Défaire le Cercle

Par Linda Kerr, traduit et largement adapté par Fleur de Sureau

Freddie
Freddie

Dans la tradition Faerie Faith, ou au moins au sein de notre groupe […], nous utilisons quelque chose de vraiment unique que personne d’autre ne semble connaitre. C’est un feu de chaudron que nous appelons « Freddie ». Nous préparons Freddie (avec des ingrédients spéciaux!) puis nous l’allumons avant de débuter le cercle et nous le laissons prendre et grandir. Il brûle tout au long de notre rituel et tournoie souvent en fonction de la direction de l’énergie tandis que nous sautons et dansons autour. A la fin du rituel, plutôt que de tout défaire verbalement, nous partageons l’eau autour du cercle, puis un peu avec Freddie. Habituellement, arrivé à ce moment, il devient assez excité et il se produit une grosse, impressionnante boule de feu, alors nous lui remettons son couvercle (mais parfois il crépite simplement!) Cela plonge instantanément notre cercle dans l’obscurité et nous prive de notre source de chaleur (waahh!). Ainsi c’est très efficace pour dissiper les énergies restantes du cercle.

Sur notre photo, regardez la hauteur qu’a pris Freddie après avoir partagé l’eau avec lui. Il se dresse au-dessus de moi et doit atteindre environ 3 à 3,5 mètres de haut et vous pouvez voir son « visage ». Très impressionnant ! La photo a été prise par Dana Finchum et a été publiée dans le « Lunar Calendar – Dedicated to the Goddess in Her Many Guises » par Nancy Passmore de Luna Press, en 1993.

FAERIE FAITH 101: les Esprits de la Nature

FAERIE FAITH 101: les Esprits de la Nature
Par Linda Kerr, traduction & adaptation Fleur de Sureau

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BRIAN FROUD
Dessin par Brian Froud

En apprenant à « toucher la terre » dans nos deux précédentes leçons, et si vous avez pratiqué par vous-même, vous avez appris à avoir une sensibilité aux énergies, aux ressentis, etc. Vous utiliserez cette sensibilité pour mieux comprendre notre sujet suivant : les esprits de la nature. Il y a de nombreuses années, en 1963, Margaret Lumely Brown a partagé sa vision de la Faerie Faith qui fut plus tard couchée par écrit par son étudiant, Mark Roberts, et transmis à Epona et ainsi qu’au Coven « The  Garden Club ». Le reste de cet article paraphrasera essentiellement le partage de Brown car elle l’a très bien réalisé.

De nombreuses cultures sont conscientes des esprits de la nature et des choses au-delà du plan physique, que les Anglais appellent royaumes des élémentaux et les hindous les royaumes des dévas. En Allemagne, le mot « urwelt » est utilisé pour désigner une sphère primitive ou première qui inclut les fées, les esprits de la nature et les projections des énergies de la Terre, qui apparaissent aux gens sous certaines conditions.

Pour répondre à ces « bonnes » conditions, il faut d’abord un fort désir de la part des esprits de la nature d’être perçus par les humains. Les conditions restantes sont en notre pouvoir. Nous utilisons les principes de la Faerie Faith pour les résumer :

    • Foi et sensibilité pour la réalité spirituelle derrière ce que nous appelons la « Nature » devraient être éprouvées.
    • Un amour sincère envers la Terre elle-même et un désir de communiquer avec ses « autres » enfants devraient être éprouvés.
    • La conviction en la vie individuelle de cette planète et la certitude qu’elle imprègne le monde entier devraient être éprouvées.

Cette imprégnation de la vie de la planète et sa conscience s’étend jusqu’aux villes, elles ne se limitent pas à l’environnement rural. Bien sûr, il y a plusieurs décennies ou siècles, les gens vivaient beaucoup plus proches de la terre que nous aujourd’hui et ils étaient fortement en contact avec les esprits de la nature. Mais le béton de la jungle urbaine n’étouffe pas la conscience de la terre ; il la rend tout simplement plus difficile à trouver et d’autant plus spéciale lorsqu’elle se révèle.

La connexion aux royaumes des élémentaux et des esprits de la nature a toujours été très forte dans les cultures comme celles des Celtes, des Scandinaves et des Natifs américains, dont les peuples ont été étroitement liés à la Terre pendant des siècles. De plus, lorsqu’une famille ou une tribu a habité un lopin de terre pendant de nombreuses générations (un minimum de 7 générations, selon le folklore des Indiens d’Amérique), une forte connexion aux esprits de la nature est inévitable. En fait, il semble qu’une longue période d’habitation crée une entité liée au groupe sur le plan astral. Cette entité, au cours du temps, se lie elle-même avec les âmes des animaux et des plantes, aussi bien qu’avec les élémentaux du lieu. Peut-être que ce lien peut produire certaines des apparitions qui prophétisent un malheur à la famille ; habituellement la même apparition est vue à plusieurs reprises, il peut s’agir d’un oiseau ou d’une fée, ou avant quelque événement, d’un mort. (La bean sidhe, ou Banshee, est le type le plus commun d’apparition reliée à la mort. Bean signifie femme, et sidhe, prononcé « shii » signifie fée, celle qui brille, ou de la colline »).

Il existe de nombreux types d’élémentaux, le « Petit Peuple » n’en est qu’un seul. Au pays de Galles et en Cornouailles, il y a les « Knockers » (cogneurs ou frappeurs) qui habitent les mines et sont amis avec les mineurs. Les Piskies en Cornouailles sont réputés guider les voyageurs égarés dans les landes. En Écosse, on trouve les Brownies parmi les rochers et les fougères. L’Irlande, bien sûr, regorge d’une multitude de tribus de fées. Les Leprechauns sont les plus célèbres parmi « le Petit Peuple », mais les plus renommés sont les Tuatha De Danaan (les enfants de la déesse Dana) ; un peuple d’une exceptionnelle beauté et de haute stature que l’on voit parfois émerger de leurs lieux secrets dans les collines. (Pour en apprendre davantage sur ces élémentaux, lisez l’article d’Adrian Loaghrian, paru dans le numéro suivant : The Three Worlds Of The Oide: A View through The Eyes of a Celtic Shaman.)

Ces élémentaux ne sont pas nécessairement toujours « visibles » ; ils sont tout aussi souvent « entendus » et « ressentis », selon le niveau de conscience de la personne qui vit l’expérience. Le même élémental peut également apparaître à plusieurs personnes à la fois, mais produire des réactions différentes chez chacune. Cependant, la personne concernée sera tout à fait consciente de la présence de l’élémental.

brianfroudIl existe beaucoup trop d’esprits de la nature pour rentrer dans les détails ici ; mais brièvement, ce sont les esprits des quatre éléments, incluant ce que nous appelons surâmes (NDT : oversouls dans le texte). La puissance vivante générée par une force naturelle tels qu’un lac, une rivière, une montagne, une forêt, etc., est composée de plusieurs unités qui sont contenues en un « tout collectif ». Cette unité collective est ce que nous appelons surâme. La surâme peut apparaître comme une forme personnalisée et les unités plus petites comme des figures mineures de la même forme.

Ces esprits de la nature sont connus en tous pays sous la forme de folklore et de mythes. Ils pourraient être considérés comme les manifestations des souvenirs inconscients de la Terre dans lesquels nous pouvons puiser à l’occasion. Par exemple, des événements passés peuvent s’être inscrits photographiquement dans les énergies de la terre et ces impressions sont connues sous le nom d’archives akashiques. Ainsi, quelqu’un visitant le site d’une ancienne bataille, ou tout autre lieu contenant de fortes émotions ou énergies, peut soudainement « voir » une scène de cet événement passé, comme si les énergies de la terre rejouaient la scène vécue il y a si longtemps. Cette même personne, avec la bonne sensibilité et au bon endroit, peut également entrer en contact de la même façon avec les événements d’un passé très lointain, comme les formes primaires des humains et des animaux – formes qui peuvent être indéterminées ou hybrides.

De la même manière, les objets naturels ne sont pas inanimés, mais montrent une forte vie individuelle. Ce fait constitue la base des contes de fées et des mythes : « l’Ondine de l’Étang » des frères Grimm et « la Fée du Sureau » de Hans Christian Anderson en sont deux exemples. Une ondine est la surâme d’un étang ou d’une mare, et la Vieille mère Sureau est l’esprit féminin du Sureau, qui peut apparaître sous les traits d’une vieille femme.

Les arbres ont leur propres énergies et personnalités, et sont très profondément enracinés dans leur coin de forêt, ressentant tout empiétement de la part d’autrui, qu’ils soient humains ou tout autre. Certaines personnes peuvent remarquer que les arbres semblent devenir hostiles la nuit, au point même de drainer l’énergie de celles-ci ou en les éloignant de force. Mais de jour, ces mêmes arbres peuvent être très amicaux. Lorsqu’on se sent épuisé ou malheureux, il est réconfortant de toucher un arbre avec ses mains, ainsi l’arbre absorbe la négativité qui se trouve dans l’aura humaine et la remplace par les puissantes énergies magnétiques de la Terre. Et si l’on devient ami avec un arbre en particulier, un lien de sympathie se crée alors avec son espèce entière.

Tout type de végétation possède sa propre surâme, qui affichera son goût ou son dégoût pour les humains. Par exemple, les gens à « la main verte » sont capables d’entrer intuitivement en contact avec la surâme d’une plante. Les fleurs bougeront parfois tangiblement pour atteindre une personne, comme si elles demandaient à communiquer, tout en exhalant un parfum pour la personne privilégiée.

Les Grecs et les Romains avaient une grande liste d’esprits de la nature, qui peut être divisée grossièrement en deux sections :

  1. Les esprits de la Nature elle-même, et
  2. les entités de la nature instinctive chez l’homme.

Dans la première catégorie, nombre d’entre eux étaient des personnifications féminines et incluaient des surâmes et des esprits inférieurs des bois, des grottes, des rivières, des plantes, etc. Ces esprits féminins avaient reçu le nom général de « nymphe » ; ainsi les Néréides étaient les nymphes des mers, les Naïades étaient les nymphes des rivières et des ruisseaux et les Dryades étaient les nymphes des arbres.

Dans la seconde catégorie se trouvent les faunes, les satyres et les centaures. Les faunes et les satyres étaient personnifiés par des dieux tels que Pan, Silène et Dionysos. Dans une certaine mesure, ils étaient également considérés comme des esprits des bois, car les forêts en ces temps-là étaient associées à la peur et au secret. Dans les rites à mystères grecs, les hommes portaient des masques de satyre pour représenter la terreur, les orgies et l’extase. Les faunes et les satyres sont des variantes de la forme de Pan, soit mi-homme mi-chèvre, ou totalement homme avec des oreilles et des cornes de bouc.

Les puits, les fontaines et les sources sont sacrés et dédiés aux esprits guérisseurs dans de nombreuses régions du monde. Le malade visitait la fontaine de Bethesda, mentionnée dans la Bible, où à certains moments « un ange troublait les eaux. » Cet « ange » était peut-être la surâme de la fontaine. Naturellement, les Celtes de Grande-Bretagne et du nord de l’Europe reconnaissaient les sources et les puits comme des sources de guérison, d’aide et des lieux de contact avec les esprits de la nature. Nombre de ces anciens sanctuaires sont immortalisés par l’industrie du tourisme comme des puits à souhait, et beaucoup sont désormais sous le contrôle de l’Église, et sont passés sous le patronage d’un saint. Par exemple, le fameux puits de Sainte Winifred au Pays de Galles était autrefois un centre de guérison celtique.

Pour mieux vous guider dans la compréhension de ces esprits de la nature, lisez Les Jardins de Findhorn (un excellent livre qui explique comment un jardinier entre en contact avec les esprits de la nature de manière très pratique), et Devas, Angels and Fairies par William Bloom (un livre très basique, terre-à-terre, qui détaille les différents types d’esprits de la nature et comment entrer en contact avec eux). Lisez également, si vous ne l’avez pas déjà fait, Needles of Stone Revisited par Tom Graves ; il mentionne spécifiquement les « souvenirs » rejoués par les énergies de la terre et parle également des fantômes et autres esprits. Ces trois livres ensemble vous informeront bien plus que je ne pourrais jamais espérer le faire sur ce sujet, mais si vous avez des questions, SVP, faites-le savoir et je verrai si je peux y répondre.

Joyeuses recherches !

Teinture végétale : l’aulne, recettes de jaune d’or

J’ajouterai des recettes de teintures végétales au fil de mes recherches et trouvailles. J’aimerai les expérimenter au fil des saisons pour fabriquer des fils pour mes pratiques sorcières. Ceci permettrait d’incorporer les caractéristiques magiques prêtées aux arbres que nous étudions dans notre tradition.

écorce-d'aulneAujourd’hui, voici deux recettes de jaune d’or à réaliser à partir des chatons femelles de l’aulne.  Mais sachez, qu’en théorie (je précise parce qu’avec les teintures végétales, il y a toujours de surprises), Il est également possible d’obtenir :

  • des bruns riches au kaki avec ces mêmes chatons ;
  • encore du jaune avec les feuilles ;
  • des marrons ou des noirs en ajoutant du sulfate de fer ;
  • des tonalités noisette et même orange avec l’écorce par fermentation.

L’aulne (alnus glutinosa) ou aune noir appartient à la famille des cupulifères.

  • Quelle partie utilisée : les chatons femelles.
  • Epoque de récolte : octobre-novembre.
  • Lieux : près des cours d’eau, sur les terrains humides.

Recette n° 1 :

  • 400 grammes de chatons femelles*
  • 100 grammes de laine
  • 10 grammes d’alun
  • Pas de mordant

Faire bouillir les chatons pendant 30 minutes. Y mettre la laine non mordancée avec l’alun. 60 minutes d’ébullition.

Note : certains auteurs conseillent de réduire en poudre ou, au moins, de broyer les chatons auparavant.

Recette n° 2 :

  • 300 grammes de chatons femelles
  • 100 grammes de laine
  • 10 grammes d’alun
  • 3 grammes de craie
  • 2 grammes d’étain
  • Pas de mordant

Faire bouillir les chatons durant 30 minutes. Y mettre la laine non mordancée avec l’alun et la craie. 60 minutes d’ébullition.

Le lendemain, y dissoudre 2 gr d’étain. 30 minutes d’ébullition.

Laver à l’eau légèrement savonneuse.

Conseils pratiques :

  • La laine non mordancée doit toujours être mouillée avant de la plonger dans le bain de teinture, afin qu’elle reste douce.
  • Ne jamais faire bouillir trop fort la laine et la laisser toujours refroidir dans le bain de teinture avant le rinçage.
  • Toujours bien dissoudre les produits chimiques dans de l’eau chaude, avant de les mettre dans le bain de mordançage ou de teinture.
  • Le bain de teinture dans lequel on a commencé par cuire le matériau végétal pendant une demi-heure ou une heure, doit être refroidi jusqu’à 40° avant d’y plonger la laine, mordancée ou non.
  • Toujours bien rincer la laine à l’eau tiède après la teinture.

D’après Teintures végétales de Nel Goublitz, éditions Dessain et Tolra.

[La Déesse Blanche] F pour FEARN

F pour FEARN

Extrait du livre « Les mythes celtes, la Déesse Blanche » par Robert Graves.

écorce-d'aulneLe quatrième arbre est l’aune, l’arbre de Bran. Dans le Combat des Arbres, l’aune combat en première ligne, ce qui est une allusion au fait que la lettre F est l’une des cinq premières consonnes du Beth·Luis-Nion comme du Boibel-Loth. Dans le Chant des Arbres de la Forêt (1), poème irlandais ossianique, il est décrit comme « le plus acharné à la bataille de toutes les essences, le plus chaud des arbres au combat ». Quoique pauvre combustible, comme le saule, le peuplier et le châtaignier, il est prisé des fabricants de charbon de bois d’après lesquels c’est lui qui fournit le meilleur charbon. Son rapport avec le feu est exalté dans le Roman de Brandwen lorsque « Gwern » (l’aune), fils de la sœur de Bran, est brûlé sur un bûcher. Et dans les districts reculés d’Irlande, le crime d’abattre un aune sacré amène, pense-t-on, comme châtiment la destruction par le feu de la maison du fautif. L’aune est aussi à l’épreuve du pouvoir désagrégeant de l’eau. Ses feuilles, légèrement poisseuses, résistent plus longtemps aux pluies d’hiver qu’aucun autre arbre a feuilles caduques et son bois résiste à la destruction indéfiniment, même s’il sert à faire des conduites d’eau ou des pilotis. Le Rialto, à Venise, repose sur des pilotis d’aune, de même que plusieurs cathédrales médiévales. Vitruve, l’architecte romain, mentionne qu’on se servait d’aunes pour établir les fondations des chaussées dans la marche de Ravenne.

aulneLe rapport entre Bran et l’aune, dans ce sens, est clairement mis en évidence dans le Roman de Brandwm où les porchers (prêtres oraculaires) du roi Matholwch d’Irlande voient une forêt sur l’eau et ne peuvent deviner ce que c’est. Branwen leur dit que c’est la Hotte de Bran le Beni venu le venger. Les vaisseaux sont ancrés au large. Bran s’avance en marchant sur les hauts fonds et fait débarquer ses impedimenta et ses gens; après quoi il jette un pont sur le fleuve Linon, bien que ce dernier dût en être protégé par un charme magique, en se couchant en travers du fleuve et en faisant poser des claies au-dessus de lui. En d’autres termes, à partir d’une jetée, un pont fut construit sur des piles faites d’aune. On disait de Bran : « nulle maison ne peut le contenir ». À l’énigme « qu’est-ce qu’aucune maison ne peut contenir ? » la réponse est simple : « les pilotis sur laquelle elle est construite ! » En effet, les premières maisons européennes furent bâties sur des pilotis d’aune au bord de lacs. « La tête chantante de Bran » fut bien, dans un sens, la tête momifiée d’un roi sacré ; mais dans un autre sens, c’était la tête de l’aune, c’est-à-dire sa frondaison. On fait de jolis sifflets avec les branches vertes de l’aune, c’est la raison pour laquelle, d’après mon ami Ricardo Sicre y Cerda, les garçons de Cerdagne, dans les Pyrénées, scande en catalan une prière traditionnelle :

Berng, Berng, sors de ta peau :
Je te ferai siffler si joliment.

aulne-feuillesIls la répètent en frappant l’écorce avec un petit bâton de saule pour la détacher du bois. Berng (ou Verng dans le langage de Majorque, de même famille) c’est encore Bran. Les appels à Berng sont faits au profit de la déesse du saule. Le fait de se servir de saule pour frapper, au lieu d’un second morceau d’aune, porte à croire que c’était de tels sifflets que se servaient les sorcières pour évoquer les vents destructeurs, surtout ceux du nord. Mais on peut fabriquer des pipeaux a plusieurs trous de la même façon que les sifflets et, dans ce sens, la tête chantante de Bran peut avoir été un pipeau en aune. À Harlech, où la tette chanta sept années durant, le ruisseau d’un moulin prend sa course au-delà du rocher du Château. C’est l’endroit rêvé pour un bosquet d’aunes sacrés. Il est possible que la légende d’Apollon écorchant vif Marsyas, le joueur de pipeau, soit un souvenir de l’excision de l’écorce de l’aune pour en fabriquer des sifflets.

Dans l’ancienne Irlande, on se servait encore d’aune pour faire des seaux à lait et autres récipients de laiterie, d’où son nom poétique, dans le Livre de Balbmate : Comet lachta (« Gardien du lait »). Cette relation entre Bran-Cronos, l’aune, et Rhéa·Io, la vache blanche-Lune ; est d’importance. En Irlande, on appelait lo « Glas Gabhnach », « Celle qui donne du lait encore verte » parce que, tout en n’ayant jamais eu de veau elle produisait des fleuves de lait. Gavida, le nain volant forgeron, l’avait fait sortir furtivement d’Espagne; elle avait fait le tour de l’Irlande en un seul jour, avait été gardée par les sept fils du nain (probablement symboles des sept jours de la semaine) et finit par donner le nom de Botharbo-finné, « Trace de la Vache Blanche », à la Voie Lactée. Selon les Actes de la Grande Académie Bardique, elle aurait été tuée par Guaire à la requête de la femme de Seanchan Torpest, puis, selon l’Histoire d’Irlande de Keating, aurait été vengée en 528 de notre ère quand le roi suprême d’Irlande, Diarmuid, fut exécuté par son fils aîné pour avoir tué une vache sacrée. Le nom de Caer Bran, donné à la colline britannique la plus occidentale, face au cap Land’s end prouve le lien existant entre Bran et l’océan de l’ouest.

La mythologie grecque ou latine mentionne rarement l’aune, sans doute supplanté comme arbre oraculaire par le laurier de Delphes. Mais l’Odyssée et l’Enéide contiennent des références importantes a l’arbre. Dans l’Odyssée, l’aune est le premier nommé des trois arbres de la résurrection (le peuplier blanc et le cyprès étant les deux autres) qui formaient un bois autour de la grotte de Calypso, la fille d’Atlas, dans son île élyséenne d’Ogygie; dans ce bois nichaient et jacassaient les corbeaux de mer (consacrés à Bran en Bretagne), les faucons et les mouettes. Ceci explique la version, donnée par Virgile, de la métamorphose des sœurs de Phaéton, le héros solaire : tandis qu’elles pleuraient la mort de leur frère, dit-il dans l’Enéide, elles auraient été converties, non en un bosquet de peupliers comme le relatent Euripide et Apollonios de Rhodes, mais en un petit bois d’aune situé sur les rives du Po, et ceci désignaient évidemment une île élyséenne de plus. On fait généralement dériver le mot grec pour aune, clethra, de cleio, « je clos » ou « je renferme ». L’explication semble consister dans le fait que les fourrés d’aunes enfermèrent le héros dans l’île oraculaire en poussant autour de sa tombe. Les îles oraculaires semblent avoir été originellement des îles de fleuves et non des îles océaniques.

L’aune était bien connu, et l’est encore, pour produire trois belles teintures : rouge par son écorce, verte par ses inflorescences et brune par ses rameaux. Elles symbolisent le feu, l’eau et la terre. Dans le Glossaire de Cormas (Xème sicle) rédigé en termes désuets, l’aune est dénommé ro-eim, Déduire que les « héros tachés de cramoisi » des Triades galloises, qui étaient des rois sacres, avaient un rapport avec le culte de l’aune de Bran.

Une raison de la sainteté de l’aune est que, lorsqu’il est abattu, son bois, d’abord blanc, semble saigner rouge comme un être humain. Dans le folklore britannique, la teinture verte est associée aux vêtements des fées : si l’on peut voir en ces dernières les survivantes des tribus primitives dépossédées et forcées de se réfugier sur les hauteurs et dans les bois, le vert des vêtements peut s’expliquer comme un camouflage : les forestiers et les brigands l’adoptèrent au moyen âge. L’usage de l’aune est très ancien. Mais surtout il est l’arbre du feu, du pouvoir du feu de libérer la terre de l’eau; et la branche d’aune qui fit reconnaître Bran dans le Câd Goddeu est un symbole de résurrection (ses rameaux sont disposés selon une spirale). Ce symbole de la spirale est antédiluvien : les plus anciens sanctuaires sumériens étaient des »maisons des esprits », comme celles de l’Ouganda, et étaient entourés de piliers spiraliformes.

Le quatrième mois s’étend du 18 mars, époque des premiers chatons de l’aune, au 14 avril et marque l’assèchement des inondations hivernales par le soleil printanier. Il contient l’équinoxe du printemps à partir duquel les jours commencent à devenir plus longs que les nuits et le soleil à devenir adulte. De même que l’on peut dire poétiquement que les frênes sont les rames et la quille du coracle qui transporte l’esprit de l’Année à travers les inondations jusqu’à la terre sèche, on peut également dire que les aunes sont les pilotis qui maintiennent la maison hors de l’atteinte des inondations de l’hiver. Fearn (Bran) apparaît dans la mythologie grecque sous l’aspect du roi Phoronee, législateur du Péloponnèse. Il était honoré comme un héros a Argos qu’il aurait, dit·-on, fondée. Hellanicus de Lesbos, un savant contemporain d’Hérodote, en fait le père de Pelasgus, Iassus et Agénor qui se partagèrent son royaume après sa mort : en d’autres termes, l’origine de son culte à Argos se perdait donc dans la nuit des temps. Pausanias, qui vint a Argos pour s’informer, écrit que Phoronée était le mari de Cerdo (la Déesse Blanche en tant que muse) et que le dieu-fleuve Inachus l’avait fait concevoir par la nymphe Melia (frêne). Puisque l’aune succède au frêne dans le calendrier des arbres, et puisque les aunes poussent au bord des eaux, le pedigree est acceptable. Pausanias confirme l’identification de Phoronée à Fearn en semblant laisser de côté la légende de Prométhée et en faisant de Phoronée l’inventeur du feu. D’âpres Hyginus, le nom de sa mère aurait été Argéia (« d’un blanc éblouissant »), encore la Déesse Blanche. Ainsi Phoronée, comme Bran et les autres rois sacrés, était né de, marié à, et finalement enseveli par la Déesse Blanche : son fossoyeur était la déesse de la mort Héra Argeia à laquelle, dit-on, il aurait le premier offert des sacrifices. Phoronée devint alors le dieu Fearineus, le dieu du printemps auquel on offrait des sacrifices annuels sur le mont Cronien a Olympie à l’équinoxe du printemps (2). Sa tête chantante rappelle celle d’Orphée dont le nom est peut-être une abréviation d’Orphruoeis, « Poussant sur la rive du fleuve », c’est-à-dire « aune ».

En certains pays méditerranéens, on semble avoir utilisé le cornouiller à la place de l’aune. Son nom latin cornus vient de cornix, « corneille ». Celle-ci était consacrée à Saturne, ou Bran, et dévore les « rouges cerises » du cornouiller comme le faisaient aussi les pourceaux de Circé, d’après Homère. Ovide associait ces « fruits » aux glands comestibles comme nourriture des humains pendant l’âge de Saturne. Aussi bien que l’aune, l’arbuste fournit une teinture rouge. On le tenait pour sacrer à Rome où le point de chute du javelot en bois de cornouiller de Romulus avait déterminé l’endroit où la cité devait être construite. Le fait qu’il soit rattaché à ce mois est qu’il est en fleurs, blanches, au milieu de mars.

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(1) On peut le trouver, dans la traduction anglaise de Standish O Grady, au milieu du Recueil de poèmes des Gaéls de E. M. Hull. Dans le Dartmoor, il en existe une version charmante, quoi qu’émasculée. Elle énumère quels arbres brûler ou non dans des termes équivalents à ceci en français :

Bûches de chêne chaufferont bien ·
Si elles sont vieilles et sèches,
Bûches de pin sentiront bon
Mais étincelles voleront.
Bûches de bouleau brûleront trop vite,
Et celles du châtaignier à peine,
Bûches d’aubépin durent longtemps :
Coupe-les à la chute des feuilles.
Bûches de houx brûleront comme cire,
Tu peux les brûler vertes;
Bûches d’orme sont comme lin couvant
Sans laisser voir de flamme.
Bûches de hêtre pour l’hiver,
Ou bûches d’if aussi bien;
Bûches de sureau vert, c’est un crime
Pour quiconque de les vendre.
Bûches de poirier et bûches de pommier
Embaumeront la pièce;
Bûches de cerisier contre les chenets
Sentent comme la fleur du genet.
Bûches de frêne, lisses et grises,
Brûle-les vertes ou vieilles
Achète tout ce que tu en trouveras sur ton chemin
Au prix de leur poids en or.

(2) Les Athéniens, pourtant, célébraient la fête de Cronos au début de juillet, pendant le mois de Cronion ou Hécatombéion (« Cent Têtes ») appelé aussi à l’origine Nékusion (« le Mois du Cadavre ») par les Crétois et Hyacinthion par les Siciliens pour rappeler Hyacinthe,le double de Cronos. La récolte de l’orge tombe en juillet, si bien qu’à Athènes, Cronos devenait Sabazios, « jean grain d’orge », le premier à apparaître au-dessus du sol à l’équinoxe de printemps; on célébrait joyeusement sa multiple mort à la fête des moissons. Il avait longtemps perdu ses relations avec l’aune bien qu’il partageât encore un temple à Athènes avec Rhea, la Reine de l’Année gardée par un lion, qui était son épouse de la Saint-Jean et à qui le chêne était consacré en Grèce.

Fearn, l’Aulne

Extrait du livre Oghams – Ecriture sacrée des Druides Par Dianann.

au-pied-de-l'aulne

  • Utilisation :

L’aulne est utilisé pour reboiser les terres incultes. Son bois est léger et tendre mais il tend à se fendre. Il est réputé imputrescible et son bois entre dans la fabrication des piles de ponts, pilotis (Venise) et les sabots. Les indiens creusaient le tronc de la variété américaine pour faire des canots. On extrayait trois teintures de l’aulne: une rouge (par son écorce). une brune (par sa ramure) et une verte (par ses fleurs).

  • Propriétés curatives :

Une décoction d’écorces pour gargarisme, calme les angines et les ulcères variqueux. Une application de feuilles chauffées pour les rhumatismes. Pour guérir les verrues, en Provence’ il faut les fouetter jusqu’au sang avec un rameau d’Aulne qui doit être ensuite caché dans l’anfractuosité d’un mur. Des bouquets de feuilles placés dans un local attirent les poux’ puces et autres parasites ; il suffit ensuite de brûler le « piège ».

Parties utilisées : Feuilles et fruits.

Composition biochimique : L’écorce contient un principe fébrifuge et en décoctions soulage les brûlures et inflammations.

  • Légendes et traditions :

Merlin fit pousser des ifs du tronc des aulnes, ce qui signifiait que de la royauté terrestre pouvait émaner la souveraineté spirituelle. Les bardes qui en font des fûtes et des sifflets l’appellent le bois a la tête chantante.

Il est l’arbre qui cèle la paix entre Gaëls et les Bretons. En Irlande on détruisait par le feu la maison de celui qui avait abattu un Aulne sacré. L’aulne était dédié à Bran, le chevalier des Celtes.

Dans la mythologie grecque, il est l’arbre des Morts du dieu Cronos. Il est avec le peuplier et le cyprès, l’un des trois arbres de la résurrection et prés de la fameuse grotte de la nymphe Calypso se trouvait un bois formé de peupliers, de cyprès et d’aulnes. Les Grecs avaient une vénération identique pour l’aulne qui était l’un des arbres sacrés des bosquets de Perséphone dans son royaume de l’autre monde (l’Érèbe) car il symbolisait la régénération et l’éternité des cycles de vie.

Dans la tradition germanique, il joue un grand rôle, « le roi des aulnes ». En Allemagne, on rapporte qu’ils pleurent lorsqu’on les abats.

Du fait de son habitat dans les marais et de la couleur rouge sang de son bois fendu, l’Aulne était associé aux sorcières.

On lui attribuait le pouvoir d’éloigner le feu des maisons ou les rongeurs des champs, et de faciliter la mise bas du bétail.

Les baguettes magiques sont faites de son bois, et sa fumée est propice aux évocations.

  • Briatharogham :

Fenius : Airenach Fiann -i- fernd, air is di na sgeith – L’avant-garde de la bande-guerrière, c’est à dire l’aulne, car on en fait des boucliers.

Ogma : Fern -i- fearn sin isin caill – Fern c’est à dire aulne dans la forêt.

Morann Mac Main : Airinach Pian -i- sciath arn fern aigiseom sin ar a ndergi ar aenrian : no air is i in fern adbur in sceith tucad o fernae forsin fid ogaim rogab ainm uaidhi. Airenach Fian -i- sciath fern sin aigisium – Avant-garde du groupe de guerriers c’est à dire bouclier pour l’aube avec lui célèbre [= du fait de] sa couleur rougeâtre [ou rougi par le sang] sur la même voie [de la même façon] : ou parce que l’aulne, le matériel avec lequel on fait un bouclier a été donné à la lettre de l’Ogam qui a pris son nom à partir de l’aulne. Avant-garde du groupe de guerriers, c’est-à-dire bouclier du fait de l’aulne.

Mac ind Oic : Comet lachta -i- ferrn in ogaim sin o fern na caill, ar is di doniter lestair imon  lacht. – La garde du lait, à savoir l’aulne de l’Ogam d’après l’aulne des forêts, car c’est ce qui garde le lait car les récipients contenant le lait sont faits de lui.

Cu Chulainn : Din cridi – Protecteur de ce qui est central (ou au cœur).

Associations : Oiseau – Goéland ; Couleur – Rouge ; Humain – Trois héros ; Femme – Trois héroïnes ; Agriculture – Haie ; Eau – Trois ruisseaux ; Chien – Trois chiens de garde ; Bovin – Trois taureaux ; Vache – Trois vaches laitières ;  Art – Poésie.

La protection est évidente, protection des guerriers, du cœur. Il protège aussi le guerrier car les  boucliers étaient de son bois. La notion du pot de lait fait penser qu’il est celui qui donne la nourriture à ses enfants.

  • Signification : Fondation

Protection spirituelle dans les conflits. Fondation, force intérieure, principes. De bon conseil à portée de main, Pouvoirs oraculaires et protection des individus et des lieux. Guerrier spirituel, confiance intérieure. II sera celui qui aidera à relever les défis.

L’eau et le feu. J’aime cet arbre de par sa dualité feu/eau. arbre qui de par ce fait est féminin jusqu’au  bout des branches. Il porte le sourire de la Déesse mais il nous apporte aussi sa force, sa détermination.

Arbre pionnier et fort qui résiste même à la putréfaction. Il est considéré comme sacré dans de  nombreuses régions an point qu’il peut être interdit de l’abattre.

Fearn, arbre de l’Eau
Donne moi les oracles,
Feam arbre du Feu,
Apporte moi la protection
Fearn, arbre de l’Eau
Apporte moi ta force.
Fearn arbre du Feu,
Pour vaincre les conflits

Dans les tirages de l’Ogham est principalement le signe d’un besoin de conseils. Porté sur soi pour sa force spirituelle. Gravé pour nous aider à relever un défi.

Feuilles d'aulne
Feuilles d’aulne