T pour Tinne [La Déesse Blanche]

T pour TINNE

Extrait de l’Alphabet des Arbres, La Déesse Blanche. Robert Graves.

Le huitième arbre est le houx qui fleurit en juillet. Le houx apparaît dans Le Roman de Gawain et du Roi Vert initialement irlandais. Le roi vert est un géant mortel dont la massue est une bûche de houx. Lui, et Sir Gawain qui apparaît dans la version irlandaise sous le nom de Cuchulain, Hercule typique, font le pacte de se décapiter l’un l’autre chaque Nouvelle Année (c’est-à-dire au solstice d’été et au solstice d’hiver). Mais en réalité le chevalier du houx épargne le chevalier du chêne. Dans le Mariage de Sir Gawain, ballade de Robin Hood, le roi Arthur qui, en l’occurrence, trône à Carlisle, dit :

Comme j’arrivais de sur une mer
Je vis une femme assise
Entre un chine et un houx vert.
Elle était vêtue de rouge.

Cette femme, dont on ne mentionne pas le nom, est sans doute la déesse Creiddylad pour qui, dans le mythe gallois, le chevalier du chêne et le chevalier du houx devaient combattre chaque 1er mai jusqu’au jugement dernier. Comme, dans la version médiévale, saint Jean Baptiste, qui perdit sa tête à la Saint-Jean*, avait assumé les titres et coutumes du roi du chêne, il fut naturel de faire de Jésus, en tant que successeur généreux de Jean, celui qui assumerait ceux du roi du houx. Le houx était ainsi glorifié au-dessus du chêne. Par exemple, dans le Poème du Houx :

« De tous les arbres qui sont dans la forêt
Le houx porte la couronne. »

L’affirmation procède d’une phrase du Chant des Arbres de la Forêt : « De tous les arbres, où qu’ils soient, le meilleur, sans contredit, est le houx. » Dans chaque strophe du poème suivie du court refrain sur « le lever du Soleil, la course du cerf », l’auteur met en parallèle telle ou telle propriété de l’arbre avec la naissance ou la passion de Jésus : le blanc de la fleur, le rouge du fruit, le pointu des piquants, la solidité du tronc. « Houx » (holly) veut donc dire « saint » (holy). Et pourtant, ce n’est pas le houx, originaire des Îles Britanniques, qui dut figurer parmi les arbres de l’alphabet originel. Il a probablement remplacé le chêne vert avec lequel il a de nombreux points communs, y compris le même nom botanique ilex. Ce chêne vert ne fut pas introduit dans les Îles Britanniques, avant le XVIe siècle. C’est l’yeuse, chêne du kermès ou chêne-houx, qui serait donc le jumeau toujours vert du chêne ordinaire ; du reste ses noms en grec classique, prinos et hysge, servent aussi à désigner le houx en grec moderne. Il possède des feuilles acérées et abrite le kermès, insecte écarlate qui ne serait pas sans évoquer le fruit du houx au point d’être parfois pris pour lui et dont les Anciens tiraient leur teinture rouge royale et un élixir aphrodisiaque. Dans la « Version Autorisée » de la Bible, le mot « chêne » est parfois traduit par »térébinthe » et parfois par « chêne rouge » et ces arbres forment une paire sacrée dans la religion palestinienne. Jésus porta du rouge de kermès lorsqu’il fut habillé en roi des Juifs (Matthieu XXVII, 28).

Nous pouvons considérer les lettres D et T comme jumelles : « garçons blancs comme lis, habillés tout en vert, oh ! » du poème médiéval Les Joncs Verts. D est le chêne qui gouverne I» partie croissante de l’année, le chêne sacré druidique, le chêne du Rameau d’or. T est le chêne vert qui gouverne la partie décroissante de l’année, le chêne sanglant : c’est ainsi qu’un bosquet de chênes verts, près de l’Asopus corinthien, avait été consacré aux Furies. Le mot celtique Dann ou Tann, l’équivalent de Tinne, désigne n’importe quel arbre sacré. En Gaule et en Grande-Bretagne il signifie « chêne », en celtique germain il signifie « sapin », en Cornouaille le composé glas-tann (« arbre vert sacré ») désigne l’yeuse et le mot « tanner » vient de l’emploi de son écorce en tannerie. Cependant, dans l’Italie ancienne, c’était le houx et non le chêne vert dont se servaient les paysans au cours de leurs saturnales du solstice d’hiver. Tannus était le nom du dieu-Tonnerre gaulois et Tina celui du dieu-Tonnerre, armé de l’éclair triple, que les Étrusques avaient emprunté aux tribus goïdéliques parmi lesquelles ils s’étaient installés.

L’assimilation d’un Jésus pacifique au houx et au chêne-houx doit être considérée comme poétiquement inepte : sauf au moment où il déclare qu’il est venu apporter non la paix mais la discorde. C’était le taniste qui exécutait originellement son jumeau : il crucifiait le roi du chêne, et non le roi du houx, sur une croix en forme de T. Dans son Procès à la cour des Voyelles (vers 160 de notre ère), Lucien est explicite :

Les hommes pleurent et se lamentent sur leur sort et maudissent Cadmus d’innombrables malédictions pour avoir introduit le Tau dans la famille des lettres. Ils disent que c’est son corps que les tyrans ont pris comme modèle, et sa silhouette qu’ils ont imitée lorsqu’ils ont adopté la forme des bois sur lesquels on crucifierait les hommes. C’est le stauros que l’on nomme le vil instrument, et ce nom vient de lui. A présent, chargé de tous ces crimes, ne mérite-t-il pas la mort, non, plusieurs morts ? Pour ma part, je ne connais rien d’assez méchant, mais sa propre silhouette y pourvoira, cette silhouette qu’il a donnée au gibet que les hommes ont dénommé stauros, d’après son nom.

Et, dans un Évangile gnostique de Thomas, composé à peu près à la même époque, le même thème se présente dans une dispute entre Jésus et son maître d’école au sujet de la lettre T. Le maître frappe Jésus sur la tête et prophétise la crucifixion. Au temps de Jésus, le caractère hébraïque Tav, dernière lettre de l’alphabet, avait la forme du Tau grec.

Le houx gouverne le huitième mois et huit, en qualité de nombre de la croissance, est bien celui qui convenait au mois de la moisson de l’orge qui s’étend du 8 juillet au 4 août.

Tradition Faerie Faith : Comprendre les « Arbres », le Houx

Le Houx

Extrait de la thèse : The Faerie Faith and the Beth-Luis-Nion Celtic Lunar Tree Calendar par James Clifford Landis. Traduction réalisée par Fleur de Sureau.

Le Houx est la huitième lune de l’année. Son nom gaélique est Tinne (prononcé « Chihn’ uh » à l’anglaise).

Le glyphe pour le Houx est « Je suis une lance de guerre. »

  • Utilisations de la plante et Folklore

Les feuilles de houx peuvent être préparées de différentes façons afin de traiter catarrhe, pleurésie, variole, fièvres, rhumatismes et jaunisse. D’autre part, les baies ont de puissantes propriétés vomitives et purgatives. Sous forme de poudre, les baies peuvent être utilisées comme agent astringent afin de traiter les saignements. L’écorce peut être fermentée pour créer de la glu afin d’attraper des petits oiseaux [ndlt : il me semble que la chasse à la glu est désormais interdite en France] et détruire des insectes.

Houx en fleur

Des essences de houx similaires au houx commun (Ilex aquifolium) peuvent être employées en tisane (Grieve 407). Le houx a une réputation mitigée, populaire à noël mais considéré comme ayant une nature portant malheur ou au moins puissante. Le houx est souvent utilisé pendant la saison de noël en décoration avec le lierre. Pourtant, il semble qu’il existe certaines règles concernant la bonne manière de le manier dans la maison. Certaines coutumes soutiennent que le houx ne devrait pas être introduit dans la maison avant noël ; d’autres affirment que cet arbre ne devrait jamais être abattu ou détruit. D’autres encore prétendent que les brins de houx ne devraient jamais être brûlés. En outre, une grande récolte de baies de houx prédit un hiver rude (Vickery 180-2). On peut retrouver ce lien du houx avec noël dans le conte du Roi Chêne et du Roi Houx.

  • Mythologie et Symboles

Le Chêne et le Houx ont toujours été unis dans la mythologie païenne à travers l’histoire du Roi Houx et du Roi Chêne. Nous apprenons cette histoire à travers celle de Gauvin et le Chevalier Vert. Le Chevalier Vert est un géant qui manie un buisson de houx comme un gourdin. Sir Gauvin passe un pacte avec le Chevalier Vert pour se décapiter l’un l’autre d’une année à l’autre – ce qui signifie le solstice d’hiver et le solstice d’été (Graves 179-80). C’est l’histoire du Roi Chêne et du Roi Houx qui échangent leur place pour régir le monde. Au solstice d’été (durant la lune du houx), le Roi Houx prend sa place en tant que souverain du monde jusqu’au Solstice d’Hiver lorsque le Roi Chêne le remplace. Plus tard, lorsque le christianisme arriva d’Europe, la coutume fut changée, « puisque selon la pratique médiévale Saint Jean Baptiste, qui perdit sa tête le jour de la Saint Jean, reprit les titres et coutumes du Roi Chêne, il était naturel de laisser Jésus, en tant que successeur miséricordieux de Jean, de reprendre le rôle du Roi Houx. » (Graves 180).

Comme d’autres lunes de l’année, le Chêne et le Houx sont des lunes jumelles. Comme le Roi Chêne et le Roi Houx règnent chacun sur une moitié de l’année, ils constituent des symboles de la moitié de l’année masculine Yang (Chêne) et de la moitié de l’année féminine Yin (Houx).

  • Énergies

L’ancien nom irlandais pour le Houx est Tinne.De ce mot provient le terme « tanist », qui désigne le « Sombre Jumeau ». Ce sombre jumeau est le Houx, le pendant du Roi Chêne. Le taniste règne durant la moitié sombre de l’année. En psychologie, le taniste est perçu comme notre part d’ombre (la part de nous-mêmes que nous n’aimons pas ou à laquelle nous ne voulons pas faire face. C’est une nouvelle moitié de l’année et à moins que nous nous souvenions des leçons du Bouleau (conscience de soi, auto-discipline) alors les aspects négatifs de cette obscurité nous submergerons : jalousie, colère, haine, etc. Nous déambulerons aussi prompts qu’une feuille de houx à piquer quiconque nous agacerait (Kerr, « Lunar »).

Filer le houx sous la lune ronde

S’il y a bien une chose que j’apprécie tout particulièrement dans notre tradition, c’est l’accent qu’elle met sur la créativité. Nous sommes vivement encouragés à écrire, danser, sculpter, peindre… au fil des lunaisons, saisons, etc.

Il m’est déjà arrivé de filer pendant la pleine lune avec une intention précise mais ce mois-ci j’ai eu l’idée de me lancer dans un travail magique un peu particulier : réaliser un fil lors de chaque pleine lune sur une année entière. Après un tour de roue de l’année complet, je pourrais fabriquer, au choix, un ou plusieurs objets magiques à l’aide des fils chargés à la lumière des 13 lunes de notre tradition. Chaque fil aura été réalisé avec une intention magique, liée aux énergies et tendances de ces lunes. Cela fait des années que j’ai envie de confectionner une couverture de guérison, dédiée aux voyages entre les mondes. Le temps est venu de m’y mettre.

J’ai donc teint, mélangé, cardé et filé mon premier fil en cette lune du Houx. Je suis heureuse du résultat. Il faudra tout de même que je veille à réaliser suffisamment de longueur si je souhaite tisser une couverture pas trop petite.

Les mots-clefs pour ce filage en ce mois de Tinne ont été pour moi : amour et compassion.

FdS

Tinne, le houx [Alphabet magique]

Extrait du livre Magical Alphabets par Nigel Pennick. Traduction Fleur de Sureau.

La 8ème lettre ogham, Tinne, a pour valeur phonétique ‘T’. Elle est généralement associée au houx (flex aquifolium) bien que le Livre de Ballymote lui donne des attributions alternatives. Il mentionne le Cyprès (Cupressus sp.) ou le Sorbier (Sorbus acuparia). Mais le sorbier est identifié à Luis (caorthann) et la plupart des utilisateurs de l’ogham préfèrent employer le houx. Or le mot irlandais moderne pour houx est cuileann, apparenté au gallois, celyn. Pourtant, à l’inverse, le nom de la lettre magique est apparenté aux termes irlandais tine, qui veut dire feu, et teann, solide ou fort. Son équivalent dans l’alphabet gaélique écossais, Teinne, la 16ème lettre, signifie enflammé. Magiquement, le caractère Tinne apporte force et pouvoir, mais de façon équilibrée. Il dispose d’un fort élément masculin, plus spécifiquement relié à la paternité et à la capacité qui en découle, permettant aux âmes de renaître. C’est l’ogham de l’unification. L’oiseau de l’ogham Tinne est truith, l’étourneau, un oiseau qui forme d’énormes groupes. Le houx est le cinquième arbre-rustre, dont la couleur est lemen, un mot à qui l’on attribue le sens de gris-vert ou gris sombre. Son nombre consonantique ésotérique est le 11.

Tinne : correspondances Faerie Faith

Extrait de The Faerie Faith and the Beth-Luis-Nion Celtic Lunar Tree Calendar par James Clifford Landis.  Traduction : Fleur de Sureau.

Correspondances pour le système BLN du Calendrier des Arbres Lunaires. Extrait de “Lunar Tree Energies” par Linda Kerr, et la Déesse Blanche par Robert Graves.

Glyphes

Je suis une flèche décochée pour la bataille,

Je suis la lance : qui rugit pour du sang.

Je suis une lance qui rugit pour du sang, une épée affilée dans l’exercice de la vengeance.

Je suis un géant à l’épée affilée, abattant une armée dans l’exercice de la vengeance.

Couleur

Vert/Gris

Lettre

T, T

Animal

Etourneau

Symboles

Baguette de Houx, plume noire

Archétypes féminins

Creiddylad (Cornélia), Artémis, Dana.

Archétypes masculins

Cuchulain, Hercule, Sire Gauvain, Le Chevalier Vert, les Rois Chêne et Houx, Jésus et St Jean Baptiste, Tannus, Tina.

Guérisons

Médecine préventive contre la fièvre

Mystères

Invulnérabilité, Protection Préventive, Vigilance, Bon Augure, Voyage