Le Jour Intermédiaire

Le Jour Intermédiaire. Par Muirghein & Epona, traduction Fleur de Sureau. (Voir aussi l’article « Calculer le début de la Première Lune ».)

Le Jour Intermédiaire (Day Apart) est le ou les jours restants qui se situent entre le Solstice d’Hiver et le début de la lune du Bouleau ; parfois c’est le jour du Solstice d’Hiver lui-même. Ce jour restant est l’équivalent du jour intercalaire et permet de réaligner le calendrier lunaire à l’année solaire.

Le ou les jours supplémentaires (extra days)  sont également reliés aux noms des jours de la semaine. L’année égyptienne était divisée en 12 mois de 30 jours chacun, avec 5 jours restants à la fin de l’année. Ces jours n’étaient pas considérés comme faisant partie de l’année normale et étaient nommés par rapport à d’importantes déités : Osiris, Horus, Set, Isis et Nephthys. Les Anglo-Saxons avaient un calendrier similaire, et leurs jours supplémentaires étaient appelés Tiw, Woden, Thor, Frig and Seterne. De ces derniers noms, plus deux autres ajoutés plus tard par les missionnaires chrétiens, viennent les noms de nos sept jours de la semaine. (Voir « The Origins of Our Modern Calendar », le numéro #4 de HAZEL NUT.)

On retrouve également le Jour Intermédiaire dans l’expression, « un an et un jour », des mythes Irlandais et Gallois. Ceci découle du calendrier des Iles Britatniques et cela désigne une année lunaire de 13 lunaisons de 28 jours chacune (364 jours), plus un jour supplémentaire pour faire 365 jours. Ce jour supplémentaire est le Jour (de naissance) du Divin Enfant. Ce « fils d’une mère vierge » nait toujours au Solstice d’Hiver (Robert Graves, The White Goddess, 1948, The Noonday Press, New York, NY, pg. 95), et fait référence au Roi Soleil, ou au Roi Chêne ; le jeune soleil qui vaincra l’obscurité de l’hiver et grandira en force jusqu’au Solstice d’Été. Physiquement, bien sûr, ceci symbolise le rallongement des jours qui se produit après le Solstice d’Hiver.

Le Jour Intermédiaire est donc un jour en dehors du temps, en dehors de l’année normale, et lors de tels jours, des choses magiques peuvent survenir.

Le Jour Intermédiaire, également appelé, le Jour des Mystères de la Terre, reste un jour magique, et tout à fait pertinent pour nous. Ceux de la Faerie Faith emploient cette journée en un sens rituel, pour se rendre dans leur lieu spécial de renaissance (meilleur si c’est en extérieur), et communiquer et se reconnecter avec la Terre Mère. Pour bénéficier réellement de cela, vous devrez tout d’abord chercher ce lieu avant cette journée. Cet endroit de renaissance sera celui où vous vous sentirez en paix, à la fois avec vous-même et ce qui vous entoure, et il devra être assez proche de votre maison afin que vous n’ayez aucune excuse pour ne pas y aller. Ce lieu sonne totalement juste pour vous et il peut vous imprégner d’un certain sentiment de pouvoir et d’énergie.

Durant le Jour Intermédiaire, rendez-vous dans votre lieu et asseyez-vous jusqu’à ce que vous soyez dans un état calme et réceptif. Entrez en contact et communiquer avec la Terre-Mère, et donnez-lui une chance de vous parler. Souvenez-vous de vos impressions mais ne tentez pas de les analyser tout de suite. Restez aussi longtemps que vous en ressentirez la nécessité – habituellement une demi heure ou plus. Puis remerciez les éléments et la Terre-Mère, et retournez à la maison. Assurez-vous d’écrire vos sentiments et souvenirs de ce moment.

Le Jour Intermédiaire est le jour que nous choisissons pour ces Mystères de la Terre principalement à cause de la lourde énergie Yin, avec le tout début du yang arrivant juste après le Solstice d’Hiver. Cependant, ce rituel n’est pas destiné à être adopté seulement une fois par an mais à tout moment où vous ressentirez que c’est légitime.

FAERIE FAITH 101 : Les Pas sur le Chemin

FAERIE FAITH 101 :  Les Pas sur le Chemin
Par Linda Kerr, traduction Fleur de Sureau

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chemin, arbre, lumiere
Crédit photo : Stephen Emerson

Dans la Faerie Faith, bien que cela n’ait jamais été formalisé, la progression d’une élève peut ressembler à peu près aux 13 mois lunaires et à leurs énergies.

Le commencement – Bouleau
L’élève apprend conscience, sensibilité et autodiscipline. Elle apprend à travailler avec qui a autorité sur elle ; c’est-à-dire son enseignante, la Grande Prêtresse. Elle apprend à développer sa propre autorité intérieure. Elle apprend à être consciente de tout ce qui l’entoure ; des plantes, des arbres, des devas, des esprits, etc., tout en commençant à devenir consciente des énergies des différentes lunaisons. Elle apprend à être sensible à ces énergies. Elle apprend la nécessité de l’autodiscipline, car beaucoup de choses lui « tombent dessus » en même temps : articles et livres à lire, arbres à étudier, etc.

Sorbier
L’élève se trouve maintenant à l’étape d’accélération ou d’avortement. Elle doit décider si c’est une voie pour elle ou non. Si ça l’est, c’est le bon moment pour le rituel d’adoption, qui placera ses pieds sur le chemin. A ce moment, elle est grande ouverte à tout ce qui l’entoure, toutes les influences, etc. C’est lorsqu’elle commence à apprendre la compassion et la communication avec l’aide de cet état d’ouverture. Une fois qu’elle est consciente des énergies autour d’elle, elle doit être capable de communiquer avec elles. Elle doit être capable de communiquer également avec ses camarades et son enseignante, et avoir de la compassion pour elles et pour tous les autres.

Frêne
L’élève doit maintenant apprendre la patience. Elle doit réaliser qu’elle en est toujours au début, et qu’espérer tout connaître en même temps n’est que folie. Elle devra être persévérante et patiente, avec elle-même et avec les autres. Elle doit également être attentive à ce qu’elle dit et fait aux autres. C’est là où la compassion acquise lors de la lune précédente entre en jeu. Car l’impatience ressentie à présent peut la pousser à s’en prendre aux autres, à agir dans la précipitation ou à dire plus qu’elle ne devrait. Les eaux sont en effet en mouvement, mais l’enfant reste encore à naître.

Aulne
L’élève se calmera probablement un peu maintenant et en viendra à apprécier l’ordre et les règles. Elle aura appris que ceux qui ont autorité sur elle, comme son enseignante, le font par nécessité et qu’ils l’exercent avec amour, non pas avec l’intention d’avoir du pouvoir. Elle apprendra à savoir simplement à quel point elle ne sait toujours rien, et ainsi, elle gagnera un peu en sagesse. Cela peut-être une période de changements douloureux, à la fois dans sa vie intérieure et ordinaire. Elle a été touchée par le feu d’un nouveau soleil. Elle est en train de naître vraiment.

Saule
L’étudiante commence à mettre en pratique sérieusement ses lectures et ses études ; pour exercer son intelligence et ses instincts. Tout ce qu’elle lit ou fera n’aura pourtant pas forcément de sens, mais elle trouvera bientôt la clarté dans la confusion. Au fur et à mesure de sa progression sur la voie, elle laissera certaines choses derrière elle. Elle pourra en arriver à éprouver du ressentiment pour cela ; ou elle pourra se sentir comme si elle fonçait droit devant de toute façon. Elle est désormais en train de changer et elle est en marche. Elle peut être prête pour la prochaine étape : l’initiation.

Aubépine
L’élève entre dans une période de potentiel illimité ; si elle a été initiée, il se peut qu’elle patauge un peu en essayant de se repérer avant qu’elle ne file en douce vers d’autres projets spirituels. C’est un bon moment pour se reposer un peu, faire un jeûne à la fois physique et spirituel. L’élève peut savoir qu’elle veut continuer mais ne pas être sûre d’où encore. A ce stade, certaines élèves font une brève pause dans leurs études, pour laisser les choses se remettre en place, tout particulièrement après une initiation. Elle doit tester ses limites, définir son chemin.

Chêne
L’élève retrouve sa force de volonté et elle est prête à affronter tout ce qui se trouvera sur sa route. Elle a appris de ses expériences passées et peut maintenant s’en servir. Elle est passée par plusieurs changements et en est revenue entière, si ce n’est indemne. Elle peut à présent devenir consciente d’une double nature en elle, ou peut-être d’une double existence dans le monde ordinaire. La façon dont elle gère cela préparera le terrain de la prochaine phase. Elle s’est vraiment mise en route sur le chemin désormais ; sa vie continuera à changer même si elle s’écarte de la voie. Maintenant, c’est le moment où elle doit regarder en elle-même pour trouver force intérieure et conviction.

Houx
Par certains côtés, c’est le point culminant de tout ce qui s’est passé auparavant. Si l’élève a appris la compassion, la communication, la sensibilité et la conscience, alors elle a de bonnes bases pour son développement. Si elle n’a pas appris cela, ce peut être le moment où elle y sera poussée par le cosmos. Car une étudiante ne peut pas dépasser un certain niveau sans intégrer ces bases. Elle devra trouver l’équilibre en elle-même, et si elle ne le fait pas, le reste du chemin lui sera très difficile. Si tout va bien, elle commencera réellement à se développer maintenant.

Noisetier
Si l’étudiante est passée au travers des tribulations des deux dernières phases, il peut s’agir d’une période apaisante. Elle a accompli une partie du voyage. Ce peut être un bon moment pour la seconde initiation. Elle peut commencer à avoir des révélations intérieures, une fissure dans l’œuf cosmique. Les choses deviendront claires pour elle comme jamais auparavant. Les mystères ne seront plus aussi mystérieux.

Vigne
L’élève a maintenant atteint un nouveau niveau. Elle aura, à présent, compris le but de la seconde initiation. Elle est la somme de ses parties et plus encore. Elle a acquis plus qu’une simple connaissance livresque, mais une véritable compréhension des mystères. Tout sentiment de dualité en elle peut cesser ; elle se sentira complète. Pour partager ce nouveau sentiment, cette quasi exaltation, elle devra prendre une étudiante. Cela l’aidera dans son propre développement ; lui montrera simplement à nouveau combien elle ne sait toujours rien. Mais cette fois, ce ne sera pas aussi frustrant.

Lierre
Désormais, l’élève est davantage en communion avec la nature, les esprits, le cosmos et la Déesse. Elle n’a plus à penser à ne faire qu’un avec l’Autremonde ; elle ne fait qu’un avec lui tout simplement. Il est important à présent pour l’étudiante de se rappeler les leçons passées. Elle doit maintenir une autodiscipline de façon à continuer de fonctionner dans le monde ordinaire, et en même temps à maintenir la connexion avec l’Autremonde. Elle doit rester équilibrée intérieurement, car c’est une période de fragilité, lorsque son moi inférieur peut devenir hors de contrôle facilement. Et par-dessus tout, elle doit continuer à avancer.

Roseau
Lorsque l’élève prévoit son degré à venir, la cérémonie finale qui terminera officiellement la fin de ses études sous l’égide de quelqu’un d’autre, elle pourra se sentir inquiète, voire terrifiée. Nul doute qu’elle ait entendu d’horribles histoires à propos de l’initiation finale. Elle pourra également être inquiète à propos d’elle-même ; elle pourra éprouver des doutes sur le fait d’être prête à « être relâchée dans la nature ». Elle sait qu’il y aura des sacrifices à faire et qu’ils ne seront pas tous agréables. Elle devra prendre un peu de temps à présent pour regarder en elle-même, pour s’assurer qu’elle est en effet prête.

Sureau
Une période de transition. L’élève se prépare à aller jusqu’au bout de son Cinquième Solaire, la cérémonie d’initiation finale. Elle deviendra une Grande Prêtresse à part entière. Elle pourra avoir une sensation de vertige et se sentir encore un peu incertaine. Mais la terreur et l’anticipation de la dernière phase sont passées. Elle a surmonté sa peur, elle passera par le rituel et ressortira de l’autre côté. C’est un bon moment pour que ses amies et les autres étudiantes sur la voie l’entourent, indépendamment de leur position actuelle.

Le Jour Intermédiaire
Après le Cinquième Solaire, la désormais Grande Prêtresse devra prendre du temps pour elle-même et pour se reconnecter à la Terre. C’est un moment pour communier avec la Déesse, pour obtenir quelques lumières sur ce que l’avenir réserve. Elle a changé de peau, elle est née à nouveau. Elle est passée par le tombeau et elle est sortie par l’utérus.

Calculer le début de la Première Lune

Calculer le début de la Première Lune
Par Epona, traduction Fleur de Sureau

(Voir aussi l’article « Le Jour Intermédiaire»)

Si vous faites un peu de mathématiques, vous remarquerez que 13 lunaisons de 28,5 – 29 jours chacune ne peuvent pas être contenues dans une année solaire de 364 jours. Sans mentionner le fait que la nouvelle lune ne se produit pas idéalement lors du Solstice. Si nous continuons à faire succéder les mois lunaires sans nous préoccuper de l’année normale, nous nous retrouverions finalement avec la Lune du Bouleau débutant en Avril, et nous ne nous en tirerions pas mieux que les Romains en 63 avant JC. Pour éviter d’accumuler de telles erreurs, la 13ème lune (Sureau) se termine au Solstice d’Hiver, et la première lune (Bouleau) commence après le Solstice d’Hiver. C’est plutôt simple, non ? Poursuivons…

Possibilités:

Lune croissante durant le 13ème mois lunaire. Puis durant le 1er mois lunaire, continue à croître, pleine lune et lune décroissante.

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Lune croissante durant la 13ème lune. Pleine lune durant le Solstice d’Hiver, puis lune décroissant durant la 1ère lune.

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Les choses se compliquent lorsque le Solstice d’Hiver interrompt la 13ème lune entre le dernier quartier et la nouvelle lune. Les quelques derniers jours de la lunaison après le Solstice d’Hiver peuvent faire partie de la 1ère lune, ou des « jours intermédiaires » (jours restants). Si la lune du Bouleau commence au bon moment, Imbolc de la nouvelle année devrait tomber pendant le Sorbier (Luis), l’équinoxe d’automne devrait tomber pendant la Vigne (Muin), et la 13ème lune devrait commencer avant le Solstice d’Hiver.

Voici deux autres possibilités :

Sans les Jours Intermédiaires :

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Ou avec les Jours Intermédiaires :

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Choses à se rappeler :

  • L’année lunaire se termine avec le Solstice d’Hiver.
  • Le 13ème mois lunaire précède le Solstice d’Hiver, et le 1er mois lunaire le suit.
  • Le 13ème mois lunaire et/ou le 1er mois lunaire peut ou ne peut pas avoir le nombre complet de jours d’une lunaison, et l’un d’eux peut manquer une pleine lune.
  • Le Solstice d’Hiver n’est pas compté dans une lune, il s’agit d’un jour à part entière, et parfois c’est le Jour Intermédiaire.
  • Les variables qui déterminent le début d’une nouvelle année lunaire (première lune) dépendent du nombre de jours « restants » du 13ème mois lunaire après le Solstice d’Hiver qui l’interrompt.
  • Si une des « lunes » n’a pas de pleine lune, vous pouvez célébrer le mois lunaire le jour le plus proche du Solstice d’hiver.

FAERIE FAITH 101 : les Contes de Fée

FAERIE FAITH 101 : les Contes de Fée
Par Linda Kerr, traduction Fleur de Sureau

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Dans cet article, je souhaiterais démontrer l’importance des Contes de Fée pour les membres de la Faerie Faith. Tout d’abord, je présenterais un conte de fées classique puis je révélerais quelques significations plus profondes de cette histoire. Et si cela ne fait pas sens pour vous, n’hésitez pas à me contacter ; mon but est de vous apporter un éclairage pas de vous embrouiller.

Les Douze Frères

D’après les Frères Grimm (ndlt : voici un lien vers le conte complet.)

zpage275Un Roi et une Reine vivaient heureux ensemble. Ils avaient douze enfants qui étaient tous des garçons. Un jour, le Roi dit à sa femme, « Si notre treizième enfant est une fille, ses douze frères devront mourir, afin qu’elle puisse être très riche et que le royaume soit à elle seule. » Il fit promettre à la Reine de ne rien dire à leurs fils de leur sort. Cependant, sous la pression du plus jeune, Benjamin, qui avait découvert les douze cercueils, la Reine révéla les intentions du Roi et encouragea la fuite de leurs fils dans la forêt. Elle dit également à Benjamin qu’elle signalerait la naissance d’un garçon à l’aide d’un drapeau blanc et d’une fille à l’aide d’un rouge.

Pendant onze jours, les frères firent le guet tour à tour sur un vieux chêne pour observer le signal. Le douzième jour, durant le tour de Benjamin, il vit que le drapeau hissé était rouge. En conséquence, les frères furent si en colère qu’ils firent le vœu de tuer toute jeune fille qu’ils rencontreraient.

Ils partirent au cœur de la forêt, où ils trouvèrent une cabane enchantée. Là, ils fixèrent leur demeure et assignèrent Benjamin aux tâches ménagères car il était le plus jeune et le plus faible. C’est ainsi qu’ils vécurent pendant dix années dans la forêt.

Pendant ce temps, la Princesse avait grandi ; elle était gentille et belle, elle avait une étoile d’or au milieu du front. Un jour, elle trouva les chemises de ses douze frères, et, questionnant sa mère, elle découvrit qu’ils s’étaient échappés pour vivre dans la forêt. En entendant cela, elle décida qu’elle trouverait et sauverait ses frères perdus.

Après avoir voyagé tout le jour, elle arriva à la cabane enchantée où Benjamin était en train de travailler, les onze autre frères étaient partis chasser. Benjamin se réconcilia immédiatement avec elle, et par un tour, persuada ses frères de ne pas accomplir leur vœu de tuer toute jeune fille qu’ils trouveraient dans la forêt, qu’ils rencontreraient. La princesse resta aider Benjamin pour prendre soin de la cabane et, pendant un temps, ils vécurent tous heureux ensemble.

Un jour, la Princesse et Benjamin préparèrent une fête, et elle alla cueillir douze grands lys dans le jardin pour les offrir à chacun de ses douze frères. En cueillant les lys, les douze frères furent transformés en corbeaux qui s’envolèrent aussitôt, tandis que la cabane et le jardin disparurent.

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Une vieille femme qui passant par là dit à la Princesse que ses frères seraient transformés pour toujours en corbeau à moins « qu’elle ne reste muette et ne rit pas pendant sept années. » La Princesse aimait tant ses frères qu’elle décida de les délivrer, et à cette fin, elle grimpa en haut d’un arbre, hors de la vue du monde, et se mit à filer.

Un jour, un grand lévrier, appartenant à un Roi qui chassait dans la forêt, trouva la Princesse, et le Roi tomba amoureux d’elle, l’épousa bien qu’elle ne parlait ni ne riait.

zpage280Après quelques années de bonheur, elle fut calomniée par la mère du Roi, une méchante vieille femme. Enfin, faussement accusée et incapable de se défendre à cause de sa détermination à délivrer ses frères, elle fut condamnée au bûcher, sur la place du palais, alors que le Roi regardait tristement depuis ses fenêtres. Mais, alors que le feu était allumé, il se trouva qu’à ce moment même les sept années s’accomplissaient, et les douze corbeaux revinrent, se transformant en ses douze frères. Ils éteignirent le feu et détachèrent leur sœur, qui était désormais libérée de son vœu de silence, déclara son innocence au Roi. Après cela, ils vécurent tous heureux ensemble à jamais

A présent, passons aux sens cachés du conte (provient à l’origine d’un document intitulé Lesson Two in the Sharing of the Faerie Faith par Margaret Lumely-Brown, avec quelques ajouts de ma part) :

Le fait que les enfants initiaux dans le conte sont au nombre de 12, sont tous royaux et tous des garçons, offre plusieurs clefs importantes à la symbologie de l’histoire.

Dans la mythologie d’autrefois, les personnes de sang royal étaient présumées posséder un pouvoir bien supérieur à la normale. En d’autres termes, quelque soit l’aspect ou le comportement d’une personne décrite, si on y ajoute la royauté, le comportement ou la nature de la personne en auront été accentués.

Ici, le numéro 12 est la première chose représentée. Un nombre universellement lié aux questions régissant les conditions du plan matériel. C’est également le nombre de l’ordre établi. Ce qui est également important, c’est le genre des douze : masculin, des garçons symbolisant la nature inférieure désunie des humains. Ainsi, les douze garçons royaux symbolisent les émotions et les passions contradictoires de la nature inférieure, du Soi inférieur, ou Soi animal.

Jetons un œil à la symbologie du soi masculin un peu plus avant. Le dieu est l’archétype masculin ; le dieu mourant et renaissant constamment, comme la végétation ; par opposition à l’archétype féminin, la Déesse, qui vit perpétuellement. Le dieu égyptien Set, ou Typhon, est le dieu de la luxure et du désir, terrestre, des questions matérielles. Dans les anciennes traditions à mystère, l’initié masculin doit pleinement vivre son Soi animal (Set) avant d’être racheté et transformé. Il doit être tenté et il doit surmonté sa propre nature animale.

La même idée selon laquelle la royauté accentue les aspects des deux symboles clefs s’applique au nouvel enfant : le nombre 13 et le genre féminin de la Princesse. De nos jours, le nombre 13 symbolise la mort, comme le squelette avec  la faux de la 13ème carte des arcanes majeurs du Tarot. Cependant, comme le sait quiconque étudie les anciens chemins, la mort est symbolique du changement, ou de la transition ; et avec un peu de chance, une transition vers l’amélioration. Encore une fois, une symbolique qui a évolué de manière erronée relie la mort aux femmes ; le matériel funéraire était vendu dans le Temple de Vénus. Universellement, les anciens étaient conscients que la fin de la vie sur ce plan est une voie de retour inévitable à la Terre-Mère. Le fait est qu’il y a un passage de retour ; le passage est une porte à sens unique, avec la mort d’un côté, et la vie de l’autre. La fécondité de la Terre et celle des femmes mortelles sont entremêlées dans cette symbologie de transition, un passage qui devrait atteindre un certain niveau d’amélioration. Ainsi, au temps jadis, la femme symbolisait la nature supérieure chez les êtres humains.

Le Roi, le personnage qui montre un niveau supérieur de perception, symbolise une position presque oubliée en ces temps « civilisés ». Ainsi, les Rois n’étaient pas seulement des figures de proue politiques, ils servaient en tant que Rois-Prêtres ; ils étaient les chamanes primordiaux de la terre.

La voie de vision du Chamane est un voyage vers, et à travers, la Mort, la Renaissance, le Monde Terrestre, et enfin, une rencontre avec sa propre Nature Supérieure : une création de l’Androgyne Mythique ; l’Hermaphrodite Couronné décrit dans le plus ancien des manuscrits – un homme qui a accepté la part féminine interne du soi (l’anima de la psychologie Jungienne). Il ne s’agit pas d’une imitation d’un archétype féminin, mais plutôt d’une intégration de l’aspect instinctuel, sensuel du soi.

On est ensuite libre d’accepter son propre potentiel de créativité… De créer le Chamane, ou une magie, naturelle ; une magie qui est moins orientée vers des buts, moins artificielle que la magie cérémonielle. On permet aux choses d’arriver, plutôt que de les forcer à se produire. Le Chamane, ou la magie naturelle, fonctionnent avec ce qui est déjà là, au lieu de ce qui devrait être là. Alors le Roi est un homme qui a fait ce voyage chamanique, qui a accepté son anima et qui a pleinement intégré son côté féminin.

La Reine, qui est née avec un potentiel pour la magie chamanique, a annihilé sa capacité instinctuelle par son choix de changer le flux naturel, préférant se fier à ce qu’elle croit « devoir être ». On peut le voir lorsqu’elle défit le Roi, et ainsi l’ordre naturel, et aide les garçons à s’échapper vers les bois. Elle a quitté l’ordre naturel des choses pour un ordre artificiel, imposé par l’homme. En ce sens, elle est symbolique d’un triste aspect de la nature humaine, elle n’apprécie pas pleinement ce qui lui est donné mais seulement ce qui est atteint après de grandes efforts et sacrifices.

Maintenant, voyons comment le symbolisme des personnages est directement lié au sens de l’histoire : « Si une fille naît, les douze garçons devront mourir. » Le sens de cette allégorie « Faerique » est le suivant, la nature spirituelle inférieure doit mourir pour que la nature spirituelle supérieure naisse.

L’introduction du nombre 13 bouleverse l’ordre établi du nombre 12.

A la fois, la Reine et les douze frères combattent ces nécessaires mort et renaissance. La nature spirituelle inférieure, ou soi animal, luttera par tous les moyens à sa disposition pour éviter son sort, comme les douze frères qui s’échappent, puis formulent le vœu de tuer toute fille qu’ils rencontraient dans la forêt. C’est un exemple évident de détermination agressive de la nature inférieure pour se protéger de toute perturbation provoquée par le contact de la nature spirituelle supérieure.

L’étoile d’or au milieu du front de la Princesse est une part très claire de ce symbolisme. Nous voyons une signification similaire dans l’œil Pinéal, le Chakra Ajna, le troisième œil de Shiva, le Chiah de la Quabbala (Ndlt : j’imagine qu’il s’agit de « ‘Haya » qui est l’un des 5 niveaux de l’âme dans la Kabbale, le quatrième. ‘Haya vient de ‘Hayo qui veut dire « vivre ». ‘Hayim, « vie ». Haya correspond grossièrement à l’âme spirituelle). Tous symbolisent la perfection du niveau de la Volonté Spirituelle. Le niveau parfait, numériquement symbolisé par 10 ou 1 + 0, la monade retournant à l’existence potentielle. Très certainement, 10 ne représente pas l’âge de la maturité pour un enfant, mais plutôt le nombre du véritable accomplissement.

Après avoir passé 10 années dans les bois, les garçons cherchent à se libérer de leur nature animale à travers le pouvoir de la Déesse, ou la nature féminine supérieure. Cela se voit dans leurs retrouvailles avec la Princesse. Durant ces « 10 ans », le plus jeune fils Benjamin, en accomplissant continuellement des tâches dévolues aux femmes, a atteint un niveau lui permettant « d’être réunis » avec la Princesse. Puis, après « leur réunion », la Princesse entre dans le jardin et cueille des lys, fleur autrefois symbole de mort, et aussi d’un autre changement dans l’état de conscience.

La transformation des garçons en corbeaux est plutôt un symbole évident. Le Corbeau est l’oiseau de Mercure, ou de la pensée ; la suppression d’idées fixes, une transformation de la conscience. Donc, comme annoncé, le changement radical a eu lieu après une réunion entre la nature inférieure (les garçons) et la Volonté Spirituelle, ou le Soi Supérieure (la Princesse). Les garçons ont subi une mort symbolique, rituelle.

Rappelez-vous cependant que cette mort symbolique conduit à une autre transformation ; la renaissance du Soi Spirituel. Le nombre sept est pertinent ici. Il y a sept chakras dans le corps humain, le septième étant le Chakra Couronne, que l’on connecte au Soi Supérieur. Dans le calendrier des arbres Beth, Luis, Nion, sept est le nombre du Chêne, qui représente (en partie), la porte de l’année. Cette porte conduit d’un monde à l’autre, ou d’une partie de l’année à l’autre. Les douze frères renaissent à la fin de la période des 7 ans, après un voyage chamanique à travers le Monde-d’en-Bas.

Il y a une autre symbologie ici aussi ; dans la vieille femme qui passe par là et informe la Princesse de son destin ; et dans le filage que la Princesse effectue en silence, loin, au-dessus du monde, pendant un temps. La Vieille Femme est un autre aspect de la Déesse ; la Crone, qui inflige mort et transformation. La Princesse doit rester silencieuse et solennelle ; elle doit se dévouer entièrement aux questions spirituelles de façon à ce que le soi animal (les garçons) renaisse, et pour que la véritable et complète réunion puisse avoir lieu entre le Soi inférieur et le Soi supérieur.

Ainsi les garçons, sous leur forme de corbeau, ne sont pas les seuls à faire un voyage chamanique. Cependant, la Princesse se retire d’elle-même dans le Monde-d’en-Haut, en grimpant sur un très grand arbre, hors de la vue du monde terrestre. L’acte de filer peut être considéré comme un type de travail de transe pour renforcer ce voyage. Nous voyons donc que ces deux types de voyages, vers le Monde-d’en-Bas et vers le Monde-d’en-Haut, sont nécessaires à terme, bien que le voyage vers le Monde-d’en-Bas doit être accompli en premier. Le conte se termine ; un nouveau royaume a été atteint ; joie et union sont totales. Grâce à des conditions sévères de sacrifice, la Volonté Spirituelle a régénéré la nature inférieure : l’assimilation de l’esprit conscient et inconscient est complète. C’est la renaissance d’une personne complète, capable de relier tous les niveaux de conscience, comme annoncé…

« Elle peut être très riche, et possédait à elle seule le royaume. »

Ainsi, puisse votre royaume du Soi être riche et à vous seul, si vous êtes prêt à laisser mourir tous vos désirs de base et matériels. Ensuite, et seulement ensuite, puissiez-vous être préparé à régénérer votre être complet, assimilé, sur une voie pure de service ; une voie qui vous est ouverte si vous vous souvenez de, et si vous réfléchissez à, ce conte partagé par notre famille Faerie.

« Chaque fois que tu trouveras dans nos livres une histoire de la réalité qui semble impossible, une histoire qui est répugnante à la fois pour la raison et le bon sens, alors assure-toi que l’histoire contient une profonde allégorie voilée d’une vérité profondément mystérieuse, et plus grande est l’absurdité de la lettre, plus c’est la sagesse de l’esprit » (Les paroles d’un sage, Rabbi Moses Maimonides., extrait de la Lesson Two in the Sharing of the Faerie Faith par Margaret Lumely-Brown.)

FAERIE FAITH 101: le Partage de l’Eau

FAERIE FAITH 101: le Partage de l’Eau
Par Linda Kerr, traduction et adaptation Fleur de Sureau

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Light From the Beginning of Time par KENNETH CALLICUTT

Parfois, dans la tradition Faerie Faith, nous avons tendance à faire les choses un peu différemment. Le partage de l’eau au lieu du vin au cours des rituels en est un exemple. L’eau, pour nous, est symbolique du lien commun à toute vie et nous rappelle que les puits sacrés, les sources et les rivières étaient des sites qui ont renforcé le partage entre les humains et le Royaume de Féerie. (1)

Nous savons tous que l’eau est intimement liée au cosmos, comme on peut le voir dans le flux et le reflux des marées. L’eau couvre la plupart de la surface de la terre, et elle est constamment en mouvement. Il y a un tel mouvement infini dans cette enveloppe d’eau, qu’en fait, à l’échelle planétaire, l’eau peut être considérée comme un organe médiateur entre la terre et le cosmos, intégrant la terre dans la course d’événements cosmiques. (2)

Dans le système Huna, l’eau est le symbole du mana, ou force vitale produite par le corps. L’eau a été représentée de différentes manières par les Kahunas ; où le mana était la force vitale générée par le moi inférieur à partir de la nourriture consommée et de l’air respiré, le symbole de l’eau plate était utilisé. L’eau jaillissante et débordante, comme dans une fontaine, était le symbole du mana accumulé en trop-plein par le moi inférieur. Le mana du moi supérieur, originellement pris du moi inférieur par l’intermédiaire de la « corde aka » qui relie, était symbolisé par les nuages et le brouillard, qui sont constitués de fines gouttelettes d’eau. Et lorsqu’elle tombait sous forme de fine pluie, elle symbolisait le retour du mana qui avait été transformé pour apporter la bénédiction du moi supérieur tandis qu’elle tombait sur le moi moyen et le moi supérieur afin d’aider et guérir. (3)

Presque toutes les traditions confirment le rôle de l’eau dans la genèse de la vie. Dans l’ancienne épopée finlandaise, le Kalevala, la Vierge de l’Air descendit du ciel sur la mer écumante, sans limites ; « puis la mer et le vent insufflèrent la vie en elle (4). » Elle devint alors Ilmatar, la Mère des Eaux, et après avoir nagé sept siècles dans les océans, elle donna naissance au premier humain, le barde Väinämöinen. La croyance en la mer comme mère de toute vie a survécu jusqu’aux temps modernes.

Et finalement, Theodor Schwenk, dans son magnifique livre Sensitive Chaos, nous donne quelques connaissances spirituelles à propos de la signification de l’eau.

« Partout où il y a de l’eau, la vie devient active dans le monde matériel ; où il n’y a pas d’eau, cette possibilité cesse d’exister. L’eau est essentiellement l’élément de la vie, dans la mesure du possible elle arrache la vie à la mort. C’est la grande guérisseuse de tout ce qui est malade et qui a perdu son équilibre de vie ; car l’eau aspire toujours à l’équilibre, un équilibre vivant, jamais statique qui éteindrait la vie. Elle est partout un arbitre entre les contrastes, qui deviennent plus intenses lorsqu’elle est absente. Ainsi, elle unit les éléments hostiles en un autre, créant constamment quelque chose de nouveau à partir d’eux. Elle dissout ce qui est solide, le restituant à la vie (5). »

« Dans une large mesure, hors force de gravité, elle maintient une position centrale entre la terre et le cosmos, ne se perdant jamais elle-même dans l’un ou l’autre et restant pourtant intimement liée aux deux, les reliant dans une circulation éternelle. L’eau maintient un équilibre entre les extrêmes de la solidification et de l’évaporation, conservant toujours ses possibilités de transformation. Comme un écho des événements célestes en constante évolution, la richesse des formes dans le monde vient de l’eau (6). »

Alors, à présent, avec une meilleure compréhension de l’eau, voici le Rituel de Partage de l’Eau qui rapproche les gens de la Faerie Faith les uns des autres et du cosmos.

Rituel du Partage de l’Eau

A la fin du rituel, avant de révoquer les Eléments, la Grande Prêtresse ou Reine Faerie prend une gorgée d’eau du calice sur l’autel. Le calice est ensuite passé autour du cercle pour que tous le partagent, et enfin le redonnent à la Grande Prêtresse. La Grande Prêtresse dit, pendant que le calice fait le tour du cercle :

Partagez mon eau et sachez que, comme la Pluie, elle est la Source de Vie.
Partagez mon eau et sachez que, comme les Océans et les Mers, elle est la Matrice de Vie.
Partagez mon eau et sachez que, comme les Nuages, elle est la Chercheuse ; la Voyageuse avec une Mission.
Je partage l’eau, et que tous puissent savoir que, comme les Ruisseaux et les Rivières, elle est la Change-Forme ; la Destructrice de l’Ancien, et en même temps, à travers le changement, la Créatrice du Nouveau.
Sachant bien que l’eau est l’essence de Vie, nous l’avons partagée et nous sommes devenus Un, et à présent, Unis, nous offrons nos vies, en service et en amour, à Celle qui est la Mère de Toute Vie.

« Ainsi, l’eau devient une image du flux du temps lui-même, imprégné des rythmes du monde étoilé. Toutes les créatures de la terre vivent dans ce flux du temps, il s’écoule en eux, et, aussi longtemps qu’il s’écoulera, il les nourrira dans le flux de la vie. (7) »

Notes :

  1. Epona, The Faerie Faith.
  2. Schwenk, Theodor. Sensitive Chaos. (Publié au milieu des années 60.) Schocken Books, New York, NY, pg. 68.
  3. Long, Max Freedom. The Secret Science at Work. 1953. DeVorss& Co., Publishers, Marina del Rey, CA, pg. 11.
  4. Markale, Jean. Women of the Celts (en français : La Femme Celte, édité au format poche). 1972. Inner Traditions International, Ltd., Rochester, VT, pg. 43-44.
  5. Schwenk, pg. 98.
  6. Ibid, pg. 99.
  7. Ibid, pg. 68.