Lune du Bouleau, rituel par Lady Phoenix

Extrait du livre « Year of Moons, Year of Season : Mysteries & Rites of Celtic Tree Magic par Pattalee Glass-Koentop. (Llewellyn Publications, 1991 Traduction & adaptation Fleur de Sureau.

Première Lune : le Bouleau

Décorations du cercle : Il est suggéré d’utiliser une bougie noire et une bougie blanche pour l’autel, lequel est recouvert de blanc. Si cela est possible, décorez le cercle de branches tout justes feuillées. La figure de la « Mort » est placée au centre depuis la Lune du Sureau. Un bouquet de branches plus courtes se trouve près de l’autel, au nord, et un second bouquet de grosses tiges similaires au sud. Près de l’autel sont disposés des écheveaux de fil à broder rouge, bleu et blanc, ainsi qu’un couteau ou une paire de ciseaux. Après l’invocation et la descente de la lune, la Grande Prêtresse se tourne et parle.

Invocation : Si vous employez les vers d’Hertha par John Swinbourne1, je vous suggère de les mémoriser avant le rituel afin que leur impact ne soit pas atténué par la présence des feuilles de papier. De plus, la force du contact visuel possible avec chacun des membres du cercle durant ce passage verbal est infiniment plus grande si vous n’avez pas à lire les paroles. La voix devient alors celle de la Déesse, et non « juste » celle d’une prêtresse.

Les balais : On peut fabriquer des balais miniatures. Les « rameaux de bouleau » doivent mesurer environ 17 à 20 cm, afin d’obtenir une dimension finale de 30 cm, ou pour fabriquer un balai d’une taille plus réelle, choisissez de petites branches de 45 cm et une longueur de « frêne » de 60 cm. Rappelez-vous que tout bois peut être utilisé pour symboliser le bouleau ou le frêne.

Bâtons de frêne : si vous vivez à un endroit où vous avez peu ou pas accès à des branches de substitution pour ce but, des tourillons en bois ou des bâtons similaires peuvent être employés. Ceux-ci sont disponibles à peu de frais dans la plupart des scieries et magasins de bricolage, aussi bien que dans les solderies.

Liens en osier ou saule : il peut s’agir de tout type de ficelle ou fil. Je suggérerais du fil à broder ou à crocheter, dont la composition est habituellement entièrement naturelle, en principe disponible dans les couleurs primaires et qui n’a pas tendance à s’étirer comme le fait la laine. En outre, ces fils sont moins onéreux, plus faciles à trouver en magasin2. Il est plus facile de retirer le surplus de fil que d’en ajouter lorsque vous terminez votre balai. Que vous travailliez au balai miniature ou grandeur nature, vous pouvez utiliser 60 à 90 cm de fil adéquat, de chaque couleur. Que vous utilisiez du fil à crocheter ou à broder, du fil de laine ou du ruban, choisissez un blanc basique et les riches couleurs primaires rouge et bleu. Le fil blanc pour la pureté de la Jeune Fille, le rouge pour la couleur de la Mère et le bleu pour la sagesse et l’intensité de la Vieille Femme. Si votre symbolique personnelle perçoit la Vieille comme noire plutôt que bleue, alors vos liens seront blanc, rouge et noir.

Marquer la rune : la première lune/ le premier mois est une lune liée à la terre. Si vous utilisez une goutte de colorant alimentaire pour dessiner l’ogham, choisissez du vert pour ce rituel afin de symboliser la Terre.

Engagement : c’est une pratique que j’ai mis en place il y a de nombreuses années, alors que je ne parvenais pas à tenir mes résolutions du nouvel an. Ainsi, j’en ai fait un nouvel impératif, je ne pouvais désigner comme résolution tout ce que je n’avais pas fait ou tenter de faire durant les trois derniers jours de fin d’année. De cette façon, la « nouvelle » résolution consistait à continuer quelque chose que je voulais faire et non pas de commencer quelque chose qui « devrait » être effectué. Dès lors cela devenait un « cadeau » pour moi-même.

Vous désirerez peut-être discuter de cette idée avant le rituel avec les membres de votre cercle ou vous donner le temps d’y réfléchir sérieusement durant un rituel solitaire de méditation. Bien que les phrases du rituel suggèrent quelque chose de très agréable pour vous-même, ma pratique habituelle consiste à faire de cet engagement ou cadeau quelque chose qui deviendra un présent de savoir ou d’amélioration de mes talents et compétences liés à mon Art3. Les rituels de ce livre, par exemple, sont le résultat de ce cadeau prévu pour moi-même une année. Une autre année, pendant la Lune du Bouleau, j’ai choisi de copier avec soin tous les rituels que j’ai écrits ou qui m’ont été donnés, sur une période de plusieurs années, dans un carnet spécial. Comme vous pouvez l’imaginer, ces cadeaux à moi-même ont continué à être quelque chose d’agréable pendant les années qui ont suivi et le processus a renforcé ma connaissance et conscience de soi.

BOULEAU

Lune du commencement

Le temple est préparé4

  • Le travail est planifié : durant cette lune, les décisions sont prises telles les graines spirituelles que vous planterez cette année qui commence tout juste. Le travail magique durant cette lune ajoute force et dynamisme à ces choix.

  • Chaudron : feuilles d’ortie, anis étoilé, fleurs de mauve noire.

  • Le cercle est projeté : Au début, vous souhaiterez peut-être laisser le cercle sans éclairage. Entendre les trois premiers vers du poème Hertha comme une voix dans l’obscurité ou le vide peut être très efficace. Si vous choisissez cette atmosphère, quatre membres doivent se tenir prêts à allumer simultanément les gardiens des quartiers lorsque la Grande Prêtresse parlera de purifier cœurs et esprits.

  • Dédicace : choisir des déités de la naissance et des commencements, celles qui créent à partir de matériaux limités ou de rien.

I am that which began, out of me the years roll ;

Out of me God and Man – they are equal and whole5,

God changes, and Man, and the form of them bodily,

I am the Soul.

Je suis ce qui fut d’abord, hors de moi les années se déroulent ;

Hors de moi l’homme et Dieu – ils sont égaux et entiers ;

Dieu change, et l’homme, et la forme de leurs corps: quant à moi, je suis l’âme.

Before ever land was, before ever the sea,

Or soft hair of the grass or fair limbs of the tree,

Or the fresh-coloured fruit of my branches, I was,

And thy soul was in Me.

Avant même que ne soit la terre, avant même la mer,

Ou les doux cheveux de l’herbe ou les belles branches6 de l’arbre,

Ou le fruit, à la couleur vive, de mes branches, je fus,

Et ton âme était en Moi.

First life on my sources, first drifted and swam.

Out of me are the forces that save it – or damn.

Out of me man and woman, and wild-beast and bird,

Before God was, I AM.

Première vie sur mes sources, première qui a dérivé et nagé,

Hors de moi sont les forces qui la sauvent – ou la damnent.

Hors de moi et homme et femme, et bête sauvage et oiseau,

Avant que Dieu ne soit, JE SUIS.

(Extrait de Hertha par Swinburne)

Le Grand Prêtre : C’est une période de commencements, pourtant nous nous sentons toujours déprimés face à la saison de la mort et de l’hiver. Nous ne ressentons pas encore véritablement la chaleur et la lumière grandissantes du soleil.

La Grande Prêtresse : L’année écoulée a été semée d’embûches pour chacun d’entre nous. Purifions notre cœur et nos pensées des esprits de l’année pour laisser placer à une nouvelle année et une nouvelle croissance.

(La Grande Prêtresse prend le bouquet de branches de bouleau et frappe le sol ou l’autel qui comporte des symboles de l’année écoulée. Et pour finir, elle frappe et renverse la figure de la mort au centre avec la Lune nommée « Sureau ».)

Le Grand Prêtre : L’ancienne année est mesurée par ses Sabbats.

Le Cercle : (à l’unisson) « Ailm, Onn, Ura, Eadha, Idho. »

Le Grand Prêtre : L’ancienne année est caractérisée par ses Fêtes.

Le Cercle : Candlemas, Beltane, Lammas, Samhain.

Le Grand Prêtre : L’ancienne année est délimitée par ses Lunes.

Le Cercle : Bouleau, Sorbier, Frêne, Aulne, Saule, Aubépine, Chêne, Houx, Noisetier, Vigne, Lierre, Roseau, Sureau.

Le Grand Prêtre : La mort est anéantie et la renaissance prend forme.

La Grande Prêtresse : Finie la saison de mort. Voici la saison de vie et de commencement.

Le Grand Prêtre : A travers l’arbre, le Bouleau, la Déesse nous laisse un symbole de naissance et de commencements.

La Grande Prêtresse : Au Bouleau, Elle donne la première Lune de l’année, les commencements, la noblesse, l’extrémité du pouce, dimanche, la capacité à chasser les mauvais esprits, le bâton de pouvoir pour l’une des treize (ndlt : lunes, je suppose), le Soleil, une place dans les chapeaux des fils morts7 et la dernière demeure d’Élisée sur le Mont Horeb8.

Le Grand Prêtre : A nous, Ses Enfants, Elle donne le Bouleau.

La Grande Prêtresse : Elle inscrit en nous la connaissance de la victoire sur la mort.

(La Grande Prêtresse inscrit la lettre oghamique réceptive « B » dans la paume réceptrice de chaque personne, de façon qu’elle puisse être lue du point de vue par celle-ci.)

Nos paroles et nos actions donnent à ce savoir, forme et expression, pour qu’il soit connu des autres.

(La Grande Prêtresse inscrit la lettre oghamique expressive « B » dans la paume émettrice de chaque participant de façon qu’elle puisse être lue par la personne qui se tiendra en face à celui-ci.)

(La Grande Prêtresse prend les branches de Bouleau et en distribue une à chaque membre du coven.)

La Grande Prêtresse : Je suis la Jeune Fille : je suis la victoire sur la mort, je suis les commencements.

(Elle donne une branche à chacun.)

Je suis la Mère : je suis la naissance, je suis la continuité des commencements.

(Elle donne une seconde branche.)

Je suis la Vieille : je suis le guide qui conduit à la renaissance, je suis la complétion des commencements passés et la vision de ceux à venir.

(Elle donne une troisième branche.)

(Le Grand Prêtre ramasse les branches de « Bouleau » restantes.)

Le Grand Prêtre : Pour moi aussi, sacrés sont, comme Horus, la naissance et les commencements.

(Il donne une branche.)

Comme Osiris, la victoire sur la mort et la voie vers la renaissance sont miennes9.

(Il donne une seconde branche à chaque participant.)

(Chaque membre du coven a maintenant 5 branches de « Bouleau ».)

Le Grand Prêtre : A l’avenir caché dans les commencements, nous ajoutons la protection du Frêne.

(Aux membres du coven, il donne les bâtons qui sont au sud de l’autel.)

La Grande Prêtresse : Et la Magie du Saule, pour nous donner toute l’année un abri, des vêtements, de la nourriture et de l’amour.

(Elle donne trois longs brins de fil à chaque participant.)

(Le Grand Prêtre et la Grande Prêtresse prennent le bâton de « Frêne » et un rameau ou une branche de « Bouleau », tout le Cercle fait de même. Ils commencent à nouer au balai, un rameau ou une branche à la fois. Le chant est le suivant : « Flags, Flax, Fodder, Frig…10 » Le chant boucle jusqu’à ce que les balais soient terminés.)

(Note : si on noue un rameau pendant un tour de chant et qu’il y a quatre nouages à faire pour maintenir tous les rameaux ensemble, le total des nœuds équivaudra à neuf, un chiffre sacré pour la Lune.)(Les balais sont consacrés par un cercle joint. Chant : « Ashima, Ninimb, Anatha, Ra. » Prononcé : Ash ih muh, Nih nim, Uh nath uh, Rah.)

(Avec les balais toujours en main, ce chant se prête à une danse en cercle, si désirée.)

La Grande Prêtresse : Au cours des Lunes et Fêtes qui viennent de s’achever . nous avons engagé nos efforts et nos énergies dans le but d’éliminer tout bois mort, pour équilibrer le karma. Mais à présent, il importe d’entamer une action ou une série d’actions pour nous-mêmes, comme un cadeau à nous-mêmes, pour cette année qui vient.

Il ne s’agit pas de ce qui est « nécessaire » ni de ce qui « devrait être fait » mais plutôt de ce qui naît d’un désir et non d’un manque ou d’un besoin. Par cet engagement, nous réalisons quelque chose « de gentil envers nous-mêmes » comme un cadeau-des-commencements de la Déesse, afin de créer un modèle, un exemple de joie à suivre pour l’année à venir et, dans cette joie, La servir.

Le Grand Prêtre : La Lune du Bouleau, celle des commencements, est là. Nous la vénérons à travers sa lumière. Nous sommes les éléments dont la vie est faite et nous partageons le Festin des Éléments, toujours en nous rappelant que tout repas est un sacrement. Nos frères et sœurs des champs et forêts ont sacrifié leurs vies afin que les nôtres puissent être accomplies.

(La Jeune Fille donne le symbole de l’élément approprié à la Grande Prêtresse selon les besoins. La Grande Prêtresse l’offre au Grand Prêtre en disant : « Partage avec moi ce symbole de l’élément de _________. » Ce symbole passe autour du cercle, en terminant par la Grande Prêtresse qui en prend une part.)

TRAVAIL : (Cette Lune devrait être celle qui attire, pour chaque membre du coven, autant d’énergies levées dont ils ont besoin à travers la Première Lune, plutôt que nécessairement travailler pour les besoins des autres.)

RÉVOCATION DES ESPRITS : « MERCI AUX DEITES, LA CEREMONIE EST TERMINEE. »

1 Le nom est erroné, il s’agit d’Algernon Charles Swinburne (1837-1909) et de son poème Hertha. Sir John Swinburne était le grand-père de ce poète anglais.

Ndlt : pour un fil qui ne s’étire pas, qui est naturel, que l’on trouve facilement et à un coût moindre, c’est du fil à crocheter qu’il faut choisir précisément, non pas à broder.

3 Craft dans le texte, c’est-à-dire l’art magique, la sorcellerie.

Ce rituel a été diffusé dans la Georgian newsletter d’avril 1983 (page 18), il est signé par Lady Phoenix, de Dallas. Les instructions à propos du travail planifié et du chaudron sont omises, à la place sont résumées les actions à effectuer, comme suit :

  • Le temple est préparé
  • Le Cercle est projeté
  • Rite d’ouverture
  • La Charge : les premiers vers d’« Hertha ».

5 Il y a eu une modification du texte original. Dans le poème original, il est écrit  : « I am equal and whole. » C’est-à-dire, « Je suis égale et entière » et c’est Hertha qui parle bien sûr.

6 Le mot anglais limbs peut désigne les membres du corps ou les branches d’un arbre. Vous comprendrez pourquoi j’ai évité de traduire fair limbs par « beaux membres »… et excuserez la répétition du mot branche. (o: De toute façon, la traduction d’un poème est tout un art dont je ne connais rien !

7 C’est une allusion à la ballade de l’Angleterre du Nord, La Femme du Puits d’Usher. Je cite une note extraite du livre la Déesse Blanche par Robert Graves : « les fils morts qui reviennent dans la mort de l’hiver rendre visite à leur mère, portent des feuilles de bouleau à leurs chapeaux. L’auteur fait remarquer qu’ils ont arraché ces feuilles à un arbre poussant à l’entrée du paradis où demeurent leurs âmes, et c’est bien là ce à quoi l’on s’attendait. On peut présumer qu’ils portent du bouleau pour signaler qu’ils ne sont pas de mauvais esprits retenus par la terre mais des âmes bénies en mission compatissante. »

8 Là aussi, voir la Déesse Blanche par Robert Graves : « Il n’est pas difficile d’établir le canon hébraïque des arbres de la semaine, les sept piliers de la Sagesse. Le plus plausible remplaçant du bouleau, qui n’était pas un arbre palestinien, devait être le retem, ou genêt sauvage, l’arbre sous lequel le prophète Élisée demeura sur le mont Horeb (« la Montagne AI Soleil Ardent ») et qui semble avoir été consacré au Soleil. A l’instar du bouleau, on s’en servait en guise de balai pour chasser les mauvais esprits. »

9 Is mine dans le texte, c’est-à-dire est mienne… Mais il semble que ce soit une erreur. Je pense que la victoire sur la mort fait également partie du sujet.

10 Doreen Valiente, dans son livre Witchcraft for Tomorrow, donne une explication de cette bénédiction. Voir la traduction sur le Sidh.

Mystères et Secrets

Mystères et Secrets

Par Penny and Michael Novack © (texte datant du début des années 70 mais extrait du défunt site The McFarland Dianic Homepage, 2001), traduction et adaptation Fleur de Sureau

Le désarroi de quiconque ayant compris le plus élémentaire des « mystères » réside toujours dans le fait qu’un mystère ne peut être dit ou même montré facilement à quelqu’un d’autre. Tandis qu’un « secret » peut être raconté à n’importe qui, qui le répètera à d’autres, cela restera le même secret. Pourtant, il semble qu’un nombre incroyable de gens croient  les deux termes synonymes.

Au cours des mystères éleusiniens se déroulait une scène profondément significative dans laquelle un épi de blé était présenté – le sens étant que le « blé est la vie ». Et vous et moi pouvons parler de cela, mais à moins que nous comprenions ce mystère, à moins que nous en soyons pénétrés et profondément transformés dans notre perception de la réalité à ce moment, alors tout ce que nous avons appris est un « secret répété ». Nous n’avons pas été initié.

Ce qui est vraiment frustrant à propos des mystères, c’est qu’ils ne peuvent être enseignés, ils doivent être expérimentés. En fait, révéler à la plupart des gens la teneur qui semble apparente des « secrets » peut les aveugler aux réelles profondeurs des vrais mystères, la grande mer de l’indicible, l’inexprimable. Ils resteront fixés sur les signes extérieurs, les emploieront comme un tampon contre l’ouverture de leurs yeux inhérente aux vrais mystères. Comme avec un moine zen, l’enseignant doit « tromper » le néophyte dans l’éveil. Comme avec Don Juan, ce qui semble se passer, ce qui semble être enseigné, est une ruse (un procédé pour se rapprocher suffisamment de cet état réceptif qu’est l’authentique perception, qu’est la compréhension du mystère.

S’il était si facile de dire à quelqu’un les mystères pour les lui présenter, alors ceux qui les ont saisis les DIRAIENT simplement. Et tout le monde deviendrait sage et éveillé, conscient dans la gloire de l’unité d’une chose. Mais lorsque les gens essaient d’en PARLER, c’est illusoire, ils deviennent des paniers vides.