Religion des Celtes

Extrait du Dictionnaires des Religions, Mircea Eliade et Ioan P. Couliano. Plon, 1990.

Religion des Celtes

  • Population et langue.

Les Celtes apparaissent dans l’histoire au Ve siècle AEC et s’installent sur une aire qui va de la presqu’île Ibérique à l’Irlande et à l’Angleterre, jusqu’en Asie Mineure (les Galates).
Ils s’identifient à ce qu’on appelle la « culture de La Tène » ou Second Âge du fer. Leur expansion est freinée par les Germains, les Romains et les Daces. En 51 AEC, César conquiert la Gaule. Des Celtes se maintiennent encore, sous domination étrangère, en Angleterre et en Irlande. Aujourd’hui, les langues celtiques ne sont plus parlées en dehors de la zone insulaire (l’irlandais, le gaélique et le gallois) et sur la côte bretonne, en provenance d’Angleterre et non pas des anciens Gaulois.

  • Sources.

À cause de l’interdiction faite aux druides de fixer leurs connaissances secrètes par écrit, il n’y a pas de documents directs concernant la Gaule, à part les monuments influencés par l’art romain. En revanche, les sources indirectes, de Jules César jusqu’à Diodore de Sicile et à Strabon, sont abondantes.
La situation est différente dans le cas des Celtes insulaires, où les renseignements directs sont riches, mais proviennent en général de sources médiévales parfois influencées par le christianisme. Plusieurs manuscrits irlandais du XIIe siècle EC fixent par écrit d’anciennes traditions. Deux fameuses collections du XIVe siècle, le Livre Blanc de Rhydderch et le Livre Rouge de Hergest, contiennent des traditions galloises, comme celles du recueil appelé Mabinogi.

  • La religion de la Gaule

La religion de la Gaule ne nous est parvenue qu’à travers l’interprétation donnée par les Romains. César mentionne un dieu suprême qu’il identifie à Mercure et quatre autres dieux, respectivement identifiés à Apollon, Mars, Jupiter et Minerve. Bien que ce témoignage soit fort controversé, il paraît assez fondé à la lumière de l’archéologie. Mercure doit être le dieu, dont survivent de nombreuses statuettes, que les Irlandais appellent Lugh. Son nom est attesté dans bien des toponymes.
Puisque les Celtes offraient des victimes humaines à trois divinités (Teutates, Esus et Taranis), chacune d’elles pourrait, à la rigueur, être le Mars de Jules César. Teutates paraît plutôt un nom générique signifiant « dieu de la tribu » (cf. l’irlandais tuath, « petit royaume tribal »).
Plusieurs concurrents s’offrent pour le titre d’Apollon et il n’est pas aisé de choisir entre eux. Plus de quinze noms, comme Belenus, Bormo, Grannus, etc., le désignent.
Le Jupiter gaulois, était l’ancêtre mythique des druides. Il n’a pas été identifié.
Minerve s’identifiait à plusieurs divinités locales, comme le montrent l’iconographie aussi bien que les inscriptions votives. En Irlande, l’une de ces divinités était Brighid, associée à la poésie, à la médecine, à la technique. Sa personnalité mythique et sa fête ont toutes deux survécu sous le déguisement que lui a fourni la sainte chrétienne Brigitte (Brighid de Kildare).
Les monuments figurés conservent l’aspect et le nom de plusieurs autres divinités, comme les dieux sylvestres Sucellus et Nantos, et surtout le dieu Cernunnos (« cornu »), qui porte des cornes de cerf.

  • Les traditions irlandaises

Les traditions irlandaises nous racontent l’histoire mythique de l’île depuis le déluge. Les premiers immigrés subissent constamment les attaques des Fomhoires, des êtres méchants venus d’outre-mer. Une nouvelle vague d’immigrés amène les lois et la société civile. Ils sont suivis par les Tuathas Dé Dananu, « les tribus de la déesse Dana », initiés au savoir magique et possesseurs de plusieurs objets magiques (la lance de Lugh qui assure la victoire, l’épée inexorable du roi Nuadhu, le chaudron inépuisable de Daghdha et une pierre qui sert à choisir le vrai roi). Les Tuathas Dé Dananu sont conduits par le dieu Lugh lui-même dans la grande bataille de Magh Tuiredh contre la race des Fomhoires, qui, vaincue, sera bannie à jamais d’Irlande. C’est après la bataille que parviennent à l’île les premiers Celtes, en provenance d’Espagne. Leur voyant Amharghin, qui sait, par son pouvoir occulte, neutraliser la réserve légitime des Tuathas devant les nouveaux arrivants, met ainsi le pied sur la terre irlandaise. Mais les relations entre Celtes et Tuathas resteront tendues, comme le montrent les diverses batailles qu’ils se livrent. Finalement, les Tuathas se retirent dans le monde souterrain et cèdent l’espace visible aux Celtes.

  • L’institution druidique

L’institution druidique était associée en Irlande à Uisnech, le « centre » du pays, lieu consacré où avaient probablement lieu les grandes fêtes saisonnières.
La royauté celtique était sacrée. Elle s’obtenait après le contact sexuel du futur roi avec la déesse représentant son royaume ou avec un substitut de la Grande Déesse équine (Rhiannon, l’Epona gauloise, etc.). En effet, dans sa Topographie de l’Irlande (XIIe siècle), Gérard de Cambrai parle du sacre du roi irlandais, dont la scène centrale serait l’accouplement en public du futur roi avec une jument blanche dont la viande bouillie sera ensuite mangée par l’assemblée.

  • Le cycle héroïque

Le cycle héroïque dit d’Ulster a pour protagoniste le jeune Cu Chulainn, qui réside à la cour du roi Conchobar à Ulster. La reine Medhbh de Connacht envoie une armée pour se saisir du taureau brun de Cuailnge et les gens d’Ulster, envoûtés, ne sont pas capables de lui opposer résistance. Mais Cu Chulainn luttera tout seul contre l’armée des adversaires, et un combat farouche entre le taureau brun de Cuailnge et le taureau de Connacht mettra fin à l’épopée. La carrière du demi-dieu Cu Chulainn sera brève, car ses ennemis le tueront par des moyens magiques.
Un autre héros mythique est Fionn mac Cumhail, chef du Fian, une confrérie d’initiés guerriers. Comme Cu Chulainn, Fionn possède des pouvoirs magiques, qu’il utilise pour éliminer les forces surnaturelles qui menacent son pays.

  • Les traditions galloises

Les traditions galloises sont préservées en premier lieu dans un recueil, improprement appelé Mabinogi, qui consiste en des récits composés fort probablement au cours des XIe et XII siècles EC. Parmi les onze pièces contenues dans le Livre Rouge de Hergest (vers 1325), deux n’ont pas d’importance et trois semblent résumer la matière de trois romans arthuriens, encore assez récents à l’époque, de Chrétien de Troyes (XIIe siècle). Les autres contiennent ce qui a été appelé « une mythologie celtique en déclin », dont les personnages sont des dieux difficiles à classer. L’un d’eux, Pwyll, a des rapports curieux avec l’autre monde, où d’ailleurs il règne pendant un an. Sa femme est la déesse équine Rhiannon, une variante d’Epona, identifiée à l’époque du syncrétisme romain à la déesse grecque Déméter-Erynis, qui se transforme en cavale pour fuir les assauts de Poséidon, qui se transforme à son tour en étalon (Poséidon Hippios) pour s’unir à elle. De cette union naissent Perséphone et le cheval Areion (Pausanias 8.25,5-7). La variante védique (Rgveda 10.17,1-2) nous indique qu’il s’agit d’un mythe indo-européen. Dans les trois cas, la progéniture de la déesse est humaine et équine, ce qui trouve une confirmation dans la mythologie irlandaise (Noínden Ulad).
D’autres récits gallois contiennent des traditions que les savants ont appelées « chamaniques », dont le protagoniste est Cei, qui se transformera dans le lugubre sénéchal Key du cycle arthurien. Enfin, le prototype gallois de Merlin est le poète-magicien Taliesin, qui se vante de posséder « tous les arts magiques de l’Europe et de l’Asie » Mais d’autres personnages comme Math, Gwydion fils de Dôn (= la déesse Dana), Llwyd, etc., sont également capables d’exploits fabuleux.

  • Bibliographie.
    • Eliade, H 2/169-72 ; P. Mac Cana, Celtic Religion, in ER 3, 148-66.

    • Sur la mythologie gaélique, voir P.K. Ford, The Mabinogi and other Welsh Tales, Berkeley-Los Angeles-London 1977 et I.P. Couliano in Aevum 53 (1979), 398-401.

Photo : Supposément le dieu gaulois Sucellos sculpté sur un chapiteau roman, derrière l’autel de l’église de Rozier-Côtes-d’Aurec, dans le département de la Loire en région Rhône-Alpes.

Ruis : correspondances Faerie Faith

Extrait de The Faerie Faith and the Beth-Luis-Nion Celtic Lunar Tree Calendar par James Clifford Landis.  Traduction : Fleur de Sureau.

Correspondances pour le système BLN du Calendrier des Arbres Lunaires celtiques. Extrait de “Lunar Tree Energies” par Linda Kerr, et la Déesse Blanche par Robert Graves.

Glyphes

Je suis une vague de la mer
Sur une mer sans limites, je m’en suis allé dérivant

Couleurs

Rouge-sang

Lettre

, R

Animaux

Freux

Symboles

Baguette de sureau, bol de feuilles séchées, lame de sacrifice, plante

Archétypes féminins

Artémis, la Morrigane

Archétypes masculins

Cernunnos, le Dagda, Cuchulain, Fionn

Guérisons

Purification du corps intérieur et extérieur, Maux liés au froid

Mystères

Transition entre l’Ancien et Nourrir le nouveau, Sacrifice de notre Nature inférieure, Renouveau du Moi Spirituel, Préparation par le Sacrifice

Ngetal : correspondances Faerie Faith

Extrait de The Faerie Faith and the Beth-Luis-Nion Celtic Lunar Tree Calendar par James Clifford Landis.  Traduction : Fleur de Sureau.

Correspondances pour le système BLN du Calendrier des Arbres Lunaires celtiques. Extrait de “Lunar Tree Energies” par Linda Kerr, et la Déesse Blanche par Robert Graves.

Glyphes

Je suis un bruit menaçant venu de la mer

Couleurs

Le vert

Lettre

, NG

Animaux

Chouette/hibou et oie sauvage

Symboles

Baguette de roseau, lame, galets et coquillages

Archétypes féminins

Dana, Fand, Hécate, Athéna, Perséphone, Cerridwen, les Nornes

Archétypes masculins

_

Guérisons

avec la planta genista pour l’indulgence excessive

Mystères

Discipline, Protection de la maison contre le climat, Sécurité, Joie de la Musique, Préparation à la protection.

Chapitre 29 : Quelques réfléxions sur la Féerie [Tree Mothers]

Chapitre 29 : Quelques réfléxions sur la Féerie

Voici deux articles déjà parus en français dans le magazine Lune Bleue, solstice d’hiver 2008. Ici, je m’appelle Mut Danu, qui est mon nom de prêtresse.

Les Portes de la Faery, par Mut Danu.

Bien loin d’être de vieilles et ennuyeuses histoires tout juste bonnes à être lues à l’heure du coucher, très éloignées des histoires modelées pour les enfants dont ils ont pourtant l’image, «les Contes de Fées» cachent en eux une mine féconde d’informations sur le monde de Faery et ses coutumes. Dans les pays celtiques, la croyance populaire, source de renseignements et d’enseignements inépuisable, était partagée entre tous, jeunes, vieux, hommes, femmes, au moyen des histoires que l’on raconte le soir au coin de l’âtre, ou bien, moins solennellement, autour d’une pinte de bière dans les soirées enfumées de la taverne locale. Mais plus qu’une invitation indiquant l’emplacement des portes de Faery, les Contes servaient aussi d’avertissements, de réels panneaux signalétiques indiquant «Ne pas entrer», protégeant celles et ceux qui souhaiteraient vivre une vie «normale», loin de l’agitation et du tumulte de Faery, d’entrer dans ce monde lointain et pourtant si proche du notre.

Ainsi, nous apprenons comment de pauvres âmes sont entrées en Faery par accident… Que ce soit en tombant malencontreusement d’un cheval, en passant par un chemin humide et encombré, en tombant très malade un jour ou en s’endormant, las, au pied d’un arbre, en étant dérouté par le brouillard ou le mauvais temps, en voulant répondre à une supplique entendue dans la forêt la nuit ou en découvrant une porte fermée qui s’ouvre magiquement à leur approche. Les Contes transportent alors les auditeurs dans une histoire où ils apprennent ce qui arrive en Faery… Ils ne doivent ni manger ni boire et encore moins accepter les cadeaux qui les condamneraient à devenir débiteurs de leur «gentil» donateur, ou à servir la Reine de Faery pour les sept années à suivre. Les frusques et la poussière peuvent parfois prendre l’aspect de riches vêtements ou d’or étincelant pour celles et ceux qui ne savent pas voir au-delà des apparences, et accomplir l’aller-retour entre les mondes laisse toujours des traces chez le voyageur, très souvent pour le pire… Parfois le visiteur de Faery repart avec, entre les mains, de l’or réel ou des cadeaux, comme la capacité de guérison ou un don musical. Cependant, il existe systématiquement un élément de danger inhérent à ce monde, dont parlent aussi bien les contes traditionnels que les livres modernes traitant du sujet.

Alors pourquoi quelqu’un voudrait-il ouvrir la Porte, de sa propre volonté, et ainsi courir un risque ? La raison profonde dépend de chaque individu. La plus probable et commune est le désir ardent d’éprouver quelque chose, un sentiment, un ressenti, qui va bien au-delà d’une vie considérée comme «normale». D’autant plus dans nos sociétés modernes aseptisées et conditionnées. Une autre raison pourrait être le fait qu’un individu se soit déjà aventuré en Faery en tant que «voyageur accidentel», et cherche à s’y rendre de nouveau, mais cette fois, en tant qu’explorateur volontaire, à la recherche de la connaissance et avec l’espoir d’acquérir la sagesse qui doit aller avec. Il est aussi possible qu’une personne soit tombée sur un livre ou un texte décrivant une visualisation, une méditation guidée qui ouvrent les portes de Faery et soit curieuse de tenter l’aventure par elle-même. Une chose est cependant certaine, les Contes de Fées nous préviennent de nous tenir à l’écart de ce monde superposé au nôtre et aucun d’eux n’explique réellement comment y entrer délibérément.

Il n’existe que peu d’instructions écrites en ce qui concerne la façon de se rendre en Faery, à cause des limites naturellement imposées par l’écriture et les mots qui ne peuvent rendre la complexité de ce monde. Vous pouvez lire sur la Faery du crépuscule à l’aube sans rien, jamais, y comprendre. La seule façon d’y arriver est d’aller voir par soi-même. Découvrir de ses yeux, ce monde non physique qui existe en parallèle du nôtre. Cet univers devrait être perçu comme un endroit réel, peuplé par des êtres réels et où des événements réels arrivent, bien qu’il existe d’une façon différente de celle que l’on conçoit généralement, en paramètres de matière et de temps. La découverte de la clef qui ouvre la porte vers Faery implique «la suspension de l’incrédulité», c’est-à-dire la mise de côté de la réalité que nous considérons comme «normale» afin d’acquérir une expérience de ce plan non physique. La clef ne peut être trouvée que profondément dans notre imaginaire. La vie quotidienne que nous appelons aussi «la culture moderne» nous force à dévaluer le pouvoir de l’imagination. En fait, c’est notre imagination qui est notre source personnelle de puissance et d’énergie, qui nous anime depuis la plus tendre enfance. Pour les enfants, les portes menant vers d’autres mondes sont grandes ouvertes, tout le temps ! C’est seulement en grandissant que nos esprits ferment ces portes pour ensuite les laisser finalement closes et en jeter les clefs au fond d’un puits vaseux au plus profond de notre conscience. Finalement, la pensée de voyager de notre réalité à un monde non physique devient aussi impossible à appréhender que l’idée que nous pourrions marcher au travers d’un mur ! Quelques adultes utilisent des drogues hallucinogènes comme clef pour ouvrir des portes de la réalité non physique, mais pourquoi endommager notre corps inutilement ? Quand vous comptez sur un raccourci pour apprendre quelque chose de nouveau, vous ne l’apprendrez jamais totalement comme vous le devriez. Rendre vie et corps à notre imaginaire en tant qu’adulte est un travail ardu alors que ce devrait être… un jeu d’enfant. Pensez à cela un moment et vous réintégrerez la voie qui vous mènera à la réouverture des portes par les voies les plus naturelles qui soient. Comme je l’ai déjà mentionné, puisque le royaume de Faery est basé sur l’expérience individuelle, rien de ce que je pourrais vous dire ne vous serait d’une aide quelconque si vous ne l’essayez pas par vous-même. Ce que je peux néanmoins faire, c’est partager un peu de mon expérience personnelle et vous offrir certains conseils. Le reste vous appartient : votre capacité innée à l’imaginaire, votre persistance et peut-être un peu de chance vous mèneront au-delà des mondes…

Mon expérience personnelle inclut des souvenirs d’enfance vagues, de points d’entrée et de visites en Faery qui ont brusquement cessé pendant l’adolescence pour ensuite reprendre à nouveau, une décennie plus tard. Au début de la vingtaine, je méditais consciencieusement, m’attelant à la création d’un refuge silencieux, réceptif et personnel dans mon esprit. Dans le même temps, j’ai commencé à faire des rêves lucides (lorsque le rêveur est actif comme dans la vie éveillée) et spontanément, j’ai retrouvé les sensations qui avaient toutes les caractéristiques de ce que j’appelle aujourd’hui «le voyage». Parfois j’ai volé vers Faery, ou j’ai nagé ou encore, j’ai flotté dans un bateau perdu avant de poser pied sur les rivages familiers de cet autre monde. Parfois, éveillée, j’ai «vu» des images et les événements en surimpression sur le paysage que mon regard percevait vraiment, de la même façon que si vous teniez une image imprimée sur du plastique fin et transparent devant vos yeux. Ces visions étranges étaient aussi inquiétantes qu’excitantes. Tout que j’essayais de faire était une sorte de méditation zen que j’avais lue. Aucune des personnes que je connaissais ne méditait alors, me laissant seule parcourir les paysages de mes rêves afin de converser en compagnie d’une étonnante vieille femme. Quoique j’aie désespérément ressenti le manque de guide réel, j’ai continué au petit bonheur mes expérimentations et j’ai commencé à essayer d’entrer dans l’Autremonde réellement délibérément. Après quelque temps, j’ai remarqué que je retournais systématiquement dans les mêmes endroits, lors de mes songes, lorsque je souhaitais entrer dans l’Autre Monde… Une descente de marches de pierres humides et inégales, une rivière souterraine froide et apaisante ; ou encore la découverte d’un certain arbre dans la forêt ; ou enfin en ouvrant une lourde porte en bois craquante. Cela m’a pris vingt ans de pratique informelle avant que je ne découvre enfin les premiers livres sur la Faery et que je sois, dans le même temps, formée à la voie de la Prêtrise, qui incluait les Arbres Sacrés et les rituels de Faery comme faisant partie de l’étude. Finalement vint une reconnaissance de la part d’autres gens qui avaient voyagé, tout comme moi !Voici un conseil en or pour ce qui est de la découverte de Portes, en vue de voyager : chacun trouve ses portes propres ! Conseil étrange, mais je m’en explique : Puisque notre réalité humaine physique est à peu près la même pour toutes et tous, la forme des Portes est souvent aussi la même… Une caverne, un passage ombragé, un chemin sauvage. Même si la vie moderne et la technologie ont changé radicalement ces cent dernières années, la Faery dépend du monde naturel et l’esprit humain a besoin de trouver des portes qui reflètent cet état. Peut-être la forme «physique» de votre Porte sera inhabituelle, à l’instar de Jack qui à trouvé la sienne en montant grâce aux racines du haricot magique. Je suis parfois partie en grimpant le long d’une échelle de corde. Que vous ayez déjà traîné vos guêtres dans l’Autre Monde ou que ce soit la première fois que vous lisiez un texte traitant de Faery, vous pouvez y arriver. La facilité avec laquelle vous voyagerez dépendra probablement un peu de vos capacités naturelles et certainement aussi de la pratique que vous avez. Utilisez la méditation et apprenez à créer un espace de liberté à l’intérieur de vous même. Vous ne pouvez pas aller n’importe où ni bien loin, avec une tête pleine de désordres quotidiens et d’inquiétudes. Pratiquez la visualisation. Vous pourrez trouver, si cela vous aide, nombre de supports visuels imprimés ou sur internet. Essayez des visualisations différentes et voyez ce qui fonctionne le mieux pour vous. Prenez l’habitude de tenir un «journal de voyage», ça aide. Mais plus que tout, donnez de l’importance à votre pratique spirituelle et croyez en votre expérience propre.

Dans le même temps, souvenez-vous des précautions inhérentes à la Faery !Premièrement, ne parlez pas de Faery ! Seules les personnes qui sont déjà parties en Faery peuvent entendre votre expérience. Rappelez-vous que la plupart des gens craignent et détestent tout ce qui s’écarte un tant soit peu de la «norme». Parler de voyages dans «l’Autremonde» ne facilitera pas votre intégration dans la vie «réelle».

Deuxièmement, ne prenez pas d’amant en Faery ! Cela pour deux raisons :

  1. Un rapport de ce type en Faerie vous empêcherait d’avoir des relations dans votre vie de tous les jours et
  2. tomber amoureux en Faery risque de vous rendre la vie quotidienne insupportable. Gardez une vie équilibrée et les pieds fermement ancrés dans la terre ferme!

Troisièmement, vous ne devez pas accepter de manger et boire quoi que ce soit dans le monde de Faerie, mais vous devez impérativement manger dans le vôtre ! Un nouvel avertissement qui vous encourage à vous occuper de votre physique et à garder votre équilibre. La Faery donne la nourriture et la connaissance à votre âme, mais votre corps ne peut pas survivre avec les douceurs de ce monde. Les histoires de malheureux partis en Faery et qui ont ensuite perdu pied après leur retour au monde réel, ou des rares gens de Faery qui essayèrent sans succès de vivre entièrement dans le monde physique en sont des exemples évocateurs.

Quatrièmement, ne vous rendez pas en Faery si c’est par cupidité et simple recherche d’or ! Prenez ceci comme un avertissement, au cas où vous projetteriez de faire de l’argent grâce à ce que vous avez appris en Faery. Ainsi si vous deveniez vraiment un expert de Faery et que vous souhaitiez «utiliser» cette connaissance comme le ferait un tour-opérateur, gagnant de l’argent en proposant des ateliers payants dans de luxueux hôtels… Prenez garde ! Les «chercheurs d’or» risquent de se sentir humiliés lorsqu’ils se rendront compte que la «mine d’or» tant espérée n’est en fait que cendre et poussière. Tous les Contes sont d’accord, seul le chercheur gentil, humble, ressort de Faery doté d’un trésor réel. De plus, les cadeaux que font traditionnellement les gens de Faery aux mortels sont le plus souvent aussi intangibles que ce que l’on nomme la «bonne fortune» ou encore la capacité de guérison ou bien un don pour la musique, la compréhension des langages animaux et végétaux ; ou encore la connaissance, en général, ainsi que la sagesse de savoir comment l’utiliser à bon escient…

La liste des traditionnels conseils à suivre est à la fois courte et simple :

  • Partez avec des intentions claires et un cœur pur, soyez polis avec celles et ceux que vous croiserez dans l’Autremonde ;
  • venez en aide aux Vieilles femmes qui vous demandent un petit service, ne faites pas de promesses que vous ne pouvez pas tenir, décidez de votre propre chemin et ne laissez personne vous dicter ce que vous avez à faire en Faery.
  • Si vous vous trouvez dans une situation inconfortable pendant une visualisation ou un voyage, rappelez-vous de ce que les vieux Contes vous enseignent et faites face en faisant quelque chose de complètement mystérieux et incorrect ; en mettant vos vêtements à l’envers par exemple, en parlant charabia et en sautant sur un pied en tapotant le sommet de votre tête afin de détourner l’attention suffisamment longtemps pour vous permettre d’ouvrir une porte et retourner au monde physique. Vous pensez que je plaisante ? Pas du tout, il m’est déjà arrivé de devoir faire cela, bien que rarement.

Redécouvrez vos Contes de Fées préférés, ils seront les meilleurs guides que vous pourrez trouver !

Le monde de Faery n’est pas éloigné du nôtre. Il est entrelacé avec notre monde. Vous en trouverez la clé en vous et vous arriverez à en pousser l’huis à la force de votre imagination. La patience et la Pratique ouvrent les Portes.

Bon Voyage,

Mut Danu, HPS

Traduction par Kamiko

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Mut Danu est une Grande Prêtresse et aînée de la Tradition Dianique «Apple branch». Elle est active aux États-Unis avec le coven «From the branch» et d’autres groupes de femmes inspirées par la Déesse. Elle a fondé en France La Branche du Pommier et est membre de la Ligue Wiccane Éclectique.

Interview. Table Ronde Faery. Interview pour le magazine Lune Bleue, solstice d’hiver 2008. 

Lune bleue : Pour commencer, et en guise d’introduction afin que tout le monde sache de quoi nous parlons, pouvez vous nous donner votre définition de ce qu’est la «Faery» (Féerie) ?

Mut Danu : Ma définition personnelle de ce qu’est la Faery, c’est qu’il s’agit de «l’image» qu’a la Terre de sa propre existence, une vision idéalisée de sa propre vie. Tout ce qui compose la planète, la roche, l’eau de mer, le magma, l’air, les plantes, les insectes, les animaux (humains inclus)… Nous sommes tous une petite partie de cette «image» particulière. Je crois que chaque particule de terre est d’une façon ou d’une autre connectée au Tout et ce, avec une conscience qui lui est propre… Oui, même les cristaux, la boue et le plancton !Nous sommes des humains, pourvus d’une grande intelligence et d’un esprit critique. Notre propre «image» de la réalité est constituée de diverses couleurs et nous l’appréhendons en trois dimensions, elle est peuplée d’êtres qui peuvent provenir aussi bien d’une conscience humaine collective, visuelle et verbale, que d’un environnement dans lequel nous nous déplaçons «ici bas» qui n’est, somme toute, pas si différent du monde dans lequel nous nous déplaçons «en haut» et qui ressemble à ce que nous voyons dans les rêves et les visions.
Ainsi, pour parfaire la définition, visualisez un miroir : sur un côté réside la réalité telle que nous la vivons chaque jour, dont je doute que la plupart d’entre nous puisse dire qu’elle est «parfaite» ou «idéale». De l’autre côté du miroir, à la place d’un sentiment de stress, de pollution et de désunion, vous pouvez sentir une palpitation de vie qui vous entoure, qui vous traverse. C’est l’énergie, la conscience de la Terre. Une connexion entre Elle et les autres êtres vivants, tissée grâce aux fils de la vie. En ce qui me concerne, c’est comme si la Terre voyait cette image de la Faery comme une sorte de système immunitaire. C’est sa façon à Elle de résister à la saleté, au stress et la lutte qui la blesse de notre côté du miroir. Une autre description, plus claire, pourrait être que la Faery est la lueur perçue par les humains du rêve de Gaia-Terre.

Lune bleue : Pour quelle raison avez vous été attiré(e) par cette tradition plutôt qu’une autre ? Est-ce l’aboutissement d’un chemin spirituel et depuis quand pratiquez-vous ?

Mut Danu : La Faery fait partie intégrante de ma vie depuis 4 ans, ou depuis plus de 40 ans, selon que vous vouliez dire par-là pratiquer consciemment ou par «accident». Lorsque j’étais enfant, je me souviens avoir été convaincue qu’il y avait des «Fées» qui jetaient un coup d’œil vers moi de derrière les arbres, dans les vieilles forêts qui poussaient autour de notre maison familiale. Il y a 25 ans, j’utilisais déjà les mêmes «portes» que j’utilise aujourd’hui, sans les appeler «Faery», parce que je ne connaissais pas encore ce terme. Dans la Tradition de la «Branche de Pommier» (La branche Francophone de la tradition américaine, et Apple Branch USA), les rituels que nous pratiquons avec les Arbres Sacrés sont tirés d’un mélange de «Old Dianic Tradition» (Vieille Tradition Dianique) et Faery Faith (de Foi «Féerique»). J’ai commencé par un amour pour les Arbres au travers de la «Apple Branch» et j’ai découvert ensuite la Faery Faith au fur et à mesure que me venait la connaissance de l’Arbre. Hormis mes recherches personnelles, j’ai beaucoup appris des écrits de RJ Stewart, qui a étudié le sujet en profondeur et a partagé ses expériences en tant que membre de la tradition du Monde d’en Bas, mais aussi dans ses livres. En particulier «The Earth Light» et «The power of the Land». J’ai trouvé une résonnance forte entre son travail et ce que je faisais déjà.

Lune bleue : D’ordinaire, on constate beaucoup de confusion lorsque les gens qui ne connaissent pas cette tradition souhaitent en parler ou s’y intéresser. En étant un peu plus spécifique, la Faery s’apparente-t-elle pour vous à une pratique spirituelle, un folklore, à la fantaisie ou un peu de tout cela ? Pourriez-vous expliquer votre point de vue ?

Mut Danu : C’est à la fois une pratique spirituelle et un endroit consacré à l’étude. C’est comparable à l’observation d’une pierre ordinaire, lorsque vous la portez à votre regard pour la découvrir, pour étudier ce morceau de nature si étonnant à explorer. Pour moi la Faery n’est pas tirée d’un monde de «Jeu de rôle», quoique je croie vraiment que «les Contes de fées» du folklore sont en fait les restes écrits des traditions orales du monde de Faery.

Lune bleue : Selon vous où est située la Faery ? Comment peut-on y accéder ?

Mut Danu : La question la plus difficile de toutes ! Je pense que l’une des raisons pour lesquelles il y a si peu de textes sur les différentes traditions Faery et tant de demandes insistantes sur le besoin d’initiation dans ces mêmes traditions, est parce qu’il s’agit d’une tradition qui relève entièrement de l’expérimentation ! J’ai constaté que même lorsqu’on pratique de façon régulière la tradition Faery comme c’est mon cas, les résultats ainsi que la possibilité de garder souvenir de ce que l’on y apprend est variable.La Faery est à la fois proche et éloignée. On peut y avoir accès de manière très simple, comme lorsqu’on ouvre une porte, mais parfois, vous pourrez tenter de forcer cette même porte tant que vous le souhaiterez, rien ne se passera. Avec le temps, j’ai appris que lorsque, pour une raison quelconque, je ressens des difficultés répétées à entrer, la meilleure chose à faire est de m’occuper l’esprit à autre chose pendant un moment… Une promenade au grand air par exemple, ou bien me salir les mains à jardiner… Il m’est arrivé de rester des mois sans ressentir le fait que j’étais «entrée» en Faery. Tenter de forcer l’entrée ne fonctionne jamais .Il existe cependant ce que j’appellerais des «portes», des supports de méditation qui m’ont servi de nombreuses fois a arriver à un certain endroit, d’où je peux alors commencer mon voyage…

Lune bleue : A votre connaissance existe t-il des liens entre la Faery et Avalon, Le Sidh ou les Tuatha de Danan ?

Mut Danu : Mut Danu : De ce que j’en sais, les liaisons entre le mythe, la légende, le folklore et la Faery existent car on note une similitude notable entre des noms, des personnages qui sont reconnaissables par les gens vivant en un endroit particulier, faisant partie d’une même communauté. Par exemple : les gens dans les Îles du Pacifique décrivent les habitants de Faery d’une façon particulière, ce que font aussi les Islandais ou les résidents des pays celtiques. Pour répondre à la question, Avalon, le Sidh et Tuatha de Danan appartiennent, de fait, à la culture celtique et sont donc en lien avec celle-ci. D’autres peuples ont des noms différents et des légendes personnelles pour décrire leur rapport avec la Faery.

Lune bleue : En quoi les liens entre votre tradition et le peuple fae sont-ils importants ? Comment sont les relations entre le petit peuple et vous ?

Mut Danu : Apple Branch est une Tradition Dianique qui s’est mélangée avec la pensée Féministe Dianique, la «Old Dianic Tradition» (Vieille Tradition Dianique) ainsi que les rituels de Faery Faith (de Foi «Féerique»). Il ne s’agit pas de tradition Faery pure. Nous travaillons largement avec les Arbres Sacrés de l’Ogham et c’est dans ce contexte que se comprend notre parenté avec la Nature dans sa globalité. Mon travail personnel avec la Faery se concentre sur les rapports avec les esprits des Arbres, quoique je me sois inopinément et spontanément réalisée par le biais de la communication avec d’autres êtres pendant mes voyages en Faerie.

Lune bleue : Pourriez vous citer des êtres, fées ou personnes légendaires, liés selon vous à la Faery ? Pour quels raisons le sont-ils ?

Mut Danu : Un des êtres légendaires dont on rapporte la rencontre régulièrement est un être qui ressemble à Merlin ou du moins, à un druide âgé, de sexe masculin. Je pense que cette personne est un enseignant, mais peut- être n’est ce qu’un des nombreux êtres identiques à lui qui répondent à celles et ceux qui souhaitent apprendre, lorsque ceux-ci font appel à ses services.

Lune bleue : Mut Danu : Mon expérience directe avec des gens de Faery est surtout liée aux esprits qui restent près de leurs Arbres. Quand je vais en «Faery» c’est avec le désir d’apprendre et ainsi la plupart des habitants que je rencontre ressemblent à des enseignants ou des aspects de la Déesse. Je me suis parfois retrouvée en Faery pendant une promenade dans la forêt, ou lors d’une méditation, me trouvant là sans but spécifique. Souvent, durant ces moments, j’ai reçu un message ou ai appris quelque chose d’inattendu qui m’a aidé sur ma voie. Une fois je me suis trouvé dans un paysage qui, je l’ai compris plus tard, ressemblait beaucoup à celui du choix donné à Thomas le Rimeur (nd kamiko : «Legend of Thomas the Rhymer». Selon la légende, Thomas était un poète écossais qui fut enlevé par les fées et revint de l’Autre Monde doté du don de prophétie, un don qui, dans la grande tradition du pays de Faery, peut parfois être source de bien des tourments. Ici, la Légende se confond avec l’Histoire, puisque Thomas le Rimeur a bel et bien existé : né Thomas de Learmouth, ce noble écossais du XIIIème siècle composa de nombreuses prédictions sous forme de poèmes, souvent énigmatiques). J’ai eu une surprise énorme le jour où j’ai lu le passage où trois routes sont proposées à Thomas : le chemin droit, le chemin rocailleux et le chemin de mûres sauvages. J’avais déjà été dans cet endroit ! Je n’ai choisi aucun des trois, mais suis plutôt revenu sur mes pas et j’ai continué le long de la route en direction d’une ville de Faery dans laquelle je retrouvais les mêmes points de repère que dans mon propre village, ici, en France. C’était comme si la ville de Faery et mon village étaient superposés l’un à l’autre, comme des couches transparentes. Expérience très intéressante.

Lune bleue : Quels sont les pratiques spécifiques liées à la Faery ? S’il y en à une qui vous semble importante ou qui vous plait particulièrement, pourriez-vous la détailler plus explicitement ?

Mut Danu : Il y a probablement autant de pratiques particulières qu’il y a de pratiquants. Mes pratiques propres ont été inventées pour m’aider à apprendre. Elles comprennent souvent un élément de «service»… à la communauté humaine, mais aussi à la conscience planétaire. Une autre pratique, que beaucoup d’entre nous utilisent avant un rituel, consiste à nous connecter avec le ciel et la terre. Lorsque nous plongeons dans les mondes inférieurs puis remontons, nous devenons alors un canal de cette conscience planétaire et, en tant que tel, nous avons la possibilité de puiser au cœur d’une grande source d’énergie qui peut être utilisée pour la guérison.

Lune bleue : Mélangez-vous la Faery à d’autres pratiques spirituelles ?

Mut Danu : Oui, comme je l’ai mentionné plus haut, la tradition «Apple Branch» a mélangé la sorcellerie du Féminisme Dianique, la «Old Dianic Tradition» et la Faery Faith.

Lune bleue : A votre avis, y-a-t-il un danger inhérent à la pratique de la Faery ?

Mut Danu : Je pense qu’avec n’importe quelle tradition spirituelle ou méditation il est important de garder un pied dans le monde réel. Le folklore regorge d’histoires concernant des pauvres gens pris au piège en Faery, ou qui deviennent fous à leur contact. C’est une monde merveilleux à visiter mais lorsque vous vous trouvez en Faery, vous êtes coupés de la vie humaine quotidienne et c’est là que ça devient dangereux. Je veux dire par là qu’il est important d’avoir un emploi, de passer du temps avec ses amis et sa famille, d’avoir des passe-temps. Toute connaissance que nous tirons de la Faery est mieux utilisée lorsque nous la ramenons afin de la confronter à notre existence «mondaine». Je pars chaque jour avec mon chien en prenant un sac d’ordures avec moi, ainsi je peux ramasser les bouteilles de bière et les emballages de confiserie qui s’éparpillent sur les chemins que je parcours. La spiritualité n’est qu’une partie de ce que nous sommes et c’est dans la découverte de soi que nous permettons à une petite partie du rêve de Gaïa de prendre corps dans notre monde physique.

Tradition Faerie Faith : Comprendre les « Arbres », l’Aulne

L’Aulne

Extrait de la thèse : The Faerie Faith and the Beth-Luis-Nion Celtic Lunar Tree Calendar par James Clifford Landis. Traduction et adaptation : Fleur de Sureau.

L’aulne est le quatrième arbre de l’année. Son nom gaélique est Fearn (prononcé à l’anglaise « Fair un »).

Le glyphe pour l’aulne est « je suis une larme étincelante du Soleil. »

• Utilisations de la plante et Folklore

L’aulne a été utilisé pour ses propriétés toniques et astringentes. « La décoction de l’écorce est utile pour baigner gonflements et inflammations, en particulier au niveau de la gorge, et elle est réputée soigner la fièvre » (Grieve 18).

Selon une superstition du comté du Worcestershire, en Angleterre, porter des morceaux d’aulne sur soi préserverait des rhumatismes. Tandis qu’on utilisait beaucoup ses « boutons noirs », le fruit de l’aulne, pour décorer les puits et sources, il s’agissait d’un rite nommé « well dressing » qui permettait d’honorer une source (ou son esprit ou, plus tard, son saint) afin que son eau ne tarisse pas (Vickery 2, 388).

« Malvhina Well – 2007 Well Dressing, by Bob Embleton.

• Mythologie et Symboles

L’aulne est le pont entre l’eau et le feu, la mer et la terre, l’hiver et le printemps. L’aulne ne pourrit pratiquement pas dans l’eau et c’est pourquoi il était utilisé pour soutenir les bâtiments, comme pilotis. « Le Rialto, à Venise, repose sur des pilotis d’aune, de même que plusieurs cathédrales médiévales. » (Graves 170). Il servait également à la construction de ponts, de chaussées et de conduites d’eau.

L’Aulne est étroitement lié au feu, même si c’est un combustible médiocre, il constitue le meilleur des charbons de bois. Dans certaines régions d’Irlande, abattre un aulne sacré amenait comme châtiment la destruction de sa maison par le feu. « L’aulne est l’arbre du feu, le pouvoir du feu de libérer la terre de l’eau. » (Graves 171).

Ce lien avec le feu apparaît dans le fait que l’équinoxe de printemps tombe toujours pendant la Lune de l’Aulne. L’équinoxe de printemps est un pont qui éloigne l’année des froides inondations de l’hiver et la conduit à la tiédeur du printemps. L’aulne était, « Fearineus, le dieu du printemps auquel on offrait des sacrifices sur le mont Cronien à Olympe, à l’équinoxe du printemps » (Graves 172).

L’aulne est associé à quatre couleurs. La pourpre est la couleur de la royauté et le Roi des Aulnes (Féerie) tire son nom de cet arbre. Le rouge est la couleur du feu, ainsi que celle du sang. Lorsqu’un aulne est abattu, son écorce devient écarlate et semble saigner comme un homme. En outre, une teinture rouge peut être obtenue à partir de l’écorce. Une teinture verte peut être fabriquée à partir des fleurs, qui éclosent durant le mois de l’Aulne. Le vert est la couleur des vêtements des fées (les esprits de la nature). Une teinture brune est obtenue à partir des rameaux de l’aulne, le brun étant la couleur de la terre dans laquelle pousse l’aulne.

• Énergies

Enfin, l’aulne amène le temps des naissances. Le printemps arrive et les projets élaborés lors de la première lune peuvent maintenant aller de l’avant. Et en même temps, ce peut être une période douloureuse. Avec la naissance des choses nouvelles vient la destruction des anciennes. Le glyphe de l’Aulne « je suis une larme brillante du Soleil » est comparable à l’adage « toute naissance digne de ce nom s’accompagne toujours de larmes. » Avec l’arrivée du soleil à l’équinoxe de printemps, nous donnons naissance à nos projets. Pourtant, cette période peut être marquée par les doutes, la confusion, la dépression et le chagrin. La dépression post-partum est commune et de façon semblable, beaucoup sont déprimés après avoir accouché de leurs projets, car ceux-ci pourraient très bien ne pas donner les résultats escomptés.

Pendant [la lune de] l’Aulne, l’étudiante doit apprendre l’équilibre. Les quatre couleurs de l’aulne enseignent à l’étudiante la révérence, l’harmonie et l’équilibre. Ces leçons doivent être acquises bien avant la seconde moitié de l’année (Kerr, ‘Lunar’.)