesse de l’Amour et Déesse de la Sagesse, Blodeuwedd fait partie d’une pentade, elle-même représentant le Printemps et l’Été, respectivement. Les cinq déesses sont Arianrhod la Déesse-Naissance ; Arianrhod la Déesse de l’Initiation ; Blodeuwedd la Déesse-Amour ; Blodeuwedd la Chouette, Déesse de la Sagesse ; et Cerridwen la Déesse Truie ; qui ensemble représentent les cinq saisons de l’année ou les cinq voyelles du Calendrier Celtique des Arbres (Graves, 315).

Ainsi, nous pouvons le voir dans cette histoire, Blodeuwedd, sous son aspect de Déesse-Amour (Printemps), est le pouvoir de transformation derrière Llew Llaw, qui après sa mort, de la main de Gronw, prend la forme d’un aigle. Son père le trouve et lui redonne sa forme humaine, suite à quoi Llew tue Gronw, l’amant de Blodeuwedd, de la même façon qu’il a été tué, par une lance dans le flanc. Et donc Llew règne à nouveau à la place de Grown. Blodeuwedd est elle-même transformée sous son second aspect, la Déesse de la Sagesse (Eté), qui est la prochaine lune qui conduira l’âme d’Hercule, sous la forme d’un aigle, aux Cieux, et en compagnie des Immortels. (Graves, 126).

[Traduction à suivre]

  • Chêne / Duir : Je suis un dieu qui met le feu à la tête avec de la fumée – c’est-à-dire, qui donne l’inspiration

Bibliographie :

  • Graves, Robert. The White Goddess. 1948. The Noonday Press, New York, NY.

 

FAERIE FAITH 101 : Ce n’est pas un simple nom

FAERIE FAITH 101 : Ce n’est pas un simple nom
Par Linda Kerr, traduction Fleur de Sureau

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Dans mon dernier article, j’ai parlé de la façon dont on calcule le début de la première lune du Calendrier des Arbres Lunaires Celtiques. Bien, je me suis rendu compte que le concept pouvait encore rester peu clair pour certains, et d’autres peuvent penser que ce n’est pas vraiment important, et que le noms des lunes : Bouleau, Sorbier, Frêne, Aulne, etc., sont simplement des noms de rechange pour les mois laïques de notre calendrier grégorien moderne. Ce n’est pas plus précis que de dire qu’il n’existe aucune différence pour quelqu’un de naitre sous le signe du Scorpion ou de la Balance, que ce sont juste des noms pour un moment particulier de l’année, et qu’ils n’ont aucune incidence sur la personne en question.

Le Calendrier des Arbres Lunaires Celtiques, tel que mis en pratique par la Faerie Faith, est plus qu’un simple système de noms de rechange pour les 12-13 cycles de la lune qui se produisent en une année solaire de 364 jours. Chacune des 13 lunes dans le calendrier est nommée d’après un arbre ; dans cet ordre : Bouleau, Sorbier, Frêne, Aulne, Saule, Aubépine, Chêne, Houx, Noisetier, Vigne, Lierre, Roseau et Sureau. La lune du Bouleau est toujours la première, et elles se succèdent dans l’ordre cité ci-dessus, avec le Sureau qui tombe toujours en dernier. Le calendrier commence durant les quelques jours après le Solstice d’Hiver, et se termine toujours au Solstice d’Hiver, et ne dépasse jamais cette date. C’est une date solaire fixe : par fixe, je veux dire que c’est le jour où la nuit est la plus longue et le jour le plus court. Après ce jour, habituellement le 21 ou 22 décembre, les journées commencent à s’allonger et nous entrons dans un nouveau cycle solaire. Ce fait est reconnu par notre calendrier grégorien, qui commence le 1er janvier, 8-9 jours après le Solstice d’Hiver. Une partie de la raison de ce bref délai dans le calendrier grégorien réside dans les 10 jours perdus lorsque nous sommes passés du calendrier julien au calendrier grégorien, en 1582 dans certaines parties d’Europe, en 1700 pour les États allemands protestants et en 1750 en Amérique et en Grande-Bretagne. Pour une explication complète de ce basculement, voir mon article « Origins of our Modern Calendar » dans le numéro 4, septembre 1993.

La date du Solstice d’Hiver est à peu près le seul point fixe dans le Calendrier des Arbres Lunaires Celtiques, mais nous pouvons situer approximativement quelques dates tout au long du calendrier. Parlons de la longueur des lunaisons : le folklore nous dit qu’un cycle lunaire fait 28 jours, comme le cycle mensuel d’une femme. Si vous multipliez 28 jours par 13 lunaisons, et ajoutez un jour supplémentaire, vous obtiendrez idéalement une année de 365 jours, qui est une année standard du calendrier grégorien (la véritable longueur d’une année solaire est de 365,2422 jours – Irwin, pg. 95). Mais la nature ne fonctionne pas en conformité avec un ensemble d’années de 365 jours. En réalité, un cycle lunaire peut varier de 28 à 30 jours. Si vous avez 13 lunes de 29 jours chacune, sans même y ajouter aucune des lunes renégates de 30 jours, vous obtiendrez une année de 377 jours (en réalité, il y a 12.368 mois lunaires dans une année solaire – Irwin, pg. 80). Évidemment, si vous essayez de faire correspondre ce système de calendrier lunaire aux limites du calendrier solaire balisé par le Solstice d’Hiver, cela ne fonctionnera pas tout bonnement.

Alors que fait-on ? Au lieu d’essayer de commencer avec le Bouleau après le Solstice d’Hiver et continuer fidèlement jusqu’à la fin du mois du Sureau avant de clore l’année, et ainsi d’avoir un mois du Sureau qui se poursuit jusqu’au mois de Janvier suivant, et d’avoir toutes sortes de problèmes avec le calendrier de l’année suivante, nous terminons l’année au Solstice d’Hiver, peu importe où nous en sommes arrivés dans le cycle lunaire. Non, ça ne donne pas un beau calendrier tout propre avec exactement 13 lunes de 28 jours chacune, mais nous essayons de travailler avec le système naturel des choses, plutôt qu’avec un dispositif artificiel. Même le calendrier grégorien prévoit la variation des jours sur une période de temps comprenant sa journée intercalaire.

Ça, c’était la partie facile. Maintenant, la partie difficile – quand commençons-nous la prochaine année lunaire ? Eh bien, évidemment, peu de temps après le Solstice d’Hiver. Pour une explication complète, voir dans le dernier numéro (#24), l’article Faerie Faith 101. Je vais vous donner un indice, néanmoins c’est surtout basé sur des conjectures. Le 2 février, ou Imbolc, tombe toujours durant la lune du Sorbier, la 2e lunaison. Alors, trouvez le 2 février et remontez le cycle lunaire jusqu’à la nouvelle lune. C’est le début de la lune du Sorbier. Et le jour avant celui de la nouvelle lune était le dernier jour du Bouleau. Maintenant, remontez cette lunaison. Si vous arrivez jusqu’à la nouvelle lune précédente avant d’atteindre le 21 décembre (ndlt : dans le calendrier grégorien, le solstice d´hiver peut tomber le 20, 21, 22 ou 23 décembre, mais il tombe généralement le 21 ou le 22 décembre), alors vous aurez la lunaison entière du Bouleau et les jours entre le Solstice d’Hiver et cette nouvelle lune seront les Jours Intermédiaires. Si vous atteignez le 21 décembre avant de parvenir à la nouvelle lune (on remonte en arrière, souvenez-vous), alors vous aurez simplement une lunaison courte pour le Bouleau, qui commence le jour après le Solstice d’Hiver. Vous devrez probablement trouver un calendrier qui liste les phases lunaires pour cela pour bien comprendre, ce qui est une bonne raison d’acheter Lunar Calendar : Dedicated to the Goddess in Her Many Guises © ! […]

Maintenant que nous avons établi quand l’année lunaire commence et se termine, parlons des lunes elles-mêmes. Pourquoi sont-elles nommées ainsi ? Quelle signification ont-elles pour vous, personnellement ? C’est un très vaste sujet et qui demanderait d’être traité dans de très très nombreux articles pour l’expliciter pleinement. Je vais essayer de le faire succinctement.

Si vous regardez dans le Lunar Calendar : Dedicated to the Goddess in Her Many Guises ©, au centre de chaque spirale de phases lunaires qui constituent une lunaison, vous verrez un court texte de présentation à propos de l’arbre qui donne son nom à la lune. Par exemple, le Houx (mon préféré) : « Protège des émotions négatives de haine, d’envie, de suspicion et de cupidité en décuplant amour, positivité et chance. Encourage la guérison par la protection de l’amour au sein de la communauté. » On dirait le charme, ou « majick », associé à cet arbre, et en partie, c’est ce dont il s’agit. Mais qu’est-ce que ce charme nous raconte durant la lune du Houx, qui tombe habituellement aux environs de Juillet ou Août, les gens, et pas seulement les Wiccans, mais tout le monde, vivent des émotions fortes de haine, d’envie, de suspicion et de cupidité. C’est spécifique à cette époque particulière de l’année, qui est aussi connue sous le nom de « Dog Days » de l’été (ndlt : les jours de canicule). Ça vous semble familier ? N’avez-vous jamais eu envie de tabasser quelqu’un qui vous a gonflé lorsque la chaleur était si intense que vous ne parveniez plus à réfléchir correctement ? N’avez-vous jamais eu l’impression que tout le monde en avez après vous à cette période ? Dans le système de guérison appelé Remèdes des Fleurs de Bach, développé par le Dr Edward Bach dans les années 1930, le remède Holly est pris contre « la haine, l’envie, la jalousie et la suspicion » (Chancellor, pg. 107). Ces essences florales, dont Holly (ndlt : houx), sont fabriquées à partir des feuilles et des fleurs des arbres eux-mêmes, qui sont des plantes d’un ordre supérieur. Chacun incarne une certaine qualité de l’âme, ou possède des ondes énergétiques particulières. Chacune de ces qualités d’âmes d’origine végétale est en harmonie avec une certaine qualité d’âme dans une personne ; c’est-à-dire, avec une certaine fréquence dans le champ d’énergie humain. L’âme humaine contient toutes les qualités d’âme des Fleurs de Bach, et je crois, de tous les arbres du Calendrier Lunaire, comme les potentiels d’énergie, les vertus ou les étincelles divines. C’est pourquoi, ces remèdes floraux du Dr Bach contiennent l’essence, ou l’esprit, des arbres et guérissent certains états émotionnels.

Le Dr Bach a découvert ces remèdes en écoutant les arbres. Sa sensibilité était si fortement développée qu’il a simplement eu besoin de placer un pétale d’une plante concernée sur sa langue pour être conscient de ses effets sur le corps, l’âme et l’esprit (Scheffer, pg 16-17). Il n’a pas juste décidé que le Houx guérirait l’envie, et le pommier sauvage, les sentiments d’impureté, et le Saule, les ressentiments. Il n’a pas attribué arbitrairement des émotions aux arbres. Il s’agit des véritables essences des arbres. Je ne sais pas pourquoi c’est ainsi. Personne ne le sait. Mais ça fonctionne. Ça fonctionne pour moi, pour vous et pour tous les autres. Ces essences fonctionnent aussi sur les enfants, les animaux domestiques, les poissons et les plantes vertes. Je ne pense pas vraiment que le pouvoir de suggestion soit la question quand vous touchez à ces domaines !

Alors, si nous acceptons la théorie selon laquelle les arbres possèdent chacun une certaine essence, ou personnalité, et que la baguette d’un arbre ou l’essence fabriquée à partir d’un arbre peuvent guérir les émotions négatives qui y sont associées, nous voulons ensuite savoir pourquoi les arbres, et leurs personnalités, se succèdent ainsi durant l’année. Eh bien, je vais être un puits de science, je ne sais pas vraiment. Mais ce que je sais, de ma propre expérience et de l’expérience des autres avec qui j’ai discuté, c’est qu’aux environs de Mars, nous avons tendance à nous sentir impatient ; vers Mai, nous éprouvons du ressentiment (Saule) ; à la fin de l’été, nous avons juste envie de tirer sur tout le monde pour les mettre hors état de nuire (Houx) ; et à la fin de l’année, nous pouvons ressentir du désespoir, de l’inquiétude et de la peur (Sureau). Tout le monde ne ressent pas les mêmes exactes émotions (heureusement!), ni ne ressent ces choses au même degré. Les gens qui sont plus équilibrés intérieurement ressentent les aspects plus positifs de ces périodes-là, alors que ceux qui manquent d’équilibre ou sont émotionnellement instables, ou qui ont simplement une faiblesse dans leur personnalité dans un domaine particulier (assez bien équilibrés, mais sujets à une jalousie irrationnelle), sentiront ces émotions négatives beaucoup plus fortement.

De plus, il est important de noter que ces énergies, comme je les appelle, ne se limitent pas à la lunaison à laquelle elles sont connectées. Par exemple, nous pouvons commencer par éprouver du ressentiment envers nos camarades avant que nous entrions réellement dans la lune du Saule, tandis que nous sommes en lune de l’Aulne, ou nous pouvons éprouver du ressentiment qui persiste après la lune du Saule. Ces énergies ne s’arrêtent pas totalement lorsque la lune est noire dans le ciel. Mais elles ont tendance à culminer en intensité aux environs de la pleine lune et à s’estomper avant ou après celle-ci. Et vous pouvez être sûr que sur la population dans son ensemble, vous observerez moins de ressentiment ou de pétage de plombs en Janvier ou Février qu’en Mai ou en Août. Souvenez-vous, c’est avec la Nature que nous traitons. Elle ne nous donnera rien d’absolu, et essayer d’en faire des affirmations absolues et de conformer ces énergies au calendrier laïque est insensé.

En espérant que ce texte aura répondu à la question : pourquoi les mois des arbres sont ainsi nommés ? Autrement dit : ils sont appelés Bouleau, Sorbier, etc., parce qu’il s’agit des énergies et des arbres associés à ces périodes de l’année. Les énergies de l’arbre du bouleau – autorité, autodiscipline, commencement – sont plus fortes au tout début de l’année et ce sont les mêmes énergies que le bouleau lui-même guérit (énergies négatives) ou met en valeur (énergies positives). Maintenant, je suppose que vous pourriez appeler le bouleau, peuplier, mais ça ne le fera pas entrer dans l’espèce Populus, et cela ne changera pas les énergies de cette époque de l’année. Ainsi nous pouvons tout aussi bien appeler les arbres et les lunes par leurs noms appropriés.

Voici une autre réflexion : envisagez l’année comme un biorythme cosmique. La partie la plus basse de cette onde sinusoïdale se situerait au Solstice d’Hiver, lorsque la lumière commence tout juste à grandir en force. La partie la plus haute se situerait au Solstice d’Été, lorsque la puissance du soleil est à son zénith. Et les périodes intermédiaires se situeraient, lorsque tout est égal, aux Équinoxes de Printemps et d’Automne. C’est pourquoi « l’humeur » de l’année changerait constamment du Solstice d’Hiver au Solstice d’Été et inversement.

Vous pouvez également voir chacune des lunaisons comme un bio rythme, la partie la plus basse étant la nouvelle lune et la plus haute, la pleine lune. Chaque lunaison aurait donc ses propres changements « d’humeur » ou d’intensité de sentiments et d’énergie.

La meilleure façon de comprendre ces énergies est de les vivre : essayez de vous harmoniser avec le monde qui vous entoure à travers le cycle de l’année. Prêtez attention à vos sentiments, à ceux des autres. Trouvez chacun des arbres et communiquez avec eux, en particulier durant leurs lunes spécifiques. Et par-dessus tout, laissez les arbres être vos professeurs.

Sources :

  • Chancellor, Dr. Philip M. Handbook of the Bach Flower Remedies. 1971. C.W. Daniel Co., Ltd., London.
  • Irwin, Keith G. The 365 Days – The Story of Our Calendar. 1964. Thomas Y. Crowell Co., New York, NY.
  • Scheffer, Mechthild. Bach Flower Therapy: Theory and Practice. 1988. Healing Arts Press, Rochester, VT.